Mars 2010 les colonies démarrent, on les accompagne

Mars sera le mois des premiers grands travaux d’apiculture. Le rucher s’éveille depuis plusieurs semaines, certaines colonies occupent déjà 8 cadres. Et ce froid tardif vient tout perturber. Le changement des plateaux de sol et la première visite de printemps marqueront ce mois comme d’habitude, sauf qu’avec ce froid la vigilance sur le nourrissement reste la première priorité.

Le froid

Inattendu mais toujours possible et oublié depuis plusieurs années, ce froid de mars nous surprend.


Les colonies avaient démarré leur couvain, les journées ensoleillées voyaient des cohortes d’abeilles rentrant des pollens gris, jaunes; ces allés venues stimulaient notre optimisme apicole naturel et maintenant il faut craindre une mortalité partielle de ce couvain car la grappe d’abeilles ne peut le couvrir pour le chauffer (35°c). La consommation du miel, dont on ne sait s’il est assez abondant mérite attention, les colonies doivent faire l’objet d’un nourrissement au candi, 1/2 k suffira.

Personnellement j’ai ouvert dimanche 7 mars toutes mes ruches en soulevant brièvement les toiles et j’ai ajouté pour une ruche sur deux un demi pain de candi réchauffé, directement sur les couvre cadres, sur la grappe. La toile reposée dessus et le couvre cadre nourrisseur ajouté à l’envers, j’ai bloqué le tout avec les toits. Les sacs vides de candi sont restés sur place, il sera temps de les enlever lors de la visite de printemps.

Deux ruches sont mortes, trop petites populations manquant de candi pour l’une, un candi trop sec pour l’autre. Une ruchette renversée par le vent n’a pas survécu à cette épreuve.

Pour occuper nos dimanches froids, si ce n’est déjà fait remettre en état les étiquettes des ruches portant le n° nous permettant de les identifier. Des promeneurs ont arraché la plus part des étiquettes au dos de mes ruches. Je vais les faire en bois, un gros n° marqué avec un très gros feutre, puis trempées dans de la cire micro-cristalline à haute température et vissées sur les ruches. J’espère qu’ils ne viendront pas avec une pince multifonctions !

Le changement des plateaux de sol

Dès que le gel cessera et que le abeilles pourront régulièrement s’envoler, on procédera au changement des plateaux de sol.
Deux cas de figure du point de vue de l’hygiène : les plateaux en bois et les plateaux en plastique.

Le plateau de bois sera brossé puis passé à la flamme d’un chalumeau, faisant bouillir les restes de cire et de propolis, bien flambé, le plateau est désinfecté et sera ré-utilisé de suite.

Par contre pour les plateaux plastiques plus difficiles à nettoyer, il en faut autant que de plateaux à changer au cours d’une même opération.
Ces plateaux, une fois ramenés à la maison, seront nettoyés avec un nettoyeur haute pression ou bien brossés pour leur enlever toute trace de cire et de propolis, véritables nids à spores de loques, puis trempés dans un bain de javel composé d’1 berlingot pour 5 l d’eau. Le trempage doit durer 30 minutes. Le bain est à renouveler chaque jour.

Examen des plateaux de sol

C’est la première information importante de l’année à noter sur son carnet.
Le plateau doit être propre. C’est à dire ?
– Sans boue, s’il n’est pas totalement grillagé, la présence de boue indique que la colonie a vécu dans l’humidité, source de mortalité et de surconsommation de miel.

– Sans abeilles mortes en masse. Que soient présentes quelques abeilles mortes, rien que de très normal surtout avec les longues période de froid. Les jours de beau soleil quelques abeilles mortes sont sorties par leurs congénères et les vieilles abeilles vont aussi mourir dehors. Mais de gros paquets d’abeilles mortes sont mauvais signe. Un prédateur a-t-il hiverné (un lézard pour qui la ruche est un garde manger hivernal idéal). Une maladie, des abeilles vieillies par un nourrissement tardif ?

