Juillet on s’adapte à la canicule

Avec le décalage observé sur les floraisons, juillet sonne le glas des récoltes. Peu de miels monofloraux mais des toutes fleurs absolument exquis et abondants caractériseront la saison 2020.

Il est temps pour les apiculteurs de nourrir leurs colonies si les corps ne se sont remplis de miel et surtout de traiter contre varroa.

Récolter le miel dans les corps !

Ceux qui sont allés « aux lavandes  » sont revenus avec des corps pleins de miel, surtout ceux qui ont mis leurs colonies dans des champs de plaine. En effet le lavandin présent dans la plaine est un hybride, à l’origine naturel, qui résiste à une pathologie présente en plaine mais absente en altitude. A la limite entre ces deux zones plaine et montagne, se sont produites des hybridations entre les lavandes « Fine » et « Aspic »engendrant des croisements qui se sont révélés insensibles aux pathogènes de plaine. Les lavandins constituent désormais l’essentiel des territoires cultivés.

Mais le lavandin et les autres hybrides produits depuis le 19° siècle, se révèlent stériles donc sans pollen. Les abeilles ramassent du nectar exclusivement sauf dans des zones où d’autres floraisons sont présentes. Les pollens, protéines végétales nécessaires en quantité pour produire les gelées nourricières et royales en particulier, venant à manquer les ouvrières ne sont plus en état de produire pour nourrir suffisamment la reine et par voie de conséquence la faire pondre. Le couvain disparait et les abeilles y mettent du miel à la place.

C’est pour cela que certains apiculteurs préfèrent les divisibles car les cadres des Langstroth ou des hausse Voirnot passent dans les extracteurs. Les cadres de corps Dadant, Voirnot etc. nécessitent des extracteurs spéciaux ou supposent d’ajouter des grilles pour transformer les cages radiaires en cages tangentielles.

Extraire le miel des corps nécessite quelques précautions dans la conduite des colonies pour ne pas infester le miel des  résidus de produits chimiques stockés dans les cadres de couvain. Ces produits chimiques sont essentiellement ceux utilisés contre varroa et notamment les molécules de synthèse amitraze, tau fluvalinate, fluméthrine… pour les molécules actuellement autorisées.

On bannira ces molécules de synthèse et les traitements seront faits à partir de spécialités à base d’acides organiques : acide oxalique, acide formique et dans les pays anglo-saxons d’acide lactique. Les méthodes thermiques permettent de détruire les varroas en gestation dans les cellules de couvain, et pendant la durée du traitement les abeilles sont aspergées avec un acide organique. Ces évolutions dans les techniques de traitement contre varroa sont à suivre de près.

On veillera à remplacer très rapidement les cadres ayant été au contact des traitements contre varroa ce qui suppose une stratégie très clairement conduite de construction massive de rayons au début du printemps.

Aucune zoonose n’étant connue du côté des abeilles aucun risque sanitaire lié au miel ayant été récolté dans des rayons ayant contenu du couvain n’est à redouter. Seule l’image du miel pourrait en être affectée.

Traiter contre varroa

Ce doit être une obsession tant ce prédateur fait des ravages. L’usage des molécules de synthèse déjà citées est le plus simple mais on doit se préparer à leur disparition soit par le fait de la réglementation qui exclue de plus en plus de la chaine alimentaire ces types de produits chimiques soit du fait de la demande des consommateurs. L’usage des acides organiques suppose un savoir faire qui inclue la mesure de l’infestation de manière stricte.

En effet les traitements à l’acide oxalique par exemple sont faits par dégouttement plusieurs fois dans l’année  mais de manière ponctuelle. Ces traitements dits flash sont à contrôler dans leurs résultats, ils sont efficaces à près de 100% de varroas détruits en absence de couvain. Ils perdent 50% de leur efficacité en présence de couvain. D’où l’importance de maitriser la technique de l’encagement des reines et du repérage de la disparition du couvain en automne. De ce point de vue les GDSA devraient être une source d’information, pour une zone donnée, sur la fin de la ponte des reines.

A noter que c’est actuellement le moment de procéder à l’encagement des reines. pour réaliser les 2 traitements à l’acide oxalique dans 3 semaines soit mi aout ; le mois dernier cette technique fut exposée dans ce blog.

Savoir mesurer le niveau d’infestation dans les colonies est à apprendre absolument. Des séances d’apprentissage de ces méthodes seront proposées à la rentrée.

Les protocoles d’emploi de ces acides se multiplient, les dosages des préparations également. Le rôle des GDSA devient central sur le déploiement des diverses stratégies de soins aux abeilles contre varroa. C’est devenu un savoir de base pour les apiculteurs.

