Juin toujours pas de miel

Ah oui j’ai fait du miel de printemps, comme tout le monde, 2k en moyenne par ruche. Le Bon Dieu se fout du monde, pressé de réaliser son bouclar en 7 jours il en a oublié les finitions.

On espère que le Châtaignier va donner puis le Tournesol, le Sapin, le Metcalfa… Chez moi le châtaignier sent, les hausses ne se remplissent pas et les abeilles n’ont que de toutes petites pelotes de pollen aux pattes. On manque d’eau. Faire comprendre aux clients que c’est la troisième année consécutive de vaches maigres n’est pas aisément crédible. En plus à la radio on ne vante que les jours avec soleil, la pluie serait pernicieuse pour les loisirs ! Nos parisiens d’animateurs radio oublient que le temps le meilleur est celui qui dure le moins longtemps possible.

L’an passé  l’absence de miel pouvait être liée au fait qu’il n’y avait pas eu de fruits, tout le monde pouvait le constater, cette année c’est plus compliqué d’expliquer le manque de miel. Et pourtant ceux qui vivent de l’exploitation des ruches tirent la langue.

A défaut d’avoir fait du miel on aura eu des abeilles. les marchands de matériel ont réalisé de CA inespérés. Le prix de la cire monte en flèche, les cadres viennent à manquer ici ou là.

Jamais autant d’amateurs se seront équipés n’ayant jamais vu une colonie d ‘abeilles de près; mais l’essaim posé dans leur jardin a provoqué une vocation apicole.
Reste maintenant à les former car, si faire des abeilles marche presque tout seul à la belle saison, faire du miel devient un art et passer l’hiver un véritable savoir faire. On est loin des 130 k de miel mentionnés pour un nouveau modèle de ruche et méthode de conduite des ruches de monsieur Nutt, importé d’Angleterre, vanté dans le tome 3 d’un ouvrage d’agronomie édité 20 rue Jacob à Paris intitulé « La maison Rustique » c’était en 1835 / 1840 … mon ancêtre cultivait et se cultivait !

Méthode étonnante basée sur le suivi de la température de la ruche et le contrôle de sa ventilation.

Faire des reines

Jusqu’à présent, la saison a été délicate pour les élevages, mais depuis le début du mois de juin les élevages semblent bien partis. On se rappellera que les élevages sont d’autant plus aisés à conduire que les starter seront sans couvain et riches en nourrices et que les nucléis seront également très peuplés en abeilles nourrices voir, selon la méthode, en cadres de couvain.

Le mois dernier j’avais fait état de la constitution d’un starter ouvert à l’aide d’une hausse issue d’une ruche puissante. J’avais omis d’insister sur l’amélioration de la réussite en laissant le plateau de sol d’origine en place, ce qui laisse les butineuses rentrer sans problème, en effet mettre un plateau de sol différent en rebute certaines qui vont errer et retrouvant leur ruche d’origine attirent leurs congénères, désertent le starter qui sera moins pourvu en nectar et pollen.

A la question posée comment faire un starter ouvert si on n’a pas de hausse et de cadres d’élevage de hausse ? On peut faire de la même manière avec des cadres de corps.

Prendre une ruchette, la mettre à la place d’une ruche puissante dont la reine est marquée, c’est plus qu’utile. La pourvoir d’un cadre bâti plein d’eau passé sous le pommeau de la douche, une cire, deux cadres de miel et pollen pris  dans la ruche. Secouer sur la ruchette, les abeilles présents sur 4 cadres de couvain ouvert et fermé issus de la ruche et bien récupérer la reine au passage dans une pince à reine.

Mettre la ruche quelques mètres en arrière entrée inversée de façon à limiter au maximum le retour des butineuses vers elle. Y remettre sa reine. Nourrir cette ruche.

Le cadre d’élevage

cadre d'élevage des reinesIl sera toujours pourvu de deux rangées de 12 cupules mais équipé d’un réservoir de sirop en tête; c’est important pour accélérer la prise de sirop pour les nourrices. Une fois greffé on le met entre les deux cadres de miel et pollen. Dans un tel starter, les nourrices n’ayant aucun couvain ouvert à nourrir ni de couvain fermé à chauffer le taux d’acceptation est très élevé, on peut même ajouter un second cadre d’élevage. Le lendemain on vérifie les acceptations et on remplace les cellules non acceptées par un nouveau greffage. Mes derniers élevages ont donné 20 cellule acceptées sur 24. Par comparaison en mai je n’ai jamais dépassé 50% d’acceptation.cadre d'élevage vue nourrisseur

Le finisseur

Au bout de 48 h on peut mettre les cellules amorcées dans des nucléis très riches en abeilles et avec au moins un cadre de couvain ouvert et fermé. Pourquoi ? Parce qu’il faut pouvoir disposer de nourrices lorsque la jeune reine une fois fécondée aura pondu pour  prendre en charge son couvain.

Un calcul simple permet de comprendre que la reine naitra 12 jours au plus après le greffage, il lui faut une dizaine de jours pour être fécondée et démarrer sa ponte, on est sur un planning de 25 jours. Or les nourrices présentes au jour de l’introduction de la cellules ne seront plus en capacité de l’être trois semaines plus tard. Il faut donc apporter du couvain fermé ou ouvert qui produira ces nourrices au moment de la ponte de la jeune reine. Ces nucléis seront constitués le jour du picking et mis au noir jusqu’à leur utilisation, on introduit la cellule une fois vérifié que des élevages n’ont pas commencé. on détruit soigneusement les cellules royales en préparation et on introduit les cellules de la lignée que l’on souhaite reproduire.

Cette manière de faire peut sembler compliquée et à haut risque d’échec. On peut opter pour la méthode du finisseur. Voici donc une manière de faire assez simple.
Au moment de reconstituer la colonie qui a fourni le starter, on replace la colonie à sa place d’origine, on cherche la reine (c’est le plus complexe!), on l’isole dans une pince à reine, puis on met le ou les cadres d’élevage avec les cupules amorcées  dans les espaces rendus libres par les deux cadres de miel et pollen que l’on y avait pris. On remplit les réservoirs des cadres d’élevage de sirop et on pose sur le tout une grille à reine. On place une hausse et la reine dedans. Des nourrices viendront s’en occuper pendant qu’en dessous les abeilles poursuivront l’élevage.

Dix jours plus tard les cellules seront prêtes à naître et à mettre dans des nucléis qui pourront être constitués de paquets d’abeilles sans couvain sur cadres de miel, cadres bâtis et cadres cirés. On peut même se contenter de cadres cirés sur les plus petits modèles. Et si on fait naître les reines dans de bigoudis, on peut les faire féconder dans de microscopiques nucléis.

On n’est plus tenu de disposer de cadres de couvain et tout type de nucléi est possible avec des cadres de corps, des cadres de hausse, des Miniplus, des Kiehler, des Kempf, des Apidea… A ce moment là le nucléi est composé au jour de la mise en nuc des reines et le tout isolé au minimum deux nuits pour que la population se structure autour de la cellule.nuclei wacheux ouvert nuclei wacheux nucléi wacheuwCe type de nucléi décrit par Karl Weiss permet de ne consommer qu’une poignée de nourrices et n’est utilisable que le temps de la fécondation de la reine et de sa première ponte.

On libère la reine en enlevant la grille au moment de la mise en nuc des cellules, la colonie repend son cours normal et deux semaines plus tard elle est apte à resservir de système d’élevage, starter et finisseur. Elle sera nourrie par petites touches pour récupérer au plus vite un couvain abondant.

Jean RIONDET

 

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    Auteur Jean Riondet

    Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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