Juillet la fin des récoltes le début de l’hivernage

Avec le temps qui parcouru fin mai et juin, les miellées se sont succèdées à grand pas et pour les transhumants ce fut le jackpot.

Jamais les récoltes ne furent aussi importantes, nombreuses et superposées. Cela fait du bien de vivre des années comme celle-là. Les trésoreries vont se reconstituer, les débutants auront foi en l’apiculture !

Les becs à foin n’auront pas fait de miel.

Au rucher

Lever les hausses : Ce seront les dernières récoltes. Faites les avant la fin des floraisons importantes les abeilles agressives, les butineuses, sont aux champs et la levée du miel est moins hard.

Enfumez très peu, le miel sentirait le bois brûlé. Le miel goût fût de chêne n’est pas encore à la mode. On apprécie les abeilles douces qui tiennent le cadre ! Brossez chaque cadre, les mettre dans une hausse propre et poser là dans le véhicule, fermer le sommet par une toile lestée facile à enlever pour poser la suivante.

Les chasses abeilles seront les bienvenus, posés 12 à 24 h auparavant la levée des hausses se fait sans agitation, les abeilles présentes encore dans les hausses sont peu nombreuses, on peut les en faire sortir rapidement.

Si abeilles il y a en masse, c’est que la hausse contient du couvain. Regrouper tous les cadres de couvain dans une hausse à poser sur une ruche faible. Gorgées de miel, les abeilles ne se battront pas.

Par précaution faire tomber une goutte d’huile essentielle d’Eucalyptus globulus sur la tête d’un cadre, le brouillage des odeurs facilitera le mélange.

Attention à ne pas prendre la reine dans la ruche originelle. Mais si cela se produisait le remérage devrait se faire sans encombre. La colonie sera moins populeuse mais hivernée avec une reine 2018 elle sera une excellente ruche de production en 2019.

Mais encore faut-il qu’il y ait des mâles ! Certaines régions comme la Provence les voient disparaître maintenant. Il faudrait nourrir pour les maintenir présents dans les  ruches.

Casser les colonies en deux : certains producteurs cassent leurs fortes colonies en deux et mettent dans l’essaim orphelin une reine d’élevage.

L’amateur qui casse en deux ses plus grosses colonies attendra le remérage naturel de l’essaim orphelin. Cette technique appliquée  tôt en juillet donne de beaux essaims sur 5/6 cadres en octobre. Nourrir est souvent une sage précaution. 1 l par semaine stimulera la ponte de la nouvelle reine.

Pour favoriser l’essaim, le placer à la place de la ruche ayant la reine, il captera toutes les butineuses. Il faudra donner 2 l de sirop à la partie possédant la reine.

Cette année, la force et le nombre des miellées auront donné de belles colonies,  couper les colonies en deux fournit potentiellement des colonies sur 4 cadres de couvain. Si tel n’est pas le cas, nourrir très régulièrement plusieurs fois par semaine si possible l’essaim le plus faible. On peut aussi l’inverser avec une colonie forte, il sera renforcé en abeilles. Ce type d’équilibrage demande de pouvoir soulever la ruche mais est simple à réaliser, très efficace, sans risque majeur pour les colonie. Alors que les échanges de cadres de couvain sont propagateurs des maladies du couvain, les plus terribles des maladies pour le cheptel.

Nourrir pour refaire les stocks de la morte saison est à faire autant que de besoin jusqu’à la fin du mois. L’objectif est d’obtenir des cadres pleins sur toute leur hauteur. Il faut pour cela d’abord enlever les cadres pas très pleins, pour obliger les abeilles à finir ceux commencés, puis éloigner les partitions pour ajouter des cadres à remplir. enlever les cadres pas trop pleins et les rajouter au fil des semaines lorsque les cadres de réserves sont pleins sur leur hauteur.

Si la ponte de la reine venait à être bloquée par un manque de place, faire piller un des cadres de miel et le mettre une fois vide au centre du nid à couvain, donner juste un verre de sirop pour relancer la ponte de la reine.

Apporter des sirops à très forte densité de sucre, éviter le plus possible ceux riches en maltose, ce sucre n’est pas toxique pour l’abeille mais il est long à transformer par elle.

Attention aux sucres pas chers, ils sont souvent issus de l’inversion de l’amidon de blé ou de maïs, les restes d’amidon présents sont indigestes et encombrent l’intestin des abeilles inutilement.

Préférez les sucres bio ou ceux extraits par des procédés qui excluent tous les produits chimiques utilisés pour faire pousser les betteraves comme le Beefondant par exemple.

Traiter contre varroa

C’est le moment des traitements contre varroa. Traiter de manière systématique tous les ruchers et ruches. Il est inutile d’entretenir des foyers de reproduction de ce parasite et d’entretenir pour les voisins des colonies infestées. Celles-ci seront faibles et pillées, les varroas iront ré-infester les ruchers voisins.

Traitement sur la durée : Mettre des lanières pour les moins expérimentés et les moins inquiets quant à l’utilisation de molécules de synthèse est la solution la plus simple.

L’Amitraz est désormais disponible en plusieurs spécialités. Placées dans le couvain et au contact de celui ci, les deux lanières seront déplacées si le nid à couvain venait lui même à se déplacer.

Produit de contact l’Amitraz n’est guère véhiculé par l’air  de la ruche, sa position au contact des abeilles nouvellement nées et porteuses des varroas est très importante, gage de réussite ou d’échec du traitement.

