Avril le froid revient un petit peu

Ça y est la fraicheur revient. Mais peu et sans doute pas de façon durable. Les colonies sont au maximum de leurs possibilités. Cet hiver n’a pas été maussade pour les colonies à l’abri des intoxications, seuls les traitements au Thymol qui ont foiré à cause des insuffisances ou des excès de température lors de leur application et l’absence de traitement à l’acide oxalique pour ceux qui n’ont pas utilisé les molécule de synthèse ont provoqué la perte des colonies. Plus ceux qui n’avaient pas surveillé les réserves … bien sûr !

Le varroa peut frapper fort tant son développement fut favorisé par une présence quasi permanente du couvain. Il faut surveiller l’infestation, les chaudes journées où les abeilles sortent en nombre permettent de faire les tests de présence du varroa. Sur certaines colonies faire des traitements flash à l’acide formique ne sera pas sans intérêt.

Je rappelle le dépistage, en dehors de tout traitement, poser sur le plateau de sol un lange (plaque mince graissée à l’huile de table ou avec une graisse alimentaire), 24 h plus tard le retirer et compter les varroas tombés naturellement, puis enduire de nouveau cette plaque et mettre dessus 0,5 ml d’Amitraz (spécialités : Taktic ou Amitraz Ec, spécialités à 12,5% d’Amitraz) mesuré avec une seringue, étaler ce produit avec un pinceau.Placer le lange sur le plateau de sol et 24h plus tard le retirer pour compter les varroas.

A moins de 100 la situation est excellente, jusqu’aux alentours de 1000 on attendra jusqu’en juillet le traitement aura lieu la récolte faite, à plus de 1000, un traitement s’impose immédiatement.

Le début de l’essaimage

La force des colonies conduit à redouter des essaimages massifs, les premiers constatés du coté de Lyon ont eu lieu avant la mi-mars, un record !

Quels indices ? Des cellules de reines bien garnies d’une larve et de gelée royale en cours d’operculation voire plus, indiquent que l’essaim partira sans faute dans quelques jours. Un arrêt de ponte de la reine (absence de couvain ouvert, d’œufs) c’est une fièvre d’essaimage qui se met en place essaim assuré sous peu car la reine ne pondant plus ses ovaires se réduisent, elle maigrit sera en capacité de voler, une surface de couvain fermé supérieur à celle du couvain ouvert, risque élevé d’essaimage. Rien de tout cela mais des colonies bourrées de couvain et la crainte que les premières grandes floraisons passées les colonies essaiment.

Plusieurs manières de faire

l’essaim nu : méthode très ancienne couramment pratiquée autrefois. On va faire essaimer la colonie mais de manière contrôlée. Sur le corps poser une ruche avec un mélange de cires bâties (pour que les abeilles s’y accrochent) et de cires à construire. Fermer le sommet aux 3/4 avec un couvre cadre, l’ouverture coté entrée de la souche. Enfumer copieusement durant au moins une minute, la fumée apparait au sommet, la colonie se met à bruisser, ronflement puissant très caractéristique. Les abeilles se gorgent de miel, attendre quelques minutes et reprendre l’enfumage durant 1/2 minute puis avec deux morceaux de bois ou lèves cadres, tapoter sur le corps des deux cotés, en partant du bas et en remontant peu à peu. Les abeilles suivies de la reine montent dans le corps supérieur. lorsque les abeilles arrivent en masse au sommet, fermer le couvre cadre, déplacer délicatement ce corps plein d’abeilles sur un plateau de sol placé à proximité, bien arrimer les deux, mettre cet ensemble dans le rucher, attendre. quelques minutes plus tard ouvrir le couvre cadre, si les abeilles s’envolent en masse, la reine n’y est pas, réunir cet essaim avec la souche; si elles restent dans le corps, la reine y est. Fermer et nourrir, par précaution on peut descendre cet ensemble  à l’abri de la lumière durant 2 nuits et replacer la ruche au rucher. Nourrir régulièrement cet essaim artificiel construira très rapidement les cires. En profiter pour opérer un traitement à base d’Amitraz avec des lanières, c’est le bon moment pour détruire le  plus possible de varroas car l’absence du couvain fait que les varroas sont sur les abeilles uniquement.

Cette méthode est applicable qu’il y ait ou non des cellules royales sur les rayons de la souche, elle permet un renouvellement des reines sans perte d’essaim et la récolte n’est pas totalement obérée, bien nourri l’essaim sera lui aussi en capacité de fournir une hausse dans les 2 mois suivants.

Cette méthode réussit toujours.

l’essaim sur cadre : prendre avec leurs abeilles un cadre de couvain ouvert avec des œufs, un cadre de couvain fermé un cadre de miel, ajouter les abeilles nourrices présentes sur 1 (ou 2 si on a fait se sauver des abeilles des cadres prélevés) cadres de couvain et mettre tout cela dans une ruchette. La mettre 2 nuits en lieu obscure (cave, garage… ) puis l’installer au rucher et nourrir. La colonie orpheline élèvera une reine. 3 à 4 semaines plus tard on devrait découvrir une reine en ponte.

La réussite est conditionné par le volume des nourrices présentes et le volume de couvain car il faut que, dans les 3 semaines qui suivent la constitution de l’essaim, des nourrice soient aptes à élever la jeune reine et son couvain. Or, les nourrices ne le sont que quelques jours, au tout début de leur existence, certes n’ayant pas de couvain à élever leur durée en cet état perdure mais la prudence s’impose et les volumes d’abeilles et de couvain au départ sont stratégiques; le savoir faire de l’apiculteur se mesure à sa capacité de réussir des essaims sans reines avec de petits volumes de couvain et d ‘abeilles.

Avec des reines en ponte issues d’un élevage cette méthodes réussit à coup sur.

saigner une colonie : on fait de même mais on veut affaiblir une puissante colonie sans obérer la récolte. On va lui prendre beaucoup de nourrices en faisant de même que précédemment, mais en les prélevant sur 5 cadres de couvain. On peut également minimiser l’effet de cette prédation sur la récolte en prenant un seul cadre de couvain dans cette colonie et une second dans une autre ainsi qu’un cadre de miel ailleurs. Pour réussir la manipulation, faire l’essaim dans une ruche avec une grille à reine posée sur les cadres, une hausse vide qui fera entonnoir, secouer les cadres dessus, pulvériser d’eau les abeilles avant de les secouer, la reine si on ne l’avait trouvée sera sur la grille. Partitionner la ruche et mettre tout ce petit monde en lieu obscure 2 nuits . Remettre au rucher, nourrir.

 faire des essaims pour remplacer les reines : même opération que l’essaim sur cadre, mais prendre les 3 cadres dans des ruches différentes. Pulvériser les abeilles avec une eau parfumée pour éviter les bagarres ou déposer sur la tête des cadres une goute d’huile essentielle d’Eucalyptus ou autre. Mettre en lieu obscure et nourrir sont deux conditions importantes pour permettre à cette colonie de se constituer comme groupe et de démarrer l’élevage d’une reine.

Jean Riondet

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    Auteur Jean Riondet

    Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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