Nourrir en période de famine

Aujourd’hui la famine sévit en de nombreux endroits. Les pillages de ce fait se multiplient et le petites colonies pourraient en faire les frais.

Il faut nourrir en urgence et privilégier le candi qui évite le pillage. Mais si le sirop s’impose en cas de très grande famine pour une colonie donnée et pour les élevages de reines où il faut nourrir avec des sirops à base de miel qui provoquent un pillage instantané, il faut remplir les nourrisseurs à la nuit tombante entre chien et loup. Apporter 1 litre au maximum, voire 2 l sur les grosses colonies et 1 à 2 verres pour les petits essaims. Le sirop sera pris dans la nuit sinon il y a souci sur l’état de la colonie.

Autre précaution, réduire les entrées en plaçant des morceaux de reliure pince en plastique que l’on fait coulisser sur les portières on réduira de moitié les surfaces d’entrée. Le ruban adhésif est plus classique.

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Reconstituer les réserves hivernales

C’est le post du mois précédent. inutile de le reprendre ici, bien surveiller l’évolution des réserves dans le corps car les sécheresses à venir peuvent les entamer rapidement ou au contraire des miellées sur orages assurer un excellent niveau de remplissage.

Les évolutions climatiques couplées aux cultures de couvertures faites par les agriculteurs après les récoltes permettent des miellées très tardives. Un professionnel de l’Ouest me disait s’organiser pour tenter de faire une récolte fin septembre.

Hormis cette situation particulière dans la plus part des régions il faut aider les colonies à reconstituer leurs réserves hivernales. Le nourrissement massif de stockage sera fait à un moment de petite miellée afin d’éviter le pillage généralisé.

Contre le frelon asiatique

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Ruche posée à même le sol dans l’herbe

Il apparait seulement maintenant dans les zones les moins infestées du fait de son développement certes mais également du fait de la raréfactions d’autres insectes plus aisés à capturer. La sécheresse fait disparaitre nombre de rampants.

Parmi les nombreuses manières de le gêner la dépose des ruches dans l’herbe directement au sol est une façon de perturber sa chasse.

Adopter également les portières dites anti frelon.

En cas d’attaque modérée ces deux précautions peuvent suffire.

Que dire des traitements contre le moustique tigre

Dans les zones infestées par cet invasif les ARS ordonnent des pulvérisations d’insecticides puissants dès lors qu’un patient atteint d’une pathologie transmise par ce moustique est repéré. Les ARS avertissent les associations d’apiculteurs, connues de leurs services, 48h avant la date de l’application. Le délai peut paraitre trop court mais la rapidité de la prise de décision par le Préfet est conditionnée par l’urgence sanitaire.

Le procédé est une nébulisation opérée sur quelques mètres de hauteur pour une diffusion dans l’air et atteindre ainsi les insectes volants. Opéré entre 3h et 4h du matin moment où les humains sont peu dehors, ces nébulisations n’affectent que les insectes volant la nuit. L’opération est effectuée dans un rayon d’environ 150 m autour du lieu d’habitation de la personne malade.

Les ruchers et par voie de conséquence les abeilles, sont peu impactées a priori.

A l’expérience d’ailleurs les apiculteurs proches des zones épandages n’ont pas constaté de dégâts avérés sur leurs colonies. J’en ai fait l’expérience à moins de 300m d’un quartier traité ainsi. Il est possible aussi de piéger les moustiques tigre grace à des pièges à moustique tigre disponibles dans le commerce

A l’heure où les décisions prises en faveur de la santé humaine ont mis au tapis nombres d’actifs et où l’on redoute une crise économique et sociale rarement vécue dans l’histoire, il serait mal venu de la part des apiculteurs de brandir l’étendard de la disparition supposée de leurs colonies.

La couveuse australienne

Pour répondre à des interrogations sur l’élevage des reines voici la couves australienne, Haussette de ruchette super-isolée avec du polystyrène ou du polyuréthane extrudé et du XLMAT au fort pouvoir réfléchissant Cette boite isolée tant sur les bords que son couvercle et son fond laisse une ouverture sur le fond avec de la grille à reine d’une surface  de 3 mains. Posée sur une ruchette puissante la chaleur et l’humidité de la ruchette permettront aux abeilles qui viendront sur les cellules royale operculées tenir la température nécessaire pour la nymphose.

Elle contient 5 barrettes de cupules d’élevage

Parfaitement efficace et pas chère, cette couveuse, donne d’excellents résultats.

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couveuse australienne

couveuse australienne

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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