Du 15 juillet au 15 août, c’est le moment de l’été le plus pauvre en floraisons, du moins les années « ordinaires » (mais en existe-t-il?). Les grandes floraisons sont celles du printemps. Les fruitiers, les grandes cultures d’oléagineux, les plantes de toutes natures ont leur production florales de mars à juin, puis la queue de comète avec le tournesol en juillet et la famine en août pour les abeilles. Arriveront après le 15 août, la renouée du japon, les lierres et de nombreuses floraisons de plantes sauvages relancées par les pluies orageuses qui se produisent dans la seconde moitié de l’été.
Ces floraisons tardives donneront des miels pour l’hiver, mais entre mi juillet et ces nouvelles sources de nectar et de pollens, les abeilles consommeront leurs réserves faites auparavant. La récolte de l’apiculteur est une prédation dont il faudra en surveiller les conséquences.
Les abeilles ne construisent plus
La baisse de la ressource alimentaire et l’absence de pollens en particulier fait que les glandes cirières des abeilles ne sont plus assez alimentées pour produire de la cire. Donc la construction de rayons n’est pratiquement plus possible et tous les essaims artificiels faits à partir de maintenant devront être équipés de rayons construits. Hormis l’usage de sucres de qualité donc chers, une astuce pour faire construire consiste à mettre dans les couvres cadres en plastique Nicot à deux compartiments d’un coté des brèches d’opercules encore humides de miel, de l’autre du sirop 50/50 ras bord. les abeilles viendront consommer le sirop, le miel et emporteront la cire pour bâtir des cires neuves !
Conséquences pour la séquence de travail
Nourrir massivement pour compenser les récoltes, surveiller la production d’abeilles pour avoir la population la plus importante possible au seuil de la morte saison. Le travail de production du miel est une usure de l’organisme de l’abeille. Les abeilles devenues transformatrices de sirop en miel sont vieillies, leur organisme n’a plus capacité à produire de la gelée royale dont la colonie aura besoin en janvier /février pour relancer sa dynamique démographique.
Comment conserver de jeunes abeilles pour la fin de l’hiver à venir ?
Leur éviter de travailler. Si « le travail c’est la santé », ne rien faire conserve la jeunesse des abeilles. Les réserves d’hiver seront achevées au plus vite pour que les couvains à venir donnent naissance à des abeilles qui soient amenées à ne rien faire. Donc la récolte faite et les traitements anti varroa à l’œuvre, nourrir massivement avec des sirops concentrés à 50/50 eau sucre en poids. Les sirops du commerce contiennent du maltose en particulier qui permet de monter la concentration à près de 75 % de sucre.
Le sucre sera de la meilleure qualité possible pur saccharose glucose, avec des fructose ou certains sirops a hoc, on constate des constructions jusqu’en novembre ! Signe qu’avec des sucres les plus adaptés à l’organisme des abeilles leurs capacités cirières sont conservées longtemps. On obtient un effet similaire avec des sirops plus ordinaires en leur ajoutant 5% de levure de bière d’Apitonus …
Ces 5% nous paraissent le bon taux, une jeune chercheuse en biologie, Céline Frank, de l’université de Louvain en lien avec un laboratoire de l’Université Lyon 1 et l’équipe d’Yves le Conte à l’INRA d’Avignon a conduit des essais pour nous en supplémentant des abeilles avec des taux variés de levure de bière. Il semblerait que 5% soit le taux de levure
optimal pour obtenir un effet sur l’évolution de son hémolymphe. On en déduit par hypothèse que cette évolution est favorable à la production des glandes cirières, mais aussi de bonnes abeilles d’hiver. Mais cela reste encore une hypothèse à valider sur le terrain.
Produire de grosses réserves de miel
Pour réussir des réserves utilisables à la morte saison, notamment en cas de longues périodes de froid empêchant les abeilles de se promener dans la ruche à la recherche de rayons de miel, il faut enlever les cadres vides pour que les stocks soient faits sur la plus grande hauteur possible des rayons, leur totalité serait préférable, fait rarement réalisé.
Une colonie sur 6 cadres passe parfaitement l’hiver surtout si le rapport entre la surface du couvain et celle du miel fin octobre est de l’ordre 1/3 de couvain, 2/3 de miel.
