Mai : La fin des miellées de printemps

Cette année n’échappera pas à la règle, les grandes floraisons du printemps vont arriver à leur terme, le temps sera plus frais et des récoltes sont à prévoir

Récolter

Pour qui veut avoir du miel de printemps, voire d’acacia pour ceux qui ont la chance de pouvoir en récolter, il faut prévoir de faire une levée des hausses avant l’arrivé de l’acacia, sinon ce sera un bon mélange.

Riche en eau et en glucose, le colza est un miel qui cristallise rapidement, parfois même dans les quelques jours qui suivent sa récolte. Autre particularité il est à très haut risque de fermentation du fait de sa richesse en eau. Dégusté rapidement il n’y a aucun risque, mais dans les 4 mois qui suivent cela peut se manifester. A l’ouverture le bouchon fait « Pop » … le miel est foutu, on peut le mettre dans la cuisine mais guère plus et surtout pas dans les nourrisseurs des ruches.

Pour éliminer le risque de la fermentation, une bonne solution est de mettre très rapidement le miel en pots et de les stocker au frigo. Une précaution, opportune dans ce contexte, est de bien laver les maturateurs en acier inox ou plastique puis de les soufrer. Dans une boite de conserve accrochée par un fil de fer au rebord du fût, faire bruler 1/2 mèche soufrée, tenir fermé le maturateur, laisser le tout refroidir, ventiler le maturateur et le rentrer dans la miellerie car il va de soi que cette opération très agressive pour les poumons se fait en extérieur avec du vent ! Reste que le frigo ou la chambre froide sont les solutions les plus simples à mettre en œuvre.

Au moment de la récolte si on la fait avec des plateaux chasse abeilles il est préférable d’avoir des rebords de bonne hauteur de près de 10cm pour que les très grand nombre d’abeilles dont les colonies sont dotées trouve sa place dans la ruche le volume des hausses n’étant plus là.

Varroa

On est en pleine croissance exponentielle du varroa. Si un comptage soit sur lange soit avec la technique du shaker révèle une infestation anormale ou si l’aspect des couvain manifeste une mauvaise vitalité il faut intervenir. Qu’est ce qu’une bonne vitalité du couvain ?

C’est un couvain bien serré avec peu de trous (inférieur à 10% des cellules) bien bombé; on peut en déduire que le varroa n’est pas trop présent. Un couvain déficient, opercules aplatis, beaucoup de trous vides… ce couvain peut être sans loques s’il ne comporte pas de larves desséchées, jaunies, visqueuses. Dans les trous on n’y trouve rien ou du nectar. On peut craindre que le varroa soit à l’origine des ces déficiences liées en particulier à des virus, à des nourrices déficientes elles aussi.

Il n’y a pas de secret, le couvain sain, ici sur la photo, a été vu un mois après un encagement de la reine durant 25 jours et un traitement avec un médicament à l’acide oxalique. Le couvain douteux est parsemé de trous sans larves dedans ni de ponte fraiche à proximité. le couvain malade contient des larves mortes.

Les actions à conduire sont multiples et pour en comprendre le déroulé, il faut se référer au N° 325 de janvier février 2025 de La Santé de l’Abeille où la vétérinaire Florentine Giraud détaille toutes les possibilités d’intervention. Elle fut co-autrice du Guide Fnosad « Varroa et Varroose » téléchargeable sur https://fnosad-lsa.fr/formations-fiches-pratiques/autres-guides-fiches-pratiques

Élever des reines

Mai est le mois des élevages de reines par excellence. La période des miellées est favorable à des élevages sans starter, sans éleveuse et sans couveuse. Il suffit de disposer de larves d’un jour qui baignent dans de al gelée royale et de nucléi bien pourvus en abeilles et en couvain fermé.

D’autres solutions sont bien évidemment possibles et très largement utilisées mais pour les petits producteurs qui auront besoin de quelques reines pour renouveler leur cheptel ou pour faire de nouvelles colonies en opérant un minimum de sélection, la méthode présentée ici est simplissime et donne de très bons taux de réussite dans cette période de miellée.

Le principe est simple, on constitue des essaims orphelins sur 1 ou 2 cadres de couvain fermé le plus possible. Ces essaims vont élever des cellules royales que l’on détruira au 6° jour, mais on dira 7 par commodité pour ceux qui ne peuvent pratiquer l’apiculture que le WE.

Ces essaims ayant élevé des CR sont donc dans une stratégie d’élevage royal. C’est à ce moment là qu’on leur greffe des larves d’un jour bien pourvues en gelée royale, prises dans la souche dont on souhaite la reproduction pour ses qualités. Puis au bout d’un certain temps, mais plus on attend moins on risque de perturber la nouvelle reine, on vérifie la production d’une cellule royale sur les cupules que l’on a greffée et la naissance d’une reine.

