Les vœux, nous n’y coupons pas ! On craint le formalisme. Ces rites anciens à quoi bon ? Après tout, la plus part d’entre nous furent heureux de fêter Noël, fête depuis les origines de l’humanité qui célébrait le retour de l’allongement des jours. Christianisé, ce rite perdure dans un monde laïc. C’est le signe de la nécessité pour l’homme de se situer dans un univers ordonné et porteur de sens. Et ces fêtes nous rappellent ce besoin de se dire ce qui fait sens pour nous aujourd’hui. En ce début d’année apicole soyons reconnaissants aux présidents et aux animateurs des syndicats, fédérations et unions, du temps qu’ils consacrent au bien commun. Sans ce travail souvent bénévole, sans ces compétences à disposition, l’apiculture serait bien en peine de reconnaissance. Ce n’est pas la seule mode de l’écologie qui rend sympathique un insecte porteur de la peur instinctive de se faire piquer. C’est aussi et surtout le travail incessant de ceux qui ont imaginé et mis en œuvre les campagnes de valorisation de l’abeille, de défense de sa santé et au-delà de la santé de l’homme.
Dans les syndicats
Il est facile de critiquer les dirigeants des syndicats mais il est toujours difficile de leurs trouver des remplaçants. Preuve s’il en était besoin que la place est sans doute moins confortable que celle des dirigeants du CAC 40.
Leur apporter un peu de temps sur des actions ponctuelles serait sans doute bienvenu. D’autant plus que nombre de jeunes seraient partants pour prendre des responsabilités, encore faut-il que la charge n’excède ce qu’ils peuvent donner eux-mêmes comme temps. Ni leur interdire une vie faite de zapping. Laisser un espace d’action aux nouvelles générations est un axe de travail important pour l’avenir de l’apiculture française.
Car, nous sommes un des rares pays d’Europe où les apiculteurs peuvent vivre de leur travail. La vente en directe, le prix payé par le consommateur rendent cette activité rentable avec un nombre limité de ruche. A titre indicatif, pour obtenir le même revenu en Italie il faut exploiter 3 fois plus de ruches qu’en France.
Avec 20 000 tonnes d’importation de miel chaque année, la France dispose d’une marge pour développer les activités apicoles. Les syndicats locaux constituent l’un des vecteurs de l’émergence de nouvelles vocations. Les ruchers écoles, les cours, la mise à disposition d’information pour les écoles, pour le grand public, les services conjoints avec les pompiers et les maires pour la cueillette d’essaims sauvages… autant d’actions qui participent de la promotion de l’abeille et de l’apiculture.
Et sur Internet
On ne peut ignorer ce qu’Internet apporte aujourd’hui comme ouverture. certes, le coté grande poubelle est omniprésent, mais qui n’a été avec sa brouette vider ses saletés à la décharge dans les « bennes de la mairie » et n’en est revenu avec une « recharge » ?
Internet c’est pareil, beaucoup d’idées fausses, d’informations approximatives, d’opinions voire de manipulations y compris en apiculture, et parfois quelques perles incontournables.
Pour les accros d’Internet, le site de Gilles Ratia est une source inépuisable d’informations. Ce site héberge de nombreuses organisations apicoles et fournit de très nombreux liens sur d’autres sites. Dans sa surabondance on s’y perd parfois.
http://www.beekeeping.com/
J’ai une certaine prédilection pour le site suisse à la rubrique « thèmes » puis « apiculture » car il est une mine d’articles sur de nombreux sujets sanitaires.
http://www.alp.admin.ch/
Et pour rêver, je me promène sur le site d’un français au Canada. Rêve d’enfant sur les tonnages par ruche produits chaque année, sur l’étendue des cultures mellifères à la démesure de ce continent.
http://www.frenchbeefarm.com/
L’élevage des reines
C’est une de mes certitudes, partagée avec bien d’entre vous je dois le dire, et surtout acquise de nos maitres.
L’élevage des reines est au cœur de l’apiculture contemporaine. Dans la première moitié du XX° siècle Perret Maisonneuve, Rémy Chauvin en furent les promoteurs.
Les parasitoses, les agressions chimiques, les virus, les maladies bactériennes, rien de tout cela ne sera surmonté pour obtenir une production digne de ce nom sans une conduite du rucher qui renouvelle les reines tous les ans.