– Des déchets de cire en fine ligne sous l’intervalle des cadres, très bon signe. Plus le nombre des lignes et important plus cela signifie que la colonie a occupé un grand nombre de cadres. Une colonie sans doute forte. A vérifier ultérieurement.
Mais des déchets surabondants, gros, signifient que la colonie fut pillée, attention elle est peut être morte.
Des lignes de sucre cristallisé en quantité, le candi fut trop sec, mal pris, la colonie a du souffrir de la faim.

Tout cela est à noter, à photographier au numérique pour en conserver la trace et vérifier ultérieurement le bien fondé de nos supputations suite à ces observations.

La visite de printemps

Un jour de chaleur, environ 17° au moins par temps calme sans nuages, en plein soleil pour refroidir le moins possible le couvain, procéder à l’ouverture des ruches et à leur visite complète.

– Première opération compter le nombre d’inter-cadres où l’on voit des abeilles. C’est déjà un indice de la force des colonies. A noter.

– Enlever les cadres de rive, les partitions, sortir les cadres un à un inspecter les rapidement. Compter les cadres de miel, ceux de couvain et mesurer les réserves de miel comme l’étendu du couvain en notant le nombre de paumes de la main que représentent ces surfaces.
Vous constaterez que le nombre des cadres de miel récoltés en mai est rigoureusement proportionnel aux nombre des cadres de couvain présents à ce moment là. Vous comprendrez immédiatement l’importance d’hiverner de fortes colonies et l’ineptie de conserver des colonies peu populeuses. Sauf à avoir fait des divisions de colonies à l’automne avec de jeunes reines de l’année pour augmenter le nombre des ruches.

– Observez la qualité du couvain : un couvain compact, sans trou de ponte est un excellent indice. Bien sûr il y a toujours quelques inévitables ratages de naissances de larves ou des cellules sur le fil de fer où la reine ne pond pas.

Mauvais signe : un couvain lacunaire, des opercules affaissées, trouées… Suspicion de loques, ruches à détruire immédiatement. Aucun transvasement n’est possible à ce moment de l’année.
Mais aussi des déjections partout dans la ruche. Nosémose sans doute. Changer la ruche s’il fait assez chaud, nourrir au sirop.

– Centrer le nid à couvain, le flanquer de deux cadres de hausses bâtis, lors de la construction des cires, les abeilles fabriqueront dessous un grand rayon ovoïde en cellules de bourdons. Une fois pondu et operculé ces cadres seront retirés et les rayons de bourdons détruits. C’est une manière efficace de faire baisser la pression du varroa à ce moment de l’année.
Ce sera pour début avril.
Il ne faut pas oublier que le varroa qui se reproduit sur un cycle identique à celui de l’abeille, se reproduit au rythme de 2,5 fois celui de l’abeille. En limiter la présence doit être notre obsession et la certitude de sa présence notre croyance.

– Mettre une punaise sur ces cadres permet de les repérer. Les compléter par des cadres bâtis et mettre en rive deux cires que l’on rapprochera ultérieurement du nid à couvain.

– Après cette visite, nourrir d’un sirop 50/50 eau sucre dans lequel on a mis 2cm3 par litre de propolis dissoute à saturation dans de l’alcool à 70°. Il faut leur redonner de l’énergie pour chauffer la couvain que l’on vient de refroidir et remonter la ruche en température, la propolis aurait des vertus contre la nosémose.

Test Varroa

Par un jour de chaleur mettre sur les plaques minces graissées d’une graisse alimentaire 10 gouttes d’Amitraze que l’on peut commander chez son vétérinaire ou son pharmacien.
12 h après retirer les plaques et compter les varroas. A 50 varroas ou plus traiter par une lanière d ‘Apivar. Retirer les lanières 4 semaines avant la pose des hausses. Bien que l’AMMA autorise une pose des hausses sans délai après leur retrait.
C’est un compromis délicat à gérer entre l’importance de disposer de colonies très peu parasitées (leur survie est en jeu), la quantité et la qualité du miel récolté.

Conseil d’hygiène au rucher


Pour limiter la dispersion des maladies, entre chacune des ouvertures, tremper le lève cadre dans un bain d’eau javellisée ou d’alcool à bruler.

Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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