Octobre 2009 Comptage des varoas, traitements et … Apimondia

L’hivernage se prépare aussi du coté des soins médicamenteux. Le varroa mal pris en compte risque de passer un excellent hiver sur les abeilles. Son développement au printemps sera une catstrophe pour la dynamique des colonies. Il faut avoir de jeunes reines sans doute mais des colonies peu infestées, c’est certain. APimondia, le plus grand rassemblement des apiculteurs du monde entier à Montpellier fut une réussite.

Comptage des varroas

Plusieurs méthodes sont possibles, celle qui a ma préférence est celle décrite par Jean Marie Cantin sur le site de Gilles Ratia. http://www.apiservices.com/rfa/articles/comptage_varroas.htm Elle est assez simple à mettre en oeuvre car on ne va qu’une seule fois au rucher. On lui reprochera de sacrifier entre 200 et 300 abeilles, soit.

Le traitement qui sera fait maintenant est à base des lanières d’Apistan ou d’Apivar selon les préconisations de votre GDSA, car ces produits n’ont pas la même efficacité partout.

Traiter est indispensable, mais attention aux bricolages préconisés ici ou là, leur efficacité est non contrôlée, la dynamique des populations d’abeilles au printemps est telle que, si vous avez de jeunes reines et une météo favorable, vos populations se développeront et vous aurez l’impression que tout va bien.
Or, il n’en sera rien, vous aurez des populations affaiblies par des mortalités excessives, des abeilles à durée de vie trop courte du fait de leurs corps gras détériorés par les prélèvement de protéïnes par le Varroa, bref tous les ingrédients d’une population mal en point, mais ce n’est pas absolument visible.
La récolte faiblarde, des mortalités en cours d’été et vous vous poserez des questions insolubles sur l’origine de cette situation. Il faut donc maîtriser le danger Varroa, bien contrôlé, une partie du chemin est fait, le reste nous échappe à notre niveau individuel.

Un comptage de varroa mal fait et vous en déduirez que vos colonies ne sont pas infestées.

Il n’en est rien, le varroa détruit inexorablement les ruchers, il est très résistant, sa durée de vie atteint une centaine de jours, il se reproduit 2,5 fois plus vite que l’abeille et sur ses larves. Dès le stade larvaire, l’abeille est affaiblie par ce parasite. Les travaux en cours de l’INRA (équipe d’Yves Le Conte) montrent que des colonies arrivent à survivre avec varroa, mais au prix d’une division par deux de leur production de miel comparée à des colonies correctement traitées.

Autant dire que dans le contexte actuel d’une présence constante de produits chimiques et une gestion de l’environnement trop défavorable aux fleurs, les colonies non traitées qui arriveraient à survivre malgré varroa ne peuvent fournir aucun miel à l’apiculteur.

Il s’agit donc de trouver le meilleur compromis entre la nécessité de traiter et le risque de retrouver des résidus des produits chimiques dans le miel. Pour cela il est conseillé de traiter fortement entre juillet et décembre, donc hors miellées, puis de ne plus traiter par la suite jusqu’à la récolte du miel. Par contre toutes les colonies qui ne feront pas l’objet de récolte de miel seront traitées dès le printemps avec contrôle de l’infestation.

Les taitements depuis juillet font baisser la densité des varroas dans les colonies sans faire disparaître l’acarien puisque des femelles arrivent toujours à se glisser dans les cellules de couvain et à s’y reproduire échappant au traitement. Le traitement de décembre à l’acide oxalique se faisant hors période de couvain, les abeilles sont alors fortement débarassées des varroas sans que l’on puisse jamais affirmer qu’il n’y en ait plus.

La variation sur les produits vise à éviter des quantités trop importantes de molécules chimiques rémanentes dans les ruches et au risque d’accoutumance chez les acariens.

Apimondia

Ce fut une très belle manifestation où chercheurs, professionnels, amateurs, passionnés trouvèrent matière à leur curiosité.
Le nombre des visiteurs dépassa ce qui était attendu, il semblerait que ce soit au minimum 12 000 personnes qui se sont rendues sur la manifestation. Le temps fut au rendez-vous, les bars de l’avenue devant le palais des congrès mettaient plus d’une heure pour servir … des sandwichs.

Les conférences furent nombreuses, trop nombreuses, jusqu’à 3 conférences en parallèle, la traduction simultannée était assurée dans deux amphithéatres, les présentations bien calibrées du point de vue du temps. Tous les sujets étaient attractifs.

N’ayant pu assiter à tout, ma mémoire ne retient que ce que mes centres d’intérêt m’avaient fait choisir. De fort je retiendrai que l’effondrement des colonies s’il est reconnu partout actuellement ne fait pas l’objet des mêmes analyses.
Les causes sont nombreuses et leur hiérarchie variable. Variables en fonction des moyens d’action que chacun peut mettre en oeuvre pour lutter contre tel ou tel facteur, mais aussi en fonction de ses moyens pour développer des travaux d’analyses scientifiques extrèmement complexes à mettre en oeuvre.


Mais certains facteurs prédominent dans les analyses, l’appauvrissement de l’environnement floral, la pression constante des pesticides et insecticides recyclés par les plantations successives en un même lieu, la pression du varroa qui affaiblit de manière constante les populations et qui permet le développement de pathologies virales et bactériennes.

