Repos pour les apiculteurs, repos pour les ruches. Le temps de la réflexion
Avec les informations qui nous remontent les gros producteurs de miel connaissent d’inquiétantes difficultés, ils n’arrivent à vendre leurs stocks , les grossistes peuvent quasiment se passer du miel français.
Sur plus d’un demi siècle d’observation de ce zoo humain particulier que sont les apiculteurs dans leur diversité, j’ai connu l’époque où le miel était facile à produire mais pas si facile à vendre, les produits naturels n’étaient pas en vogue. Puis il devint facile à vendre, puis difficile à produire mais toujours facile à commercialiser, puis difficile à produire et difficile à vendre en gros.
Nous sommes dans une mutation économique, les modèles anciens s’effondrent pour partie, les nouveaux ne sont pas encore tous perçus, il est plus facile de voir ce qui se déconstruit que de repérer ce qui en en cours d’émergence.
Vendre dans des circuits renouvelés, transformer son miel deviendront sans doute des obligations pour qui veut vivre de cette activité dont il était dit dans les ouvrages d’agronomie du XIXéme siècle qu’élever des poules, des lapins et des abeilles étaient des activités non rentables.
Ces élevages étaient faits en marge d’autres productions pour avoir dans les fermes de la viande, des œufs, du sucre. Depuis ce temps on a su industrialiser la production des poules, des œufs, des lapins, mais pas la production du miel qui reste une activité totalement liée à la nature et consommatrice de main d’œuvre.
Certes, il faut innover sur les matériels de manutention, sur les techniques de travail du miel, mais il faut aussi faire évoluer nos méthodes de suivi des colonies.
La ruche basse consommation d’énergie est un axe de travail dont je parlerai abondamment.
L’usage des sondes thermiques et hygrométriques constitue une autre voie importante de suivi de ce qui se passe dans les ruches, les balances ont des applications plus informatives pour des ruchers éloignés.
Les applications de collecte des données observées lors des visites sont appelées à devenir incontournables. De ce point de vue la solution qu’explore Cécile Leveaux avec Apimoov qui permet de collecter des données à la voix sans prise de notes et sans retranscription est une innovation majeure.
Des attentes
Pour l’avenir il est indispensable que l’on ait des données plus précises sur les manières de nourrir les colonies d’intervenir aux moments opportuns et avec quels types de compléments alimentaires. Ces étés où durant 2 mois les températures, la sécheresse raréfient les collectes de pollen et de nectar, assèchent les ruches et empêchent les œufs d’éclore, nos colonies se sont effondrées.
Isoler nos ruches pour protéger nos colonies des ardeurs du temps caniculaire se révèle désormais plus important que de les protéger du froid de l’hiver !
Les abeilles sont plus aptes à s’organiser pour gérer au mieux la chaleur interne de la colonie que de se prémunir contre un air trop chaud, trop sec.
Traiter contre varroa, on sait faire désormais, avec l’arrivée d’une nouvelle spécialité à base d’acide oxalique. Espérons que ce ne soit pas l’occasion de fabriquer des solutions approximatives, sources de résistance de cet acarien.
En effet, la mode des lanières ou lingettes à base d’un mélange AO / glycérine nous fera automatiquement rentrer dans la sélection des varroas les plus dangereux, ceux qui dupliqueront les virus les plus toxiques pour les abeilles. Les derniers travaux sur les virus des abeilles nous interrogent sur ces pratiques encore non validées, sur leurs risques à long terme.
Pour enrichir notre réflexion sur les diverses approches du secteur de l’apiculture la note du CPE du Ministère de l’agriculture, parue en mai dernier, est la plus percutante que j’ai eue à lire ces derniers temps.
https://agriculture.gouv.fr/lapiculture-en-france-un-secteur-plus-quune-filiere-analyse-ndeg186
L’idée directrice est que la notion de filière ne s’applique pas ou très mal à l’apiculture et la distinction devrait davantage s’opérer entre ceux qui en retirent un revenu et les autres, avec les droits et obligations qui y sont associés.
Que faire en décembre ?
Ben … rien vous l’aurez compris, sauf à trouver une fenêtre de temps clément pour ouvrir les ruches et traiter contre varroa soit par dégouttement soit par sublimation.
Seul le Varroxal est le médicament vraiment utilisable en sublimation. Les autres spécialités encrassent les sublimateurs. Lorsqu’il fait froid on a de la peine à les nettoyer correctement, le temps s’allonge. Avec ces appareils de première génération le risque de respirer des vapeurs de l’acide oxalique sont non négligeables bien qu’ayant mis un masque à cartouches spéciales contre les gaz !
