Et on récolte vite, la canicule a eu raison de bien des réserves. Les abeilles ont eu faim et elles ont mangé une partie des stocks présents dans les hausses.
Principe de base, on récolte au plus vite et ce fut nécessaire dès le début du mois là où les floraisons furent très en avance un peu plus tard lorsque l’altitude décale les miellées.
Puis on traite contre varroa de manière efficace, on refait les stocks de miel pour la morte saison et si besoin on stimule la ponte de la reine pour maintenir une population jeune le plus longtemps possible.
Juillet est le mois des fruits, des graines, plus celui des fleurs. Les principales ressources alimentaire seront dans les semaines et le mois à venir les miellats si la canicule n’a pas desséché les pucerons, les lierres et la renouée du japon.
Quelques observations
Cette canicule nous aura permis quelques surprises et interrogations.
Des ruches posées sur la lavande (des lavandins en fait) auront eu deux expositions. Les unes mises en plein soleil et un autre lot, au même endroit, mais calé contre l’ombre de grands arbres.
Les ruches en plein soleil auront rempli les corps de miel, celles à l’ombre de la brutalité du soleil de midi auront rempli les hausses.
Y avait-il un trop grand volume à rafraîchir et seul le corps a bénéficié des porteuses d’eau pour diminuer la température du couvain ?
A noter également l’importance de l’isolation au sommet sous le toit plat en tôle par le couvre cadre. Les couvre cadres en polystyrène extrudé placés sur les couvre-cadre nourrisseurs se sont révélés plus efficaces que la simple plaque de bois. Dans les nourrisseurs mal isolés on a retrouvé des cadavres d’abeille, pas dans les autres configurations.
De ce point de vue le toit chalet est efficace pour limiter l’extrême chaleur au niveau du couvre cadre.
A ce sujet on se reportera aux travaux d’Y. LENSKY de l’INRA publiés en 1964 sur « Les régulations thermiques de la ruche en été »
article disponible sur https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00890188
Nourrir toujours nourrir
La famine s’est installée, les colonies doivent être abondamment nourries. Faute de quoi le risque sera d’hiverner des colonies trop petites qui auront du mal à démarrer en janvier.
Or, si elles hivernent parfaitement bien sur 6 cadres il faut une population néanmoins abondante pour tenir la chaleur et provoquer un démarrage en trombe de la ponte de la reine en janvier.
Nourrir avec des sucres de qualité permet de poursuivre des constructions et le maintien à haut niveau la ponte de la reine.
Du sirop 50/50 donné par 1/2 l ou 1/4 de l plusieurs fois par semaine stimule la ponte de la reine du sirop 2/3 sucre /1/3 eau donné par nourrisseurs entiers produit du stockage. En jouant sur les deux tableaux on pilote ainsi l’évolution de la colonie entre réserve de miel et surface de couvain. Il faut viser 4 cadres bien pleins de miel sur toute leur hauteur et 2 cadre de miel, pollen et couvain.
Donc réduire le volume de la ruche sur 6 voire 7 cadres au plus et faire évoluer la colonie comme précisé précédemment.
Changer les reines
C’est maintenant que les changements de reines sont les plus sûrs car si les colonies opèrent une supersédure d’ici l’automne on aura encore quelques chances d’avoir une fécondation de qualité. Mais rien n’est moins certain du fait de cette canicule car nombre de faux-bourdons ont été chassés des colonies.
Pour ceux qui ont réalisé des essaims artificiels, gardez les jusqu’en mars 2018, ce sera à partir de ce moment là que vous opérerez les réunions avec les colonies de production pour renouveler les reines et travailler avec des reines jeunes. C’est le gage de la réussite.
Il est plus aisé de passer un bon hiver en ruchette puis de renforcer et d’homogénéiser une colonie par réunion en démarrage de saison qu’en fin de saison.
A propos des grilles à reine
La canicule nous aura joué des tours avec les grilles à reine en plastique.
Pour qu’une grille à reine fonctionne correctement il faut qu’elle laisse 7 mm d’espace entre elle et la tête des cadres du corps et 5 mm entre elle et le bas des cadres de la hausse.
En effet à plus de 7mm les abeilles construisent des rayons de cire en dessous de 5 mm elles propolisent.
Avec la chaleur les grilles se sont ovalisées et ont touché la tête des cadres, les abeilles ont propolisé et ciré au dessus réduisant d’autant les capacités de passage.
Certains modèles de GR en métal ont un pourtour en bois d’épaisseur différente d’un coté et de l’autre pour justement respecter ces cotes de 5 et de 7 mm.
Il faut toujours avoir en tête que la GR ralentit le passage des abeilles et qu’en cas de violente miellée les corps se remplissent préférentiellement, ce qui n’est pas le but recherché par l’apiculteur.
Le changement climatique
Avec des canicules à répétition, sans doute devons nous changer nos méthodes de conduite des colonies pour réussir des récoltes sur les miellées de printemps. Booster les colonies dès fin janvier dans nos régions de plaines, faire des essaims artificiels pour limiter l’essaimage, travailler avec des races sélectionnées pour leur faible essaimage… c’est à étudier de près, à réfléchir, à discuter, à tester.
Ce qui me conduit à dire cela est l’expérience de l’un d’entre nous qui n’a pas hésité à mener ses colonies de la sorte. Il a sorti 20 k par ruche de miel de printemps juste avant la période de pluie et de fraicheur. Puis il a nourri et tenu la ponte de ses reines à bon niveau ce qui lui a permis de refaire une forte récolte de 2 hausses par ruche sur le châtaignier dans la fenêtre de floraison juste avant la canicule de juillet.
Pas d’acacia, pas d’aubépine ni de tilleul et au final une année acceptable malgré cela. Alors que d’autres conduites plus traditionnelles ont aboutit à faire un dizaine de kilos par ruche.
Mais tout est question d’emplacement aussi, les zones moins chaudes dans la vallée du Rhône ont bien résisté, les bords du Rhône aussi ont donné du miel. J’exploite un rucher en bordure du Rhône, sans aucun travail spécifique, en sédentaire, il a fourni 15 k par ruche.
C’est un sujet qui sera inépuisable !
Question politique
Monsieur Montebourg se lance dans l’apiculture.
Ne pourrait-on lui proposer de s’inscrire aux cours dispensés depuis 1986 par l’association les amis des abeilles de Solaize et le Groupement d’action sanitaire apicole du Rhône ?
Il ne peut y avoir d’élevage des abeille sans une solide connaissance de la biologie de cet insecte et de pratiques apicoles adaptées à l’environnement dans lequel évoluent les colonies.
Ce cours doit avoir quelques qualités puisqu’il est utilisé par des services de la DGAL…
Si par hasard certains d’entre vous pouvaient suggérer à Monsieur Montebourg de se former avec nous dans notre partage d’expérience, nous l’accueillerons avec plaisir.
La Saône et Loire n’est pas si éloignée que cela de Solaize (Rhône)…hormis le franchissement de la frontière du tunnel sous Fourvière !
Bonnes vacances
Jean Riondet
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