Quoi de plus naturel ? L’essaimage est le mode de reproduction des colonies et la période de froid après le grand développement des colonies ce hiver les met en position d’essaimage.
Une colonie qui essaime est une colonie naturelle. Une lignée qui n’essaimerait pas ou très peu est vouée à la disparition. Une colonie qui n’essaime pas est le fruit d’une sélection sur ce critère. Il est obtenu par consanguinité puis sélection dans les descendances de lignées peu essaimeuses. Le travail de l’éleveur sera de reproduire ces lignées. Sans son travail elles sont vouées à disparaitre.
Identifier l’essaimage
Quelques caractéristiques de l’essaimage : l’âge de la reine, à moins de deux ans une reine essaime peu, sauf lignée particulièrement essaimeuse; le temps, une succession de périodes chaudes favorables au développement du couvain et de périodes plus froides qui bloquent la ponte de la reine, puis les abeilles naissantes devenant nourrices et n’ayant pas assez de larves pour distribuer leur gelée royale, finalement sur nourrissent de gelée royales certaines cellules ce qui produit des reines; la densité de la population, la reine coincée au centre des cadres par les abeilles ne dépose plus suffisamment ses phéromones tarsales sur le bord des cadres, les abeilles qui y vivent, sevrées de ces phéromones, déclenchent des comportements d ‘élevage…
Bref à quoi reconnait-on le risque d’essaimage ? L’apparition de nombreuses amorces de cellules royales, dites amusettes, l’inversion de la surface de couvain fermé par rapport au couvain ouvert, tant que ce dernier est majoritaire les risque d’essaimage est quasi nul, lorsque le couvain fermé domine, le risque apparait et si la situation perdure, l’essaimage est au rendez vous ; l’apparition de cellules royales pleines de gelée royale, ou fermées, le mécanisme est en route; lorsque le couvain ouvert disparait totalement, la fièvre d’essaimage démarre et on ne peut l’empêcher. la ponte de la reine ayant cessé, elle sera en état de voler, l’essaim partira sous quelques jours tout au plus.
La prévention
N’avoir que des reines de moins de 2 ans, élever dur des souches sélectionnées, détruire toutes le cellules en fabrication et le faire tous les 10 jours, casser les colonies en autant de ruchettes que de cadres avec des cellules fermées, appliquer le plan Démarrée…
Après l’essaimage
Tous les essaims artificiels réalisés à cette occasion, les essaims naturels récoltés ici et là, seront conduits avec force nourrissement pour développer ces nouvelles colonies. Un essaim naturel construit bien, autant en profiter. « Pour que ça cire faut que ça miele » selon le dicton. Il faut du sucre et des protéines, on apportera du sirop pour accélérer le processus de construction. Le principe, est le suivant, le sirop collecté par les butineuses est totalement réparti dans toute la colonie chaque abeille consomme selon ses besoins et régurgite le reste concentré dans une cellule, mais si la place vient à manquer l’abeille conserve ce nectar dans son jabot puis le digère et ce surcroit de nourriture déclenche le fonctionnement des glandes cirières.
Pour bénéficier pleinement de ces essaims, le changement de la reine s’impose. Un essaim naturel, une colonie qui fait des cellules de reines en quantité, c’est l’essaimage assuré les années suivantes. Il faut donc reproduire des reines de lignées peu essaimeuses.
Comment opérer ?
Il faut se procurer une reine de « race » chez un éleveur réputé pour sa sélection. Cette reine introduite dans une bonne colonie servira de souche. Il est loisible d’en changer tous les 2 ans environ, de manière à entretenir au niveau du rucher une diversité génétique.
On prélèvera des larves d’un jour que l’on mettra dans des cupules en plastique de 9 mm de diamètre (format des cellules royales naturelles), puis placées dans une colonie artificielle bourrée de nourrices mais sans couvain à élever et sans reine, ces cellules « royales » artificielles seront élevées par ces abeilles durant deux jours, au troisième jours, on introduit les cellules royales amorcées dans des nucléis orphelins fortement peuplés, de sorte que les abeilles poursuivent l’élevage de ces cellules. Trois semaines plus tard, on recherche le couvain ouvert, s’il y en a, l’élevage a réussi.
