Juin Juillet c’est l’été

On ne pourra dire que l’été s’est mal présenté. Des orages, de la chaleur, en un mot eau et forte douceurs ont été favorables en bien des endroits aux miellées. Elles se sont succèdées souvent avec trop de rapidité et sur le tilleul chez nous la durée de la fleur fut extrêmement courte, 48 h bien souvent.

Mais les professionnels retrouvent le moral, le miel est au rendez vous. Avec des reines issues de bonnes sélections, bien traitées au cours de la saison 2014 contre varroa, nourries en fin d’hiver pour booster les pontes, les colonies se sont bien comportées. Dès le début d’avril il fut possible de faire des essaims artificiels avec un cadre de couvain ouvert qui ont produit du miel en juin. Certes il faut les nourrir continuement jusqu’au 8° cadre construit pondu et operculé puis mettre une hausse ensuite, mais cette année cette stratégie fut payante.

Les essaims sur un cadre faits en avril ont donné une hausse, les essaims hivernés de 2014 dotés de reines sélectionnées et boostés en fin d’hiver ont été dotés de 2 à 3 hausses d’entrée de jeu sur les fortes miellées ont reçu jusqu’à 8 hausses, il est attendu sur certaines d’atteindre les 10 hausses! Certes il faut transhumer constamment pour les maintenir sur des lieux de floraisons. Il y a longtemps que je n’avais vu chez les professionnels des résultats de ce genre.

Les dernières récoltes

Avec le tournesol arrive la dernière grande récolte sur les cultures industrielles. Miellera-t-il ou non ? Tout dépendra de la race, de la pluie tombée  au cours de sa  croissance et du coup de chaleur sur la floraison qui stressant la plante fera couler le nectar. Avec les races hyper riches en huile, le coté nectarifère semble chuter fortement.  A vérifier, il semblerait que ce fut observé sur le colza.

Les queues de saison seront les miellats, peut être abondants cette année car les coups de chaleur sur les orages de juin favorisent les pucerons et pas seulement sur les sapins. Aurons nous de bonnes récoltes sur le Metcalfa cette cicadelle qui colonise la vallée du Rhône ?

Les réserves de morte saison

La dernière récolte faite en juillet, nourrir massivement dès le jour de la récolte au sirop concentré (2/3 sucre, 1/3 d’eau) y jouter 5 ml / litre d’une décoction  à saturation de propolis dans  de l’alcool. C’est bon contre la nosémose (Apis ou Ceranae, je ne saurai dire) et ajouter 5 ml / l d’acide acétique (vinaigre blanc) cela remonte le Ph au niveau du miel, ce qui est meilleur pour sa digestion et sans doute également contre Nosema.

Varroa

Puis mettre en œuvre les traitements contre varroa. On ne sera jamais assez stricts contre cet acarien. De sa maîtrise dépend la survie hivernale. Le protocole que nous préconisons dans le Rhône est une application d’une spécialité à base de Thymol durant un mois au minimum puis une application d’un acaricide à diffusion lente par le biais de lanières. Dans des départements plus froids, on préconise de placer les lanières dès le 14 juillet, puis de prévoir un traitement à l’acide oxalique en fin de décembre en l’absence totale de couvain. L’INRA d’Avignon nous recommandera de traiter contre varroa en fin d’hiver les travaux d’une jeune chercheure sont démonstratifs en la matière.

Varrora n’est pas un pou comme chez les humains. Chez l’homme le pou ne l’a jamais tué, par contre un prédateur gros comme un rat qui pomperait le sang de l’homme pour vivre le tuerait très certainement. En proportion c’est la prédation du varroa sur l’abeille. Varroa combiné avec les désordres agrochimiques et environnementaux, l’abeille est irrémédiablement condamnée.

Veiller à bien placer les lanières dans le nid à couvain pour que les jeunes abeilles, dès leur naissance, soient au contact du produit. Certains coupent les lanière en deux dans le sens de la hauteur pour en multiplier le nombre dans le nid à couvain. Descendre les lanières dans le couvain pour que ce produit de contact soit au plus près des abeilles sur la plus grande hauteur possible; les coincer entre la tête des cadres fait perdre en surface de contact la hauteur de la tête des cadres (3 cm) puis celle du miel (3cm) soit au total le quart voire le tiers de la hauteur de la lanière est inopérant.

Ces lanières seront retirées au plus tard possible dans l’automne.

Attention n’acheter que des produits homologués, les fabrications artisanale à base d’Amitraz ont une efficacité de quelques jours seulement, et celles à base de Fluvalinate sont sur-dosées ou sous-dosées ce qui accroit les phénomènes de sélections des varroas résistants à ce produit. Les recettes vantées ici ou là ont des efficacités trop peu élevées pour être raisonnablement conseillées. L’hiver dernier la mortalité fut considérable chez ceux qui n’utilisèrent que des produits à base d’huiles  essentielles et/ou qui ne firent qu’un traitement à l’acide oxalique en décembre.

Pour le utilisateurs de l’acide formique, attention à la température comme pour tous les produits d’ambiance en général, mais surtout donner un grand volume au dessus du nid à couvain, les mortalités de reines observées semblent être fréquentes. Une hausse vide au-dessus du corps durant le traitement semble indispensable.

N’utiliser que des produis vétérinaires pour minimiser les résidus dans les cires.

Pour réussir l’hivernage, il faut bien que toute ces conditions soient réunies. Le multifactoriel est à bien comprendre.

