Juillet – 2011 C’est l’heure de la récolte et de la préparation de l’hiver !

Juin n’a pas démenti les mois précédents, une bonne chaleur pour notre Sud Est et de la pluie. Le nectar est de nouveau présent. Les hausses se sont bien remplies, la dernière récolte approche. Sauf pour ceux qui feront du Metcalfa et du sapin, ces deux miellats sont un peu plus tardifs.

De bonnes récoltes
Seuls ceux qui n’auront pu contrôler l’essaimage auront été déçus de ne pas trouver une aussi grosse récolte de miel que le temps le promettait.
Surprises aussi pour ceux qui ayant eu du colza dans leurs hausses et ne l’ayant extrait en avril vont découvrir qu’il a cristallisé dans les rayons. Il devient impossible à sortir des hausse qui devront rester l’hiver entier sur les ruches leur servant de réserve naturelle.

La levées des hausses

La date optimale pour al récolte est le milieu d’une miellée, pour nous ce sera celle du tournesol. les abeilles sont moins agressives, les butineuses sont aux champs, les ruches sont donc moins pleines d’abeilles, le temps restant de récolte servira pour remplir les corps pour l’hiver.
La récolte se fait au chasse abeille pour ceux qui ont le temps de les poser la veille de la récolte et pour ceux qui n’en n’ont pas il est toujours intéressant de retourner de 180° les hausses pour casser les ponts de cire entre les étages, pour les mettre à nu, car les abeilles nettoieront instantanément le miel qui en coulera et l’enlèvement le lendemain se fera avec un moindre risque de pillage, moins d’engluement des matériels et pas de coulures sur la moquette de la voiture !

Pour ma part j’ai acheté un souffleur de feuilles à moteur, il faut se faire prêter, louer ou acheter un appareil puissant. Les hausses sont posées sur le champ, sur la ruche ouverte, le soufflage des abeilles se fait entre les cadres. Elles sont projetées assez loin et reviennent sur l’entrée de la ruche. Le devant de la ruche se noircit d’abeilles, elles ne sont pas agressives, comme shootées.
Poser les hausses vidées de leurs abeilles sur un toit en tôle renversé, fermer le sommet par une toile lestée pour facilement l’enlever lors de la pose de la hausse suivante.
Une fois la pile faite, on ferme avec un toit en tôle et on range rapidement les hausses dans le lieu où elles seront extraites. Si des abeilles les trouvaient, l’envahissement serait acquis en moins de 20 minutes. Donc la miellerie provisoire devra être fermée, exclure toute ouverture de fenêtre avant la tombée de la nuit, laisser les abeilles se coller aux vitres, en fin d’extraction il sera toujours temps de les faire sortir.
A noter que sur le marché de l’occasion on trouve pour pas cher des extracteurs en fer blanc et en tôle galvanisée, ils sont à proscrire, le seul métal autorisé est l’acier inoxydable.

On peut extraire le lendemain de la levée des hausses, la température du miel operculé aura baissée, le miel sera plus visqueux et plus long à extraire.

Le miel sera mis à décanter dans un tonneau appelé maturateur, une étamine en nylon sera sanglée au sommet assurant une filtration maximale ce qui réduite l’épaisseur de la mousse au sommet du tonneau et qui permet de retirer le maximum de miel sans risque de crasse. Même si cette fine mousse n’est composée que de bulles d’air et de fines particules de cire certains consommateurs craignent que ce soit le signe d’une fermentation. D’autres en raffolent.

Après deux semaines de décantation la mise en pot se fera sous le maturateur. Il faut donc le mettre en un endroit où il pourra rester dans déranger durant plusieurs semaines et être accessible pour la mise en pots. Le miel en pots de verre se conserve parfaitement et longtemps, au moins deux ans et il conserve le mieux possible ses arômes. Les pots en plastique sont moins hermétiques et poreux, les parfums y sont moins constants. Les pots en PET sont marqués du sceau infamant du Bisphénol.

Et après la levée des hausses ?

Dans les nourrisseurs leur mettre le jour même ou le lendemain, 2l de sirop 50/50. L’enlèvement des chasses abeilles, la pose des couvres cadres nourrisseurs ou des couvres cadres se faisant un peu après la levée pour que le calme soit revenu. Ce peut être le lendemain. Mais leur redonner immédiatement du sirop est important pour ramener l’ordre dans les colonies largement stressées par cette opération bruyante. Deux travaux vont occuper le mois de juillet : – Nourrir pour accroître les réserves dans les corps et faire pondre la reine pour maintenir la population à haut niveau qui produira un gros volume d’abeilles jeunes en fin de saison. – Traiter contre varroa.

Nourrir
L’option que nous retiendrons est de fournir du sirop épais (2/3 de sucre – 1/3 d’eau) par nourrisseurs entiers pouvant aller jusqu’à 15 k de sirop par colonie. Évidemment les colonies dans des corps déjà pleins ne seront pas nourries. Là où la renouée du japon donne en abondance les abeilles feront un miel bon pour elles mais immangeable pour nous. L’objet est de faire remplir au maximum les cadres du corps et sur la plus grande hauteur possible. Cette abondance de sirop produira un remplissage désordonné de tout l’espace disponible. Il se produira sans doute un blocage de ponte.
Août sera consacré à la correction de ce défaut en surveillant la libération du nid à couvain, s’il restait bloqué dans 2 semaines, il faudrait ajouter des cadres bâtis au centre du nid à couvain, nourrir toutes les semaines avec du sirop léger environ 1l à 2l maxi en une ou deux fois selon la distance du rucher. Lorsque l’on maîtrise bien cette manière de faire, le volume de jeunes abeilles est tel qu’en nourrissant régulièrement, on construit des cadres jusqu’en septembre !
Fin août il sera temps de retirer les cadres insuffisamment pleins et de partitionner la ruche pour obliger la colonie à achever de remplir les cadres de miel sur leur hauteur. L’hiver se passera bien si les abeilles accèdent facilement à la nourriture durant les longues périodes de froid qui les empêchent de se promener dans la ruche. On poursuivra selon les besoins un nourrissement au sirop léger pour maintenir la ponte de la reine le plus tard possible en octobre.

