Nous sommes au cœur de l’hiver et dans les plaines, janvier fut un peu froid, souvent tiède, les abeilles sortaient en masse. Les abreuvoirs et autres points d’eau ensoleillés les ont vu venir boire, preuve s’il en était besoin que le couvain est bien là. Le vent fut de la partie, vent chaud du sud pour la vallée du Rhône avec quelques tornades. Il est bon de considérer février comme un mois froid et ne pas intervenir sur les ruches de manière intempestive.
Au rucher
Ce préambule nous rappelle qu’il faut toujours surveiller les ruchers pour éviter les accumulations de neige sur les planches d’envol, pour redresser les ruches et les toits malmenés par le vent.
Lors des visites durant les chaudes journées il faut repérer les colonies inactives, surtout celles que l’on savait faibles, les nucléis. Sur les trous de vol remettre du candi ou des paquets de sucre en morceaux.
Enfumer doucement les trous de nourrisseur sur les couvres cadre au changement des sacs de candi, les abeilles qui s’y trouvent sont agressives L’absence d’abeilles au trou du nourrisseur ou un candi non consommé sont des indices inquiétants. Ouvrir, s’il fait assez chaud, et retirer du rucher toutes les colonies mortes de faim et de froid.
Relisez votre registre d’élevage, vous y constaterez souvent que ces mortalités touchent de petites populations à l’automne, leur faible nombre leur empêche de dégager la chaleur suffisante malgré les stocks de miel. La colonie meurt de froid.
Depuis janvier, je n’hésite pas à glisser un peu de sirop les chaudes journées, un tout petit peu, de l’ordre d’un verre, sur les couvres cadres nourrisseurs des bonnes colonies. Sur ces colonies, le couvre cadre est muni d’un bon morceau de polystyrène pour bien isoler du froid et je rends libre l’accès pour les abeilles au sirop sur toute la surface du couvre cadre. Ce sirop tiède attire les abeilles il est pris en quelques minutes.
Cela relance le couvain très tôt. Ces colonies me serviront pour faire les premiers essaims artificiels avec les reines des nucléis de 2007 dès le mois prochain. Ces colonies récolteront sur le colza qui est une floraison surabondante, très précoce.
A l’atelier
C’est le moment de préparer les matériels dont on aura besoin. Les hausses et les corps seront grattés, nettoyés à la flamme du chalumeau et repeintes.
Pour ceux que les traitements un peu longs mais durables ne rebutent pas, faire un traitement à la paraffine et à la résine de pin.
Dans un toit posé sur un trépied à gaz faire fondre de la paraffine à haut point de fusion, et de la résine de pin dans la proportion de 15 %.
Pour faire simple, les magasins d’apiculture vendent de la paraffine en plaque de 5 kilos et on y ajoute 1,5 kilos de résine de pin. Après fusion le mélange peut atteindre 140 °c, les bois trempés dedans se mettent à évacuer leur humidité et le mélange chaud pénètre le bois. Laisser chacune des faces tremper 5 minutes au plus.
La température idéale un peu au dessus de 100°c est atteinte lorsque le bois trempé fait bouillir la paraffine et qu’au refroidissement la caisse présente une surface brillante. Si le bois ressort sec, le mélange est trop chaud.
Travailler à l’air libre pour éviter tout risque d’incendie ou d’intoxication.
Cirer des cadres
C’est un leitmotiv, mais on est toujours pris de court en pleine saison. Prévoir si possible par ruche deux cadres cirés à mâle comme l’on dit, c’est à dire avec une cire gaufrée de grosses cellules. Ces cires sont montées sans fil ou avec un seul en bas de cadre pour les détacher plus facilement.
Pour ceux qui n’ont pas capacité à trouver de la cire gaufrée à mâles, on peut faire construire des cellules de mâles sous des cadres de hausse. On met dans le corps deux cadres de hausse en bordure de couvain au moment opportun, les abeilles construiront dans l’espace vide sous ces cadres un rayon complémentaire généralement en cellules de mâles.
Lorsque ces rayons complémentaires sont construits, pondus et operculés, on peut facilement les détacher, les détruire et les varroas qui y sont piégés avec.
Pour ma part, cette méthode à ma faveur par sa simplicité de mise en œuvre..
Achats
Les renouvellements de matériels seront suivis de près, l’unicité des cotes des cadres, des corps, des hausses est une règle absolue sous peine de voir se multiplier les cadres bloqués par des ponts de cire ou de propolis entre leurs montants et les bords des caisses. C’est le pire qui puisse arriver.
En temps ordinaire tout cadre voilé se trouve collé aux bords, et malgré un lève cadre de grande longueur on vit des surprises désagréables, lors des visites
Il n’est donc pas nécessaire d’en rajouter avec des cadres de quelques millimètres différents de ceux qui conviennent pour les corps de ruche.
Les abeilles européennes ont besoin d’un espace de 9 mm le long des caisses et des montants des cadres pour pouvoir passer tout espace inférieur ou supérieur fait l’objet d’un remplissage avec de la cire ou de la propolis.
Profitez de cette période pour vérifier les cotes de votre matériel. Il ne sera pas rare que vous constatiez que les colonies qui ont le plus soudés cadres et ruche lors de la saison passée seront celles où les intervalles étaient, en fait, les plus irréguliers.
Ecrire
Prenez le temps de préparer votre registre d’élevage, d’y intégrer les indications relevées au fil du temps sur chacune de vos ruches.
Préparez la liste et les dates des interventions à venir, sur toute la saison, de caler vos congés et les obligations familiales des week end. Sage précaution.
Les mails que j’ai reçus
Au moment où je mets cet article en ligne, je reçois plusieurs mails d’interlocuteurs de toute la France. Ils ont constaté de nombreuses mortalités de colonies.
Sauf information plus ample, tous m’ont dit avoir pourtant largement nourri entre fin août et septembre. A mon sens c’est trop tard. Les colonies se sont faiblement reproduites en juillet et août du fait des moindres floraisons.
Le nourrissement de septembre a bien relancé la ponte mais sur une population trop diminuée en nombre et l’automne arrive sur des abeilles à l’intestin fragilisé par l’ingestion de sels minéraux présents dans le sirop.
L’hiver venant, les colonies peu populeuses n’arrivent à tenir la chaleur malgré le miel disponible. Les abeilles de petite santé finissent par mourir de maladies. A ce jour ni ruches ni essaims ne sont encore morts seuls quelques nucléis auxquels j’ai tenté de faire passer l’hiver se sont effondrés.
Jean RIONDET