 

Faire des reines

C’est une activité qui se pratique de manière parallèle à la production du miel. Au même moment on est donc au four et au moulin. Juillet est encore possible et tant qu’on nourrit abondamment les colonies starter et éleveuse. Le procédé décrit ci dessous permet de réutilier la colonie fournissant le starter et la fonction d’éleveuse touts les 15 jours. Nourrie régulièrement on entretien un fort couvain, beaucoup de nourrices en cette période désormais de vaches maigres florales.

J’ai développé l’usage du système Jenter, la société Lapi (http://www.lapi.fr/) fournit désormais les pièces détachées. En effet les petits supports des larves que l’on enfiche dans les cupules sont des pièces à perdre. Il en faut deux ou trois jeux pour ne pas tomber en rade.

Une fois le cadre d’élevage inséré dans un cadre bâti neuf, mettre la grille légèrement cirée dessus, y enfermer la reine dont on souhaite en faire des descendances, puis fermer la boite avec la grille à reine ad hoc. Cette reine aura été conduite dans une ruchette 6 cadres surpeuplées comportant en rive une partition. Lors de l’introduction du cadre « Jenter » enlever un cadre de miel et la partition, mettre le cadre « Jenter  » entre deux cadres de couvain, écarter le coté où se trouve la reine pour que les abeilles accèdent nombreuses à la reine et nourrir d’un sirop léger. Vérifier tous les jours l’état de la ponte, dès que des œufs apparaissent libérer la reine et attendre trois jours avant de prélever les larves. On sait que les alrves sont nées lorsque vérifiant quotidiennement la situation on découvre que les abeilles sont sur l’espace du cadre Jenter. En effet tant que les œufs sont là, les abeilles ne sont pas sur les cellules, lorsque les abeilles y sont, la larve est née, ses phéromones attirent les abeilles nourrices.

D’ailleurs, on ne peut greffer des œufs sous peine d’avoir des taux d’acceptation trop faibles, les abeilles d’un starter ne sont pas assez au contact des cupules pour repérer, sentir, les phéromones larvaires. Elles ne sont pas nourries assez tôt et leur survie en dépend.

Une fois les larves nées il faut les mettre en starter de suite, ce sont des larves d’un jour au plus.

Le mois dernier j’ai proposé de coller les porte cupules Jentre avec de la cire sur les supports Nicot pour ceux qui en sotn équipés. On peut aussi avec une mèche de 8 mm agrandir le fond du porte cupule Nicot et d’enficher en force l’ensemble Jenter cupule et porte larve. Le matériel  barrettes et cadre d’élevage Nicot est ainsi parfaitement utilisable.

Le starter

Une très forte ruche, avec sa ou ses hausses pleines de cadres avec miel, une hausse sans cadre, une grille à reine, un plateau de sol, couvre cadre et toit.

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Poser le plateau de sol 1 ou 2 m en arrière de la ruche ouverture inversée. Y poser dessus la ruche ayant laissé son plateau de sol sur place et poser la hausse avec les rayons de miel sur le plateau de sol. Poser sur la hausse une grille à reine et la hausse sans cadres (elle servira d’entonnoir). Les butineuses reviennent dans cette hausse apportant nectar et pollen.

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Prendre dans la ruche 5 cadres de couvain et en secouer les abeilles dans la hausse afin de  l’enrichir en nourrices. Veiller à ne pas prendre la reine qui, si elle a été marquée, sera visible sur les cadres ou sur la grille à reine.

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Refermer les hausses d’un couvre cadre nourrisseur et d’un toit. Le temps de préparer les barrettes portes cupules cette colonie sans reine se sentira orpheline.

Déposer dans les cupules les larves et les insérer dans les portes cupules puis dans les cadres d’élevage. Enlever des cadres de miel dans le starter pour faire la place des cadres portes cupules que l’on insère à leur tour. Refermer et mettre 250 g de miel cristallisé sur le couvre cadre.

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24 h plus tard, les amorces de cellules royales sont visibles, on peut reconstituer la colonie en mettant le corps à sa place originelle, la grille à reine par dessus, le starter et on laisse le tout évoluer jusqu’à la vielle des naissances des reines en élevage. Cette forme de finisseur convient si on ne met que 25 cellules environ dans le starter car pour avoir des reines très pourvues en gelée royales il faut limiter le nombre des CR en élevage car elles sont concurrencées  par les larves du couvain de la ruche située en dessous.

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Que faire du cadre « Jenter » ? Pour s’en resservir rapidement, il faut le faire piller pour que les abeilles en sortent les larves en cours d ‘élevage, le miel et le pollen qu’elles y auraient mis. Peu à peu, entre la grille pré-cirée et la boite Jenter, les abeilles mettent de la cire, on retire alors la grille cirée, les abeilles poursuivront lors de l’usage suivant le cirage de cet espace qui complètement construit et pour la  reine il n’y aura plus de différence avec le reste du rayon dans le cadre ; sa ponte sera très rapide.

Trois jours avant la naissance des reines il fat constituer les nucléis, ruchettes composées de deux cadres de couvain avec les abeilles dessus, un cadre de nourriture un cadre ciré, mettre cela dans le noir 3 nuits puis  placer ces nucléis dans le rucher. Vérifier l’absence de CR naturelles, les détruire  et y introduire les CR d’élevage. Vérifier les naissances 48h plus tard en retirant simplement les portes cupules et y voir si l’ouverture de la cellule est bien faite, puis vérifier la ponte et marquer la reine dans les 3 semaines qui suivent, la fécondation pouvant demander jusqu’à deux semaines selon la météo.

 

Il peut etre utile d’utiliser un groupe electrogene silencieux pour ne pas deranger les abeilles aux abords du rucher.

 

 

 

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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