Mars les colonies explosent

14 Saule Marsault excellent pollen signe le début de la saison apicole.La morte saison s’est bien passée, eh oui !
Les mortalités hivernales n’ont pas été catastrophiques pour tous. Ici ou là des accidents graves se sont produits et nécessitent des analyses approfondies. Mais dans l’ensemble des traitements sérieux contre varroa et des nourrissements très systématiques nous donnent de très belles colonies maintenant.
On verra vraiment à la première ouverture de printemps l’état des lieux réel car je me suis contenté d’enlever les cadavres … je n’ai pas ouvert.
Contrairement à tous ceux qui dès 15°c ont été ouvrir et brament sur les réseaux sociaux que leurs colonies sont mortes ou belles, non je n’ai estimé la situation qu’en regardant au trou de vol et sur la tête des cadres lors de la pose des pains de candi, dont les derniers protéinés furent posés le 24 février.
Sous le plastique transparent on voit les superstructures de cire qu’elles construisent c’est un signe d’excellente santé; les colonies pillées ou moribondes se voient dès l’activité à l’entrée. Relisez « Au trou de vol » de Heinrich Storch (ed. Européennes Apicoles), il n’est pas cher et vous évitera bien des ouvertures inutiles pour les colonies.

Pourquoi ne pas ouvrir en sortant les cadres maintenant ce 1er mars ?
Il faut laisser le couvain au chaud. C’est central dans la conduite des colonies. Il a besoin de 35°c pour se développer. Un coup de froid et la nymphose s’arrête, elle reprendra partiellement par la suite avec la chaleur revenue.
Il fait beau, 15°c au soleil, le vent est faible, on ouvre, on sort les cadres et on regarde amoureusement le couvain operculé … il tombe en température à 25°c rapidement, combien de temps les abeilles mettront elles pour le remettre en température ?
Une nymphose ralentie produira des abeilles fragiles, affaiblies dès leur naissance. Il faut les laisser tranquilles, elles ont besoin de beaucoup de chaleur et elles en produisent très peu. Par contre, ne pas mégoter sur le candi pour les pousser à produire cette chaleur, si par hasard elles manquaient de miel. Cette année les récoltes tardives ont minoré leurs réserves.
Beaucoup de mortalités que j’ai pu constater chez des collègues sont liées à des traitements anti-varroa nuls (dans le lot de mes ruchers il y a des ruches que j’ai omises de traiter, elles sont toutes mortes) et à des famines.

Conduite de mars
L’important serait de ne rien faire, au moins on ne risque pas de provoquer à coup sûr l’essaimage.
Mais pour faire du miel sur les miellées de printemps, les plus importantes de l’année, il faut disposer d’un maximum de couvain fermé en début de miellée. Cette année il y a des chances pour que les colonies en soient pourvues, mais au cas où lors de la visite de printemps on n’en voit que sur 4 cadres, il sera bon de stimuler au sirop protéiné.
les apports seront de 250 ml de sirop tiède à 20% de sucre, 3 ou 4 fois par semaine selon les disponibilités de l’apiculteur. p 75 la mesure du sirop donné et la date du nourrissement seront notés sur la fiche de la colonie
Ce traitement est à opérer une voire deux fois. Stimuler durant 3 semaines (la fameuse règle des 40 jours), met les colonies en situation d’essaimage et suppose de la part de l’apiculteur d’une bonne maîtrise de sa prévention.
Le couvain qui s’en suivra sera fermé dans les 15 jours.
Pour être au top d’une première miellée fin avril, ces stimulations sont à faire fin mars début avril.
Avoir en tête que, pour contrecarrer l’essaimage, il faut faire construire de nombreux cadres, c’est une bonne approche. On y reviendra en avril.

Varroa
Surveiller le niveau de l’infestation est nécessaire, le procédé développé à l’aide du système Easy Check de Veto-pharma est une bonne solution. Moins complexe au final que le comptage quotidien et le test sur lange graissé.
http://www.veto-pharma.fr/produits/lutte-contre-varroa/varroa-easycheck/
Et surtout, si le besoin apparaît, traiter les colonies avant la pose des hausses. Vos Groupements de défense sanitaire pourront vous orienter sur les méthodes.