C’est une manière de faire très simple qui ne nécessite ni de rechercher la reine ni de mettre en œuvre un matériel complexe et onéreux.
Le matériel
Des cupules, porte cupules, supports pour accueillir les larves et un cadre pour porter tout cela. Un pinceau poil de Martre 3/0 ou 000, de l’alcool à 60 ou 70°, de l’eau distillée, de pluie ou peu minéralisée (Volvic) bouillie. Une lampe frontale très puissante à focalisation du faisceau lumineux, orientable. Une paire de lunettes loupe adaptée à une vue de proximité.
La ruche éleveuse sera une très forte colonie dotée d’une hausse bien miellée posée sur grille à reine entre elle et le corps. Un plateau de sol, une grille à reine, une hausse vide, un nourrisseur couvre cadre, un toit.
Rien de plus. Les cupules supports et portes cupules coutent quelques centimes, le pinceau « poil de Martre 3/0 » coûte quelques euros. Pourquoi se priver d’essayer ?
La mise en œuvre
Dans la ruche « souche » qui fournira les larves, placer au centre du nid à couvain un cadre bâti propre, neuf de préférence, vide, nourrir légèrement si la miellée es faible, s’abstenir absolument si la miellée est là (les abeilles mettraient du nectar dans le cadre vide), 4 jours plus tad on devrait y trouver des larves ou des œufs. En l’absence de larves, différer l’opération d’une journée. Si on veut réussir la ponte à une date fixe, enlever un cadre supplémentaire dans la colonie et mettre le cadre bâti vide au centre du nid à couvain et l’enfermer, le flanquer, par deux grilles à reines, mettre la reine sur le cadre et secouer un ou deux cadres de nourrices prises sur des cadres de couvain ouvert. La reine pond de suite et trois plus tard les premières larves d’un jour apparaissent. Nourrir la veille du picking pour que les larves soient bien baignées de gelée royale. Avec ce système on est certain de trouver des larves d’un jour tout au plus. Sinon, en cherchant sur les cadres, les larves d’un jour sont celles qui jouxtent les œufs.
Préparer les barrettes, les cupules, le starter
La veille du jour su picking, on prépare les barrettes de portes cupules avec les cupules, collées avec un peu de cire ou de miel, rien de plus énervant que de voir les cupules ou les portes cupules se détacher et tomber dans le fond du starter ! Le tout sera bien enduit d’un léger sirop de miel puis posé sur la tête des cadres d’une colonie, un couvre cadre nourrisseur retourné dessus, quelques heures plus tard, le sirop aura été bu par les abeilles qui auront déposé des odeurs favorables à une bonne acceptation du matériel par la suite.
Le matin du Picking, on prépare le starter. La forte colonie équipée d’une hausse de miel posée sur la grille à reine sera déplacée d’un mètre en arrière sur un plateau de sol orienté à l’inverse du sens originel. Sur le plateau de sol on pose la hausse de miel sans couvain et sans reine puisque conduite dès le départ sur une grille à reine. De cette hausse on retire deux cadres espacés d’un cadre de miel pour y mettre plus tard les deux cadres d’élevage. Puis on pose une grille à reine sur la huasse et une hausse sans cadre pour faire entonnoir. On prend dans la souche des cadres de couvain bien couverts d’abeilles que l’on secoue das la hausse vide, les abeilles rentreront dans la hausse à miel, on surveille l’éventuelle présence de la reine que l’on prend avec une pince que l’on remettra plus tard dans sa ruche. On secoue 4 ou 5 cadres de nourrices, puis on remet la reine, le couvre cadre, du sirop et on ferme la souche. Idem sur le starter, une fois les abeilles rentrées, on enlève la grille à reine, la hausse, on pose un couvre cadre nourrisseur. Cette hausse pleine de nourrices sans larves ni couvain à chauffer, reçoivent toute les butineuses avec leur pollen. Ce stater peut amorcer jusqu’à 80 cupules.
les cadres d’élevage seront deux cadres de hausse, sur la tête desquels seront clouées ou agrafées les 12 supports des portes cupules, au milieu une barrette amovible ou clouée par un clou de chaque coté sera équipée également de 12 supports.
