Mars, le début de la saison

Les Lonicera fragrantissima sont terminés, les prunelliers également, le cornouiller mâle est en pleine floraison comme à l’accoutumé chez moi. On verra si, malgré des températures printanières en février les arbustes et arbres à fleurs mellifères gagneront en précocité. Nos colonies, elles, sont bien développées.

Cornouiller mâle

Surveiller les réserves

La fin de l’hiver est proche et l’arrivée du printemps calendaire est en cours, les abeilles accélèrent leur activité, tirant parti des abondantes floraisons pour butiner. Cette période cruciale nécessite une attention particulière. La surveillance des réserves de nourriture est primordiale, avec les phases chaudes de février, les couvains sont en pleine croissance donc il faut du sucre pour produire des calories. Le miel dans les corps est-il en suffisance ?

L’ajout de candi peut être indispensable pour éviter que les abeilles ne souffrent de faim, surtout si les réserves hivernales s’amenuisent plus vite que prévu. Ces alternances de périodes froides et chaudes raréfient ou accroissent le butinage et les réserves internes seront plus ou moins sollicitées.

C’est sur ce point que la vigilance doit s’exercer. Peser les ruches en ce moment a de l’intérêt pour observer les variations de poids. Une augmentation du poids même très légère est un signal positif pour comprendre que les surface de couvain s’accroissent et corrélativement les consommations de miel et de pollen, donc l’augmentation du poids indique un rapport butinage / consommation / stockage favorable.

A l’inverse une diminution du poids signifie un rapport butinage / consommation / stockage défavorable et un apport de candi protéiné enrichi en miel peut être nécessaire. Si vous fabriquez votre candi avec un sucre glace sans amidon (très important car l’amidon est indigeste pour les abeilles) ajoutez lui 15% de miel, de votre miel issu de colonies saines, sinon ce sera le meilleur vecteur de maladies dont les loques plus spécifiquement.

Une solution simple pour celui qui hésite et ne sait encore apprécier l’état des lieux par une simple pesée consiste à poser sur la tête des cadres un morceau de candi ordinaire et un morceau de candi protéiné. Vous serez surpris du chois des abeilles, pour leur donner de manière plus raisonnable, mettre dans un couvre cadre nourrisseur un pain ordinaire et un pain protéiné. Plus éloigné de la tête des cadres le candi sera consommés si les apports externes sont insuffisants et lorsque le butinage va bon train on observe la désertion de ces aliments. Certes cette pratique attire les critiques sur le risque de retrouver du sucre de betterave ou de canne dans le miel, en traces sans doute, mais à choisir entre la survie des colonies et un peu d’abus interventionniste chacun décidera.

A noter que l’apport régulier, hebdomadaire et limité, de sirop chaud produira un effet de stimulation qui nécessite une surveillance accrue car selon les dates des miellées, ce sera la famine ou l’essaimage dans les colonies les plus dynamiques. C’est une pratique qui suppose une bonne maitrise du suivi des colonies les erreurs se paient cash notamment par la disparition des colonies affamées.

L’eau joue également un rôle essentiel durant cette phase de reprise. Mettre à disposition des points d’eau tiède permet aux abeilles de s’hydrater sans risque de se noyer ou de se refroidir, favorisant ainsi leur activité. Ce besoin est d’autant plus important après un hiver modéré qui a permis une reprise précoce de la ponte de la reine suite à des rentrées de pollen constantes.

Bien ensoleillé et peint en noir, un abreuvoir proche du rucher attirera les abeilles mettre 2g de sel/l d’eau semble une bonne solution. Il a été montré que leurs apports en eau tiède dans les colonies sont plus importants que si l’eau est froide.

Parallèlement, c’est le temps de la préparation du matériel apicole.

1 – Prévoir le renouvellement de 2 cadres par corps de ruche, j’utilise des cadres à baguettes Vaysse ce qui nous évite avec mes collègues bien des préparatifs de montage des cires.

2 – Préparer autant de corps que de ruches de production à traiter en juillet par isolation de la reine pour provoquer une rupture de couvain et permettre une bonne efficacité du traitement à l’acide oxalique. nous reviendrons sur cette méthode très simple, parfaitement efficace mais qui suppose de pouvoir la mettre en œuvre tôt en juillet

3 – Préparer des Pihpettes pour hausses nécessaires pour l’effet cheminée chaude lors des récoltes de printemps

4 – Préparer des PIHP pour remplacer celles qui seraient détériorées

5 – En prévoir pour les Miniplus, pour les nucléi faits avec des cadres de hausses…

6 – poursuivre l’équipement des colonies de chaussures

La visite de printemps

Elle sera à faire dès que la journée sera aux alentours de 15°c bien ensoleillée et sans vent. Ce fut déjà possible dans le midi ce sera en fin de mois bien au nord. J’espère chez moi les commencer dans la 3° semaine de mars.

C’est la visite la plus importante elle doit nous indiquer où en sont les colonies dans leur développement et par comparaison entre elles identifier celles qui sont dynamique de celles qui claudiquent. On fera 3 catégories, les fortes, les moyennes et les nulles. C’est plus facile à dire qu’à faire mais prenons quelques critères qui seront d’autant plus aisés à observer que le nombre des ruches est conséquent.

Les colonies dynamiques seront celles qui ont un bon nombre de cadres de couvain bien serré et de belle surface. Les utilisateurs de ruches RBC verront que les surfaces de couvain seront d’autant plus grandes que la CH1 aura été mieux confinée.

Pour les mauvaises, rien n’est plus aisé que d’identifier les couvains malades, lacunaires, les colonies à effectif très faible… Pour les ruches intermédiaires, ce seront les autres !

A partir de ce classement il y aura des actions à prévoir,

1 – Supprimer toutes les colonies de 3° catégorie. Il n’y a aucun espoir de ramener en bonne santé des colonies trop faibles, chargées de bactéries et de virus, avec des reines âgées.

2 – Prévoir de réaliser systématiquement des essaims sur 1 cadre avec toutes les colonies fortes

3 – Élargir la CH1 lorsque la reine sera passée pondre dans la CH2

4 – sur les colonies moyennes, surveiller l’élargissement de la CH1 qui bien conduite limite le risque d’essaimage.

5 – Ajouter en CH2 les deux cadres à bâtir et si ce sont des cadres de type Vaysse, les mettre de chaque côté d’un cadre bâti, pour les cadres à jambage mettre les jambages dans le même sens sinon les rayons sont construits en travers.

6 – Resserrer les CH1 insuffisamment développées

Le webinaire du jeudi 28 mars porter sur la conduite des ruches RBC en début de saison. Il sera réservé aux seuls abonnés aux webinaires via l’inscription sur : https://jeanriondet.podia.com/acces-aux-12-webinaires-mensuels-de-jean-riondet-de-2024

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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