Novembre 2007 L’hiver n’est pas encore là mais le froid sans doute

Octobre fut beau pour une année pluvieuse, il me rappelle mes années d’étudiant à Paris on arrivait en ce mois et se balader en Solex était un régal. J’ai toujours un souvenir de froid dès le 11 novembre. Les abeilles hivernent véritablement, profitant des quelques journées de soleil d’ici le mois de mars elles sortent pour se délester de leurs matières fécales hors de la ruche. Elles nous rappellent qu’elles hivernent mais qu’elles n’hibernent pas. Elles vivent au ralenti, dégustant leurs provisions estivales, et si le temps reste doux poursuivent l’élevage d’un peu de couvain.

Au rucher

Les belles journées d’automne pourront être employées pour peindre l’extérieur des ruches. Les abeilles au chaud ne dérangeront pas le peintre durant son ouvrage. Je passe de l’huile de lin tous les ans ou tous les deux ans selon l’état des caisses. A l’aide d’un rouleau l’opération se fait très rapidement.


S’il fait assez froid je chauffe l’huile pour la rendre plus pénétrante et tiens le seau (un camion comme mon père l’appelait) dans une enveloppe calorifugée. Après quelques temps de froids, le bois est sec, l’huile l’imbibe mieux. Certes sous les bords du toit le traitement n’a pas lieu, mais la pluie n’y vient pas non plus.

On peut déplacer les ruches en pleine journée de quelques mètres à cette époque de l’année, tant qu’il ne fait pas trop froid. Le risque, par grand froid, serait de disloquer la grappe d’abeilles qui ne se reformerait et les abeilles mourraient de froid sur le plateau de sol. Le débroussaillage peut commencer, la préparation des supports pour de nouveaux emplacements ou de nouvelles colonies aussi.

Ne pas hésiter à faire des supports de bonne hauteur, deux parpaings posés sur le flanc et deux mis par dessus sur champ. Les plus grands formats donnent une très bonne assise. Travailler sans se baisser, poser les hausses tout en restant droit, c’est le confort des lombaires assuré et la vie apicole allongée.

Nourrir

En principe, les colonies auront été mises en hivernage dans de bonnes conditions. Ces conseils mensuels sont là pour accompagner l’apiculteur amateur. Qui, naturellement, les aura suivi avec soin. Donc tout va pour le mieux.

Mais, si d’aventure, quelque colonie se trouvait un peu faible en provisions, il est souhaitable de lui mettre au plus tôt un nourrissement solide sur la tête.


Le couvre cadre percé d’un trou aura été mis à temps en remplacement du couvre cadre nourrisseur inutile en cette saison, sauf pour les plus belles colonies que l’on stimulera très tôt dans l’hiver.

On peut acheter du candi tout prêt chez les marchands de matériel apicole, mais aussi acheter du fondant de pâtissier chez les grossistes pour la boulangerie.

Pour ma part j’utilise le plus souvent 1 kg de sucre en morceaux dont j’ouvre en partie le fond en carton pour que les abeilles puissent venir manger la sucre ramolli par l’humidité de la ruche.

Le risque sur les populations peu fournies en miel est qu’elles l’aient étalé sur le sommet de tous les cadres. Si le froid est continu sur plusieurs semaines d’affilé, une trop petite colonie mourra sur un cadre vidé de son miel sans pouvoir se déplacer sur un autre. Une journée de bon soleil leur aurait permis de se déplacer au sein de la ruche et de retrouver des rayons garnis de miel.

Le sucre apporté sur le trou du nourrisseur peut combler ce déficit. Il sera consommé comme le miel seulement en cas de besoin.

Ce n’est pas seulement la taille de la population qui assure la survie au cours de l’hiver mais bien les réserves et leur organisation dans la colonie.


Je conserve chaque année des nucléis composés de 6 cadrons, c’est à dire des demi-cadres de hausse Dadant, bien pleins de miel, ils arrivent à passer l’hiver, s’il n’est pas trop long. Constitués de deux corps superposés ils passent tous les hivers sans encombre.

Pour les nucléis faits de 4 demi-cadres Langstroth, le candi sur le toit assure l’hivernage. Je l’ai constaté tous les ans.

