Avril 2015 ne te découvres pas d’un fil

Le froid de Pâques est classique. La semaine n’est pas apicole. Ce point de repère nous sert pour les visites de printemps rarement possibles avant cette date, de même que le nourrissement au sirop liquide qui se fait classiquement Pâques passé. Pour une fois, cette année ne déroge pas aux schémas classiques. Les colonies semblent avoir bien hiverné, les couvains sont abondants, la dynamique démographique sera au rendez vous. Le varroa aura fait périr de nombreuses colonies et l’insuffisance de suivi de l’état alimentaire aura achevé le travail sur les population affaiblie par ce parasite.

Dans le contexte environnemental actuel ces deux paramètres ne souffrent plus d’approximation. Ce qui était vrai il y 15 ou 20 ans ne peut plus l’être aujourd’hui; l’hiver 2015 en fait la démonstration éclatante.

colza

Au rucher

La visite de printemps se fait dès qu’une belle et chaude journée se profile, changer les plateaux de sol a déjà été fait, centrer le nid à couvain, noter le nombre des cadres de couvain, poser les cadres pièges à varroa, apporter une fois ou deux un peu de sirop si les floraisons ne sont pas assez abondantes.

La visite de printemps

Si on ne devait n’en faire qu’une seule ce serait celle là. On a une bonne vision de ce que vaut une colonie par comparaison avec les autres. Notre travail est toujours par comparaison.

Donc on notera le nombre d’inter-cadres occupés par les abeilles, le nombre de cadres de miel résiduels et de nectar en cours de rentrée,  le nombre de cadres de couvain, y compris la surface estimée à l’œil en nombre de paumes de la main. On ne cherche pas à faire du calcul même si la connaissance scientifique commence souvent dès lors que l’on peut faire de la mesure, notre objectif est de disposer de points de repère.  Par exemple, en début d’avril la colonie A avait 12 mains de couvain, la colonie B  en avait 14, la colonie C 7…

Trois semaines plus tard, lorsque un cycle de couvain se sera écoulé, la colonie A aura 24 mains de couvain, la B 20, la C 13. Conclusion A et C sont de belle facture très dynamiques, la B moyenne. Bien noter cela pour mettre en face les productions de miel. Si les trois reines sont de la même année (une jeune reine pond 50 à 100 % de plus qu’une reine de 2 ans et plus), ce petit jeu nous donnera ensuite une indication sur les colonies qu’il est souhaitable de reproduire.

Centrer le nid à couvain

La colonie s’est calée là où il fait le plus chaud tôt le matin. Il faut remettre le nid à couvain au centre de la ruche. le flanquer de deux cadres de hausses bâtis (les abeilles bâtiront plutôt fin avril) la reine viendra y pondre au moment opportun, les abeilles construiront en dessous un rayon souvent riche en cellules de faux bourdons. Une fois pondu et operculé ce rayon surnuméraire sera coupé. Il évacue les femelles varroa en reproduction particulièrement attirées par les phéromones des larves de mâles.

Cette opération peut être répétée trois semaines plus tard, on évacue ainsi près de 25% des varroas présents dans la colonie. C’est l’approche biotechnique du traitement contre varroa.

On terminera par la mise en rives (bordures de la ruche) 2 cadres cirés que l’on rapprochera du nid à couvain lorsque la ponte s’étendra et que les abeilles construiront.

Dès le jaunissement des Colza poser une hausses sur grille à reine pour les colonies sur 6 cadres de couvain, en poser 2 dont une directement sur le corps pardessus mettre une grille à reine puis la seconde hausse.

Faire des essaims artificiels

Dès que la colonie atteint 8 cadres de couvain, elle est forte et à risque d’essaimage, on a intérêt à tirer trois cadres de couvain, un ouvert (avec des œufs), un  fermé et un de miel. Tout cela mis dans une ruchette où on y ajoute un cadre bâti, un nourrisseur cadre. On secouera dessus un ou deux cadres d’abeilles prises dans la ruche trop forte, voire plus si on estime le risque d’essaimage élevé.

