Février Brrr…..

Pas bissextile cette année mais février paraitra long. Les colonies sont reparties en plaine. Dès qu’un rayon de soleil pointe son nez, les abeilles sortent. On voit un certain nombre de buissons qui commencent à bourgeonner, les rosiers n’en parlons pas leurs pointes roses sont déjà présentes depuis mi janvier.

On sera toujours attentif aux préparatifs pour la première visite du mois de mars et si on souhaite faire une récolte sur le colza, là où il pousse, il sera bon de stimuler au sirop.

Pour ceux qui débutent l’auteur s’est commis de deux ouvrages pour les débutants « Installer un premier rucher » et « l’apiculture mois par mois » chez Ulmer. L’apiculture mois par mois vient d’être réédité avec une mise à jour très conséquente.

Pourquoi récolter tôt en saison ?

Mais pourquoi récolter tard en fin d’été ? On assèche les colonies de leurs réserves pour l’hiver et en leur donnant du sirop à foison on produit des abeilles malingres qui feront de mauvaises nourrices en février suivant si elles ne sont pas mortes de vieillesse avant !

Avec des étés caniculaires, des automnes insuffisamment arrosés et donc fleuris, nos récoltes de miel doivent se faire le plus tôt possible. On en revient à ce qui était écrit  sans doute vers 1850 dans l’ouvrage d’agronomie « la maison rustique » édité par la librairie de la rue Jacob à Paris à la page 170 du tome 3 : « Dans les temps ordinaires un premier essaim s’approvisionne au moins suffisamment pour passer l’hiver et recommencer les travaux du printemps. Ainsi la récolte doit se faire après l’essaimage, à moins qu’une température contraire ne s’y oppose. » (italique dans le texte)

Ce qui veut dire que l’on récolte en mai, au plus tard. Or les pratiques actuelles conduisent certains apiculteurs à récolter jusqu’en septembre ! Et pourtant, la biologie de l’abeille reste la même. N’est-on pas en train de dérailler ? Car sauf exception sur certains miellats, et l’on sait que l’on fragilise ces colonies,  rien ne justifie de récolter si tard.

Pour ce qui nous concerne, passé le mois de mai en 2018 il n’y a pratiquement plus eu de miellées importantes tant la sécheresse est arrivée rapidement. La récolte d’été fut maigre dans nos ruchers sédentaires au sud de Lyon.

C’est pour cela que, sur ces zones devenues arides, nous visons des récoltes dès la floraison du colza, abondant dans notre région, alors que jusqu’à ces dernières années cette miellée servait à booster les colonies. Cette stratégie d’anticipation ne saurait être généralisée tant elle produit le risque d’essaimage. Elle reste un choix délibéré.

Deux actions sont conduites pour accélérer la ponte de la reine, mettre du candi protéiné dès mi janvier puis apporter du sirop 50/50 début février. Si mi avril la floraison commence, ce sera Byzance, si elle tarde les colonies essaimeront…

A propos des cadres à jambage

L’idée de faire bâtir les rayons selon un ordre et un sens imposé par l’apiculteur n’est pas nouvelle. Il semblerait que les Grecs avaient connaissance de cela et que la barrette dans un panier était utilisée; un peu comme avec la Kenyane.

Nombre d’apiculteurs ont remarqué qu’un morceau de cire gaufrée posée en tête du cadre suffisait pour construire le rayon, ce principe est à la base de la méthode de l’abbé Warré. On doit sans doute à Bernard Nicollet d’avoir promu le cadre à jambage depuis quelques années.

Le cadre à bâtisse libre ou à jambage part du principe qu’en donnant juste une orientation à la construction par une mince lame de cire gaufrée dans la tête du cadre, les abeilles construiront un rayon selon cet axe. Pour rigidifier le rayon, faciliter les chaines cirières, le cadre est barré d’une « jambe » de quelques mm plus étroite que les montants, vissée à 4 ou 5 cm de la tête et calée dans l’angle inférieur opposé.

 

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Placer une lame de cire gaufrée collée avec de la cire fondue est une opération rapide sans faille et avec un matériel limité

 

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DSC_2962Pour mémoire, nous avons « ciré »500 cadres avec 2 k de cire gaufrée

Pour réaliser 100 cadres nous mettons 1h à deux personnes.