Des spécialités à base de Fluméthrine sont apparues ces derniers temps, il ne semble pas que cette molécule soit vraiment efficace contre varroa. Elle est de la même famille que le Tau fluvalinate devenu de faible efficacité, varroa ayant fait une mutation génétique à l’égard de cette molécule.

Aucun de ces traitements n’est parfaitement efficace, sauf si

– on traite en absence de couvain

– ou si on traite contre varroa de manière drastique et tous les ans. L’efficacité en présence de couvain et d’autant plus élevée que la colonie est peu infestée. Elle sera peu infestée en 2019 si maintenant on traite très sérieusement contre ce parasite et que l’on répète cette opération en décembre par un traitement à l’acide oxalique par dégouttement.

Traitement flash : ce sont des applications one shot. On applique un produit qui agit quelques heures et tue les varroa dits phorétiques c’est à dire présents sur les abeilles adultes. Le traitement le plus commun désormais se fait à l’acide oxalique dilué dans un sirop et répandu sur les abeilles que l’on voit entre les cadres.

Traiter par dégouttement suppose déjà un peu plus de compétences car l’acide oxalique est efficace si et seulement si le couvain est absent. Il détruit presque 100% des varroas.

Pour obtenir une colonie sans couvain au mois d’août, on enferme la reine dans une cage maintenant en juillet et durant 25 jours. On la met sur un cadre de hausse équipé d’une grille à reine ou on l’enferme dans des cages ad hoc pour lui permettre de poursuivre sa ponte de manière certes limitée, mais constante. Un arrêt complet de sa ponte à ce moment de l’année pourrait se traduire par une absence de reprise lors de sa libération.

Tout le couvain de la colonie va naître et seul le cadre où se trouve la reine sera porteur de larves et de varroas. A ce terme, le cadre de couvain est retiré, la reine sera mise en cage et le couvain détruit.

Le traitement par dégouttement sera appliqué et la reine remise dans la ruche. Nourrie abondamment, cette colonie va refaire un magnifique couvain, elle sera même en capacité de cirer de nouveaux cadres.

Il semblerait que ce soit une méthode très efficace, sa limite est le risque de ré infestation par pillage de ruches infestées. C’est un traitement de très courte durée.

Un second traitement sera à faire en décembre, il est impératif de démarrer la saison avec un niveau de présence de varroas tout à fait faible.

Autres mode de traitement. On préconise également un traitement par dégouttement fait à plusieurs moment de la saison en présence de couvain. Mais ce protocole demande à être validé. Une spécialité à base d’acide oxalique et d’acide formique a obtenu une AMM. Le Varromed. Cependant il n’a pas encore fait l’objet de tests par la FNOSAD seul organisme véritablement indépendant.

Des protocoles précis devront être proposés car selon le degré d’infestation initiale, les traitements flash en présence de couvain peuvent se révéler être suffisants ou totalement insuffisants.

On observe  des mortalités hivernales élevées liées essentiellement aux défauts d’efficacité des traitements à cause des mauvaises conditions d’application par l’apiculteur. La formation contre varoa doit être accentuée actuellement en Frace car trop de comportmetns approximatifs co,nduisent aux hécatombes hivernales.

Les recettes perso, l’usage des acaricides pour autres animaux à base d’Amitaz utilisés de manière illégale contre varroa sont à proscrire. Car, il y va de la sécurité pour l’applicateur, de la qualité du miel qui peut receler des métabolites de l’Amitraz, il y va  de la réputation du miel considéré par le consommateur comme un pur produit de la nature. Ne le dénaturons pas.

Pour être clair, bricoler avec du Taktic ou de l’Ectodex relève de l’inconscience, de l’incompétence.

Pour toutes ces raisons,  on recommande d’utiliser  les médicaments ayant une Autorisation de mise sur le marche (AMM) à base d’Amitraz. N’ayant plus d’obligation d’ordonnance pour se procurer ces produits, leur acquisition et leur usage en sont grandement facilités et tout pharmacien peut en fournir. On observe actuellement des prix fortement à la baisse.

NB : L’inspection vétérinaire en Rhône Alpes  vient de rappeler à l’ordre un groupement d’apiculteurs qui organisait un achat groupé de médicaments antivarroa ceci en infraction au Code de la Santé publique (artL.5442-3).

Un achat groupé ne peut se faire que suite à une autorisation administrative donnée dans le cadre de la présentation d’un programme sanitaire d’élevage agréé par la commission régionale de la pharmacie vétérinaire.

Procédure complexe qui confère au groupement le droit de commander des médicaments pour le compte de ses adhérents et en prépaiement. En l’absence de l’adhésion à un groupement autorisé, chaque apiculteur doit se procurer les médicament chez un pharmacien ou chez son vétérinaire.

Bonnes vacances.

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

22 résponses de Juillet la fin des récoltes le début de l’hivernage

  1. Pingback: mommeja jean-luc

  2. Pingback: Christian

  3. Pingback: Jean Riondet

  4. Pingback: Christian

  5. Pingback: Sbr

  6. Pingback: michaël

  7. Pingback: Germain

  8. Pingback: Christian

  9. Pingback: Jean Riondet

  10. Pingback: Christian

  11. Pingback: Stéphane

  12. Pingback: Sbr

  13. Pingback: REVOL

  14. Pingback: lxp78

  15. Pingback: Orlianges

  16. Pingback: fort

Répondre à Sbr Annuler la réponse

Apiculture