Juin paie les dégâts de mai

Mai un mois de mairde
Cette année une bonne partie du printemps fut calamiteuse.
Mon aïeul disait que par chez nous on ramassait plus d’asperges en avril qu’en mai, les abeilles ont fait de même.
Le miel ramassé en avril a été mangé en mai.
Les colonies bien lancées en fin d’hiver on récolté sur le colza. Ceux qui ont extrait ont dû nourrir, mais ils ont du miel. Ceux qui n’ont pas extrait ou qui n’ont pas de colza dans leur secteur ont vu les réserves accumulées être consommées dans les périodes de fraicheur et de pluie. Nous avons eu des problème sur les élevages de reines, des nucléis qui s’épuisaient, des fécondation qui ne se sont pas faites…
La cata oui mais pas pour tous. Des collègues de la Métropole lyonnaise, avec leurs ruches en périurbain ont eu moins de déboires. Les hausses sont moins pleines maintenant qu’il y un mois, mais du miel est encore là et la ponte des reines s’est maintenue.
Ceux qui n’auront pas nourri sur les ruches fortes, mais affamées, verront leurs butineuses insuffisantes en nombre pour aller sur le tilleul, les châtaigniers, le tournesol…
Encore faudrait-il que les tournesols soient mellifères. Il semblerait que les hybrides soient stériles auquel cas ce seraient les plantes et arbres sauvages qui seraient les ressources à venir des colonies. Parcourons les campagnes pour trouver des lieux ainsi pourvus en plantes mellifères naturelles. Chez nous, les friches industrielles sont des zones d’excellence apicole, contre toute attente !
Lisons les travaux de Jacques Piquée sur « les plantes mellifères mois par mois » ou « les plantes mellifères en ville et au jardin » chez Ulmer ed.

Par contre le châtaignier donne à fond, déjà 3 hausses sur la plus part des ruches. Il ne faut pas hésiter à en mettre plusieurs d’un coup.
Les balances nous ont donné 6k de nectar rentrés en une journée et les ruches en ont perdu 3 dans la nuit, il n’en reste pas moins que les 6k occupent une place importante. Il faut donc que les abeilles aient de la place. Inutile dans ces circonstances d’attendre que le miel soit en cours d’operculation pour ajouter une hausse, il faut au contraire en mettre une voire deux de plus et répartir les cadres pleins sur toute la hauteur pour laisser aux abeilles toute liberté d’aller poser du nectar au plus près. L’apiculteur réorganisera tout ce bazar ultérieurement.

Les cadres à jambage
Cette année nos nouvelles cires furent en fait des cadres à jambage. Dans notre groupement* nous sommes plusieurs à avoir testé l’an passé ce procédé et étendu son utilisation cette année. Pas de cire gaufrée à se procurer, des couvains de belle qualité. Les abeilles construisent bien et vite sous certaines conditions. De nourriture comme il se doit, nourriture abondante et de qualité avec des sucres pur saccharose; mais également de jeunesse de la reine pour disposer de populations abondantes capables de fournir des cirières.
Il est impératif d’avoir des colonies à peu près à l’horizontal, toute inclinaison sur l’un des côtés se traduit par des rayons bien verticaux mais pas du tout parallèles aux parois de la ruche ! Autre impératif que les jambages soient tous dans le même sens pour des cadres posés les uns à coté des autres. Sinon des constructions transversales apparaissent.

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A peine construit déjà pondu et operculé.
Les cadres de récupérations seront coupés à ras du bois de la tête et le demi mm de cire qui survivra suffira pour orienter la construction. Les cadres neufs feront l’objet d’une ligne de cire fondue dans la fente de la tête. C’est suffisant pour amorcer le rayon. Les cellules de mâles sont plus nombreuses, mais ce sont d’excellents morceaux à découper pour détruire du varroa. La cire récupérée de ces enlèvements de mâles, est absolument pure.

Les élevages des reines
Nous sommes dans la partie la plus favorable de la période d’élevage. N’importe quel système d’élevage convient. Les plus simples permettent de faire quelques reines les plus complexes d’en faire en continu. Le principe de base est de travailler avec des colonies orphelinées et populeuses.