Pour réussir

Il est impératif de travailler avec de colonies bien pourvues en abeilles grasses, c’est à dire riches en vitellogénine ce qui en fait d’excellentes productrices de gelées royales et nourricières. Il faut disposer de cadres couverts de couvain au « carré » et de populations abondantes.

Pour atteindre ces objectifs, la Ruche Basse Consommation d’énergie (RBC) est un atout certain, à condition d’avoir bien traité contre le varroa depuis plusieurs années et bien surveillé la qualité nutritionnelle de ses colonies… la bonne santé de ses colonies se mérite !

La mise en œuvre

Un mois avant le début des opérations on apporte 1 ou 2 fois 400g de pâtes protéinées aux colonies qui serviront de souche pour les larves et à celles qui fourniront les cadres de couvain. En RBC il est bon d’obtenir une CH1 sur 6 cadres car ces populations, si elles sont dynamiques et le couvain de bonne vitalité, pourront être prélevées d’un cadre de couvain operculé toutes les 3 semaines.

Une semaine avant l’opération on prélève autant de cadre de couvain operculé et pondu au carré issu de la CH1 (pour les ruches RBC) ou issus du cœur du nid à couvain dans les autres configurations.

Chaque cadre sera mis entre 2 PIHP, partitions isolées et réfléchissantes dans une ruchette (ou une ruche) dont le fond sera fermé et isolé avec une feuille de thermo-réflecteur (pare vapeur). Sur le cadre sera glissé à cheval un « bonnet », feuille de thermo-réflecteur qui enchâssera le cadre sur 10cm de chaque côté. on secouera un cadre d’abeilles prises sur un cadre de couvain ouvert pour enrichir ce nuclei en nourrices. Si on le peut, on apportera un cadre de miel ou à défaut un pain de candi, cette ruchette sera placée dans un autre rucher pour éviter dérive et désertion.

Puis on apportera 250 ml de sirop tous les jours pour stimuler les nourrices et assurer la ponte de la reine. Cette opération sera faite encore plus tôt en cas de période froide due à une météo capricieuse. En cas d’impossibilité on donnera des pains de candi fortement protéiné avec du pollen.

A partir du jour J

On ouvre les essaims sur 1 cadre, on recherche toutes les cellules royales que l’on détruira. Pour réussir l’opération on secoue le cadre dans la ruchette pour bien voir toutes les configurations de cellules royales et n’en oublier aucune.

Essaim sur 1c avec bonnet

Puis on incruste dans le couvain 2 ou 3 larves chapeautées d’une cellule de 9mm de diamètre pour leurrer les abeilles et leur faire élever une reine. Le couvain fermé sera gratté pour bien enchâsser la cellule dans l’épaisseur du rayon afin que les phéromones de la larve attirent le plus rapidement possible les abeilles présentes et que l’apport de gelée royale reprenne au plus vite. Le porte cupule Nicot peut être utilisé à condition de l’implanter fortement dans le couvain.

A J+3 ou 7 selon le temps disponible, on vérifie si les cellules ont été élevées quitte, si un nucléi possède plusieurs CR, d’en prendre une pour la transférer dans un nucléi qui n’aurait réussi aucun élevage. Puis on laisse le processus se dérouler jusqu’à son terme et on vérifiera, environ un mois plus tard, la ponte de la reine et la cherchera pour la marquer.

CR élevée à partir d’une larve incrustée dans un essaim sur 1 cadre mis entre 2 partitions isolée et réfléchissantes

Personnellement

Pour avoir des larves âgées entre 24 à 36 heures, je mets la reine à reproduire dans un bloc de ponte le lundi après midi, je vérifie le mardi matin si des œufs ont bien été pondus sinon je décage en fin d’après midi au plus tard. J’apporte du sirop fait de miel allongé de 25% d’eau environ tant pour la souche que pour les nucléi et je le fais le soir pour limiter au maximum le risque de pillage et dans un nourrisseur cadre mis dans le corps avec des flotteurs pour éviter les noyades.

Mon premier lot d’élevage avec cette méthode nous a donné 60% de réussite et les élevages avortés ont été regroupés avec d’autre nucléi qui ont été renforcés par cet apport de couvain et d’abeilles. Dans mon livre « Élever ses reines » édité chez Ulmer, je préconise pour cette méthode de faire des essaims sur 2 cadres, certes c’est plus sûr, les taux de réussite sont plus élevés, mais en travaillant sur 1 seul cadre on augmente au final le nombre de reines élevées ou d’essaims préparés pour la saison prochaine.

Cette manière de faire peut être adaptée pour incruster des CR mises en éleveuse durant 2 à 4 jours, les taux de réussite sont encore plus spectaculaires. Il suffit de retirer la reine d’une bonne ruche 24h avant l’opération et d’introduire un cadre d’élevage doté de 2 rangées de 14 CR avec les larves et leur gelée royale. Ces CR démarrées, on les incruste dans des essaims sur 1c faits le jour même. On remet la reine dans sa ruche et l’éleveuse temporaire reprend son cycle habituel.

En polonais En tchèque

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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