Invitation au Webinaire de décembre
Le jeudi 19 décembre à 20h45 (ouverture de la salle virtuelle à 20h30)
Le séminaire avec Sébastien Bonjour est repoussé en février pour des questions inopportunité de calendrier qui nous permettra de mener ce webinaire avec la participation du SNA.
J’assurerai le webinaire du 19 janvier sur un thème de saison !
Pourquoi et quand nourrir en hiver ? Y a-t-il des différences entre les diverses modalités de fabrication des candis ? Quelles sont les besoins en protéines en ce moment ?
Lien Zoom
https://us02web.zoom.us/j/83430353780?pwd=eWjymQvMyBHbYBhWpEb0ka0IWkv4o5.1
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En ces temps pleins d’incertitudes les vœux iront bon train, la réalité nous rattrapera dès le lendemain ! C’est à nous, là ou nous sommes, de faire que demain sera mieux qu’aujourd’hui, le bonheur passe par la reconnaissance de l’Autre, de la vie en commun tant dans la diversité que dans la concurrence entre intérêts contradictoires ! Mais ne soyons pas naïfs, seulement un peu utopistes.
Pour nos colonies, le traitement contre varroa reste la première des nécessités et cette période de fin du couvain à peu près partout doit donner lieu à un traitement avec une spécialité à base d’acide oxalique. Nous n’avons guère de choix tant les ravages silencieux mais constants que font ces multitudes d’acariens calés sous les anneaux de l’abdomen des abeilles qui vont et viennent d’une abeille à l’autre, d’un mâle à une abeille et réciproquement.
Le dégouttement sera choisi par la très grande majorité des apiculteurs, c’est à peu près sans risque pour l’applicateur et simple de mise en œuvre. Souvent le sirop support du médicament provoquera une relance de la ponte de la reine ce qui est un peu précoce à ce moment de la saison. Mieux vaut ce risque que la survie des varroas.
La sublimation bien que la plus efficace et la plus sécurisée des méthodes pour les colonies reste réservée aux apiculteurs ayant suivi une formation à son emploi, le gaz issu de l’appareil reste très toxique pour les poumons de l’apiculteur et de ses accompagnateurs. C’est une destruction irréversible des bronchioles pulmonaires qui est à la clef de l’inhalation de ce gaz. Inutile de devenir un insuffisant respiratoire !
La nébulisation préconisée dans les pays de l’Est en Europe avec des appareils qui combinent une eau chargée en acide oxalique et de quelques huiles essentielles soufflée dans un serpentin chauffé par un chalumeau à gaz est reconnue, lors d’un essai aux USA, comme insuffisamment efficace (American Bee Journal de nov 2024).
Ne pas vouloir traiter pour aider les colonies à développer une résistance à cet acarien est un peu utopique. Cette démarche relève de la recherche avec de gros moyens d’observations et une organisation qui va bien au delà de ce que tout amateur ou professionnel peuvent mettre en place seuls. Les premiers résultats sont encourageants tant du coté des chercheurs d’Europe du Nord au sein d’Arista Bee research que chez un très gros professionnel autrichien , Stefan Mandl comme nous le rapporte le Cari dans sa revue Abeilles & Cie dans son dernier n°, à propos des réponses apportées lors du 10° congrès européen d’Apidologie en Estonie.
Cependant ces résultats, pour encourageants qu’ils soient, restent à valider et surtout à reproduire à grande échelle. Car, même si on considère que les reines sont fécondées par des mâles le plus souvent locaux, il n’en reste pas moins que le brassage génétique est la règle grâce à une fécondation dans la ruche impossible et une certaine capacité des mâles à se déplacer de rucher en rucher. Ce brassage génétique constant fait la robustesse de cet insecte qui a traversé des millions d’années. Arriverons nous à réussir en quelques décennies à produire des lignées compatibles avec varroa ?
Les virus
Nous avons eu un webinaire très passionnant avec Anne Dalmon sur les virus dans les colonies et la mondialisation de ceux ci. Le replay est disponible pour les adhérents mais je retiendrai parmi les recommandations l’importance de reproduire nos colonies en diversifiant les lignées c’est à dire qu’avec une production systématique à partir de chacune de nos colonies d’un essaim sur 1 cadre comme cela est possible avec la ruche RBC, on peut observer durant la saison la performance de chacun de ces essaims et ne retenir que ceux qui sont les plus dynamiques et en bonne santé.
