Septembre retour dans les ruchers

 Lutte contre frelons au rucher – lutte anti varroa

Les canicules que nous avons connues ont rendu les floraisons assez maigres, le nectar a manqué, par contre le pollen est bien rentré.Beaucoup de chenilles ont séchées, fini leur cycle de développent et le frelon asiatique en état de manque a débarqué dans les ruches. Mais le frelon européen aussi, c’est le cas dans l’un de mes ruchers. Toutes sortes de guêpes abondent, sans doute pour la même raison en recherche de ressources sucrées et carnées elles semblent plus nombreuses que les années passées.

Je suis un fan de la biodiversité, mais les attaques de frelon européen me font perdre mes convictions. Ils m’ont boulotté une dizaine de nucléis et certains totalement stressés ne sortent plus. Je leur donne du candi protéiné en attendant des jours meilleurs. Parfois les abeilles attaquent les frelons à l’entrée des ruches sur les planches d’envol, ils ne sont plus les gagnants.

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Protection naturelle par de hautes herbes

Outre l’absence généralisée de mémoire et de reconstruction du passé à l’aune de nos intérêts présents, le comptage n’étant pas fait on est en peine d’affirmer que l’année est plus riche en ces insectes qu’antérieurement. Mais quoi qu’il en soit nos abeilles sont sous stress. Il nous faut les protéger et les pièges de toutes sortes mis dans les ruchers attaqués sont les bienvenus. Le piégeage préventif devra se faire hors des ruchers pour éviter d’y attirer les frelons.

Les traitements contre varroa sont en place ou faits si ce sont des traitements flash qi ont été opérés. C’est très important car les abeilles à naître devront être en bonne santé pour passer la morte saison et redémarrer la colonie en janvier.

Mais tout ceci est un peut théorique si on considère que la morte saison est de moins en moins froide ce qui permet de maintenir des couvains sur toute la période parfois. Les colonies n’ont nul besoin d’un temps de repos, c’est la contrainte météo qui les fait hiverner. Dans les pays chauds la reine pond en fonction des rentrées de pollen et de nectar, la colonie est active en permanence. On se retrouvera avec du couvain de manière quasi constante et le repérage du bon moment pour faire un nouveau traitement à l’Acide Oxalique sera très difficile, la solution sera de faire une suppression de couvain en limite d’ouverture des ruches.

On en reparlera, pour l’heure il est important de compléter les réserves de miel.

Nourrir au candi et nourrir au sirop

Durant encore trois semaines il est possible de nourrir, Par nourrisseurs entiers si besoin, l’arrivée massive de sirop pousse les abeilles à stocker. Un nourrissement léger pousse la reine à pondre. Veiller à ce que la ponte de la reine régresse si le couvain occupe toute la place, d’où l’importance d’un ou de plusieurs nourrissements massifs. Cela arrive avec les races à viande comme mentionné le mois dernier.

Sélectionnée pour la production, la Buck est sur la base d’une ligustica (italienne) excellente pondeuse. Quoi de plus normal puisque la production du miel est lié au volume des abeilles donc à la jeunesse de la reine qui pond toujours plus sa première année de pleine ponte que les années suivantes mais également à sa race.

Bien des races locales, plus particulièrement celles d’Europe centrale, régulent les surfaces de couvain en fonction des rentrées alimentaires et partagent celles-ci entre le couvain et les stocks. Plaçant le miel en couronne autour du couvain, le nid à couvain se restreint au profit des réserves de miel. Il y a donc une surveillance moindre à opérer avec ces races dont on sait qu’elles anticipent les basses eaux nectarifères dès les mois de juillet / août. Aujourd’hui les apports de sirop pour ces races sont moins importants en principe. Certains professionnels ne travaillent qu’avec ces types d’abeilles et opèrent leur sélection en ce sens pour avoir une moindre surveillance des réserves de miel en prévision des périodes de famine et pour assurer la morte saison.

L’hivernage se fait en comptant un cadre de miel bien plein de plus que le nombre de cadres de couvain. Pour hiverner les colonies sur des cadres bien pleins de miel,  vous avez retiré tous les cadres vides ou trop partiellement remplis en août, laissant aux abeilles des cadres à compléter. En ce moment rajouter ces cadres vides ou partiellement remplis au fil des nourrissements pour que les surfaces de miel augmentent jusqu’à l’obtention du nombre des cadres souhaités. Hiverner sur 7 cadres par exemple suppose que l’on ait 3 cadres avec du couvain pollen et miel et 4 cadres de miel. C’est un objectif à atteindre mais pas toujours réalisable car les abeilles ne réagissent pas toujours comme nous le souhaiterions. On pilotera les réserves par la suite si nécessaire.

