Juin une nouvelle ère pour le sanitaire apicole

L’arrêté exonérant la vente des médicaments à base d’acide oxalique ou d’amitraze vient d’être publié au JO n° 0119 du 26 mai 2018 texte n°40.

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=DCBD488D037C8AC8C84D7F4EAB8B09AD.tplgfr37s_1?cidTexte=JORFTEXT000036944375&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000036943885

Suite à l’avis de l’ANSES publié en février 2017

https://www.anses.fr/fr/system/files/ANMV2017SA0027.pdf

Cette décision aura trois conséquences importantes :

Favoriser l’accès au médicaments autorisés et puissants contre varroa sans passer sous les fourches caudines des organisations sanitaires locales. Cela concernera tous les maquisards de l’apiculture. Et ils sont nombreux, bien plus que ce que l’on pense.

Obliger les organisations sanitaires apicoles départementales à faire un effort très soutenu de formation de leurs adhérents et de leur offrir des prestations de service pour la conduite sanitaire des ruchers et de faire former des Techniciens Sanitaires Apicoles  pour accompagner par des collègues qualifiée leurs adhérents.

Rappeler inlassablement que seul l’usage des médicaments autorisés est à promouvoir. Les soupes personnelles sont à proscrire non seulement pour leur inefficacité clairement constatée en général, pour leur dangerosité vis à vis des abeilles, pour leur toxicité chez l’apiculteur et pour le respect du consommateur.

L’apiculture de loisir, en marge des règles, détruira la confiance des consommateur envers les producteurs locaux. Les gros de l’apiculture font l’objet d’une surveillance accrue, les vendeurs à la sauvette ou au rappel sur les marchés échappent à tout encadrement. C’est donc aux organisations sanitaires apicoles départementales composées de bénévoles qui pourront toucher les irrédentistes et maintenir une image de marque valorisante de la production des apiculteurs de loisir.

C’est un véritable challenge et si les associations sanitaires sont capables de relever le défi, l’apiculture maintiendra sa dynamique et ne s’en portera que mieux.

Je m’appuie sur l’exemple du Groupement d’Actions Sanitaire Apicole du Rhône (www.gasarhone.fr) qui, créé il y a 2 ans par 20 apiculteurs, est composé de 200 adhérents aujourd’hui.

Ne disposant d’aucun PSE ni de vétérinaire attitré, le GASAR offre une palette de services à ses adhérents pour une modique adhésion de 15 euros / an.

– un flash info hebdomadaire et qui renvoie sur quelques sites pour des sujets pouvant intéresser les apiculteurs

– une lettre mensuelle sur un sujet précis en lien en générale avec les informations diffusées par la FNOSAD, avec rappel des dates des séances de formation/information/échanges

– une séance mensuelle de 19 h à 21 h un jeudi soir alternativement en deux points du département pour permettre au plus grand nombre d’accéder à cette offre. Les diaporamas de ces séances sont envoyées systématiquement à tous les adhérents présents ou non au jour de la séance.

– la venue lors de l’AG d’un intervenant de haut niveau (chercheur INRA, CNRS, français ou étranger, professionnel reconnu pour ses compétences techniques dans un domaine précis)

– un rucher école avec 23 séances de cours et de TP

– la participation à des actions collectives telles que des foire/ exposition, des opérations de transhumance collective

– la mise en oeuvre de séances particulières au rucher école : comptage des varroas, bonnes pratiques pour la conduite des traitements des colonies…

– envoi en formation de jeunes adhérents pour devenir formateur en rucher école, TSA, suivi de formations à l’ANERCEA … afin de disposer en interne de compétences renouvelées.

Rendez vous et adhésion sur

https://gasarhone.fr/

Et maintenant ?

