Novembre : On peaufine la lutte contre le varroa

Webinaire de jeudi 6 novembre 2025 à 20h30 avec Yves Darricau sur le thème :

Le pollen pilote de La ponte de la reine, les déficits estivaux et les plantations mellifère

https://us02web.zoom.us/j/82026497582?pwd=N8IxQHLIXzphOQBEScSNViiNcdzf2H.1

On entre dans la période de fraicheurs de plus en plus intenses et de moindres rentrées de pollen. La ponte de la reine déjà bien réduite voire parfois stoppée dès la mi-octobre va cesser dans la plupart des colonies mais pas nécessairement chez toutes. Et c’est bien là le problème !

Dès que j’ai repéré des colonies en absence de ponte en octobre lors de visites d’encagement des reines j’ai immédiatement traité ces colonies. D’autres avaient encore de très larges surfaces de couvain ce qui ne m’a guère étonné vu que j’ai eu deux grands types de lignées des Buckfast et des Carnica les deux étaient très sélectionnées. Le résultat est que l’on retrouve dans les descendances des situations parfois bien tranchées. Avec les Carnica l’hivernage se fait tôt et les réserves autour du couvain sont abondantes, ce qui est l’inverse chez les Buckfast qui produisent du couvain tant que rentre du pollen. C’est tout à fait visible les automnes où des cultures piège à nitrates sont en fleurs entre octobre et décembre s’il ne gèle pas ce qui me vaut des couvain très tardifs. Mes ruchers cette année ne bénéficient pas de CIPAN et les rentrées de pollen ont vraiment chuté.

J’ai encagé les grosses populations, c’est à dire les colonies qui sont destinées à la production de miel dès le printemps. Je n’ai pas encagé les reines dont la population ne recouvrait que 2 cadres, ce sont en général des essaims tardifs ou de bonnes reines de 2023 que je conserve pour en faire des raceuses en 2026. Un arrêt de ponte en ce moment alors que les populations ne sont pas pléthoriques et un traitement dans un mois environ à l’acide oxalique risque de provoquer plus de dégâts que de bénéfices. Elles on eu droit à un traitement avec une molécule de synthèse durant 12 semaines.

couvain mi septembre

Il y a un mois les colonies étaient généralement dotées de beaux cadres de couvain avec des couronnes de miel n’excédant pas 1/3 de la surface, le 31 octobre le couvain a quasiment disparu, au plus nous avons vu l’équivalent d’une main de couvain fermé et plus de couvain ouvert, d’œufs. C’est tout ce qui reste. Donc, à la rigueur, dans une semaine le traitement contre varroa peut être appliqué et l’encagement ne se justifie pas. Traitant par sublimation d’acide oxalique, il n’y a pas de risque de relance de la ponte de la reine comme ce peut être le cas avec le dégouttement dont le sirop de sucre stimule la production de gelée royale.

Les colonies dont la reine est encagée seront traitées au décagement fin novembre lors de journées ensoleillées, propices pour ouvrir brièvement les colonies et fumer la colonie au gaz d’acide oxalique. Cette opération peut durer jusqu’en décembre selon les conditions météo.

J’observe que depuis deux années de ce type de traitement nos colonies sont en très bonne forme, les mesures par comptage au CO2 confirment une faible infestation et surtout les couvains fermés sont bombés, serrés signe de leur bonne vitalité. Ces signes sont ceux que le frère Adam, le célèbre créateur de l’abeille Buckfast, retenait pour qualifier la qualité des reines qu’il produisait.

Le frelon

En certains endroits il fait régner la terreur parmi les apiculteurs. Chez nous pas trop, est-ce le piégeage important du printemps qui a porté ses fruits ? Les thuriféraires de la lutte médiatique affirment qu’il y a un lien de cause à effet, j’espère qu’ils ont raison et nous verrons dans les années à venir ce qu’il en sera. Mais pour l’heure, les pièges qui ont bien marché ont été le piège Beevital, qui malheureusement impose de mettre sans cesse du sirop dans les entrées pour maintenir l’attractivité qui baisse lorsque le sirop sèche, un petit piège Good 4 Bees malheureusement la prison des frelons est trop petite et vider cet espace où s’agitent des frelons nécessite de placer cette partie au congélateur une nuit pour calmer les bestiaux avant de vider le bol et de griller les frelons au chalumeau sinon une bonne partie se réveille et repart.

Surtout ce qui s’est révélé un truc d’enfer, c’est la nasse dite coréenne dont le montage est particulièrement bien expliqué par Fred Soulat sur Youtube, dit fred l’apiculteur. Avec du grillage à maille carrée de 6,3mm les frelons sont pris au piège et les abeilles se sauvent sans problème. Ce piège revient à 10€.

1h après l’installation dans le rucher des frelons sont rentrés, une semaine après il y en a 10 cm dans le fond du piège. Il n’est pas sélectif vis à vis des vespa Crabro ce qui n’aurait guère d’importance maintenant, ce qui n’est pas vrai au printemps lors du vol des femelles fondatrices des nids et fait récuser ce piège pour les piégeages en avril et mai.
Le grillage est vendu en hauteur d’1m, l’astuce pour optimiser la surface est de couper une longueur de 125 cm et d’en réduire la hauteur de 40cm. Dans ce morceau de 40 cm x 125cm on découpe un demi cercle de 40cm de rayon qui servira à faire le cône d’environ 38cm de circonférence sur lequel sera « cousu » le tube. La chute résiduelle permet de faire le chapeau. L’ajout d’une plaque de plexiglas sur le chapeau évite un remplissage trop rapide de la gamelle de l’appât par de l’eau de pluie.

Peser

C’est la meilleure manière de suivre les colonies à moindre coût, un complément sont les sondes de température mais le cout est conséquent entre 50 et 80 € par colonie. Ces indicateurs sont de bons outils pour intervenir à bon escient. En janvier / février, mois à risque, le poids comparé à celui d’octobre donne une excellente appréciation de l’évolution des réserves. Pour que ces indicateurs prennent sens il est judicieux de noter lors de la mise en hivernage et lors des visites de fin de saison les surfaces de miel observées dans les ruches. Sachant qu’un cadre de miel au carré fait environ 4 kg on appréciera le poids de miel disponible au cours de l’hiver et son évolution alertera lorsque entre la moitié et les 3/4 du miel auront disparu.

Déclarer ses ruches

C’est une obligation qui aide le Ministère de l’agriculture pour obtenir des subventions de l’Europe source des financements de Interapi, ITSAP, ADA, OMAA etc. ça ne coute rien, ça n’a pas d’incidence fiscale ou sociale, parfois en cas de traitements insecticides imposés par l’administration les apiculteurs des zones concernées sont avertis des jours et heures de traitements.

https://agriculture.gouv.fr/la-declaration-de-ruches-du-1er-septembre-au-31-decembre

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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