Mars 2015 La fin de l’hiver approche premiers bilans

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Les premiers rayons de soleil un peu chauds et sur de longues journées apparaissent. Les couvains se développent, les abeilles vont chercher de l’eau pour produire les gelées nourricières. Cette photo fut prise dimanche 8 mars vers 16h30, dans une flaque d’eau des abeilles buvaient en masse. Le bilan est plutôt bon, les essaims nourris avec des candis protéinés depuis mi janvier ont beaucoup progressé, ils ont même construit sous les bâches dans l’épaisseur des pains de candi !

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Cette photo a également été prise le 8 mars. Une colonie qui construit à cette époque est en pleine forme démographique, des jeunes sont là, le couvain est en voie d’explosion.

Mais attention au Varroa il est sans doute surabondant, l’automne fut doux et aucun arrêt de ponte durable ne fut observé.

Ce sera au minimum la troisième année que, dans les zones de plaines au climat doux, le varroa aura pu se reproduire durant la morte saison. Les traitements dits d’ambiance (par saturation de l’atmosphère de la ruche par évaporation) auront été particulièrement inefficaces du fait des conditions météo,  de plus ils n’ont aucun effet sur les varroas en reproduction.

Par contre, les lanières ont continué à montrer leur efficacité, certes modeste cette année du fait de l’absence d’arrêt de ponte. Les contact que nous avons au sein de notre GDSA69 avec les apiculteurs montrent des mortalités massives chez ceux qui n’ont utilisé que des produits d’ambiance ou qui ont fait qu’un traitement à l’acide oxalique en fin décembre. Certaines spécialités ont posé des problèmes d’efficacité d’origine non élucidée.

Ceux qui ont eu les meilleurs résultats, semble-t-il sont ceux qui ont traité avec les lanières dès le mois de juillet, certains ont même refait un traitement à l’acide oxalique en décembre.

On ne saurait trop conseiller de traiter dès juillet, récolte faite, avec des lanières. « C’est juste mon avis « .

Mais les choix de chacun étant ce qu’ils sont, les vendeurs d’essaims ont encore de beaux jours devant eux.

Au rucher

Il faut mettre d’urgence les abreuvoirs si besoin en est. Les porteuses d’eau sont à la recherche des sources d’eau tiède. J’ai eu deux expériences intéressantes. Une collègue de l’Ain m’a dit avoir mis ses abreuvoirs depuis un mois sans succès. Ces jours elle trouve un seau où elle avait mis des coquille d’huitres de Noël, les abeilles étaient toutes dedans.

Fort de cette observation j’ai été voir mon abreuvoir qui lui aussi était désespérément vide. J’ai déposé sur le sommet du cadre du gros sel de Guérande (pour le fun). Une heure après les abeilles commençaient à s’y intéresser.

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On voit les grains de sel qui n’ont pas tous fondu. Les abeilles aiment ces eaux, les purins, Joseph Bensick, un observateur attentif des abeilles, a constaté la même chose ses abreuvoirs habituellement visités par les abeilles ont été désertés lorsqu’un voisin a mis des chevaux à coté de son terrain, les abeilles sont allé boire dans leurs urines.

Tant qu’il n’y a pas de floraisons importantes il faut maintenir les candis sur les colonies. les abeilles mangent le candi de préférence au miel de leur ruche, on préserve ainsi les réserves pour qu’en avril, lorsque l’explosion démographique sera au rendez vous, les réserves internes soient encore très abondantes pour que les colonies trouvent en leur sein les ressources alimentaires nécessaires à l’élevage du couvain alors que de mauvaises journées peuvent limiter les apports extérieurs.

Dès que possible changer les plateaux de sol en faire des photos, noter leur état de propreté, les quantités d’abeilles mortes. Ils indiqueront l’état des colonies avant la première ouverture. La planification du travail n’en sera que facilité.

A l’atelier

Il faut achever les préparatifs des ruches : cadres de corps cirés (au moins 3 par colonie), ruchettes pour les essaims artificiels, corps d’avance pour des renouvellement (les changer tous les 3 ans en permet un bon entretien).

Planifier

A cette époque de l’année il faut planifier la saison à venir. Il s’agit surtout de se donner des objectifs pour savoir quoi faire au moment où l’on découvre l’état de ses colonies. Quitte à les réviser, ces options pour 2015 que vous aurez retenues vous serviront de boussole.

Multiplier les ruches

Par exemple, vous avez peu de ruches et votre option sera de multiplier les colonies pour atteindre un nombre tel qu’une colonie ou deux de mortes ne pèsent plus sur le moral…

Donc l’objectif sera de faire des essaims artificiel dès que possible. A chacune des visites, dès que des faux-bourdons seront visibles,  toute colonie ayant atteint 8 cadres fera l’objet d’un prélèvement :

Dans une ruchette placer un cadre de couvain ouvert avec des œufs (on les voit bien si on regarde le fond des cellules avec une puissante lampe frontale), un cadre de couvain fermé, un cadre de miel avec toutes les abeilles qui sont dessus et vous en rajouterez en secouant un ou deux cadres de couvain. Un cadre nourrisseur servira de partition. Attention à ne pas prendre la reine.