L’objectif pour une Dadant 10C est d’atteindre 20k en pesée arrière en octobre. Les réserves d’hiver seront assurées.
Cette stratégie couteuse en sirop sera sans doute à revoir si la hausse phénoménale du coût du sirop se maintenait dans les années à venir. Sauf à ce que le prix du miel fasse un bond et que les consommateurs acceptent de suivre !

Traiter contre le varroa

De tous les maux qui nous accablent c’est le seul sur lequel nous avons quelques armes. Profitons-en tant que cela est possible avec les molécules actuelles.
Je ne suis pas un fan des médicaments, mais contre varroa je n’ai jamais eu de résultats probants avec l’acide formique et l’acide oxalique, méthodes au demeurant nécessitant l’aval d’un vétérinaire, d’extrêmes précautions vu le danger des ces produits et des produits achetés auprès des centrales de produits pharmaceutiques seules habilités pour vendre des produits « techniques » ayant les qualités officinales requises.
J’attends avec impatience des travaux validés pour utiliser des combinaisons de produits moins à risque pour la santé humaine, ils seront sans doute beaucoup plus complexes à mettre en œuvre.

Donc le protocole que je préconise suite aux échanges avec des GDS apicoles qui ont testé diverse solutions est le suivant:

Traiter dès la fin de la récolte avec des plaquettes d’Apilife var, qui sont imprégnées de Thymol, Eucalyptol, Menthol et camphre. Trois plaquettes par colonies posées sur le sommet des cadres, renouvelées une fois au bout de deux semaines. Il faut au total trois sachets de deux plaquettes pour deux ruches. C’est un traitement d’ambiance qui agit par saturation de l’atmosphère de la ruche, son efficacité est bonne mais limitée par la présence du couvain qui recèle toujours des varroas en reproduction et par la sensibilité de la saturation des vapeurs aux conditions météo ; température de 25°c requise, humidité pas trop élevée,

Puis fin aout début septembre, placer deux lanières d’Apivar dans le nid à couvain et déplacer ces lanières pour qu’elles soient toujours à l’endroit du couvain là où vivent les jeunes abeilles couvertes des varroas depuis leur naissance. Les lanières doivent rester en place jusqu’en fin de ponte de la reine, tout retrait des lanières en présence de couvain dans la colonie maintien un taux trop élevé de varroas dans les ruches pour l’hiver. Ces lanières agissent par contact avec les abeilles.

Il faut avoir clairement conscience que le varroa en consommant les protéines des abeilles ouvre la porte aux maladies bactériennes et virales, produit un raccourcissement important de leur durée de vie, produit un vieillissement accéléré de leurs glandes productrices des gelées nourricières… Ces facteurs diminuent la capacité de la colonie à survivre l’hiver et à démarrer dès le mois de janvier le renouvellement de la colonie par la reprise de la ponte de la reine.
Mais attention : ne pas multiplier les traitements avec des produits divers, dont les huiles essentielles. La iatrogénie médicamenteuse n’est pas l’apanage des seuls humains, cela peut se produire chez les abeilles aussi. Alors prudence, nos expérimentations personnelles non contrôlées peuvent nous couter très cher en mortalité d’abeilles.

Pour finir
Voici un article paru dans Le Monde du 9 juillet sur les effets croisés du Fipronil et de Nosema. La même démonstration fut réalisée en 2009 par l’équipe d’Yves Le Conte à l’INRA d’Avignon sur l’interaction entre l’Imidaclopride et Nosema. Nosema est une bactérie qui vit naturellement avec les abeilles et qui se reproduit dans la paroi intestinale de l’abeille. Cette paroi est fragilisée par les insecticides systémiques dont font partie Imidaclopride et Fipronil, ils permettent à la bactérie de pénétrer la paroi intestinale et de s’y reproduire entrainant la mort de l’abeille.
Le Monde du 15 juillet publie une suite avec le chimiquier Syngenta (cruiser) qui argumente que ces expérimentations ne concernent pas le thiametoxam de la même famille certes, mais pas présent dans l’étude…

C’est la démonstration que la recherche n’est pas assez soutenue puisque aucun modèle biologique n’a été établi qui permettrait de valider une extension des résultats de ces études empiriques à une classe de molécules. Passer de l’expérimentation à la modélisation suppose des études autrement poussée, on sait le faire c’est une des manière de travailler en base de la recherche pharmaceutique aujourd’hui. C’est simplement très couteux en compétences et il faut trouver les arguments pour attirer dans ce domaine les chercheurs capables de faire ces travaux de modélisation.

L’industrie du médicament le fait car la Sécurité sociale solvabilise le marché et toute erreur grave lui coute très cher. Dans le domaine de l’agrochimie c’est aux apiculteurs d’attirer l’attention sur les risques associés à l’usage de ces produits. C’est à la profession parmi les plus pauvres de se substituer aux responsabilités des agrochimistes. Un comble.

Jean Riondet

Un rucher dans mon jardin

L’apiculture mois par mois (meilleure vente sur Amazon après le traité Rustica de l’apiculture) la réimpression de l’ouvrage tient compte des erreurs qui me furent signalées.
Bon été

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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