La chaleur est encore présente, la sécheresse aussi, le nourrissement se poursuivra. Les traitements sont aussi au rendez-vous.
L’obsession actuelle sur le nourrissement et le traitement contre la varroase trouvent leur origine dans un affaiblissement des abeilles et par voie de conséquence des colonies pour tous les facteurs déjà évoqués.
Varroa affaiblit l’abeille en lui consommant ses protéines, mais il est aussi la porte d’entrée de tout un ensemble de maladies qui participent de l’affaiblissement de l’abeille.
Non seulement ce sont des maladies qui mettent à mal les colonies par leur présence mais qui sont aussi boostées par les très faibles doses de pesticides présentes dans les nectars et le pollen. Les travaux de l’équipe d’Yves Le Conte à l’INRA d’Avignon sur ce sujet font autorité désormais.
Nos actions doivent nous conduire à éliminer maintenant les colonies trop faibles, malades, mycosées, pour ne garder qu’un cheptel sain à l’automne.
Faire un bilan des colonies et de leurs réserves
Il sera temps jusqu’en fin de septembre de réunir les colonies les plus faibles mais saines, dotées de reines âgées avec des essaims de l’année.
D’ici là on peut leur ajouter un cadre de couvain operculé sans abeilles pris dans des ruches fortes. Si la reine est bonne et le nourrissement régulier, elle peut être suffisamment peuplée dans un mois. Sinon elle fera une excellente colonie d’appoint pour une autre pas assez forte. Les deux donnant une bonne colonie pour l’hivernage. En cas de réunion de deux colonies dotées de jeunes reines, la reine de l’année en surnombre servira pour remérer une colonie dotée d’une vieille reine.
Rappelons-nous, la croissance de la population est d’autant plus rapide que le nombre des nourrices est important. Apporter un cadre de couvain fermé c’est apporter l’équivalent de deux cadres et demi d’abeilles (en volume sur les cadres) qui seront rapidement des nourrices.
Repérer les reines de l’année qui, malgré un nourrissement constant, n’auront pu développer leur population. Par comparaison avec d’autres colonies dotée de reines du même âge, éliminer ces reines sans valeur. Réunir ces populations avec d’autres plus fortes.
Méthode: Dans une caisse propre désinfectée, mettre au centre le nid à couvain de la colonie à préserver, parfumer tous les rayons avec une eau contenant un peu de parfum de type eucalyptus (des ampoules pour inhalations sont disponibles dchez le pharmacien ce produit non toxique, soluble dans l’eau convient bien).
Flanquer ce nid à couvain bien regroupé, des rayons de la colonie à faire disparaître : des cadres de couvain, puis entourer de cadres de pollen, compléter avec des cadres de miel. Mettre cette nouvelle colonie à la place de l’ancienne à conserver. Elle récupérera ses butineuses.
Secouer sur cette nouvelle colonie les abeilles des deux caisses précédentes. Bien parfumer tout ce petit monde, leur donner 1l de sirop 50/50.
Les colonies mycosées seront détruites, c’est à dire celles dont le couvain est très clairsemé et dans des cellules où on y voit des larves désséchées, des larves recouvertes d’un duvet blanchâtre. Un soir mettre 1/2 mèche soufrée enflammée sur le sommet des cadres, dans une boite de conserve et poser dessus une hausse vide, bien refermer le toit et laisser la mêche se consumer.
Le lendemain sortir les cadres, les mettre dans un sac poubelle pour les brûler au plus vite. Passer le sol de l’emplacement de la ruche à la flamme d’un chalumeau. Faire de même pour les plateaux de sol, corps, hausses, couvre cadre. Si ces pièces sont en plastique, les brosser à l’eau de javel à la concentratioin d’un berlingot dans 5l d’eau. Si possible laisser tremper ces pièces 30 minutes dans cette eau javelisée.
Si une ruche est loqueuse, la détruire impérativmeent. Le couvain est en mosaïque, ses opercules sont affaissées, trouées, les larves sont apparentes, brunes, si on les piquent avec une pointe d’allumette, un fil visqueux en sort. Détruire impérativmeent cette colonie comme indiqué précédemment, désinfecter soigneusement les éléments de ruche, détruire tous les rayons par le feu, désinfecter au chalumeau les lèves cadres, laver à la javel les gants, la vareuse, les botttes, bref désinfecter tout ce qui fut en contact avec cette colonie.
Les spores de loques sont par milliards dans la ruche, leur résistence dans les temps est inimaginable le demi siècle serait parfaitement possible. Ce sont des vecteurs d’infestation considérables.
Nourrir
Toutes les colonies faisant moins de 20 k en pesée arrière devront être nourries au sirop épais jusqu’à atteindre ce poids. Pour les essaims de l’année où les colonies naturellement remérées tardivement et s’étant peu développées, les ressérrer jusqu’à 5 ou 6 cadres en enlevant les cadres vides ou insuffisamment pleins, mettre une partition pour limiter le volume, une plaque de polystyrène extrudé (polystyrène dense) entrant à frottement doux dans la ruche convient bien.
Surveiller le nid à couvain, il doit encore pouvoir être sur plusieurs cadres, si le miel est trop présent, enlever un ou deux cadres de rives puis mettre au centre un cadre bâti vide donner un sirop léger à 30 ou 40% de sucre et surveiller la reprise de la ponte de la reine. Les cadres retirés seront remis ultérieurement lorsque le nid à couvain se rétrécira.
Ne plus nourrir passé le 15 septembre.
Traiter contre varroa Juillet et août on traite avec des produits à base de thymol, fin août courant septembre on traitera avec des lanières imprégnées d’Amitraze. Cette molécule semble actuellement la plus efficace contre varroa. On mettra deux lanières dans chacune des ruches, dans le nid à couvain pour que les abeilles les touchent, les déplacer pour les remettre dans le nid à couvain si besoin en octobre. On ne les retirera qu’au minimum après 12 semaines, en tout cas le plus tard possible dans l’hiver.
Le thymol agit par saturation de l’ambiance de la colonie, il est sensible à la température, l’hygrométrie, au volume de la ruche.
L’Amitraze agit par contact dans cette formule de lanières imprégnées, il faut donc que les lanières soient au lieu de passage le plus fréquent, donc le couvain.
Quel que soit le traitement la présence de couvain entretient nécessairement des femelles varroas, il est donc indispensable de traiter jusqu’à la disparition du couvain donc l’hiver.
N’utiliser que des lanières fabriquées industriellement disposant d’une AMM. Les bricolages maison sont interdits et, quelles que soient les méthodes, n’ont une durée d’efficacité que de quelques jours.
Notez toutes ces interventions dans votre registre d’élevage ainsi que la source de vos produits chimiques, l’ordonnance du vétérinaire fournie par le Groupement de défense sanitaire.
Jean RIONDET