Donner immédiatement à la souche 1 l de sirop 50/50. Puis accompagner la construction des cires de remplacement par un nourrissement léger (1/3 sucre 2/3 eau) réglé sur le niveau des miellées au rythme d’une à deux fois par semaine selon les possibilités.

Mis en cave 48h puis remis au rucher, cette ruchette sera nourrie 1 à 3 fois par semaine 1/4 de litre de sirop 50/50. Contrôler un mois plus tard, si vous trouvez du couvain l’opération a réussi. Sinon, réunir.

La souche dès qu’elle aura atteint 8 cadres de couvain sera de nouveau prélevée…

Chaque ruche capable d’atteindre 8 cadres sera prélevée. Cette pratique diminue considérablement le risque d’essaimage. Mais ne l’annule pas.

Un autre objectif sera de faire du miel. Donc la stratégie sera de conduire les colonies en limite d’essaimage pour avoir au moment des miellées des butineuses en masse. C’est très difficile. Mais pour limiter le risque d’essaimage, surveiller comme précédemment les colonies, leur tirer un seul essaim dès qu’elles atteignent 8 cadres de couvain et prendre des nourrices sur 3 à 4 cadres de couvain. Cette manip suffit généralement pour leur éviter l’essaimage.

« Saigner une colonie »

Cette pratique peut aussi être encore plus accentuée en ne prenant qu’un seul cadre de couvain ouvert avec ses abeilles dans la ruche à « haut risque d’essaimage ». Mais aller chercher dans une autre ruche un cadre de couvain fermé sans ses abeilles plus un cadre de miel pris n’importe où (sans abeilles). Prendre dans la ruche « à risque d’essaimage » des nourrices sur 5 cadres de couvain. Il faudra également retirer les cadres de rive pleins de miel  afin de donner à la reine des espaces pour pondre. Cette surveillance constante donne de bons résultats avec des reines de moins d’un an, bonnes pondeuses par définition.

Avec les Buckfast c’est une pratique à développer tant leur puissance de ponte est redoutable.

Coté réglementation

La mise en œuvre de la nouvelle gouvernance sanitaire devient de plus en plus comique. Les vétérinaires, du moins leurs représentants légitimes, acceptent de se voir déléguer des missions de service public pour la surveillance des risques sanitaires de catégorie 1 (Aethina tumida, Loque américaine, Nosémose, Tropilaelaps clareae). Le recrutement par leurs soins de Techniciens sanitaires apicoles (TSA) leur assurerait cette surveillance à moindre coût.

Mais quel serait le niveau de ces TSA ?

Les anciens Agents Sanitaires Aapicoles ? Bien âgés pour la plus part et en voie de disparition.

Les TSA formés par les groupements sanitaires départementaux pour les visites sanitaires des PSE (Programmes sanitaires d’Élevage art L5143-7 du Code de la Santé Publique)  ? Ils n’ont qu’une attestation de fin de formation après les 5 journées de cours.

Des étudiants ayant fait 2 années de biologie ? Aujourd’hui avec l’organisation universitaire en cycles de 3, 6, 9 années  pour avoir un diplôme en fin de cycle, des étudiants qui auraient 2 années seulement de biologie universitaire ne seraient pas allés au bout de leur premier cycle ?

Mais in fine qui paiera ? L’Etat ? Ou il est en cessation de paiement ou on nous raconte des crack. Les Conseils généraux ? C’est mal les connaître, surtout avec l’APA qui explose malgré les changements de barèmes. L’apiculteur  ? Avec une visite sanitaire plus onéreuse qu’un essaim tout neuf c’est mal connaitre le milieu. L’attachement de l’apiculteur à ses abeilles n’est pas symétrique de l’affection portée à un chat ! Ou alors c’est un psychopathe.

La technocratie en œuvre ce n’est que du bonheur Ubu + Courteline.

On comprend que l’État abandonne ses missions de surveillance et en revienne à ses fonctions régaliennes de productions des règles et de la sanction. Mais dans ce domaine où il n’existe aucune zoonose, où un système bénévole remplissait correctement les missions accompagnement des apiculteurs, où personne ne déclarait pratiquement aucune maladie, l’usine à gaz qui est proposée n’a qu’une vertu symbolique, mettre l’apiculture dans les mêmes schémas sanitaires organisationnels que les autres filières des animaux de rente.

Heureusement le comique ne tue pas.

Jean Riondet

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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