Mai aura été un mois exceptionnel, le lune de miel arrive à flot, les fleurs ont eu chaleur et pluie et en général, sauf tornades ou orages dévastateurs, les colonies en ont bien profité. Pour certains ce printemps leur a donné plus de miel que ce qu’ils purent faire durant les 20 années passées. L’accélération  des floraisons dans ce contexte fait que les tilleuls châtaigniers arrivent avec 2 voire 3 semaines d’avance par rapport à ce qui se voyait habituellement.

Les colonies se sont bien développées, les butineuses furent au rendez vous, les essaimages pas si fréquents que cela et du coup le miel abonde. Mais, car il y a un mais, l’épuisement rapide des butineuses, le nectar mis partout dans les corps d’où une insuffisance de ponte des reines, font que le stock de butineuses devra se reconstituer avant de pouvoir travailler sur les miellées qui se profilent ou pour emmener les colonies en transhumance.

Le suivi des essaims

La période aura été favorable aux essaims artificiels. Faits d’un cadre de couvain ouvert et fermé, d’un cadre de miel et d’une cire, avec ajout d’un cadre de couvain d’abeilles secouées dans la ruchette, mis trois nuits en cave, l’essaim est partis sans surveillance notable. Un peu de sirop régulièrement donné au départ, et les butineuses venant, le développement des reines s’est fait très correctement. Il faut ajouter des cadres bâtis si la cire n’est construite, nourrir par petites touches si le nectar n’entrent guère, on le voit à la faiblesses des stockages et au peu de pollen qui rentre au trou de vol. L’ajout d’une lanière antivarroa dès la sortie de l’essaim de la cave (ou d’un lieu parfaitement obscur)

Il y eut peu d’essaimage mais les essaims naturels mis sur des cires et en cave 3 nuits puis nourris massivement et traités avec une lanière se sont remarquablement développés.

Pourquoi traiter et nourrir alors que l’on est en période de miellée ?

« Pour que ça cire faut que ça mièle  » dit l’adage, mais si on apporte le sirop sur la tête des abeilles, le temps de butinage devenant nul, ça cire encore mieux les butineuses apportant le pollen nécessaire à la construction ! Pourquoi une lanière antivarroa ? En l’absence de couvain les varroas présents sur les abeilles sont rapidement détruits par le médicament et la population très fortement nettoyée de ce parasite se porte excellemment bien.

Pourquoi la mise en cave ou en lieu totalement obscur ?

Il s’agit de faire perdre aux abeilles leurs points de repère et les obliger à refaire un repérage. C’est aussi la manière de calmer l’ardeur voyageuse des reines vierges qui partent coloniser un autre espace de butinage. Les vieilles pouvant peu voler se fixent sur place, les jeunes pas encore alourdies par la ponte s’en vont explorer de nouveaux espaces ! C’est la loi de l’espèce qui, si elle n’essaime pas ni se déplace au loin, n’assure pas sa survie.

L’élevage artificiel des reines

Fin juin est un excellent moment pour l’élevage artificiel des reines, elles seront de qualité, meilleures que celles de mai.

la miellée surabondante a bloqué la pointe, les starter ont servi de réserve à miel, les reines ayant peu pondu il était difficile de trouver des larves…

Maintenant il faut y aller. L’élevage artificiel se fait bien si on a plus d e10 ruches et se réussit d’autant mieux que l’exercice est fait à plusieurs. Car, la difficulté n’est ni le picking, ni le starter, mais la constitution de nucléis puissants pour élever la cellule royale imposée.
Le starter, j’utilise la méthode de Jos Guth depuis la publication de son opuscule au SNA en 1990 « Elevage, sélection et insémination instrumentale des reines d’abeilles ».
1 – Une ruche puissante dotée d’une hausse de miel placée sur grille à reine est déplacée de son plateau de sol de quelques mètres en arrière et posées sur un plateau dont l’ouverture est à l’inverse de l’originel.

2- la hausse est posées sur le plateau de sol originel et 3 cadres sont enlevés pour faire la place des barrettes porteuses des cupules et pour ajouter un cadre de hausse bâti empli d’eau.

