Enfin les jours s’allongent avec vent et pluie aussi

Un mois à risques

Oui le froid est là, pas toujours et pas partout intense sauf les zones continentales ou de montagne, où que l’on soit nous connaissons de l’humidité, du vent et de la fraîcheur à répétition, les abeilles sont souvent sorties depuis décembre.

Le nombre des abeilles s’amenuise par mortalité naturelle, le renouvellement s’est-il fait correctement ? Le couvain semble avoir disparu plutôt fin décembre ou début janvier, pas avant, en plaine en tout cas. Nous connaissons un redoux à 15 °C, j’ai vu des abeilles boire dans une flaque ensoleillée preuve que le couvain est reparti.

Les réserves commencent à s’appauvrir sérieusement chez celles qui en étaient peu fournies. Lorsque j’ai regardé dans la seconde quinzaine de décembre où en était le couvain, j’ai vu des colonies dont les abeilles étaient dans le bas des cadres, sur des rayons de miel en leur sommet et de nectar dans le bas. Les cadres bien pleins étaient nombreux dans les colonies qui furent populeuses en fin d’été. Par contre les petites colonies qui n’avaient rempli leurs rayons, étaient mal en point et ont disparu.

Le vent a fait son effet en mettant au sol des ruchettes et ruches pas suffisamment arrimées. Les abeilles au sol ou mouillées n’ont pas résisté.

Le varroa aussi a fait des dégâts, nombre de photos et vidéos qui nous ont été envoyées manifestaient soit des famines, soit des mortalités évidentes par varroa. Du miel, trois fois rien de couvain mort operculé et des traces blanches sur le pourtour des cellules, signe, après agrandissement des images, de probable guanine, déjection des varroas.

Nous devons compenser ces situations maintenant.

Les travaux du mois

Il faut poursuivre l’entretien des lieux, débroussailler mécaniquement, traiter les corps de ruche à l’huile de lin chaude ou à la chaux grasse pour ceux qui optent pour les ruches blanches et l’intérieur très isolé. La plupart des peintures peuvent être passées sur les corps de ruche, dans les ruchers les abeilles étant en grappe à l’intérieur. Il n’y a pas de danger pour les abeilles.

C’est le temps de décaper le matériel, le stériliser, laver les vêtements à l’eau javellisée (un berlingot dans 6 litres d’eau), acheter des gants en caoutchouc : c’est plus facile à désinfecter à l’alcool ou à la javel que les gants en cuir, passer les bois à la flamme du chalumeau …

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Les couvre-cadres en plastique seront laissés dans une eau avec de la lessive de soude pendant une semaine et les passer ensuite avec un nettoyeur haute pression, idem pour les plateaux de sol en plastique. On trouve des bacs à vendanges de 45 x 58 cm qui sont juste un peu plus grands que les plateaux de sol qui font 43 X 53 cm, 1 l de lessive de soude dans un bac de 60 l convient.

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plateau sol sale_DSC_3901DSC_3815

 

 Nourrir ?

Sans aucun doute et même si on apporte trop de candi, s’il est suffisamment sec, il ne sera pas stocké. Par contre les réserves de miel seront protégées et en avril /mai où l’on a parfois de bonnes périodes de froid, ces réserves préservées seront très utiles pour maintenir les colonies en bon état de reproduction.

Les couvains en fort développement à ce moment-là consomment la totalité de ce qui est apporté par les butineuses et, si elles ne sont pas surabondantes parce que la relance de la ponte en ce moment est faible, il n’y a pas de stocks possibles. Si de surcroît il y en avait, ils sont parfois dans les hausses que nous avons récoltées tardivement en fin d’été ! Le miel des corps conservé depuis l’hiver est à ce moment-là très nécessaire.

Contre varroa

Pour ceux qui font des comptages de varroas sous les grappes et qui constatent de fortes chutes de varroas, alors qu’il ne devrait y en avoir que quelques unités chaque semaine, peuvent remettre des lanières d’acaricides. L’acide oxalique ne pourra être dispensé avant plusieurs mois. Les conditions actuelles de disponibilité des produits ne permettent pas de l’employer et de toute manière les traitements flash ont peu d’impact en phase de croissance du couvain. Par contre le piégeage de mâles en tout début de reprise de la ponte de cette caste d’individus aurait un certain effet.

Cette pratique ne peut guère dépasser le mois d’avril car par la suite les surfaces de couvain sont telles que la destruction du couvain de mâle n’a plus d’impact significatif.

On mettra au plus tôt un cadre de hausse bâti de chaque côté du nid à couvain. Le cadre de hausse sera rapidement pondu et les nouvelles cirières construiront un rayon sous ce cadre et souvent de cellules de mâles surtout à cette époque et, ces rayons une fois operculés seront détruits.283 rayons de bourdons surnumeraires à detruire pour lutter contre varroa

 

Pour l’élevage des reines

Préparer le matériel et pour ceux qui ont eu des difficultés à faire accepter leurs blocs de ponte, notamment les modèles d’importation faits avec des plastiques un peu trop odorants au goût des abeilles (!), les mettre au plus tôt avec leurs accessoires dans une ruche pour que les abeilles les parcourent. Cette familiarisation devrait en faciliter l’occupation.

