Mars, la fin de l’hiver approche

Avec le beau temps de ces derniers jours, le mois de février s’est affiché moins terrible qu’attendu. Pas assez mouillé pour le redémarrage de la nature, mais bien enneigé et agréable pour les vacanciers. Néanmoins février aura été marqué par un changement d’époque, la géopolitique nous ayant rappelé que la paix est une volonté à faire partager au delà des intérêts économiques, scientifiques, techniques ou relationnels.

Le pollen rentre à fond, les couvains sont repartis depuis un mois environ, on s’en aperçoit sur cette photo.

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Sur la photo de gauche, l’uniformité du couvain nous laisse à penser que la ponte de ce rayon date d’environ deux semaines alors que sur la photo de droite un espace vide de couvain fermé nous suggère qu’il y a du couvain ouvert au centre du rayon et que la reine effectue un second cycle de ponte. Ce rayon a été pondu pour la première fois il y a donc un mois environ.

En effet de l’œuf à la naissance de l’abeille il faut en principe 21 jours plus ou moins 1 voire 2 jours selon la température. L’alternance couronne de couvain ouvert / couvain operculé signifie l’ancienneté de la ponte en ce moment de l’année.

Ces photos de notre collègue F. Penin datent de la dernière semaine de février.

Sur notre façade méditerranéenne les hausses sont déjà là.

Le changement des plateaux de sol

Pour la plus part d’entre nous ce sera la première action à mener dans les ruchers. C’est tout à la fois une mesure prophylactique et un première source d’information sur l’état des lieux du cheptel.

Les plateaux peuvent être totalement propres signe d’une bonne vitalité de la colonie qui a procédé au nettoyage au fil des belles journées. Ces colonies sont à observer du point de vue hygiénique car si elles ne présentent pas de signe de maladie sur la durée ce sont des lignées à reproduire.

Un peu de  déchets est une situation « normale »  ce serait l’amas d’abeilles mortes qui pose question. Mortalité de maladie ou de vieillesse ? Nombre d’entre nous avons hiverné de vieilles abeilles tant les rentrées de nectar en fin de saison ont soir réduit les surfaces de couvain soit usé les abeilles par la transformation du nectar en miel. Qu’elles soient mortes en masse en janvier février est de ce fait une situation attendue.

Un tapis d’abeilles mortes, la colonie a disparu. Tout est possible, mais d’abord se demander si la faim n’a pas eu raison des abeilles. On s’en aperçoit si les rayons sont vides de miel et beaucoup d’abeilles sont enfoncées la tête la première dans les cellules. Cette situation n’est pas étrangère au fait d’avoir encore un peu de miel dans des rayons à l’opposé de l’endroit où se trouvent les abeilles mortes dans les cellules. Le groupe d’abeilles trop peu important n’a pu traverser l’espace froid entre le coté » où le miel a été consommé et l’opposé où il en restait encore.

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Beaucoup de colonies sont mortes du fait de varroa et des viroses associées. Ce sont des colonies vides d’abeilles et souvent sans couvain. L’apiculteur dit que ses colonies ont déserté. Non, en fait l’abeille en fin de vie va mourir dehors et les ruches sont totalement vides, surtout en absence de couvain qui n’a pas servi à fixer des abeilles pour le chauffer.

Lorsque l’on a des plateaux de sol avec de nombreuses abeilles mortes, il est intéressant de faire un comptage des varroas présents. On prend 30g (300 abeilles environ) ou 50g (500 abeilles environ) que l’on mélange avec de l’eau et du liquide vaisselle (très peu) après avoir secoué l’ensemble on le filtre dans un double filtre à miel, les abeilles restent dans le filtre à grosses mailles et les varroas sont sur le filtre du fond. Le détail de cette méthode et des conseils généraux sur les observations au trou de vol et sur les plateaux de sol via la fiche technique du service sanitaire de la Suisse : https://cutt.ly/OAhCrRo

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 On distingue, sur cette dernière photo, des cadavres momifiés. Lors de la visite de printemps une attention particulière sera portée à cette colonie dont la reine est âgée de 4 ans. Ce fut une excellente raceuse dont les descendances furent de qualité, est-ce l’âge qui rend sensible ses descendances à cette pathologie ou est-ce le plateau de sol mal placé qui provoqua un courant d’air ? A surveiller.

