Février, un mois court qui commence dans le froid, c’est bien l’hiver !

Notre webinaire commun avec le SNA

jeudi 27 février  : La conduite des colonies et du cheptel pour minimiser les effets des virus

Sébastien Bonjour apiculteur professionnel

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C’est un mois de préparation des outils pour la suite des évènements. Avec le froid nul besoin d’ouvrir les ruches pour en apprécier l’état. La pesée sera de quelque utilité.

Seule la variation du poids, pesée mensuelle ou bi-mensuelle, nous servira, le froid interdit toute ouverture. Avec la reprise du couvain selon les lignée et les lieux, c’est fait depuis un mois, pour d’autres c’est tout juste en cours, le poids est appelé à descendre du fait des gelées à produire et surtout de l’énorme quantité de chaleur que les nymphes requièrent. En absence de couvain nous avons constaté une perte qui était inférieure à 1kg dans le mois puis on dépasse très largement cette diminution, un collègue observe 100g/j.

Rappelons qu’un resserrement très important des abeilles, de la reine et du couvain en CH1au mois d’octobre prend tout son sens pour ce moment de la saison. Une CH1 étroite, c’est une densité élevée d’abeilles donc de calories produites par leur seule présence et conservées grâce aux parois réfléchissantes et isolées pour la nymphose des larves. C’est un gage de production de belles abeilles riches en vitellogénine et aux importantes capacités cognitives. La température située entre 34 et 36°c durant la nymphose est impérative pour un développement optimal du cerveau.

Produire de belles abeilles en début de saison

Sans exagérer, on peut affirmer que la qualité des abeilles à naître qui sont en production actuellement va déterminer la qualité des futures butineuses mobilisée en avril c’est à dire dans 6 à 8 semaines. En effet, les nourrices de ces butineuses à venir sur les miellées de printemps seront issues du couvain en cours de nymphose aujourd’hui.

Dire cela peut sembler excessif car les abeilles à venir en mars ou avril vont bénéficier des abondantes floraisons du printemps. Certes la ressource alimentaire sera là, mais il faut des nourrices en capacité de métaboliser le pollen qui va rentrer. Pour que ces abeilles soient de bonnes nourrices encore faut-il qu’elles fussent très correctement nourries et que leur nymphose ait été particulièrement réussie c’est à dire que la régulation de la température fut réussie au moment cruciale de la reprise de la ponte de la reine.

Ces bonnes nourrices en cours de gestation, sont abondées en protéines actuellement grâce aux abeilles d’hiver. Le pollen dans la nature, en ce moment, reste encore limité. Les protéines utilisées sont un peu issues des réserves de la ruche en pain des abeilles (souvent pauvres) mais surtout issues des réserves en vitellogénine des abeilles d’hiver. Ces abeilles d’hiver ont fait leurs provisions à partir de la fin aout jusqu’à octobre. La vitellogénine est une modalité de stockage de protéines dans la colonie via les corps gras des abeilles.

Notons que le terme de super-organisme donné actuellement à la colonie recouvre cette modalité, les stocks de protéines dont la colonie peut avoir besoin tout au long de la morte saison sont soit dans les rayons comme l’est le miel mais également sous la forme de la vitéllogénine stockée dans les corps gras des abeilles.

Un super-organisme fonctionne sur un mode communautaire où les individus les plus jeunes assurent l’entretien des bébés tandis que les plus âgés vont prendre le risque d’aller à la recherche de la nourriture pendant que d’autres se gavent en attendant d’intervenir en cas de besoin … Aucun individu ne peut vivre hors du groupe et le groupe ne peut correctement exister sans une division des tâches au final très poussée.

Tout ceci pour nous rappeler que le cycle de l’abeille et donc du travail apicole se cale comme pour toutes les activités agricoles sur celui de la biologie de l’insecte en lien avec le cycle des floraisons. On retiendra également que les travaux de recherche sur le sujet montrent que les abeilles d’hiver ne sont pas toutes celles nées à partir de septembre, seules un nombre relativement modeste d’entre elles seront riches en corps gras.

Ce qui nous conduit à être particulièrement vigilant pour la production de ces abeilles en automne tant du côté des apports alimentaires si l’environnement est défaillant mais de façon très importante pour le traitement contre le varroa qui sera le premier consommateur de ces réserves de vitellogénine.

Nos belles butineuse en avril sont conditionnées par nos actions à partir de l’été contre le varroa en particulier.

A propos de la CH1

Ce resserrement du couvain entre 2 PIHP va bien au delà des simples habitude de resserrer les colonies en fin de saison sur le volume des abeilles. Il s’agit de contraindre la population à vivre la morte saison dans un espace très restreint pour optimiser la ressource calorique et par là même les réserves en miel et la santé des abeilles. En ayant cette obsession en tête l’apiculteur s’assure de disposer de bonnes abeilles qui seront plus résilientes face aux agents pathogènes et on élargira cette CH1 pour la dimensionner à la capacité de ponte de la reine.

Comment le fera -t- on? Très simplement lorsque la reine ira pondre en CH2 on rapatriera ces cadres pondus dans la CH1 en une opération et sans doute la CH1 restera dans cette configuration jusqu’à la fin de la saison avant de revenir dans un espace plus réduit pour l’hivernage.

La capacité de ponte de la reine c’est quoi ?

C’est la surface pondue par la reine sur un cycle de 21 jours.

21 jours parce que c’est le temps de gestation de l’œuf jusqu’à l’imago. C’est le temps pour que la reine ayant parcouru toutes les cellules disponibles revienne pondre dans les cellules libérées par les naissances.

Cette capacité de ponte est liée à la fécondité de la reine, donc sa génétique, sa jeunesse, mais aussi aux conditions environnementales c’est à dire la santé globale de la colonie, le nombre et la qualité des nourrices pourvoyeuses de gelée royale, l’environnement floral, la météo. Ce qui fait beaucoup de paramètres et ne permet pas de la définir a priori. Seule l’observation compte. Le résultat s’évaluera à la vitalité du couvain observable par un couvain serré et aux opercules bombés.

Pour les anglophones

 » Les abeilles mortes ne font pas de miel 10 trucs pour avoir des abeilles productives et en bonne santé » (mars 2024)

Yves Layec fait une présentation de 5 de ces 10 trucs dans le n° 325 de La Santé de l’Abeille de février 2025

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

5 résponses de Février, un mois court qui commence dans le froid, c’est bien l’hiver !

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