Lors de la première visite, mettez deux cadres de hausse bâties au ras du nid à couvain, la reine viendra y pondre et les abeilles construiront en dessous un rayon souvent riche en cellules de mâles. Une fois pondue et operculée, cette partie sera découpée puis détruite. On peut répéter l’opération toutes les troissemaines, la seule limite sera la présence des hausses, lourdes à manier.
En procédant ainsi on évacuerait jusqu’à 25% des varroas, ce qui est considérable à l’échelle d’une colonie. Cette pratique dite bio-technique a un autre avantage, si on fond la cire pour la récupérer, celle-ci est particulièrement pure.

Comment faire en une saison 6 ruchettes avec une seule à partir de mars ?

Mettre en mars dans une ruchette 6 cadres, une colonie de 2016 hivernée sur 5/6 cadres
Piloter le nourrissage pour arriver début avril à ce que les 6 cadres soient porteurs de couvain.
A ce moment là poser sur cette ruchette une autre ruchette 6 cadres
Ces deux ruchettes font l’équivalent d’une ruche 12 cadres en hauteur
le principe est de mettre en haut 3 cadres de couvain fermé puis compléter en haut et en bas par des cires. Nourrir.

Pour bien comprendre: les 6 cadres du bas sont répartis en 2×3, 3 de couvain ouvert en bas (il a besoin de moins de chaleur) et 3 de couvain le fermé le plus possible en haut (il a besoin de beaucoup de chaleur) on complète de 6 cadres cirés.
Nourrir de 6 l de sirop à 20% de sucre. Ce % stimule la ponte de la reine.

Lorsque tout est bâti et pondu (quitte à retirer des cadres de miel si elles ont stocké du miel ou sirop au lieu d’y mettre du couvain),
on sépare le haut du bas (que l’on pose sur un plateau de sol),
on l’éloigne de plusieurs km et on y met une reine (elle ne doit pas s’y trouver)ou on laisse le couvain ouvert en faire une ou on met une CR prête à naitre.
Si la reine est en haut, on laisse sur place cet élément et on déplace le bas qui sera l’orphelin.
Veiller à ce que dans le corps déplacé il y ait des abeilles, nourrir puisqu’il va manquer de butineuses. Le suivre comme un essaim artificiel.
On recommence avec le corps du bas qui est resté en place et qui bénéficie des butineuses.
Le cycle est de 3 à 4 semaines.

Ce système marche d’autant mieux que l’on dispose de reines d’élevage ou de CR à mettre dans les ruchettes orphelines. On gagne a minima 3 semaines dans le développement de la nouvelle colonie, avec un risque d’échec très abaissé.
Si on démarre début avril avec un temps favorable on arrive à produire un essaim par mois jusqu’au début de septembre soit 5 essaims à partir de la ruchette avec une reine 2016.
Avec de l’expérience et une année propice sur des cycles de 3 semaines on arrive à en faire 6.
La surveillance du nourrissement et du stockage est stratégique pour éviter la famine et l’encombrement du nid à couvain par du nectar. Il faut pousser la production d’abeilles et non celui du miel. Le moment critique du stockage est en avril/mai celui de la famine en été juillet/aout mais selon les régions en juin également!
Traiter avec des lanières chaque essaim lorsque les reines sont en ponte.

Fiches FNOSAD
La FNOSAD (Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales) qui fait un travail remarquable au service des apiculteurs. Elle a produit des fiches techniques sur les maladies des abeilles et les modalités d’usage des médicaments contre le varroa (seuls médicaments autorisés).
https://fnosad.apiservices.biz/fiches-pratiques-a-telecharger
La FNOSAD nous fournit des modes d’emploi, des conseils sur l’efficacité des traitements des protocoles, bref, de la connaissance… les apiculteurs amateurs manquent cruellement de compétences et de connaissances.
La revue « La santé de l’abeille » est une des meilleures source d’information sur les pratiques apicoles en phase avec la bonne santé des abeilles. Je ne peux que vous conseiller de vous y abonner. Elle parait tous les deux mois, ses informations sont contrôlées et de qualité.
Manqueront à l’appel les méthodes de traitement contre varroa à basse des acides, hormis le dégouttement d’acide oxalique seul autorisé. Et encore avec une préparation vendue exceptionnellement chère !
La sublimation, l’emploi de l’acide formique sont interdit d’exposé car ces produits ne disposent pas d’autorisation en apiculture. Ils ne sont pas onéreux.
Il est regrettable qu’une application restrictive de la réglementation en la matière nous empêche de développer des méthodes de traitement contre varroa qui sont parfaitement protocolisées en Suisse par exemple et qui de plus relèvent de méthodes dites « bio ». De ce point de vue c’est l’intérêt de certains qui est défendu et à l’évidence pas celui des apiculteurs.
Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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