Mise dans le noir trois jours durant, elle sera remise au rucher un soir. Nourrir par petites touches de 25cl plusieurs fois chaque semaine. Trois semaines plus tard on vérifie la présence de couvain ouvert, sinon on attendra encore une semaine. Couvain présent, tout va bien on ajoutera des cires gaufrées et on nourrira jusqu’à leur complète construction et occupation, ce sera une colonie à réunir avec la ruche souche pour renouveler al reine ou à conserver pour l’année prochaine. Couvain absent on réunit cette colonie avec une autre ruche pour ne pas perdre les abeilles ou bien on la disperse.

Faire des reines

Avril peut être un excellent mois pour l’élevage des reines, à partir du moment où l’on peut faire remplir une hausse de miel. Une méthode simple pour démarrer les cellules consiste à pousser une colonie par stimulation. Bien développée avec une hausse posée sur une grille à reine, largement remplie de miel, au jour J choisi pour le greffage, on déplace le corps sur un plateau de sol quelques mètres en arrière entrée inversée. Sur le plateau de sol originel qui n’a pas bougé on y pose la hausse, on met une grille à reine et une hausse vide et on y secoue 4 ou 5 cadres d’abeilles sur couvain. Il y a donc des nourrices en masse qui n’auront que les larves du greffage à élever et toutes les butineuses qui apporteront pollen et nectar.Starter

Prendre des larves d’un jour

Les reines sont de qualité que si les larves utilisées sont d’un jour. Ce seront celles qui jouxtent des œufs, on les prend avec un pinceau poil de Martre 000 ou 3/0. Les cupules porte cupules et supports sont les matériels Nicot. Pas facile le greffage. Alors il y a d’autres possibilités avec le matériel Jenter en particulier. On insère dans un cadre bâti une boite comportant 110 cupules. Ce cadre sera installé au plus tôt près du nid à couvain, les abeilles viendront allonger de cire les cellules qui sont dans la boite  et la reine vendra aisément y pondre. On surveille l’opération et dès que la reine aura pondu, trois jours plus tard on verra de la gelée royale briller au fond des cellules en plastique. Le fond de ces cellules s’enlève et on prend la larve avec de la gelée royale. Les cupules seront mises ensuite dans le matériel Nicot plus commode à mon sens que celui fourni par Jenter. Mais pour qu’il puisse s’y adapter il faut percer au foret de 8,5 mm le fond des portes cupules.

Les cadres sont mis à la place de deux cadres de miel, le couvre cadre nourrisseur sera remis sur la hausse et on dépose 250 g de miel cristallisé. C’est le jour J On vérifie le lendemain matin la qualité de prise des cellules, on remet des cupules si besoin. 48h plus tard, c’est à dire à J+3, on peut utiliser les cellules pour faire des essaims artificiels avec deux cadres de couvain fermé ou en cours de fermeture et un cadre de miel. On y met un cadre nourrisseur puis ces essaims sont mis soit dans un autre rucher soit dans le même ayant passé trois jours dans le noir. On les nourrit régulièrement deux ou trois fois par semaine et 25 jours plus tard on doit y trouver du couvain frais, la reine est là, on la cherche et on la marque.

La hausse  et la souche seront réunies et l’opération peut être refaite deux semaines plus tard.

Une autre manière de faire consiste à remettre le corps à sa place et de poser dessus la hausse séparée de la reine par une grille à reine, si les abeilles sont agressive il faut intercaler entre la hausse avec les cupules et le corps une hausse avec des cadres. 10 jours plus tard les cellules sont à utiliser les reines naissent sous 48h tout au plus.

 Poser les hausses

Le colza arrive et le moment des hausses est là. Hésitation ? Le jaune pointant, sur le corps découvert poser une feuille de papier journal, une grille à reine dessus, puis la hausse.

Tout n’est ps plein dans le corps ? Si la colonie a 6/7 très beaux cadres de couvain, resserrer la colonie sur 8 cadres et mettre le papier, la grille et la hausse, la colonie ne pouvant étendre le nid à miel à l’horizontal, montera le nectar dans la hausse. On élargira le nid à couvain le colza passé.

Jean Riondet

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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