J’ai bien apprécié la remarque d’Anne Dalmon sur le lève cadre comme source secondaire de transmission horizontale des maladies. Nous le nettoyons si rarement !
A propos du frelon à pattes jaunes
Étienne Calais, Président du GDSA d’Ile de France, m’a fait remarquer qu’une étude belge avait montré que le piégeage d’automne ne capturait pas de femelles fécondes. Elles resteraient à l’abri dans les nids se faisant nourrir par des ouvrières pour renforcer leurs corps gras et ainsi disposer d’une très grande vitalité au moment du redémarrage de la saison. Piéger en automne servirait non seulement à protéger nos colonies mais aussi à moins enrichir la vitalité des futures fondatrices ?
Dans mes pièges placés à côté des ruches ce fut une arrivée massive dès la mi / fin octobre.
L’encagement d’automne
Avec deux collègues, nous avons testé cette année un encagement entre le 10 octobre environ et le 26 novembre, sur une soixantaine de colonies dans 3 ruchers . C’est une pratique qui nous vient d’Italie où nos collègues l’utilisent depuis plusieurs années. Nous avons opéré avec les toutes petites cages chinoises et les cages de Scalvini.
Nous avons pris la précaution de bien positionner la cage dans le couvain, de préférence là où fut trouvée la reine. Dans les ruches RBC la CH1 bien resserrée en ce moment facilite le positionnement de la cage puisque la densité des abeilles y est très élevée. D’ailleurs, lors de l’ouverture des ruches, là où se trouvait la reine j’ai observé d’énormes paquets d’abeilles. Toutes les colonies ont pu être traitées avec un médicament à base d’acide oxalique par sublimation. Parfois la reine n’était encagée soit parce que la cage était mal fermée ou détériorée soit parce qu’elle ne fut trouvée. Après contrôle des cadres, dans ces colonies, le couvain avait disparu chez certaines mais d’autres non. On peut en conclure que l’encagement fut utile car les moutardes blanches sont encore en fleurs et ce jusqu’à une bonne gelée or dans une des cages de Scalvini voici ce que nous y avons trouvé, des œufs. La reine n’a donc cessé sa ponte. Dans 4 ruches il y avait un peu de couvain et nous leur avons fait supporter 3 passages de sublimation à 6 jours d’écart.
Ruche RBC suite avec les hausses
Je vous avais promis de poursuivre la saga de la ruche RBC avec la pose des hausses et l’utilisation des Pihpettes.
Dans sa démarche, Marc Guillemain insistait sur l’importance de restituer aux abeilles le cadre du tronc d’arbre creux tant du pont de vue du confort pour la colonie que de son mode de fonctionnement.
Dans le tronc d’arbre l’espace pour les abeilles est restreint, le volume limité le plus souvent à une soixantaine de litres, il est de ce fait aisé pour elles de faire circuler les gaz, de maintenir une température élevée dans l’ensemble de cet habitacle aux alentours de 35°c pour le couvain fermé et plutôt 10° en moins pour l’espace du miel qui est pourtant situé au dessus du nid à couvain.
Cette curieuse situation est liée à la capacité des abeilles d’apprécier le niveau de température sur le couvain et de produire de la chaleur à un endroit donné en faisant vibrer, frisonner les muscles alaires dans diverses situations pour chauffer les muscles avant le vol, mais aussi pour chauffer le couvain, mais aussi pour donner des informations aux collègues par des vibrations modulées.
Si j’insiste sur la température c’est pour rappeler que la pose des hausses si elle se fait trop tôt va refroidir le nid à couvain et si elle se fait trop tard elle enclenche le processus d’essaimage.
En RBC, 2 éléments sont déterminants pour réussir la pose des hausses, les Pihpettes et le mouchoir. Les hausses seront posées avec des grilles à reine sauf si on a du colza en quantité car la dynamique explosive de cette plante provoque l’essaimage si on ne laisse de l’espace de ponte pour la reine. La première hausse sera éventuellement un espace supplémentaire de ponte pour la reine.