3 – On pose une GR et une hausse vide pour faire entonnoir et on secoue dans cette hausse 5 à 7 cadres d’abeilles prises sur de cadres de couvain ouvert issue de plusieurs ruches si besoin. On cherche la reine sur la GR si on ne l’avait trouvée au passage et enlevée de la ruche pour la protéger durant la manip.

4 – Le tout sera refermé la souche nourrie et on va faire le picking.

5 – Le picking je le fais à partir d’un système Jenter ou Kemp, c’est remarquable de simplicité et d’efficacité. 4 jours avant la date du picking on place la reine dans le boitier de ponte et on surveille le remplissage du boitier. Parfois en moins de 2 h la ponte est acquise et on libère al reine parfois il faut 24 h voire un peu plus, mais ne pas dépasser 2 jours la reine ne pondra pas mieux.

6 – Le transfert réalisé dans les cupules puis celles-ci placées sur les barrettes mises dans les cadres d’élevage, on dispose de 48 cellules à faire élever (2 barrettes par cadres de 12 portes cupules). Ces cadres seront mis  dans le starter et on ajoutera le long de ceux ci d’autres cupules coincées par leur support entre la tête des cadres. On met 250 g de miel cristallisé.

C’est le jour J

La ruche souche sera remise en place et le starter reposé sur le corps. Elle sera réutilisable pour un nouveau starter dans les 10 à 15  jours qui suivront.

7 – A J+1 soit 24 h plus tard, on sort l’ensemble et on enlève les cupules non prises, on reconstitue 2 cadres de 24 cellules démarrées et on remet le tout en place. On supprime les excédents de cupules on nourrit avec du miel cristallisé (250 g dans le nourrisseur couvre cadre)

Les nucléis 

Ce sont de petites populations orphelines constituées d’un cadre de couvain fermé le plus possible d’un cadre ciré, d’un cadre de miel et de 2 partitions réfléchissantes. On prend le cadre avec les abeilles qui sont dessus puis on en ajoute par secouage de deux cadres de couvain ouvert pris éventuellement dans d’autres ruches. Ces nucléis constitués 48 h avant la date du picking et mis en cave seront visités le jour du transfert pour détruire toutes les CR naturelles.

J+3 est le jour du transfert des CR dans les nucléis. Opération délicate car il ne faut toucher les cellules en construction, fragiles et déformables. On en place 1 seule par starter pour qu’elle soit parfaitement  nourrie à la gelée royale.

Une fois les CR de 3 jours fixées par leur support contre le couvain operculé et mises en rucher, on laisse l’évolution se faire durant 3 semaines une visite de contrôle de la naissance des reines sera faite à ce terme, puis 2 semaines plus tard la ponte sera à son tour contrôlée et al reine marquée. Pour se simplifier le travail, le nourrissement sera fait de candi posé sur la tête des cadres sous un couvre cadre nourrisseur mis à l’envers.

Bien d’autres procédés sont possibles mais celui là est simplissime de mise en oeuvre. Il requière seulement de constituer des nucléis importants en population d’abeilles nourrices pour assurer les 2 jours suivant de nourriture de la larve en développement. Et de constituer également des starters très populeux en nourrices pour fournir en abondance de la gelée royale durant les 3 jours.

Si on réduit les nombre des CR dans le starter au bout de 24 h c’est pour augmenter le volume de gelée royale disponible dans le starter. Si on craint cette manipulations délicate pour compenser les défauts d’acceptation des CR, on ne met dans le starter que 48 cellules avec larves transférées. On disposera de peut être moins de CR cependant on assure la qualité du nourrissement des larves, élément stratégique pour obtenir de belles reines.

Ce processus requière donc beaucoup d’abeilles, de cadres de couvain… c’est pour cela que l’élevage des reines se fera à plusieurs pour disposer du matériau biologique en quantité.

Bons essais

J Riondet

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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