Alerte ! Ça part en cacahuète

Avec cette vague de chaleur, certaines colonies cessent de se reproduire

Je prends un cas extrème. Pour tenter de faire une récolte de miel plutôt fin juillet qu’à la fête Nat… l’encagement des reines a été fait début aout et la relance de la ponte s’est faite fin aout.

Cultures céréalières et oléagineux + canicule = désert alimentaire permanent

Résultat, la canicule revenant avec ses hygrométrie basses en journée de l’ordre de 30 à 40% d’humidité relative qui ne remontent pas la nuit au delà de 50%, les colonies ont été mises à mal.

A des niveaux si faibles les abeilles doivent apporter beaucoup d’eau pour maintenir l’humidité dans les cellules où sont les œufs et les larves. En dessous de 55% l’enveloppe des œufs durcit au lieu de se dissoudre et les larves ne peuvent apparaitre.

Dans les cellules l’eau apportée par les abeilles maintient une HR entre 92 et 95% au plus près de œufs et des larves. C’est le degré d’hygrométrie observé dans le tambour de la machine à laver en fin d’essorage.

Ce n’est pas tant la température qui pénalise les colonies que le risque de dessication accentué par les plateaux de sol aérés.

A cela s’ajoute bien évidemment des fleurs en berne avec peu de nectar voire pas du tout. Par contre, du pollen est rentré malgré tout.

Ajoutons une lichette de frelons qui stressent les abeilles, elles restent calfeutrées dans la ruche; nectar et pollen rentrent de manière très insuffisante; les colonies ne se reproduisent plus.

Nourrir

C’est un impératif et il faut apporter du sirop le soir pour nourrir tout le monde, éviter d’entamer les réserves internes lorsqu’il y en a et apporter des protéines pour tenir la ponte de la reine afin de produire des abeilles d’hiver.

On fournit un sirop 50/50 de sucre blanc avec 5ml/l de vinaigre blanc (dit cristal) pour amener le mélange à un niveau voisin de l’acidité du miel, on apporte des candis protéinés.

La protéine la plus répandue est la levure de bière en sachant que la proportion doit être élevée pour avoir un effet bénéfique comme nous l’a indiqué Benjamin Poirot de la société Apinov lors de son séminaire l’an passé. La proportion serait de l’ordre de 25%.

Fabrication à base de Beefondant, de levure de bière, de miel et d’huile

Une solution élégante est d’apporter des acides aminés, la formule la plus courante pour en apporter en quantité en diversité et pour un coût relativement modeste est le blanc d’œuf dénaturé. En fabrication artisanale ce n’est pas possible.

Certains produits du marché indiquent la présence d’albumine dans leur composition. Mais ils sont rares. Notons que les fournisseurs ne sont pas très loquaces sur les ingrédients présents dans leurs produits. C’est une faiblesse inadmissible.

En juillet j’insistais sur la nécessité d’apporter de grosses quantités de sirop pour faire les réserves d’hiver puisque notre prédation porte justement sur les stocks faits par les abeilles pour la morte saison.

Pour mémoire, dans les manuels d’agronomie du 19° siècle puisque le sucre était une denrée rare et couteuse on ne pouvait en donner aux abeilles, il n’était donc pas question de faire des récoltes de miel après le mois de mai.

Nous, nous avons pris l’habitude de faire des récoltes en été puisque le sucre est bien moins cher que le miel. Cette pratique risque d’affamer nos colonies, elle est donc néfaste pour elles mais on pense pouvoir compenser cette prédation par des nourrissements jusqu’en septembre en pariant également sur les floraisons tardives de lierre ou de renouée du japon etc..

Aujourd’hui, dans la situation présente, apporter du sirop en quantité pour passer la morte saison devient péjoratif car les populations d’abeilles ont beaucoup baissé et nous allons mobiliser des abeilles d’hiver pour concentrer les sirops et refaire les stocks.

Il me semble plutôt nécessaire de maintenir la ponte des reines pour accroître le volume des abeilles d’hiver. Nous le ferons par de nourrissements limités mais constants doublés d’apports en protéines soit avec des compléments dans les sirops soit avec des candi protéinés à la levure de bière ou avec de l’albumine. On ne se substitue pas à la nature on booste ce qu’elle est en capacité d’offrir désormais à nos colonies.

On ne s’énervera pas sur le niveau des réserves hivernales, d’ailleurs très variables d’une colonie à l’autre vu l’hétérogénéité des lignées (sauf si la sélection est en base de notre apiculture). Alors, on apportera de manière constante un pain de candi sur la tête des cadres dès le mois de novembre. Il ne sera pas aussi profitable que le miel, mais à l’expérience cette solution limite considérablement les mortalités hivernales à telle enseigne que le problème serait plutôt les mortalités estivales !

Avec ce procédé je fais passer l’hiver à des reines sur des essaims composés de seulement 2 cadres de couvain, miel et pollen bloqués entre 2 PIHPgm.

On ajoutera une plaque de 20mm d’isolant supplémentaire

En opérant de la sorte on est en droit d’espérer que les colonies affronteront dans de bonnes conditions la morte saison à venir.

Frelon asiatique

« Tout le monde y sont égaux mais y’en a qui sont plus égaux que d’autres »

Certains ruchers sont très peu impactés, d’autres dévastés.

Dans le 06 André Scandola attrape des dizaines de frelons en quelques secondes avec sa raquette enduite de glu. Il a enfermé ses colonies entre des couches de filets et de grillage. Les colonies restent cloitrées malgré ces protections, terrorisées par les vibrations incessantes de frelons. Certains jours ce ne sont que des frelons européens qui sont présents, d’autres ce ne sont que des asiatiques. Seule réponse possible sirop et candi protéiné pour éviter l’arrêt de la ponte de la reine. Certes, c’est un pis aller mais que faire d’autre à part d’arréter l’apiculture ?

News

En local pour les adhérents du GASAR dans le Rhône la prochaine réunion aura lieu à Solaize à 19h à la salle de la Verchère le jeudi 14 septembre.

Le webinaire de Beehoo

Retour sur la mise en hivernage et sur la canicule de début du mois Évaluation de l’infestation varroa, quid des réserves et des apports en octobre ?

Le cadre Vaysse principe et démonstration de son usage. Un cadre économique !

Jeudi 28 septembre

Ouverture de la salle virtuelle 20h30 début des échanges 20h45

https://us02web.zoom.us/j/82671942414?pwd=b0tXdHpFWmZYRGxsQnlzdzlnV3ZoZz09

ID de réunion: 826 7194 2414
Code secret: 908526

Publications

Pour les hispanophones ou hispanisants

Au moment où le Burkina Faso regarde du côté de la Russie, un merveilleux petit livre est réédité « Le tour des hommes intègres ». Textes de Moïse Fdida et photos de Marc Gouby.

En 1997 et 1999 ils ont suivi le tour cycliste du Burkina Faso.

Loin des pom pom girl, des caravanes publicitaires et du bruit des klaxons, « Les hommes intègres » ont souffert bien au delà de nos propres coureurs cet été !

Un texte poétique, des photos d’un grand du N&B, Marc Gouby, une merveille proposée avec le DVD d’Eric Monier, Philippe Montoisy et Thierry Flamand.

http://marcgouby.com/pages/books.php

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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