Avril l’essaimage est parti

DSC_4300Inutile de se leurrer, le temps incroyablement doux de ces mois de morte saison a permis de produire de belles colonies populeuses à souhait et naturellement prêtes à essaimer au plus tôt. Prévenir la perte des essaims sinon l’essaimage est d’actualité.

Au rucher

Visiter les ruches, marquer toutes les reines non marquées, c’est indispensable pour les trouver facilement en cas de population abondante par la suite et pour en connaitre l’âge. Les marquer en bleu, couleur 2015, car il y a peu de chances qu’elles soient de 2016 (couleur blanche).

Ajouter des cires neuves en remplacement des cires de rive et mettre dès que possible deux cadres de hausse bâtis de chaque coté des derniers cadres de miel et pollen, ceux qui jouxtent les cadres de couvain. Pourquoi ?

Ces derniers mois furent tellement doux que les traitements anti-varroa ont eu du mal à donner leur plein effet, sauf dans des régions où le froid a sévi qui a permis des arrêts de ponte stoppant le développement exponentiel de varroa (2,25 fois plus rapide que celui des abeilles). La lutte contre varroa est devenu une priorité depuis l’affaiblissement généralisé des colonies sous l’influence des pesticides.

Ces deux rayons de hausse seront bâtis au moment où les abeilles cireront; sous le cadre apparaitront des rayons souvent riches en cellules de mâles et dans les quels la reine viendra y pondre. Une fois operculés, ces rayons seront coupés et détruits avec les varroas qui y sont enfermés.

Compter le nombre des cadres de couvain, équilibrer les colonies en ajoutant un cadre de couvain fermé sans ses abeilles dessus pour renforce les colonies faibles, noter cette opération pour vérifier si les colonies renforcées sont devenues populeuses un mois après, sinon, supprimer ces colonies qui resteront des non valeurs.

Faire des essaims artificiels sur cadres avec les colonies qui atteignent 6/7 cadres de couvain et faire des essaims nus sur celles qui atteignent 8 cadres.

Essaim sur cadre

Il s’agit de fabriquer une petite population qui diminuera le volume des nourrices et du couvain fermé sans obérer la récolte et qui fait baisser très nettement le risque d’essaimage. Inconvénient, il contient tous les varroas présents dans le couvain fermé et de ce fait le traitement qui luis sera appliqué sera moins efficace que sur un essaim nu.

Dans une ruchette mettre un cadre de couvain ouvert avec œufs et les abeilles qui sont dessus pour fabriquer la future reine, un cadre de couvain fermé pour disposer de nourrices au moment où la nouvelle reine commencera sa ponte, un cadre de miel pour avoir de la nourriture. Secouer sur l’ensemble un cadre voire deux d’abeilles sur couvain. Veiller à ne pas rendre la reine (d’où l’importance du marquage).

Éloigner de plusieurs km cet essaim (3 ou plus) ou bien l’enfermer deux nuits dans un local noir pour désorienter les abeilles. Remettre l’essaim dans le rucher et nourrir très régulièrement d’un sirop 50/50. Vérifier 25 jours plus tard la ponte de la nouvelle reine, la chercher puis la marquer. En cas d’échec, réunir cette colonie avec une autre.

Nourrir jusqu’à ce que le colonie soit au moins sur 6 cadres, ce qui serait normalement atteint en juillet, ainsi il passera parfaitement l’hiver si ses réserves de miel sont conséquentes en fin d’octobre (2 cadres de couvain  et 4 cadres de provisions). Le traiter avec une lanière contre varroa jusqu’en juillet, elle sera renouvelée en septembre.

L’essaim nu

C’est une des plus anciennes méthodes d’essaimage artificiel. C’est constituer un essaim avec sa reine à partir d’un paquet d’abeilles prélevé dans une colonie.

Sur une très forte colonie ou en présence de  cellules royales, poser sur le corps sans couvre cadre, un corps composé de cires à bâtir uniquement. Fermer le sommet avec un couvre cadre sur les 8/10° de la surface, le trou devant être coté entrée.

S »asseoir sur un tabouret et enfumer durant au moins un minute (c’est très long!) puis avec deux maillets, bâtons, cailloux, taper sur le corps de ruche inférieur et remonter doucement le long de ce corps. Enfumez de temps à autre d’une fumée épaisse et abondante par l’entrée. Les abeilles agressées par la fumée vont se gorger de miel, puis monter fuyant les vibrations du corps du bas.

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Lorsque les abeille apparaissent au sommet, que leur volume parait important, ôter ce corps supérieur, le poser sur un plateau de sol, et mettre le tout à l’écart dans le rucher. Fermer les sommets et attendre. Environ 3/4 d’heure à une heure plus tard, soulever le courre cadre de l’essaim nu, si le groupe des abeilles est encore là, l’essaimage a réussi. Nourrir l’essaim nu par 2 à 3l de sirop pour le pousser à construire jusqu’à ce que les 10 cadres soient construits et vérifier dans la semaine suivante la présence de la ponte de la reine.

05_MAI_Essaims nus_03Dans la souche les abeilles feront une reine et la dynamique  de la population partira très vite car il n’y aura pas eu, comme avec une essaimage naturel, d’arrêt de ponte sur une longue période, seulement deux semaines ou à peine plus; les butineuses apporteront les aliments nécessaires ce qui évite de nourrir, sauf pluie ou froid conséquents.

Traiter l’essaim nu avec une lanière c’est le meilleur moment pour nettoyer les abeilles du varroa qui ne peut se reproduire dans les cellules d’ouvrières du fait de l’absence de couvain durant plusieurs jours.

L’essaim naturel

C’est un essaim nu ! Et on le traitera comme précédemment. Mais, pour éviter toute désertion, on l’enfermera dans une cave ou un local bien noir durant 2 nuits une fois mis en ruchette, et même si toutes les abeilles ne sont pas parfaitement rentrées.

La technique ancienne qui consistait à lui donner un cadre de couvain pour stabiliser les abeilles n’a plus lieu d’être car c’est introduire du varroa sans cette nouvelle colonie alors que nu, il est facilement traité contre varroa de manière très efficace. C’est un élément  très important à prendre en compte. Le nourrir puissamment et il construira très vite (« pour que ça cire faut que ça miele »). En effet la surabondance de nourriture sans pouvoir la stocker déclenche le fonctionnement des glandes cirières.

 

Transporter un essaim ou une ruche en voiture

C’est une opération bien facile mais avec le risque d’étouffement. Les abeilles  stressées par les vibrations se gorgent de miel, s’agitent et s’échauffent au point de faire fondre les rayons qui s’écroulent étouffant tout le monde. C’est la situation ultime.

Un plateau de sol bien ventilé permet déjà d’éviter énormément le risque, remplacer le couvre cadre par un grillage agrafé sur les sommet de la ruche complète parfaitement la panoplie du voyageur. Laisser les vitres ouverts pour que les abeilles qui seraient sur la ruche puissent sortir, elles vont normalement se coller sur les vitres. Le transport peut se faire de nuit comme de jour, le tout étant d’avoir préparé la colonie pour la fermer un soir la nuit tombée et mise en cave pour éviter un agglutinement des abeilles sur la portières. Certains vendeurs ferment les ruches en pleine journée pour les vider des butineuses ce qui, réduisant la population, limite également le risque d’étouffement.

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Jean Riondet

 

 

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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