Septembre 2009 – Derniers essaims, on trie les colonies

Maintenant, nous préparons les colonies pour l’hivernage. Depuis le mois de mai les essaims artificiels et les élevages des reines ont assuré les renouvellements nécessaires pour avoir de belles colonies de production l’année prochaine. Aujourd’hui il est temps de capitaliser ces efforts. Essaims artificiels, traitements, réunions et dispersions seront les activités de ce mois.

Bilan

La chaleur fut assez constante depuis le mois d’avril, entrecoupée de pluies, elle assura un bon développement des colonies. Mais la chaleur excessive de l’été, l’absence de fleurs ou des fleurs vides de nectar et rapidement grillées, ont freiné la ponte des reines au cours du mois d’août. Les prudents auront suivi l’état des lieux et nourri à bon escient d’un sirop léger pour pallier le manque de nectar. Il a fallu nourrir massivement dès la mi-juillet pour refaire les réserves d’hiver pillées par la levée du miel.

Par certains cotés, il y eut de curieuses situations, des élevages difficiles en juin alors qu’en mai et en juillet ils réussirent bien, voire même très bien. Des récoltes furent possibles sur le Colza, inhabituelles dans notre région lyonnaise à moins que l’on ait pris soin de faire démarrer les ruches tôt par stimulation.

Un acacia généreux comme rarement vu et un peu de tournesol bien que la pluie fut abondante. Le creux des floraisons de juin a sans doute porté préjudice à la dynamique des populations qui, usées par les abondances de nectar sur l’acacia n’ont pas assuré leur remplacement. Pour les habitués aux petites transhumances, le miellat de sapin semble donner, si ce n’était le goût de ce miel, le danger pour la santé des colonies est maximum. Il est bon de ne consacrer que quelques unes de ses colonies à cette production.

Au final, pour bien des amateurs rencontrés ces dernières semaines, le miel fut au rendez-vous en maints endroits.

Après avoir copieusement nourri les colonies faibles en miel dans les corps j’ai pu constater que toutes sont riches de miel et de couvain. Toutes, sauf les inévitables canards boiteux qui sont bourdonneuses ou mortes depuis la récolte. Mais rien que d’habituel désormais.

Faire des essaims

A partir des colonies pleines de miel et de couvain sur 10 cadres, je réalise ce mois des essaims artificiels en divisant les colonies en deux. D’un coté la souche reste sur place avec un cadre supplémentaire et une partition, de l’autre une ruchette 6 cadres accueille 5 cadres et un cadre bâti.

je mets le lendemain une reine en ponte réalisée en mai. Dans cette nouvelle colonie mise dans un rucher éloigné, on devrait fin octobre y voir la jeune reine.

Pourquoi insister sur les reines de mai ?
Gilles Fert indique dans son ouvrage que les reines trop jeunes font l’objet de manière quasi systématique d’une supersédure (remplacement de reine sans essaimage) alors que les reines âgées seraient mieux acceptées : 15% seulement des reines âgées de 7 jours au moment de leur introduction dans une nouvelle colonie seraient encore en vie 2 semaines plus tard alors que les ¾ des reines âgées de 35 jours au moins seraient encore en vie 15 semaines après leur introduction.

Si l’on introduit une reine sans qu’elle ait dû arrêter sa ponte plusieurs jours, le taux d’acceptation sera très élevé, la cagette « Nicot » ou équivalente avec un bouchon de candi est suffisante.
L’usage de la grille d’introduction sur couvain naissant se justifie pour les reines de valeur et si les reines sont restées plusieurs jours enfermées dans la cagette en attente de leur introduction.

Donner quelques verres de sirop au moment de l’introduction est favorable, éviter les traitements anti varroa avec les lanières durant le temps de l’introduction jusqu’à la mise en ponte de la reine.

La visite d’automne

C’est le moment de surveiller l’état de la ponte. Par comparaison entre plusieurs colonie vous repérerez celles dont le couvain est abondant et resserré et celles dont le couvain est clairsemé.
L’abondance du couvain tard dans la saison est importante car les abeilles qui vont passer l’hiver consomment du couvain ouvert, ce qui bloque le vieillissement de leurs glandes hypopharyngiennes et leur permet dès la fin de l’hiver de produire l’indispensable gelée royale pour le couvain.


Lorsque le couvain est dense et abondant, la colonie ne nécessite aucune intervention.

Si le couvain est compact mais peu abondant, il faut stimuler la ponte de la reine par deux verres de sirop pas plus. La stimulation se fait avec un sirop à 50/50 donné deux fois par semaine en continu jusqu’à la fin du mois, pas au-delà de fin septembre, car on obérerait le volume de jeunes abeilles aptes à passer l’hiver.

Un nourrissement trop important actuellement est nocif pour l’hivernage.

On se contenra donc d’une stimulation légère.

Si le couvain est clairsemé, très limité ou absent, la population trop faible, regrouper la colonie avec un essaim de l’année.
La population peu abondante permettra de chercher les reines, celle de la colonie à renouveler sera détruite, celle de l’essaim sera marquée sur le thorax entre les ailes d’un point de vernis vert. Doté d’une reine née en 2009, la colonie connaîtra son plein développement en 2010.