 

Le nettoyage des cadre se fait rapidement avec un grand couteau ou un cutter ou un lève cadre.

recuperation cadre a jambage_DSC_9756En laissant environ 1 cm de l’ancien rayon, les abeilles repartiront sur cette forme.

En l’absence de fil de fer le recyclage est ultra rapide, si l’on craint des contaminations bactériennes le trempage durant 20 min dans une bac avec de l’eau de javel dans la proportion d’un litre pour 3 l d’eau désinfecte totalement les cadres et rayon résiduels. En ajoutant 5% de liquide vaisselle on améliore le collage de l’eau sur les rayons.

La suppression des parties de mâles pour extraire le plus possible de varroas est grandement facilitée.

recuperation cadre a jambage_

Quelques précautions

Lors de la récolte d’un essaim, il est impératif de bien veiller à la bonne horizontalité de la ruchette dans les deux sens, on ne place aucun cadre bâti de sorte que la bonne construction verticale du rayon est lié à la seule gravité.

Bien veiller également à ce que les jambages soient tous placés dans le même sens  sous peine de constructions anarchiques en traversCadre à jambage bon positionnement dans le corps de rucheDSC_8921

Par contre, lors de son insertion dans un corps habité, si on prend précaution de mettre le cadre à jambage entre 2 cadres construits l’horizontalité a beaucoup moins d’importance.

Lors des manipulations, le cadre en cours de construction sera retourné dans l’axe de la tête comme on le ferait avec un rayon sur une barrette. Mais une fois totalement construit il est aussi solide qu’un cadre filé.

Du côté des abeilles

Dans un excellent article de la revue Luciole (en ligne) d’octobre – novembre 2016, Jérôme Deschamps apiculteur professionnel (26) indique que les abeilles construisent ces rayons aussi vite que sur les cires, qu’en choisissant le rapport cellules à mâles / cellules d’ouvrières le diamètre des cellules, leur longueur… elles retrouvent les standards de leur race sans que cela ne gène ni la production de couvain, ni le volume de la production du miel.

Le fait de travailler à la verticale (avec une cire gaufrée, les abeilles travaillent à l’horizontal) donne une dynamique aux cirières beaucoup plus forte

La finesse des parois entre les cellules améliore la transmission des calories entre les cellules du couvain et l’on sait l’importance de la température et de sa régularité pour la nymphose.

La cire vierge ainsi produite est indemne de produits chimiques et de spores de maladies couramment recyclés dans les cires de récupération.

Construisant des deux côtés à la fois, l’apiculteur n’a pas à inverser le sens du cadre pour faire bâtir l’autre côté l’un étant aux 3/4 construit. Et si les abeilles ne peuvent ou ne veulent cirer, le cadre à jambage ne constitue pas une cloison, une partition, les abeilles vont travailler sur le rayon construit suivant sans problème.

Un collègue a passé tous ses cadres de hausse sous ce modèle, une fois totalement construits l’extraction à la machine ne pose aucun problème. Mais il les faut totalement construits.

Bref, avec quelques précautions ces cadres permettent de très fortes économies de temps, d’argent et d’emm… liées aux cires polluées.

Dernière trouvaille

Faite par nos spécialistes de la veille documentaire du GASAR (gasarhone.fr) ce compte rendu de la journée de Namur organisée par le CARI le 27 janvier dernier

Bilan de la Journée de Namur 2019

Beaucoup d’infos très intéressantes et plutôt optimistes.

J’ai retenu essentiellement que sur le tacitement contre varroa par Acide oxalique les mesures effectuées à propos des mortalités sur les reines ou les abeilles ne montrent pas d’effets négatifs majeurs et que le dégouttement ou la sublimation sont équivalents, que l’encagement des reines s’impose désormais pour traiter hors couvain et que provoquer le hors couvain en hiver devient une nécessité avec des hivers doux.

Intéressantes également ces réflexions sur le climat et le décalage entre les plantes qui sont thermosensibles et les abeilles comme les insectes en général qui sont photosensibles de sorte que la conduite des colonies devra prendre en compte ce décalage.

A suivre …

Bons essais.

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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