En mai « pourviou que ça doure »

Ainsi disait Maria Laetizia Ramolino en parlant de son fils Napoléon Bonaparte ! Pourvu que mai soit comme avril, et que l’on n’ait pas ramassé plus d’asperges en avril qu’en mai comme disait mon arrière grand père. Car la chaleur d’avril avec la pluie en alternance aura permis de très longues et abondantes miellées.

Le nectar est rentré, les colonies ont bâti, les essaims sont partis.

Conclusions de l’hiver

Démonstration aura été faite que l’hivernage des colonies dans des espaces restreints permet une optimisation des ressources et un excellent démarrage  dès janvier.

Toutes les colonies que nous avons fait hiverner avec de jeunes reines 2014 dans des ruchettes ou des ruches partitionnées sur 5 cadres ont remarquablement bien démarrées et sont en production de miel sur le colza.

Les colonies mal traitées contre varroa sont mortes. Dérangé par le téléphone au moment de la pose des lanières, j’ai oublié quelques ruches, toutes sont mortes. Les reines d’élevages trop tardifs en septembre auront été mal fécondées, mal acceptées, ces colonies fabriquées trop tardivement n’auront pas survécu, bourdonneuses ou avec des reine stériles, l’hiver leur fut fatal.

Sans doute certaines furent-elles constituées avec de trop vieilles abeilles. Les couvains de fin de saison en octobre et novembre étaient-il trop petits ? De sorte que l’équilibre démographique entre les plus vieilles abeilles et leur renouvellement par des plus jeunes en nombre  fut probablement insuffisant.

Car ce n’est pas le volume de population qui détermine la survie une fois les traitements contre varroa et la qualité de la nourriture et sa quantité acquis, mais le rapport entre le volume des vieilles abeilles, des jeunes et la surface du couvain.

Comme nous ne savons pas apprécier l’âge des abeilles le seul indicateur dont nous disposons est le volume du couvain par rapport au volume des abeilles.

J’ai des Miniplus qui ont hiverné sur un seul élément. Certes avec du candi mis en continu depuis novembre. J’y avais introduit une reine née en 2014 avec 4 cadrons de couvain sur les 6 de la boite et les abeilles qui étaient dessus. Une fois acceptée, la reine repris son travail de ponte aidée en cela par du candi protéiné (3% de levure de bière lyophilisées). Aujourd’hui ces Miniplus sont sur 4 éléments et le 5° sera posé le 2 mai.

Cette année ce qui a survécu est très beau. Ce fut tout de même près de 80 % du cheptel.

Le travail au rucher

Le temps hyper favorable aura permis de faire construire jusqu’à 4 cadres par colonie. Les cires mises en bordure du nid à couvain auront été rapidement construites sur une face, leur inversion a  accéléré la construction de l’autre face, puis leur insertion dans le nid à couvain en a permis la ponte non moins rapide ainsi que le déplacement  vers les bords des cadres les plus anciens.

Un collègue marque le n° de l’année sur une des têtes des cadres cirés et les pose dans les ruches le n° mis coté entrée, il voit immédiatement le sens des cires et en cours de saison les inversions et les déplacements qu’il aura opéré. Cette année cette pratique se révèle particulièrement opportune.

L’élevage des reines

La casse de l’an passé dans les élevages des reines due à un printemps et un été pourris, m’a fait commencer pour cette année l’élevage des reines le plus tôt possible. Le temps fut avec nous.

Les cellules royales de 4 jours d’amorçage, placées dans des nucléis populeux (2 cadres de couvain fermé de corps Dadant et un cadre de miel) le 20 avril sont toutes nées sans accident le 30 et certaines étaient déjà en ponte sans doute étaient elles issues d’œufs un peu âgés à la limite des possibilités d’élevage.  Je vérifierai leur qualité dans le temps car, pour l’heure, la ponte est très serrée, abondante.