Qu’est-ce qu’une population trop faible ? C’est une population qui, à cette période de l’année, couvre moins de 5 cadres de couvain et de miel. Car, un essaim sur 5 cadres de couvain, de pollen et de miel passe fort bien l’hiver.

Les colonies sur 10 cadres doivent disposer de 15 à 18 kg de miel dans le corps, ajouté au poids de la ruche et des abeilles le tout fait environ 40 k.


Ceci s’apprécie en pesée arrière ou sur le coté si la ruche dispose de poignées. En accrochant un peson à l’arrière du plateau de sol équipé d’une grosse vis, le poids doit être de 20 kg environ. En effet et si la ruche, sans hausse et équipée d’un toit en tôle, repose à l’aplomb de sa paroi avant sur le support, on mesure le moitié du poids total de la ruche. Alors aucun nourrissement ne sera nécessaire au cours de l’hiver.

Réunion

C’est une opération courante en apiculture, elle est possible bien que les abeilles se défendent contre les intrus. Deux précautions sont à prendre pour brouiller le réflexe de défense : faire se gorger de miel les abeilles par un bon enfumage les échanges de miel entre abeilles favorisent les acceptations, et perturber les odeurs en parfumant tout ce petit monde.

On ne réunit que des colonies en bonne santé, l’abondance de la population est une manière de renforcer leur état de santé également. La loque européenne souvent liée à des situations de carence disparaît lors de réunions, selon Piere Jean-Prost. Alors que les divisions du printemps la favorise. Une population importante est mieux à même d’apporter par ses butineuses un pollen varié, donc de qualité nutritive assurée.

Pour réussir une réunion on rapproche par reptation d’environ 50 cm à 1 m par jour les deux colonies. On place un corps propre à l’emplacement retenu, on enfume copieusement les deux colonies puis on attend le bruissement.
Les abeilles une fois bien gavées de miel seront moins agressives. On sort les cadres de la ruche la plus forte, on met au centre de la nouvelle caisse les cadres de couvain et leurs abeilles dessus. On place autour de chaque coté les cadres de couvain de l’autre colonie. Puis on complète avec des cadres de pollen et de miel, on met de coté les cadres surnuméraires.

On aura pris soin de supprimer la reine la plus âgée, et de parfumer les abeilles sur chaque cadre en pulvérisant de l’eau additionnée d’Eucalyptus ou de menthe ou de tout autre parfum. Pour réconcilier ces nouvelles cohabitantes, on apporte un peu de sirop.

Et le varroa ?

Depuis fin aout vous avez mis vos lanières d’Apivar, le Thymol n’a plus d’effet suffisant. La température ambiante n’est plus assez élevée. Les varroas ne sont plus dérangés par la trop faible teneur de l’atmosphère en thymol.
Il faut changer de traitement et en décembre ou en janvier selon le temps on fera un traitement en absence de couvain.

Cette succession d’actions chimiques est importante, le varroa se reproduit avec les abeilles mais 2,5 fois plus vite qu’elles.
Des travaux faits par le GDSA de l’Isère laisseraient supposer qu’une colonie ayant 7500 varroas meurt dans l’hiver.
Une ruche ayant 3 cadres de couvain aura ces 7500 varroas lors de la naissances des abeilles en gestation !
Or, malgré le respect des consignes et si les lanières sont encore efficaces au bout de 12 semaines, des varroas survivent à ces traitments et se reproduisent dans les cellules operculées, d’où l’impérieuse nécessité de faire un traitement ponctuel à l’acide oxalique en décembre.
En appliquant ce protocole et en détruisant 2 rayons de larves de bourdons operculés, les colonies résisteront jusqu’en juillet.

Il en faut 35g de pourdre d’acide oxalique par litre de sirop, pour beaucoup d’apiculteurs acheter 1k d’acide oxalique en poudre est trop important pour le faible nombre des ruches, il faut s’organiser pour ce traitement à plusieurs. Attention, partager la poudre est bien, mais faire une dilution plusieurs jours à l’avance pour avoir le temps de se la répartir est un mauvais plan, la dilution se décompose rapidement. J’y reviendrai le mois prochain.

La bonne pratique du mois

L’hygiène au rucher devrait être le souci premier de l’apiculteur. La transmission des maladies est un fléau corrélé au varroa et à l’affaiblissement de l’environnement des ruchers.

Après chaque ouverture de ruche, le lève cadre doit être trempé des deux extrémités dans une solution d’eau fortement javellisée. Un « Coffin » ou réservoir d’eau pour les pierres à aiguiser les faux peut parfaitement faire l’affaire.

Excessif direz-vous ? Faites l’expérience durant une saison apicole d’appliquer toutes les règles de prévention des maladies et des carences alimentaires et vous verrez diminuer les problèmes sanitaires.

Le guide des bonnes pratiques sanitaires est disponible sur cari.be

Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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