Novembre le froid s’installe

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Paré pour l’hiver

Cette année le froid arrive vite, s’il pouvait être intense et parfois un peu long dans nos plaines chaudes, cela limiterait les parasites, les guêpes et frelons de tous genres. Le sol gelé sur 5 à 10 cm permet de détruire nombre de parasites qui font des nymphoses et des hivernages dans le sol.

Cela permettrait également des arrêts de pontes suffisants pour nous permettre de réaliser des traitements à l’acide oxalique avec toute leur efficacité. On les réalise trop généralement au mauvais moment car nous n’osons ouvrir des ruches dans le froid pour estimer cet état. Disloquer une grappe et la mettre à l’air en période de grande froidure c’est la condamner à mort. Ce qui n’est pas le cas lorsque nos ancêtres brouettaient les ruches panier !

Poser la ruche panier avec sa planche ou sa lauze sur une brouette et lui faire faire le tour du jardin en février c’était secouer la grappe, la faire tomber sur la sole du panier. Une fois au repos elle se reconstituait dans cet univers tiède et se mettait à consommer moult miel pour se réchauffer. Les abeilles trop nourries produisaient de la gelée royale ce qui relançait la ponte de la reine et donnait des colonies aptes à récolter plus tôt.

Au rucher

Outre l’entretien, il faut peser les ruches pour suivre leur évolution dans les mois à venir. Peu importe leur poids seule la variation nous intéresse. Donc l’exactitude de la mesure d’une ruche à l’autre a une relative importance.

Une grosse vis au centre arrière du corps de ruche ou du plateau de sol permet d’y accrocher un peson, on soulève la ruche avec le peson et le poids indiqué sera noté. Si toutes les ruches sont identiques, posées sur le support au même endroit du plateau de sol, la mesure entre les ruches indique les différences de leur état. Si vous avez noté lors de la visite d’hivernage en octobre le nombre de cadre de miel présent dans la colonie vous aurez une idée des réserves disponibles.

Une diminution de 500 g par mois correspond à peu près à 1 k de miel consommé. Un cadre de corps parfaitement plein (ils le sont rarement !) contient entre 3 et 4 k de miel. Or pour passer l’hiver (jusqu’à fin mars) une ruche Dadant à 10 cadres a besoin de 6 cadres de miel. Jusqu’à mi janvier le miel consommé sert uniquement à chauffer la grappe, dès l’apparition du couvain il faut que les abeilles nourrissent les larves et chauffent fortement les surfaces de couvain en cours de nymphose, donc la consommation de miel monte en flèche. Elle va plus que doubler.

Selon la taille de la colonie la consommation sera très variable. Sur les grosse populations elle sera de 1 k par mois à la période automnale jusqu’à mi janvier puis au moins du double à partir de cette période hivernale. Nos hivernages sur des demies colonies consomment en réalité davantage de miel car les populations plus petites ont plus de mal à tenir la chaleur et la consommation s’en ressent d’où la nécessité de nourrir au candi tôt en saison par précaution.

Le peson

Il existe bien des modèles des plus rustiques aux plus sophistiqués. Donc des moins chers aux plus onéreux, mais aussi des plus efficaces aux plus illisibles ou fragiles.

Les pèse-bagages électroniques sont agréables à utiliser de quelques euros sur internet mais souvent peu durables, pas chers, leur électronique reste parfois très fragile. Ne pas oublier d’avoir des piles neuves sous la main car c’est le point faible de ces outils, l’énergie !

A ressort, le modèle avec un grand cadran est confortable, onéreux, efficace, lire les graduations en Kilos et non en Lb… A récuser le modèle en cuivre très brillant chez le commerçant, illisible sur le terrain. L’échelle s’étend sur 15 cm, la position de l’aiguille sur les graduations est difficile à apprécier correctement. Un modèle comme celui-ci avec une très longue échelle est plutôt confortable. Les modèles mécaniques sont toujours coûteux, mais on ne risque pas la panne électrique ou électronique et des décennies plus tard ils sont encore d’active.

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Naissance du GASAR

Après un conflit digne d’une querelle de bac à sable dans un EHPAD, nous avons été un certain nombre à être exclus du Syndicat d’apiculture du Rhône, dont un jeune professionnel.

Nous avons créé une association le Groupement d’Action Sanitaire apicole du Rhône pour développer des actions de formation et  d’information auprès des apiculteurs en recherche d’amélioration de leurs compétences.

Notre principe est un partage d’expériences. Par ce partage d’expériences nous visons une meilleure survie hivernales de nos colonies, des productions plus au rendez-vous, des choix plus opportuns de lignées d’abeilles pour s’adapter aux conditions climatiques contemporaines, des essais de matériel, le traitement de la cire d’opercule…

Par ricochet j’ai été remercié de la revue Abeilles et Fleurs après 17 années de saine et loyale coopération. Je vous livre donc le courrier des lecteurs d’octobre qui ne fut pas publié à l’occasion du congrès. D’ailleurs vous vous reconnaitrez puisque l’essentiel des questions auxquelles j’ai répondues toutes ces années sont issues de vos interpellations sur ce site !

