Octobre 2011 – Les abeilles ont encore faim !

La faim continue. Depuis cet été les apports en nectar furent très variables d’une zone à l’autre. Là où l’humidité fut présente, le nectar a coulé de manière quasi ininterrompue, la chaleur a produit des fleurs en quantité. Ailleurs les abeilles ont mangé leurs réserves pour partie. Ceux qui ont nourri après les récoltes d’un sirop 50/50 entre aout et septembre ont de magnifiques colonies. Quoi qu’il en soit, surveiller l’état de leurs réserves devient impératif.

faire le bilan des réserves.

Des colonies blindées comme l’on dit couramment se retrouvent à perdre du poids depuis un mois. la surveillance des réserves s’impose. Mais pire, le couvain semble s’effondrer. Les reines peu nourries n’ont plus pondu. On peut craindre le pire cet hiver s’il s’avérait long et rigoureux. Alors il faut, a minima, relancer la ponte de la reine avant que le froid n’arrive. Mais arrêter ce nourrissement dès les premiers froids


Peser les colonies et si une visite est possible, vérifier l’état du couvain. Que faire si les plaques de couvain sont très petites, sans miel autour ou peu ? Doit-on nourrir pour relancer la ponte de la reine, nourrir pour faire des réserves ?

Ne pas vouloir faire faire des réserves actuellement. On risquerait de produire des abeilles d’hiver vieillies prématurément par le travail de stockage et de concentration du sirop.
Si le temps revient au chaud on peut essayer de relancer la ponte de la reine par un apport limité à 1l de sirop 50/50 par colonie.
Puis on laisse les colonies tranquilles. La surveillance du poids en pesée arrière ou en pesée totale sera l’intervention la plus importante à partir de maintenant. Noter ce poids sur le toit des ruches ou sur un carnet et intervenir par du candi si le poids devient trop faible.

Une ruche Dadant posée sur un plateau de sol et équipée d’un toit plat en tôle doit faire au moins 40k. Si on la pèse par l’arrière, la face avant à l’aplomb de son support, son poids sera de 20 k. Aucun nourrissement ne serait à prévoir au cours de l’hiver, elle a ses réserves normales. Bien traitée contre varroa elle démarrera au printemps normalement.

Entre 15 et 20k une surveillance est à prévoir. A moins de 15k elle n’a aucune chance de passer l’hiver sans apport de candi. Pourquoi du candi ?
Parce que le sirop va se refroidir dans le nourrisseur et que les abeilles ne pourront le boire elles se refroidiraient trop, mais aussi parce que les conditions matérielles pour donner le sirop obligent les abeilles à faire un « long » trajet depuis leur rayon jusqu’au sirop et dans le froid ce voyage est au bout du monde pour elle. Ne le faisant pas elles mourront de faim. Et si le temps s’y prêtait, le sirop nécessite un effort intestinal inutile en cette période de l’année, les abeilles en vieilliraient vite et mourraient trop jeunes.

Le candi

Le candi est un sucre pur, cuit aux alentours de 115°c qui cristallise très finement et qui sera pris par les abeilles comme du miel. Moins riche cependant que celui-ci, il apporte néanmoins l’élément indispensable à leur survie, le sucre.
On peut le faire soi-même c’est un peu long, il faut être prudent car une brûlure à ces températures est toujours très grave et un coup de main est à prendre.
Voici le truc pour le réussir sans thermomètre :

– mettre 900 g d’eau dans un grand faitout, à ébullition verser 5k de sucre,

– brasser pour éviter que le sucre n’accroche au fond avant d’être fondu, et porter à ébullition,

– surveiller la température avec une « clé », c’est un fil de fer qui forme une boucle de la taille d’un manche de gros tournevis,

– tremper cette clé dans le sirop bouillant, lorsque le sirop nappe la clé, c’est à dire forme un film qui ne disparait pas instantanément, réduire le feu et laisser cuire de 5 à 10 minutes. La cuisson ad hoc est atteinte,

– au terme du temps requis, laisser refroidir,

– lorsque l’on peut prendre le faitout à pleines mains, le candi est à bonne température pour être brassé vigoureusement ce qui lui apporte de l’air et l’allège,

– couler le candi dans des moules.

– la cristallisation se fait très rapidement, réchauffer si le candi fige dans la gamelle

– une corne de boulanger (voir sur Internet) est bien commode pour racler le fond du pot.

Les moules seront des assiettes à soupe « calottes », des barquettes de congélation, des barquettes plastiques de charcutier, voire même un toit de ruchette en tôle. Pour en faciliter le démoulage on met le récipient dans un sac de congélation qui fait un film entre les parois du récipient et le candi, le démoulage à froid est très facile. Pour les toits de ruchette, un sac poubelle de 100l fait l’affaire.

Une fois démoulé ce candi sera stocké à l’abri de l’air ou découpé et mis en sac de congélation.
On peut y ajouter lorsque la température est idoine, 10% du miel de ses ruches, 3% de la levure de bière lyophilisée (trouvée dans le rayon « diététique » des magasins d’alimentation), des compléments alimentaires… surtout bénéfiques à partir de janvier. Attention au miel car toutes les ruches possèdent des spores de loques en particulier voire de Noséma… et dans certaines circonstances propre à chacune des colonies une surcharge bactérienne peut engendrer l’expression de la maladie. Le remède est pire que le mal. Aussi certains professionnels refusent obstinément de donner du miel fut-il issu de colonies très saines dans leur nourrissement.
Chacun jugera à l’aune de son expérience le risque qu’il prend.

Comment et quand donner du candi ?

Voici une méthode simple pour distribuer le candi de manière efficace.
Sortir le candi de son sac (sauf pour certains candi du commerce enrichis en sirop de glucose qui les rend souple mais peuvent parfois couler), ouvrir la ruche et poser le candi sur la tête des abeilles, là où on les voit, sur les cadres. Poser par dessus une bâche à bulles translucide poser le couvre cadre nourrisseur à l’envers sur la bâche ou mettre une hausse vide de cadres et remettre le toit.
A chacune des visites on verra l’avancée dans la consommation du candi et lorsqu’on jugera nécessaire d’en remettre, on aura juste à glisser un nouveau pain de candi sous la bâche en soulevant légèrement un coté. L’idéal serait de mettre des pains chauffés à une bonne trentaine de degrés et transportés dans une glacière.
Je fais vivre ainsi des nucléis pour avoir des reines en mars et faire des essaims tôt en saison avec des reines en ponte.
Mais cette isolation de la ruche par le sommet engendre une humidité importante qui doit s’évacuer et la solution est le plateau de sol grillagé. En l’absence d’un tel plateau on se contentera de mettre dans chaque angle du corps entre celui-ci et le plateau de sol une cale de contreplaqué de 5 mm environ, la fente ainsi produite ventilera utilement la ruche et l’humidité qui condensera sous la bâche permettra aux abeilles de boire et au candi de s’assouplir encore plus.
On peut sans souci remplacer le candi par du sucre en morceaux. On met une boite de 1K en ouvrant le fond sur quelques cm2, l’humidité de la ruche aura tôt fait de le rendre consommable par les abeilles.

Jean RIONDET questions à jean.riondet@gmail.com

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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