Attention les vapeurs d’acide oxalique sont très toxiques on ne peut faire l’économie d’une solide protection des voies respiratoires et des yeux…
Pour ma part j’ai acquis un nouveau modèle pour la sublimation, l’Instanvap. Pour m’en servir aisément sur mes ruches équipées de chaussures, j’ai fabriqué un couvercle au format du corps de ruche avec un rebord de 40 à 50 mm, percé d’un trou et muni d’une patte qui permet de poser l’appareil et de travailler sur une autre ruche le temps de la sublimation.
Je travaille avec 5 couvercles, un joint en mousse assure l’étanchéité.
La buse de l’appareil est équipée d’un manchon en silicone qui en empêche son refroidissement trop rapide, source de cristallisation de l’AO dans le tuyau. Si on doit la déboucher, une capsule d’eau sera mise sur l’appareil et la vapeur produite nettoie le système. Cette opération diminue le nombre des ruches traitées du fait de la consommation d’électricité pour vaporiser l’eau.
Avec ce système je n’ai pratiquement aucune sortie de vapeurs d’AO, tout est dans la ruche. Donc moins de risques pour l’opérateur, bien meilleure imprégnation de la colonie puisqu’aucune fuite n’est visible. Cet appareil fonctionne avec des batteries de 18 ou 20 volts 8Ah des outils électroportatifs. Je suis arrivé à traiter 18 ruches avec une batterie chargée à bloc. J’ai pu avec cet appareil (2 batteries) et un flacon de 75g de Varroxal traiter 37 ruches. A noter qu’il semblerait inutile d’utiliser plus de 2g d’AO par ruche, surtout au prix du médicament …
Quelques cadeaux pour les fêtes à venir
Évidemment « La Ruche Basse consommation d’énergie », l’oublier serait une faute contre l’esprit !
Mais se rappeler aussi du très beau livre d’Ingo Arndt et Jürgen Tautz : « Abeilles mellifères sauvages » des photos de colonies dans des tronc d’arbres, photos à couper le souffle. Un cadeau somptueux pour un prix plus qu’abordable
Un ouvrage pour apprendre les abeilles : « Connaissance des abeilles » d’Yves Berthaud et Anne Chevais, un excellent apprentissage de la biologie des abeilles et des matériels, des modes de conduite des colonies.
Pour ceux qui aiment la science, une exceptionnelle mise en perspective de tous les travaux qui conduisent à notre connaissance, encore partielle, du langage des abeilles. Karl von Frisch en est le découvreur le plus célèbre, mais d’autres se sont opposés à ses interprétations, ont enrichi le propos diversifié les observations et explications. Jürgen Tautz rend lisible et attractives les expériences, les controverses, les hypothèses et ce qu’il en reste aujourd’hui comme socle de connaissances.
« Le langage des abeilles » un ouvrage majeur, mais quels sont les écrits de Jürgen Tautz qui ne sont pas majeurs ?
J’allais oublier !
Déclarer mes ruches sur le site
https://agriculture-portail.6tzen.fr/default/requests/Cerfa13995/
Contrairement à la pub de la DGAL, cette déclaration n’améliorera pas la santé de vos colonies … elle permet surtout de récupérer auprès de l’Europe la part de la France dans les crédits affectés à cette activité. C’est le plus important.
Nous qui ne vivons pas de cette passion, nous n’en attendons pas grand chose, mais enfin si un jour nous touchions 3 sous pour réaliser des produits pédagogiques nous ne regretterions pas que vous ayez passé 3 minutes pour faire votre déclaration !
Prochain webinaire Jeudi 21 décembre avec Yves Darricau :
« Le pollen comme fil conducteur des plantations «
Yves Darricau, ingénieur agronome, est apiculteur, consultant spécialisé en agroforesterie.
Quels arbres devrons nous planter pour disposer de ressources mellifères en été ?
Car, sans ressources en pollen l’été, les colonies dépérissent.
Jeudi 21 déc. 2023 ouverture de la salle virtuelle 20h30 début des échanges 20h45
https://us02web.zoom.us/j/85130422459?pwd=RHkzaWFERDEwZXZDSjQ1KzdyTVdGUT09
ID de réunion: 851 3042 2459
Code secret: 760613
Bon Noël
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