L’entretien du matériel

Tout le matériel rentré au cours de l’été, vide d’abeilles sera nettoyé puis réparé et remis en service au printemps prochain.

Les caisses, couvres cadres et plateaux de sol seront soigneusement passés au chalumeau, grattés, peints si besoin et remisés.


Les cadres seront traités à la chaudière à cire, ainsi nettoyés et désinfectés, ils retrouveront une nouvelle jeunesse. La chaudière à cire peut se louer, certains syndicats en gère le prêt.

Si on a pris le soin de les filer avec de l’inox, ils sont prêts à être de nouveau cirés.

Passer les lèves cadres au chalumeau, tremper 5 minutes le matériel sensible, les vêtements et les matériels en plastiques dans de l’eau et de la javel dans la dilution d’un berlingot pour 5 litres d’eau. Bien gratter les dépôts de propolis et de cire qui empêchent la javel de détruire les spores des maladies.
Travailler dans un local ventilé pour éviter de respirer les vapeurs chlorées qui pourraient se dégager.

Décrasser l’enfumoir, brûler les goudrons au chalumeau, changer le soufflet si besoin.


Si vous achetez du matériel veillez aux cotes de manière à ce que cadres, caisses, hausses restent absolument interchangeables.

Noël arrive

Les fabrications au miel se préparent maintenant, au moins en choisissant les recettes. Internet est bien utile, mais les essais sont à faire.


Le pain d’épices n’est pas des plus facile à réussir. Trop souvent nos fours domestiques sont irréguliers du point de vue thermostat, la taille du four est trop petite et l’inertie thermique n’est pas au rendez-vous.


C’est du pain, aussi délicat à réussir que le pain. Alors pour rendre la tâche plus aisée on ajoute des œufs, du lait, des corps gras, c’est davantage un cake au miel qu’un pain d’épices. Le pain par définition c’est de la farine, du sel, de l’eau, du levain. Dans le pain d’épices, le levain est remplacé par du bicarbonate de soude dont les fines bulles donnent une levée très régulière.

Sur bon nombre de sites on trouve des recettes au miel, la plus part n’ont d’autre originalité que de remplacer le sucre par du miel. C’est le cas de ce site http://home.scarlet.be ou encore http://www.750g.com

Sur ce site de très belles photos apicoles, une bonne présentation des produits de la ruche et des recettes fort agréables http://www.supertoinette.com

Le pain d’épices prend ce nom à partir du Moyen âge lorsque les croisés rapporte d’Orient les épices. Le nom antérieur est le pain au miel, dénomination encore en usage que l’on trouve sur la toile.

Le très célèbre gastronome Henri Babinski, connu sous le pseudo d’Ali Bab frère du non moins célèbre neurologue Joseph Babinski donne la recette suivante dans son traité de gastronomie pratique de 1928, régulièrement réédité par Flammarion et pouvant faire un magnifique cadeau Noël. 1 200 pages de recettes et près de 100 pages de tables

« Sous Louis XIV on faisait entrer dans sa composition de la farine de seigle, du miel, de la mélasse, de l’anis, du girofle et de la cannelle.

Les formules actuelles sont très nombreuses, en voici une qui m’a donné un très bon résultat.

500 g de farine, 300 g d’eau, 250 g de miel, 50 g de rhum, 12 g de bicarbonate de soude, 5 g d’anis vert en poudre, 2 g de cannelle de Ceylan en poudre, 1 g de sel.

Dans l’eau bouillante faire fondre le miel, le sucre, le bicarbonate de soude, le sel, sortir du feu, ajouter rhum et épices, ajouter progressivement la farine jusqu’à obtenir une pâte homogène.

Beurrez copieusement un ou deux moules, mettre la pâte poussez au four très chaud puis continuer à feu modéré. Une heure suffit. »

Avec nos fours, le début se fait à four préchauffé à 240° pendant une bonne dizaine de minutes puis la cuisson se poursuit à 150°. Personnellement j’utilise de la vergeoise ce qui ressemble à de la mélasse, en l’absence d’anis en poudre j’utilise de l’apéritif anisé sans alcool à la place de l’eau que je tiédis seulement pour faire fondre le miel et la vergeoise.

Jean Riondet

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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