Il n’est pas rare non plus de trouver en ce moment des ruches atteintes de nosémose, Nosema apis, caractérisée par des déjections sous forme de langue sur les rayons, sur la tête des cadres sur le  devant de la ruche, sur le plateau de sol. Un seul traitement : brûler tous les cadres, partitions et couvertures diverses, désinfecter au chalumeau les parties bois qui doivent roussir sous l’effet de la flamme, la cire et la propolis se mettent à bouillir. Il faut brosser pour enlever les concrétions de cire et de propolis qui protègent les  formes résistantes des maladies puis les  javelliser. La javel est employée à la dose d’un litre additionné de 3l d’eau. Ce mélange s’utilise à froid, jamais à chaud, les pièces bien décapée doivent y tremper environ 30 minutes. Une déclaration aux services vétérinaires s’impose.

Si on dispose d’autant de  plateaux que de ruches faire cette opération va très vite surtout si on est 2 ou que l’on dispose d’un lève ruche.
Seul il faut un support supplémentaire posé à coté de la ruche, sur lequel on posera le corps, le temps de changer le plateau.

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                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Photo de Ruedi Ritter

La visite de printemps

Par une belle journée ensoleillée, chaude à 18°c, sans vent il est possible d’ouvrir les ruches et de refroidir le couvain !

Oui l’ouverture des ruches est une épreuve pour es abeillers qui régulent de manière constante la température et l’hygrométrie du nid à couvain. Ouvrir c’est perturber cet équilibre acquis à grand frais. Le couvain doit être à une température oscillant entre 34 et 36°c et notre inspection du couvain la fera tomber aux alentours de 20°c. Certains auteurs estiment à 600g la quantité de miel à consommer pour remonter le nid à couvain à la bonne température, d’autres estiment à 3 jours de faible activité le prix à payer pour la perturbation introduite par notre visite. Certes nous aimons nos abeilles mais nous sommes leur premier ennemi !

L’objectif de cette visite est de vérifier l’état des lieux en lien avec ce qui fut observé lors du changement des plateaux de sol. Avons-nous beaucoup d’abeilles ? Quelle est la surface du couvain ? le couvain ouvert est-il supérieur en surface au couvain? Quelles sont les réserves de miel ?

Le point de repère sera l’état des colonies à l’hivernage. Pour ceux qui pratiquent le resserrement et l’isolation des ruches avec les Partitions isolées haute performances de Marc Guillemain, ils devraient trouver entre les 2 PIHPgm, là où fut resserré le couvain en octobre, tous les cadres couverts de couvain. Normalement on trouvera environ 5 ou 6 cadres bien couverts de couvain.

Regrouper, équilibrer

Toutes les petites colonies qui se seront dépeuplées au cours de l’hiver  seront réunies avec des colonies plus riches en abeilles et dotées d’une jeune reine. Sauf à ce que la reine soit de qualité, auquel cas on lui apporter au fil des semaines un cadre de convaincu operculé. Ce cadre fournira rapidement un gros volume d’abeilles. Retenons qu’un cadre pondu « au carré »  fournit 2,5 cadres d’abeilles en surface occupée par ces nouvelles venues.

L’équilibrage des colonies est une solution également. Par exemple j’ai 3 colonies à 6 cadres de couvain et 3 avec seulement 3 ou 4 cadres,. Je réduit à 5 cadres les 3 plus fortes et j’ajoute un cadre à chacune des 3 autres. Ces cadres seront transférés sans leurs abeilles.

Cette pratique est à haut risque d’apporter les maladies du couvain avec ces cadres. Une solution moins risqué est de prendre dans les colonies les plus fortes des abeillers et de les verser dans le couvre cadre nourrisseur des ruches à renforcer.

Pour ce faire sortir 2 ou 3 cadres de couvain des ruches fortes, pulvériser dessus un peu d’eau parfumée, chercher la reine, si on la trouve la mettre dans une pince à reine, secouer ces cadres dans un toit de ruche, chercher la reine dans le reste de la colonie pour être certain de ne pas la transférer dans la ruche  renforcer. Verser les abeillers dans le couvre cadre nourrisseur à part égale entre les ruches à renforcer. Fermer le couvre cadre en ayant au préalable ouvert les passages des abeilles pour accéder au corps de ruche.