Fin du mois on cesse tous les nourrissements pour laisser les abeilles « d ‘hiver » au calme. Les jeunes abeilles exemptent des tâches « ménagères » de stockage de miel, de nourrissement des larves, consommeront des pollens et cannibaliseront au moment de premières nuits froides les couvain ouvert et les œufs. Riches en protéines stockées dans leurs « corps gras », sorte de  sacs situés sous es anneaux de l’abdomen, elles seront capables d’être de bonnes nourrices, cirières, et seront résistantes aux maladies. Nourrir tardivement les conduit à participer à la confection du miel ce qui les fait vieillir. En janvier, insuffisamment riches en corps gras, elles engendreront à leur tour des abeilles malingres et le défaut acquis en automne se perpétuera sur les premières générations de nouvelles abeilles en 2021.

D’ici là espérons que la renouée du japon et le lierre auront apporté leur dime. Ils sont en fleurs en ce moment, la fraîcheur et la pluie pourraient être très bénéfiques. Ce sont d’excellentes ressources alimentaires, la renouée pour le nectar et le lierre pour le pollen.

Partitionner les colonies Partition isolante ruche

Pour hiverner avec  une consommation de miel réduite, il faut isoler les ruches. Nos parois de bois sont finalement minces, le bois est un piètre isolant en réalité. Pour compenser la faiblesse thermique de nos ruches cubiques,on organisera une isolation poussée en enfermant les 7 ou 8 cadres entre des partitions isolantes et réfléchissantes. L’objectif est d’accroître la réflexion sur la colonie du rayonnement produit par les abeilles pour se chauffer et chauffer le couvain.

Chaque partition est un cadre dans lequel on met une plaque d’isolant de 20 mm, liège ou polystyrène extrudé entouré d’un isobulle très réfléchissant (XLMat le plus performant) agrafé en bas de cadre pour éviter que les abeilles ne le rongent. En largeur il va d’un bout à l’autre de la tête des cadres pour frotter contre les parois de la ruches. Juste agrafé en bas de cadre sur 5 cm de hauteur environ, pour que la partition soit correctement glissée sans déchirure.

Le plateau de sol sera recouvert d’un isobulle et posé sur un isolant de 20 à 40 mm d’épaisseur. La portière sera réduite à 5 ou 8 cm de largeur. Sur la tête des cadres sera posé un isobulle qui débordera aux deux extrémités. Par dessus un isolant de 20 à 40 mm sera placé sous le toit.

En principe avec un tel agencement, nul besoin de nourrir, la consommation de miel pour chauffer sera minimale. On devrait soit retrouver des réserves de miel fin mars soit un couvain surabondant.

Et l’humidité direz-vous ? Dans une ruche bien isolée elle reste en suspension dans l’air et ne condensera que sur les points froids. Pencher légèrement la ruche en avant et si cela se produisait, elle s’évacuerait par la portière. A noter que la colonie requière un niveau d’humidité important que nous négligeons en ayant des plateaux totalement aérés.

Fabrication des partitions isolantes haute performance :

Nous utilisons un isolant réfléchissant XL Mat et un isolant en liège de 20 mm le support est un cadre sur lequel le réfléchissant doit être extrêmement tendu pour assurer le maximum de réflexion possible. Il déborde du cadre pour affleurer les parois de la ruche.

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Réunir

Seconde compétence à acquérir après la division des colonies apprendre à les réunir

Voici une méthode décrite il y a 20 ans par un excellent professionnel.

https://www.apiservices.biz/fr/articles/classes-par-popularite/1453-rassembler-deux-colonies-d-abeilles-2001

En ces temps et lieux de basses eaux alimentaires, arroser d’un verre de sirop les abeilles ainsi réunies calme les velléités belliqueuses.

Petit truc dans cette veine, pour calmer une colonie agressive alors qu’elle serait normalement douce, donner du sirop quelques heures auparavant. La faim rend les colonies agressives. Casser la croute fait baisser les tensions.

 

Un peu d’ironie

Les campagnes contre le frelon asiatique donnent lieu à des communications hilarantes.

On recycle une vielle image d’un FA plus gros qu’un Crabro,  on affirme que le FA est plus long que l’Européen, l’image d’un FA publié dans la feuille de choux d’une communauté de commune est celle d’une guêpe…

Pour que le FA soit un méchant il doit être gros, grand… d’ici là qu’il ait de grandes dents…

Le zoo humain mérite le détour.

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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