Le Picking
S’installer à l’ombre, dans une pièce peu éclairée, dans une voiture, la lumière sera celle de la lampe frontale. Prendre le cadre de larves sélectionnées, enlever les abeilles avec un peu de fumée et une balayette, ne pas le secouer ce qui collerait les larves aux cellules, le poser en biais sur la table, on peut également découper des bandes de rayon avec des larves, araser le sommet des cellules, ce qui facilite l’extraction des larves par le pinceau.
Tremper le pinceau dans l’alcool, le rincer à l’eau propre (bouillie quelques minutes), déposer une goutte de cette eau dans chacune des cupules, puis enfoncer le pinceau dans une cellule, le tourner légèrement et le retirer, une petite larve à peine visible sera collée dessus, la déposer toujours en tournant sur le bord de la goutte d’eau. On améliore l’humidification des cellules en rinçant plusieurs cellules avec une seringue d’eau, le mélange eau gelée royale sera déposé dans les cupules. Les larves craignent moins le froid que la dessiccation, toutefois, il est bon de placer les barrettes une fois pourvues de leurs larves dans un linge humide tiède, placé dans une glacière avec des accumulateurs de chaleur chauds.
La mise en starter, l’élevage
Les 2 cadres équipés de leurs barrettes seront placés dans le starter aux emplacements prévus, le couvre cadre sera reposé avec 250 g de miel cristallisé, en mettre de nouveau le lendemain.
48 h plus tard, les cellules amorcées seront réparties dans des nucléis très peuplés.
Ces nucléis seront préparés le jour du picking. On prend selon son matériel des cadres de corps de ruches, des cadres de hausses, des cadres de Warré… mais tous couverts de couvain et d’abeilles. Il faut beaucoup d’abeilles nourrices et du couvain ouvert et fermé pour que la colonie finisse d’élever les cellules royales durant encore 11 jours, puis la reine née devra se faire féconder, ce qui prendra encore quelques jours et sa ponte apparaitra quelques jours plus tard. Durant ces 3 ou 4 semaines nécessaires, la colonies devra pouvoir fournir de la gelée royale, il lui faut donc des jeunes abeilles, apportées avec le cadre puis celles qui naîtront du couvain fermé. Le volume de ces abeilles est la clef du succès de cette opération d’élevage. Rapidement on se rend compte que les échecs sont issus de cette dernière partie plus que de la précédente en fin de compte facilement maîtrisable.
Ces starters seront composés d’un cadre de corps Dadant plein de couvain le plus operculé possible, avec des abeilles secouées d’un cadre supplémentaire de couvain, d’un cadre de miel, d’une partition pour tenir la chaleur, d’un nourrisseur. Pour les Warré, Voirnot, dont les cadres font entre 20 cm et 17,5 cm de hauteur il faut mettre deux cadres de couvain avec abeilles et un de miel. Tenir la chaleur, apporter de la nourriture sont des gages de réussite.
Ces nucléis seront placés en cave ou en lieu sombre deux jours et nuits pour qu’ils se stabilisent puis mis au rucher équipés de deux cellules de reines amorcées, de manière à garantir la réussite, si l’une avortait que l’autre aboutisse. Les portes cupules seront placés entre la tête de deux cadres ou piquées au sommet du couvain au plus près des abeilles nourrices. On n’y touche plus jusqu’au contrôle des naissances qui aura lieu le 12° jour suivant, une cellule royale ouverte par le bas indique une naissance ad hoc. Le contrôle des premières larves se fera 10 jours plus tard, on recherche la reine pour la marquer et la clipper.
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