Gérer le risque d’essaimage

Avec 6 cadres de couvain à la première visite le risque d’essaimage est réel. Pour le limiter voici deux méthodes pour faire des essaims artificiels sans recherche de la reine. Les colonies que l’on fait essaimer doivent être très pourvues en abeilles, le couvain sera ouvert et fermé avec des œufs, le temps doit être au beau fixe durant plusieurs jours pour que le butinage soit régulier, Il faut que l’on voit des mâles voler l’après midi. Avec toutes ces conditions, les essaims artificiels réussissent presque toujours.

Méthode 1 faire un essaim au dessus du corps de ruche. C’est  la méthode décrite par H Guerriat dans son ouvrage « Être performant en apiculture » dont j’emprunte le schéma.

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Il faut un second corps de ruche et une grille à reine + des cadres bâtis ou cirés : prendre 2 cadre de couvain bien pondus et riches  en œufs et en couvain fermé. Enlever les abeilles, mettre ces 2 cadres dans le corps vide.

Remplacer les cadres enlevés par des cadres bâtis mis dans le nid à couvain, ou bien si ce sont des cires les mettre après le premier cadre de miel et pollen qui borde le nid à couvain.

Dans la ruche mettre 2 partitions isolées et réfléchissantes de types PIHPgm pour enchâsser ces 2 cadres de couvain  recouvrir d’un isobulle réfléchissant et d’un polystyrène de 4 cm pour parfaire l’isolation sous le toit.

24 h plus tard, enlever ce corps de ruche, le déposer délicatement sur un plateau de sol, déplacer la souche avec sa reine dans le ruche un peu à l’écart et poser à sa place l’essaim. Contrôler un mois plus tard la ponte de la nouvelle reine, ajouter peu à peu des cadres bâtis. Nourrir  en laissant dans le couvre cadre nourrisseur un pain de candi en continu. Le abeilles le consommeront autant que de besoin, le risque de pillage et quasiment nul ce qui ne serait le cas avec du sirop.

La jeune reine sera élevée à partir des cadres d’œufs de l’essaim sur 2 cadres. le risque d’essaimage est réduit pas totalement exclu, pour ce faire il suffit d’augmenter le nombre de  cadres de couvain dans l’essaim. Cependant plus on augmente le nombre des cadres dans l’essaim, moins la récolte de printemps sera abondante dans la souche.

Méthode 2  on fait presque la même chose, mais en inversant la position de la reine. Il faut le même matériel.

Prendre, sans leurs abeilles, 2 cadres de couvain ouvert / fermé / œufs + 2 cadres bâtis vides et 2 PIHPgm.

Mettre le tout dans un corps avec les PIHP qui enchâssent l’ensemble des 4 cadres.

Secouer tous les cadres de la souche dans ce corps, poser une grille à reine, et le corps de la socuhe par dessus.

24h plus tard, poser la souche, qui est orpheline, sur un plateau de sol et déplacer cet ensemble dans le rucher. Nourrir au candi.

L’essaim possède la reine, toutes les butineuses et des nourrices qui ont rejoint le couvain. Surveiller le développement qui peut être très rapide en ajoutant des cadres bâtis ou à bâtir, poser rapidement une hausse ce qui évitera le stockage du miel dans le corps ce qui n’est pas nécessaire en ce moment de l’année.

Ce système casse assurément le risque d’essaimage mais suppose que l’on secoue toutes les abeilles des cadres de couvain. Il faut que le temps soit chaud et très ensoleillé pour éviter une descente trop forte du couvain en température, ce qui produirait des abeilles de piètre qualité si leur nymphose en était affectée.

Un truc astucieux

Comment concevoir un chasse abeille mis à demeure au moment de la pose des hausses ?

https://www.youtube.com/watch?v=-ZQb73DnVj8

Les abeilles propolisant tout ce qui ne les intéresse pas, il est bon de faire marcher le système régulièrement pour décoller le mécanisme.

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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