Le courrier des lecteurs

Jean Luc M. 40600 Biscarosse

La roténone, insecticide naturel extrait d’une légumineuse, est-elle toxique pour les abeilles ?

La roténone du commerce est en général un insecticide de synthèse copie de l’extrait de sa source naturelle. A dose faible ce produit n’est pas très toxique pour les abeilles (tous les insecticides sont toxiques pour les abeilles, ce sont des insectes !). Ce produit considéré peu dangereux pour l’environnement est estimé très dangereux pour l’utilisateur et interdit depuis 2009, il bénéficiât d’une tolérance en bio jusqu’en 2011.

C’est un excellent produit contre varroa du point de vue coût/efficacité, il fut largement utilisé, mais c’est un produit soupçonné de favoriser le déclenchement de la maladie de Parkinson. Il a été interdit de ce fait.

Pierre C. 63

En posant une grille d’entrée à pollen et si par mégarde une nouvelle reine naît, l’ancienne reine est-elle tuée par la nouvelle ou est-ce le contraire ?  Deux reines peuvent-elles coexister pendant 2-3 jours, le temps de retirer la grille à pollen et de permettre un essaimage et la fécondation de la nouvelle reine ?

Oui il est possible que deux reines cohabitent quelque temps, c’est un phénomène connu mais on n’a que très rarement constaté de gain évident à cette cohabitation que l’on a tenté parfois de faire durer. On aurait pu penser que le volume de la population augmenterait fortement or il n’en est rien semble-t-il.

Pour ce qui est de la trappe à pollen tout dépend des modèles. Certains sont conçus pour permettre l’essaimage s’il devait se produire, d’autres possèdent des passages pour les mâles que les reines peuvent également utiliser, d’autres ont des grilles avec des perforations telles qu’une reine vierge ou en arrêt de ponte peut passer.

Rosa L. 87

J’ai deux ruches sans hausse mais le corps et plein du miel et comme je suis débutante en apiculture je veux savoir comment récolter ce miel car j’ai peur de l’agressivité des abeilles

Laissez ce miel à vos abeilles, le miel des corps a souvent été stocké dans des cadres ayant contenu du couvain et tous les déchets qui vont avec. Pour garantir une qualité maximale au miel il n’est pas conseillé de l’extraire.

Si vous souhaitez extraire ce miel, vu la taille des cadres de corps Dadant, le seul extracteur de petite dimension qui permette de les traiter est un modèle en tangentiel.

Si les abeilles sont agressives, pour sortir les cadres de miel du corps, enfumer un peu l’entrée, enlever le couvre cadre, recouvrir la ruche d’une toile en ne laissant à découvert que le cadre de rive, l’enlever délicatement, le secouer sur l’avant de la ruche, le ranger dans une ruche vide bien fermée, déplacer la toile sur le cadre suivant puis enlever ce cadre et ainsi de suite jusqu’au cadre de miel et pollen qui indique l’emplacement du nid à couvain. Faire de même de l’autre côté. En procédant ainsi on évite de développer l’agressivité de la colonie et de trop enfumer ce qui donne un goût de saucisse fumée au miel…

Véronique P. 06

Je voudrai savoir comment nourrir mes ruches pour l’automne. J’ai vu que certains conseillaient un nourrissage au candi à l’automne et le sirop pour le printemps.

On nourrit les abeilles dans trois circonstance, pour stimuler la ponte de la reine, pour leur donner à manger en cas de famine, ou pour faire les provisions de la morte saison.

Pour la famine de fin août cette année on a utilisé des sirops « légers » de densité en sucre proche du nectar pour apporter eau et sucre (environ 30 % de sucre dans l’eau).

Pour faire des stocks après notre prédation de leurs réserves hivernales (appelée récolte) nous avons donné jusqu’en fin de septembre des sirops 2/3 sucre, 1/3 d’eau pour leur éviter de trop avoir à concentrer le sucre qui est un énorme travail pour elles.

Le sirop léger simule une miellée et stimule par là même la ponte de la reine, cet objectif peut être visé à tout moment de la saison apicole.

Les sirops de stockage font énormément travailler les abeilles ; elles vieillissent très vite. Une fois les stocks estimés suffisants, on partitionne au plus vite la ruche pour faire cesser la poursuite du stockage afin de préserver la santé des jeunes abeilles, elles seront des abeilles d’hiver aptes à passer le mauvaise période.

Sirop ou candi ?
Le sirop n’est pris que si les abeilles ont chaud, donc tant que la température externe est au-dessus de 13°c la nuit, le sirop dans les nourrisseurs couvre cadre peut être pris et donc redistribué entre les abeilles.
En dessous de 13°c la nuit, ce sera du candi. Le candi est très peu stocké, il remplace le miel des rayons autant que nécessaire et peut être donné à tout moment si les besoins en apports sont importants. En 2014 pour éviter de donner du sirop toutes les semaines, des professionnels ont donné du candi dès le mois d’août. Plus généralement c’est la nourriture hivernale.

Jean Riondet

 

 

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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