C’est le mois du jour le plus long de l’année. La chaleur est au rendez-vous, les fleurs encore nombreuses en apparence. Ces éléments sont trompeurs. Le couvain atteint le maximum de son développement en principe, mais à une condition : qu’il y ait encore des miellées ! Il y en aura, mais en fin de mois en bien des endroits, sur les châtaigniers. Mais entre la fin de l’acacia et les châtaigniers les abeilles connaissent parfois un petit creux.
La faim
Lors des récoltes précédentes, les réserves que les abeilles s’organisaient ont été pillées par nos soins. La décrue des floraisons après le grand cycle qui vient de s’achever, sera l’occasion d’une période de disette.
Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, les abeilles nourrissant moins la reine, sa ponte baissera et progressivement la colonie s’appauvrira en population. Mais lors des floraisons à venir, châtaignier et tournesol, si l’eau est au rendez-vous, les hausses s’empliront à nouveau, à condition qu’il y ait des abeilles en masse.
Donc, si à l’inspection des corps, on observe peu de miel ouvert dans les cadres de corps et rien dans les hausses, il sera prudent de donner un peu de sirop léger de l’ordre de 2 fois 200 cm3 par semaine jusqu’au 20 juin.
Si les hausses n’ont pas été récoltés ou depuis la récolte du miel y est de nouveau présent, pas de souci, rien n’est à faire, les colonies ont de quoi se maintenir.
Par contre les plus à surveiller sont les essaims artificiels. La famine les guette vraiment. Dans mes habitudes je les nourris toujours à cette période et après le tournesol jusqu’à fin août.
Les essaims
Un essaim naturel enruché correctement quitte parfois la ruchette très rapidement après son installation. Si l’on doute de sa vertu et que l’on craigne sa fuite, surtout si c’est un petit essaim qui s’est installé un peu loin du rucher, on peut le mettre en cave dès son entrée dans la ruchette. Après deux nuits passées dans la cave, les abeilles ont commencé à construire et dans ce cas elles désertent rarement leur nouvelle habitation. La ruchette peut être replacée dans le rucher.
Un traitement anti-varroa à ce moment là est très efficace puisque les varroas présents sur les abeilles sont sensibles au traitement. La mise en place d’un cadre de couvain pour fixer l’essaim, autre possibilité largement partagée, limite la qualité du traitement. Les varroas en cours de reproduction dans les cellules avec les larves d’abeilles ne sont pas touchés par les produits chimiques.
Les ruchettes piège peuvent être utilisées. Il semble que cette année leur efficacité soit avérée. Un peu d’attire essaim sur la face avant de la ruche, sur le sommet des cadres, quelques vieux cadres dans la ruchette. Et surtout utiliser une ruchette qui fut habitée. On la passe au chalumeau rapidement. La chaleur dégage les odeurs emprisonnées dans la cire.
Les colonies
Si le courage ne manque pas, on peut faire une visite approfondie des colonies avec pour objectif de mettre au centre du nid à couvain un cadre de cire gaufrée. La population est abondante et le rayon construit rapidement. Il le sera d’autant plus rapidement et complètement que la floraison fournit du nectar.
Par exemple, dans l’un de mes ruchers, un très gros essaim ramassé le 2 mai dernier a construit 9 cadres en une semaine dans une zone sans grande floraison, l’acacia n’était pas encore en fleur. Je l’ai nourri de 4 l de sirop en deux fois, les abeilles ont produit une quantité énorme de cire.
Dans une Warré vitrée, on voyait des abeilles portant deux ou trois lamelles de cire dans les périodes où le nourrisseur était pourvu. En quelques jours après la fin du sirop, il devenait de plus en plus difficile d’en voir. L’arrivée du sirop rendait de nouveau la visibilité de ces cirières. L’abondance de nectar ou de sirop pousse la production de cire.
Cette époque de l’année est à privilégier pour organiser la construction de cires neuves. L’abondance de cadres bâtis est une nécessité pour qui veut développer des essaims artificiels. Trop pauvres en abeilles – c’est le but du jeu : faire des essaims à moindre coût en population- ils ne peuvent bâtir.
Que faire du cadre de rive retiré pour faire la place du cadre ciré ? Il contient sans doute du miel, on le retire et on le met à l’abri des teignes dans une caisse fermée ou suspendus dans le courant proche du plafond dans un local à l’abri des abeilles.
Les corps neufs ou presque, posés sur des plaques bien planes et fermé de même sont de bons réceptacles de ces cadres si on y ajoute un petit morceau de mèche soufrée que l’on fait brûler dans une boite de conserve. Seule manière de protéger ces précieux rayons de la teigne à la reproduction dévastatrice.
Leur usage sera précieux au moment du renforcement des colonies pauvres en miel pour l’hivernage.
Le renouvellement des colonies de production
C’est la belle période de fabrication des essaims artificiels. L’élevage démarré en mai peut être poursuivi, les reines prêtes à naître ou nées sont enruchées sur des essaims faits de trois cadres de couvain pris dans plusieurs ruches et avec leurs abeilles dessus. Transportés à trois km, ces essaims sont nourris abondamment et devraient être sur 5 cadres à l’automne.
Une manière de renouveler ses colonies de production consiste à garder tous ces essaims artificiels constitués maintenant et leur faire passer l’hiver. Dès le mois de mars ou d’avril leur transfert en ruche de production en feront les colonies aptes à fournir les récoltes de l’année.
Pour autant si on ne veut accroître indéfiniment son rucher, on peut opérer différemment. La production des reines est réalisée entre les mois d’avril et de juin. Les reines sont conservées en nucléis. Les essaims artificiels seront faits plus tard.
Dès la dernière récolte faite, en de nombreux endroits mi-juillet mais ce peut être plus tard, on transforme les ruches de production en pourvoyeuses de cadres de couvain et de miel pour faire des essaims artificiels avec les reines gardées en nucléis. Constitués sur 4 cadres de couvain à partir de juillet, et alimentés en cadres de miel, tous ces essaims seront bons pour passer l’hiver.
Dans ce type d’opération, les populations ainsi démantelées feront l’objet de mélanges. En pulvérisant du parfum sur tous les cadres, en veillant à tuer les reines de ces colonies et en nourrissant pour calmer l’agressivité de ces populations stressées par cette opération, on prépare des essaims capables de passer l’hiver sans encombre. Ces essaims dotés de jeunes reines seront les colonies de production de l’année prochaine.
Ainsi le rucher sera doté chaque année de reines de moins de un an, ce sont les meilleures pondeuses. Cette méthode évite assez largement les phénomènes de supersédure très classiques lors des changements de reines en fin de saison.
Jean Riondet jean.riondet@gmail.com auteur de « Un rucher dans mon jardin » en vente sur ce blog