Les gouvernements ont été largement pointés du doigt car soumis aux lobbies agrochimiques ils privilégient la logique financière, celle des rendements à court terme au détriment de la protection des sols, au détriment des insectes dits utiles, voire même au détriment de la santé humaine du fait d’une absenbce de recherche causale entre développement des cancers ou des maladies neurodégénratives et l’usage de ces produits pesticides.

A remarquer la présence de représentants de l’AFSSA qui ont présenté de manière claire et sans langue de bois la manière dont leurs travaux ont été conduits. Chacun a pu apprécier leur présence face à un public pas vraiment acquis à leur argumentaire. Mais au moins les termes du débat étaient clairement posés.

Mais il semblerait que ce soit la santé humaine qui puisse, via l’opinion publique, faire bouger les choses. Le risque médiatique serait, pour les politiques, un risque non négligeable.

Un bel exemple des controverses chercheurs / praticiens nous a été donné avec deux conférences et un film magnifique sur les chasseurs de miel en Malaysie.

Les travaux de recherche sur la disparition d’Apis Cerana montrent que les chasseurs de miel exercent une pression trop forte sur les colonies naturelles et qu’une régulation doit intervenir.
Un autre chercheur montre que cette prédation qui date des temps préhistorique n’est à peine plus forte qu’auparavant et que s’il est d’accord sur la distribution de permis de chasse, comme la pratique s’en met en place progressivement, il ne faut pas ignorer l’impact de la déforestation massive qui réduit les espaces de développement des colonies d’Apis Cerana.

Il lui faut des arbres où implanter ses rayons, mais il lui faut aussi un environnement alimentaire suffisant. Certains arbres pouvant supporter 1 tonne de miel, la ressource en nectar doit être conséquente, ce que la réduction de la forêt ne permet plus.

Les travaux sur les phéromones se poursuivent, sur la communication entre les abeilles, sur leurs formes de mémorisation… bien des domaines où les applications peuvent aider les apiculteurs à maitriser l’essaimage, à améliorer les conditions d’exploitation.
Manque tout de même des travaux français sur l’exploitation apicole. Seules informations intéressantes, le développement des techniques de géolocalisation des floraisons par cartographies aériennes (satellitaires), ou par pesée des ruches et suivi météo locale.

Dernier venu sur l’offre de suivi à distance des miellées par pesée des ruches, Michel Bocquet auteur connu par son ouvrage sur le nourrissement, qui propose un accompagnement intéressant aux professionnels qui achètent son matériel de manière à en performer l’usage et à en faire évoluer les caractéristiques.

Amoureux d’histoire, je ne peux ignorer l’association Apistoria,
http://www.apistoria.org/
pilotée par des passionnés, passionnants, qui m’ont indiqué que les dépopulations massives d’abeilles sont mentionnées assez régulièrement dans le passé. Puisqu’aujourd’hui nous sommes dans la mesure, nos propos en la matière friseraient la démesure… Leurs publications sont fort instructives et leur futur congrès aura lieu dans le Doubs en octobre 2010, vous y êtes invités.

La Chine avait plusieurs stands, leur gelée royale lyophilisée était blanche comme la … neige, orangée lorsqu’ils y avaient laissées les larves conformément à leur tradition médicinale, l’un de leurs exposant propose un appareil d’insémination artificielle de reine équipé d’une caméra ccd et d’un petit écran de contrôle, qui remplace avantageusement la loupe binoculaire.

Les pays de l’Est européen étaient nombreux avec des matériels bien classiques mais parfois innovants comme un extracteur où les cadres sont posés à plat. Au lieu d’être haut, l’extracteur est bas mais large, il est de ce fait moins soumis à vibrations. Les Hongrois ont présenté un système de ruche avec des rayons en plastique ronds et une technique d’élevage associée visant le moindre essaimage (www.anivet.hu). Pour les passionnés de Lego, les ruches d’une société turque en plastique, transformables, pour production de miel, de reines, d’essaims … bref ces innombrables innovations tout juste bonnes pour vendre.

Mais j’ai tout de même révé devant le chariot élévateur Apilift (www.apilift.de) de petite dimension adapté aux petites exploitations qui, avec une puissante perçeuse à batterie, permet de manipuler sans douleurs vertébrales, dans les ruchers carrossables, hausses et corps de ruche de manière efficace. Le prix puissant lui aussi, reste dissuasif d’autant que pour être un peu performant il faut acquérir les batteries les plus puissantes du marché des perçeuses sans fil c’est à dire les marques haut de gamme. Mais l’Apilift m’a enchanté.

Au rayon des accessoires toxiques, les multiples appareils à diffuser des produits chimiques dans les ruches sans doute plus efficace pour la mutuelle retraite de l’apiculteur que pour detruire les varroas, et ceci bien qu’un masque soit vendu avec l’appareil lorsque le vendeur osait évoquer la santé de l’apiculteur. Les prix de ces exposants bénéficiants de main d’oeuvre et de taux de change favorables faisaient grincer bien des dents.
Les exposants furent nombreux, pas assez sans doute pour l’équilibre financier de cette manifestation.

Enfin les Polonais avaient apporté une magnifique exposition de statues monumentales de St Ambroise sculptées dans des troncs d’arbre peints. Le soleil sur l’esplanade du palais des congrès donnait à ces statues un éclat particulier.

Apimondia fut une belle réussite, il n’y aura rien à regretter.

Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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