Préparer des haussettes, ruchettes ou ruches pour les essaims nécessaires à l’élevage.Nuclei P1020432hivernage ruchette haussettes_DSC_9944

Mais aussi prévoir des cadres cirés. Qu’ils soient ou non à bâtisses libres, être généreux en prévision d’une année féconde en essaims ! On peut rêver.

Pourquoi reparler des bâtisses libres ? Tout simplement pour une question d’économie. Le principe de base est de faire totalement construire un cadre amorcé sur 2 cm seulement, voire moins ! Mais on peut aussi, selon la cire dont on dispose, mettre le 1/3 ou la moitié d’une feuille de cire gaufrée.

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En prévoir 3 par colonie de manière à renouveler les rayons en trois ans. Les bonnes années on arrive à en faire construire 5. Le renouvellement rapide des rayons ayant contenu du couvain est une des meilleures mesures prophylactiques contre les maladies du couvain. Pour faire construire il sera peut-être nécessaire de nourrir si l’on est en situation hors miellée. Mais on y reviendra en temps utile. Préparer des cadres de hausse déjà construits en les équipant d’une punaise pour bien les identifier. Deux par colonie, ils seront mis au ras du nid à couvain lors de la première visite de printemps, ils serviront de piège à varroa. J’y reviendrai en mars.

Pour les élevages de reines, quel matériel choisir ?

Je serai tenté de dire : rien de spécifique ! Travailler avec son matériel standard : des ruchettes, des haussettes de ruchettes. J’utilise des haussettes pour ruchettes 6 cadres. Posées sur un plateau de sol avec juste une petite aération de 30 mm environ, partitionnées avec une plaque de polystyrène entourée de réfléchissant, elles font d’excellents nucléis avec 3 cadres de hausse de couvain et miel. J’élève plusieurs colonies sur des hausses Dadant et je dispose tôt en saison de cadres de hausses couverts de miel, de couvain et d’abeilles. L’hiver, je conserve des blocs de 2 ou 3 nucléis superposés qui, une fois stimulés, me donnent également des nucléis prêts à fonctionner au moment adéquat. Avec ces deux manières de faire j’ai sans trop de difficultés les nucléis dont j’ai besoin.

Bien d’autres solutions sont possibles, je dois avouer que ce procédé me semble le plus simple à mettre en œuvre et le plus universel si on ne souhaite pas faire de dépenses sur des matériels spécifiques. Certes, un professionnel fournissant plusieurs centaines de reines chaque année s’orientera vers des solutions encore plus économes en abeilles, mais plus délicates à conduire.

Côté matériel d’élevage proprement dit je préfère les blocs de ponte aux « picking » y compris chinois … et les méthodes sans éleveuse, finisseuse ou couveuse.

Matériel J Kemp

1 Kemp bloc de ponte coté reine_DSC_3037 1 Kemp Bloc de ponte coté reine_DSC_12794 Kemp bloc de ponte face arrière_DSC_98806 Kemp barrette support de plots et cupules_DSC_9886

je les ai décrites dans mon ouvrage “élever ses reines” Ulmer ed. On en reparlera

Elever ses reines 2020 redimensionné

 

La stimulation

Je considère ici deux cas, la préparation des colonies pour faire du miel et le suivi des essaims artificiels.

Pour les colonies de production : repérer la date de la miellée qui sera pour vous la source de la meilleure récolte. 40 jours avant la date cette éventuelle miellée, nourrir tous les 3 jours les colonies d’un sirop chaud à 40 °C distribué par 1/2 à 1 l par colonie suivant leur force. Ce sirop sera fait d’une solution de 500 g de sucre pour 500 g d’eau (sirop dit 50/50). Nourrir ainsi durant 20 jours sauf périodes de miellées s’il en arrivait. 20 jours plus tard commenceront à naître les abeilles issues de cette stimulation de la ponte de la reine.

Mise en place fin février début mars, cette stratégie sera efficace première quinzaine d’avril. L’accroissement de la population durera jusqu’à la fin de la miellée, l’apport de nectar poursuivra le travail de stimulation de la ponte de la reine.

Les professionnels, la récolte faite sur cette miellée, transhument leurs colonies vers un autre lieu de récolte, les colonies restent alors fortes jusqu’en fin de saison florale.

Pour un rucher sédentaire, il faut parfaitement repérer les dates des bonnes miellées de manière à disposer de cette croissance de la population au moment ad hoc. Arrivées trop tôt, ces abeilles issues de la stimulation produiront l’essaimage, arrivées trop tard, elles vont consommer les réserves accumulées. Dès la miellée présente, mettre les hausses par deux à la fois. Peu importe (sauf en apiculture biologique), que la reine vienne y pondre, mais il faut éviter le blocage de ponte par engorgement du nid à couvain. Précision utile : à ne faire que sur des colonies dont la reine est de l’an passé. Sur une vieille reine, l’essaimage est assuré !

Pour les essaims hivernés : les nourrir une fois par semaine d’1/2 l de sirop chaud (35°c) jusqu’en fin de mois. Ils seront sur 6 cadres bien pleins de couvain surtout si la ruchette est en polystyrène car les colonies seront très au chaud et consacreront leur énergie au couvain en croissance.

Courant mars il sera temps de les transvaser en ruche ou de les réunir avec des ruches de production dont la reine serait née en 2019.

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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