L’opuscule de Jean Vaillant publié par l’OPIDA encore disponible « l’élevage des reines de A à Z » est une excellente présentation rapide et complète de la méthode et du planning de travail. L’ouvrage de Gilles Fert, « l’élevage des reines », reste la référence française incontournable. Ces ouvrages sont en vente à la librairie de l’UNAF.
Pour le professionnel, Gilles Fert détaille toutes les étapes et les dissocie en pratiques spécifiques.
Cette manière de faire permet la production des reines en grande série, car à chacune des étapes on spécialise peu de temps des colonies ou des paquets d’abeilles ce qui autorise une série d’élevage tous les 5 jours.
Lire attentivement ce développement permet de bien comprendre le processus de l’élevage et les conditions de la réussite.
Pour l’amateur, qui se contentera d’une bonne dizaine de reines chaque année, le travail d’élevage se fera avec une seule ruche qui, une fois orphelinée, servira d’éleveuse et de finisseur. Elle n’aura au cours de la saison que cette seule fonction.
Personnellement j’utilise deux ruchettes 6 cadres dotées de jeunes reines où la reine est plus facile à trouver car moins populeuses que les 10 cadres.
Deux semaines avant le jour J du picking je remplace les cadres de couvain ouvert par des cadres de couvain fermés pris dans d’autres ruches et sans leurs abeilles dessus.
Une semaine avant le jour J j’orpheline.
La veille du jour J je détruis toutes les cellules de reine que je puis trouver.
Cette population orpheline sans couvain ouvert, riche en nourrices du fait des apports en couvain fermé sera prête à accepter le plus grand nombre de cellules pour en faire des reines.
Dans une telle colonie, on peut mettre 24 cupules greffées, montées sur deux barrettes sur un seul cadre ad hoc.
Cet aménagement aux descriptions de Gilles Fert offre par sa simplicité une possibilité accrue d’élevage pour les amateurs.
Alors pour 2008 je reprends une de mes antiennes, élaborons maintenant notre planning de travail pour les 6 mois à venir stratégiques en apiculture et notons les interventions que nous devrons faire pour l’élevage.
Soyons stricts, « si ce n’est maintenant ce sera dans un an » dit la pub.
Si on se fixe le 10 mai pour greffer, on stimule la ruchette éleveuse, les ruches qui produiront des mâles entre 40 et 33 jours auparavant.
Donc on commence le week end du 29 mars… ce sera vite là et ce travail se superposera sans doute aux premières visites de printemps.
Le suivi sanitaire
Fragilisées par les désordres que nous connaissons, les colonies sont désormais très sensibles aux maladies. La réponse à apporter, outre l’élevage des reines est le suivi sanitaire. En cas de doute ne pas hésiter à consulter le technicien sanitaire apicole de votre zone, son nom vous sera fourni par le syndicat d’apiculture le plus souvent lié au Groupement de défense sanitaire apicole.
Sa visite sera riche d’enseignement. Une enquête de la FNOSSAD laisse penser que plus du quart des ruchers français est atteint par la loque. Nul ne peut donc se sentir à l’abri.
Parmi les conseils que l’on peut donner, je privilégierai le nettoyage systématique des matériels à la flamme d’un chalumeau autant que faire se peut.
Pour les matériels qui ne supportent pas la chaleur, j’utilise l’eau de javel avec comme concentration un berlingot de concentré dilué dans 5l d’eau.
Bien brosser, gratter, tremper les pièces dans cette eau quelques minutes. Laisser sécher sans rincer.
Sur les colonies, changer au moins deux cadres, voire plus, chaque année.
Nos techniques de ruches à cadres mobiles permettent de conserver les cadres longtemps, mais c’est au détriment de la qualité sanitaire des ruches.
La formation sanitaire est le complément incontournable de la formation apicole de base. La conduite des ruchers ne se passe de cette connaissance. En 2008 la FNOSAD et le Ministère de l’agriculture financent des formations au suivi sanitaire des ruchers.
Ces formations sont réalisées à la demande des syndicats départementaux en particulier, donc à votre demande si vous en émettez le vœu auprès de vos dirigeants.
__ Le registre d’élevage__
Ne pas oublier de compléter son registre d’élevage. La loi impose ce registre qui permet la traçabilité de ce qui a accompagné la production des produits alimentaires. Tout éleveur de quelque animal que ce soit est tenu de remplir ce registre.
Mais on ne le tient correctement que si on en fait un outil de travail et non une contrainte supplémentaire. Il doit devenir notre propre carnet d’observation.
Jean RIONDET