Un exemple, l’élevage sur un cadre posé à plat sur la tête des cadres.
1 – Chercher la reine !
2 – Sur cette ruche puissante qui servira d’éleveuse, poser une grille à reine, la hausse largement occupée de miel et y mettre la reine. Les abeilles de cette hausse attireront des nourrices qui monteront s’occuper de la reine et sans doute de l’y faire pondre. Dans le corps le couvain sera operculé en une semaine, des CR pourraient apparaitre. Elles seront à détruire.
3 – Toujours le jour J, placer une cire neuve dans le nid à couvain d’une colonie que vous souhaitez reproduire. Nourrissez par petits volume de 250 à 300ml / jour durant la semaine, ce sirop sera composé de 300g de sucre pour 700g d’eau environ. En principe entre 6 à 8 jours le rayon est bâti et pondu, ce sera le cadre d’élevage.
4 – Durant cette semaine préparer un couvre cadre à bords minces pour couvrir un cadre posés sur la tête des cadres avec quelques cales soit environ 80 mm de hauteur
5 – Dès que les premières larves apparaissent sur le cadre d’élevage, entre les 8° et 9° jours, enlevez la hausse de l’éleveuse avec la reine et sa grille à reine. Poser le tout sur un plateau de sol installé à l’écart dans le rucher pour éviter la dérive des butineuses vers la reine. Visitez la colonie, détruisez toutes les CR sans en oublier aucune.
6 – Sur le cadre d’élevage débarrassé de ses abeilles, avec une mèche de 9 mm (coté plein) élargir des cellules espacées les unes des autres pour les découper ultérieurement. Ne pas hésiter à en élargir une bonne cinquantaine.
7 – Poser ce cadre sur la tête des cadres de la ruche orphelinée sur des cales pour l’espacer de 35 mm environ.
8 – Refermer et nourrir comme précédemment C’est le jour J
9 – A J + 10 ou 11 on retire ce cadre qui peut comporte plus de 20 cellules royales qui pendent perpendiculairement au rayon. Elles seront largement découpées avec un bon morceau de rayon pour ne pas les abimer puis mises dans des nucléis pour finir l’élevage de la cellule, assurer la naissance de la reine, sa fécondation et sa ponte. Ces nucléis ou petits essaims artificiels seront populeux et riches en couvains fermés pour assurer la survie du groupe durant les 2 à 3 semaines d’apparition de la ponte de la reine puis les 3 semaines suivantes jusqu’à la naissance du premier couvain de ces nouvelles reines.
10 – Réunir cette éleveuse avec sa reine en reposant la hausse, laissez la grille à reine 48h pour éviter une destruction de la reine par les abeilles de l’éleveuse. Mais on peut tout aussi mettre une CR dans l’éleveuse, ou la découper en autant de nucléis que de cadres de couvain y sont encore présentes …
NB Au cas où le cadre d’élevage une fois pondu et agrandi ne serait pas couvert d’abeilles dans l’heure qui suit sa dépose sur la tête des cadres de l’éleveuse, l’introduire au centre du nid à couvain de l’éleveuse et le placer sur la tête des cadre une heure après.
Ce procédé marche d’autant mieux que la colonie est douce, que les abeilles sont proches des ligustica (jaunes…).

Voici une méthode bien simple avec peu de moyens pour réaliser un élevage de reines à partir de l’une de ses bonne colonies que l’on souhaite reproduire.
Cette méthode avait été employée avec le picking traditionnel : support, porte cupule, cupule mis dans un couvre cadre ad hoc et posé sur le corps de ruche orpheliné en voci des photos
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Très vite, vous découvrirez que ce qui est le plus difficile à réussir est le nombre des nucléis de fécondation.

J’ai eu du retard sur ce post car Franck Alétru, rédacteur en chef de la revue L’Abeille de France, m’a demandé d’assurer la rubrique du courrier des lecteurs. Il sera très largement alimenté comme ce le fut par le passé par vos questions et commentaires. Alors n’hésitez pas à m’interpeller sur ce blog vous serez la source des questions /réponses sur la revue.
Bon élevage.
*GASAR Groupement d’Action Sanitaire Apicole du Rhône. Contact : gasarhone@gmail.com
https://fr-fr.facebook.com/gasarhone/

Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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