La clef de la réussite est, comme indiqué dans la littérature, de faire les nucléis deux jours avant la mise en place  des cellules de manière à ce que l’orphelinage soit acquis et que les cellules royales naturelles qui en découlent soient détruites. Sinon les abeilles élèvent leurs propres cellules abandonnant celles qu’on leur propose.

Cette année la mise en œuvre de l’élevage avec le procédé Jenter se révèle d’une incroyable efficacité. En utilisant un starter fait d’une colonie puissante sur 8 cadres, laissée orphelinée durant 2 semaines au total, le premier cycle de démarrage des cellules a permis d’en réussir 40 sur 48 il y avait du couvain ouvert et les nourrice se sont partagées entre leur couvain et les cellules royales que je leur ai imposées. La seconde semaine tout le couvain ouvert étant operculé et des nourrices naissant en masse, sur 60 cupules introduites, 55 furent acceptées. A voir tout de même sous 48h combien seront effectivement exploitables.

Ce procédé évite de nombreuses blessures sur les larves. La rapidité des manipulations  évite le dessèchement des larves qui baignent dans leur gelée royale.

Le premier module introduit fut immédiatement construit, la reine est venue y pondre de suite, le second n’a pas été construit, alors que tout autour les abeilles avaient soudé le module aux alvéoles adjacentes. J’ai posé le petite grille cirée du constructeur et enfermé la reine dessus, en 48h tout était pondu.

A voir pour la suite.

Collage à la cire des portes cupules Jenter sur les supports Nicot

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La gouvernance sanitaire.

Dans notre Région Rhône Alpes c’est du grand n’importe quoi, les organisations sanitaires  apicoles qui regroupent le plus grand nombre des apiculteurs (évidemment des amateurs, les « pluri actifs » non agriculteurs ayant quasiment disparu) sont exclues de l’OVS. On les y invite sans droit de vote … mais pour cotiser et faire masse.

Si des milliers d’apiculteurs ne peuvent pas faire entendre leur voix, sans doute ces organisations ne les concernent pas. Et d’ailleurs pourquoi mettre en place une bureaucratie complexe pour une seule ectoparasitose (qui n’est pas une maladie) et pour gérer un seul médicament vendu sur ordonnance ?

Aethina tumida le prédateur qui arrive serait-il au coeur des inquiétudes bureaucratiques à venir ? Classé risque sanitaire de première catégorie, les apiculteurs devront en faire la déclaration à leur DDPP dès lors qu’ils en soupçonneront la présence dans leur ruche. Alors la DDPP missionnera un vétérinaire qui déléguera à un TSA la charge d’aller visiter les ruches pour confirmer la présence d’AT et de faire détruire les ruches infestées. Si l’apiculteur doit supporter le coût de la visite on se doute qu’il n’y aura guère de  déclarations, si l’Etat doit en supporter la charge on se doute qu’AT soit rapidement classé risque sanitaire de seconde catégorie… la charge de la lutte revenant à la profession. Ce fut le cas avec Varroa et aujourd’hui avec Vespa Velutina.

Contre un  insecte de cette nature aux multiples lieux de reproduction les techniques de lutte sont limitées, avoir de fortes populations d’abeilles, poser quelques pièges, ne pas faire d’apiculture là où son cycle de reproduction est des plus rapide et puissant… bref de la prévention et de la destruction systématique des ruches infestées, ce que l’on fait déjà avec la loque américaine.

Pourquoi une quincaillerie bureaucratique aussi lourde pour si peu ? Je pense que les organisations professionnelles en nous demandant de cotiser pour supporter les frais de leur infrastructure tout en nous imposant le silence nous rendent service. Elles nous offrent l’opportunité de ne pas y  participer … tout en respectant les règles des bonnes pratiques sanitaires, ce que les apiculteurs savent faire depuis longtemps. Et n’est-ce pas cela le plus important ?

Jean Riondet le 1er mai

 

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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