Les Pihpettes
Quelques jours avant que la miellée ne démarre et davantage si on ne peut facilement se libérer pour travailler dans ses ruches on va poser les hausses, 2 au minimum, avec des Pihpettes qui sont des partitions isolées et réfléchissantes que l’on placera à la verticale, ou presque, des PIHP du corps. On provoque ainsi ce que Marc Guillemain appelait l’effet cheminée chaude. On retrouve ainsi la logique du tronc d’arbre creux. On évite la dispersion de la chaleur dans le volume total des hausses. En début de saison cette précaution est stratégique.
Le mouchoir
Vous allez me dire qu’en ajoutant des hausses on va refroidir le nid à couvain. C’est vrai et pour limiter cette déperdition de chaleur, on ajoute un mouchoir sur la tête des cadres du corps puis ensuite entre chacune des hausses.
Le mouchoir est un morceau de réfléchissant de format 20×30 cm environ, plus grand ou plus petit selon qu’il dérange ou non les abeilles lors de leur passage dans les hausses. Certaines lignées supportent un mouchoir qui couvre totalement la largeur de la CH1 et ne laisse qu’un passage de 3 ou 4 cm aux deux extrémités, d’autres ont besoin de plus d’espace de sortie.
La fonction du mouchoir est de renvoyer sur le nid à couvain les rayonnements Infra rouge qui en proviennent. Nous nous sommes aperçus qu’en mettant ce petit réflecteur la fonction cocotte minute de la CH1 était conservée. Les surfaces de couvain s’observent sur la totalité de la surface des rayons de la CH1 et le déploiement des abeilles dans les hausses assure une meilleure répartition des phéromones royales entre les abeilles de la CH1 et de ce fait les nourrices n’étaient pas enclines à développer une stratégie d’essaimage.
Ne pas oublier de toujours assurer au sommet une isolation très forte avec l’écharpe, c’est à dire une feuille de réfléchissant puis 6 cm d’isolant sous la forme de polystyrène, de liège, de fibre de bois ou de tout autre solution très isolante.
Le mouchoir placé entre chaque hausse maintient une situation de température mieux répartie dans les hausses par la présence des abeilles qui occupent ces espaces. Le travail du miel s’en trouve amélioré, la vitesse d’operculation est remarquable ce qui est important en début de saison où alternent des périodes de froid et des moments chauds.
Avec ces agencements, la question du moment de la pose des hausses n’a plus de raison d’être puisqu’on peut les mettre bien avant l’arrivée de la miellée sans risquer de porter un préjudice trop important au couvain. Seule précaution, dans la mesure où l’espace de stockage sera réduit par la Pihpette centrale, il sera très important d’ajouter des hausses dès la rentrée des nectars surtout avec le colza capable de donne plusieurs kg de sirop dans la journée. Dans la nuit les abeilles peuvent en extraire l’eau pour le 1/3 du poids mais il faut bien avoir la place pour stocker les rentrées de la journée.
Derek MITCHELL
Ce chercheur anglais en apidologie a fait une conférence le mois dernier qui appuie plus encore l’intéret des ruches RBC bien qu’il n’en cite pas l’existence. Il considère nos ruches à parois de 25mm comme totalement aberrantes. Pour reprendre une expression lapidaire de Damien Merit, « ce n’est pas la reine qui fait la ruche mais la ruche qui fait la reine » ! Mais restons lucides, la ruche RBC ne transforme pas une reine claudicante en reine de compétition, elle assure l’expression la plus forte qui soit de la qualité des reines. Pour ceux que la sélection intéresse c’est un atout indéniable.
« Sur la base des recherches de Derek, qui visaient initialement à construire de meilleures ruches, il partagera l’histoire de sa découverte de résultats inattendus qui démontrent que les abeilles mellifères sont intimement liées à la performance de leurs ruches et de leurs nids naturels. Il conclura son intervention en évoquant la tragédie que représente le fait que certaines recherches et pratiques apicoles n’ont toujours pas compris que les ruches et les nids font partie intégrante du bien-être des abeilles mellifères. »
Jacques Van Alphen fait une remarquable présentation des travaux de ce chercheur
Pour ceux que l’anglais ne rebute pas voici le lien du replay de sa conférence.
Pour terminer un beau cadeau de Noël celui d’Hubert GUERRIAT « De la fleur au miel » travail remarquable tant par la qualité des thèmes abordés, par la précision des informations que par les illustrations qui permettent de comprendre des choses complexes au niveau de l’écriture.
319 p de 35 à 42€ selon le mode de livraison