Pour atteindre cet objectif on se donnera comme règle de travail un nourrissement massif par nourrisseurs entiers jusqu’à saturation de la colonie et après une pose d’une semaine regarder la surface du couvain relancer la ponte de la reine par de petits apports de sirop léger 50/50 deux à trois fois par semaine. La ponte relancée, les abeilles organisent leurs collectes des pollens et des nectars entre les besoins du couvain et les réserves à achever.
L’hivernage
Peu à peu le couvain régresse, les abeilles n’ayant plus rien à collecter cessent leur travail de butinage, les jeunes consomment du pollen et du couvain ouvert, ce cannibalisme les enrichie en protéines qui vont préserver la survie de leurs glandes hypo-pharyngiennes pour la production de gelée royales fin janvier.
On comprend alors pourquoi un traitement contre le varroa est impératif pour éviter cette prédation terrible de protéines par le parasite au détriment des abeilles. Les colonies affaiblies ne peuvent exploser en fin d’hiver or, c’est à ce moment que la dynamique démographique doit être la plus forte pour anticiper les premières floraisons, engendrer les premières récoltes fin avril
Les colonies sur 5 ou 6 cadres seront équipées de partitions réfléchissantes faites d’une couche de Reflectix ou équivalent, montée sur un cadre vide pour réfléchir le rayonnement infra rouge émis par la grappe.
Renouveler les reines
C’est un des moments possibles pour renouveler les reines de toutes les colonies. Les plus fortes seront même coupées en deux et seront élevées sur 6 cadres. Les essaims sur 6 cadres au printemps explosent sur des nourrissements légers et construisent leurs 5 cadres en quelques semaines. Le but second étant de changer tous les cadres de corps en deux ans, question de prophylaxie vis à vis des produits de traitement comme des spores des maladies. Ces essaims permettent de renouveler les colonies mortes durant l’hiver, de les réunir avec des colonies faibles pour récolter les premières grandes floraisons présentes.
Veillez à mettre des reines sélectionnées, de lignées peu essaimeuses et douces. A quelques exceptions près toutes les races peuvent produire des lignées douces. C’est une question de niveau de consanguinité semble-t-il ; or la sélection conduit à des situations de consanguinité.
Faire des essaims par orphelinage d’une moitié de colonie est à haut risque, la nouvelle reine produira son premier couvain mi septembre ce qui est plus que limite pour renouveler la population pour hiverner, la solution de la reine en ponte est déterminante.
Vespa Velutina
Dans les zones de plaine où il n’est pas encore implanté, c’est le moment de repérer la présence du frelon asiatique. Avant que les apiculteurs ne le voient véritablement dans leurs ruchers tout un chacun peut en voir lors de la floraison des lierres dans quelques semaines.
Les colonies de frelon arrivent à leur plein développement et la chasse à la ressource alimentaire devient visible.
Les fleurs des gros lierres sont exposées en plein soleil, les abeilles y sont bien visibles, leurs prédateurs aussi.
On pourrait faire la même observation sur les fleurs des Ampelopsis, mais elles sont cachées par la densité du feuillage.
Si vous en repérez avertissez la section régionale de la Fredon en charge de son dépistage, voire votre Groupement de défense sanitaire apicole ou votre association sanitaire départementale. Dans la Région Rhône Alpes il est implanté en Ardèche et dans la Drôme où il ne semble pas encore faire de dégâts très importants. Un nid primaire à été repéré dans la Loire du coté de Roanne. Le Rhône, indemne à ce jour devrait faire l’objet de son arrivée sous peu.
Le nid primaire est celui construit par la reine fondatrice, il est généralement pas placé très bas et accessible, dans la Loire il était à l’abri d’une camionnette abandonnée.
Une fois la première génération d’ouvrières nées, la colonie quitte le nid pour en fonder un plus haut dans un arbre où il deviendra très gros. Il atteindra son plein développement en août/septembre. Détruire ès proprement ces nids primaires est important car les dispersions des frelons engendrent des nids secondaires nombreux.
L’abeille représente une fraction plus ou moins importante de sa ressource alimentaire suivant les autres sources de protéines carnées auxquelles il peut accéder pour nourrir ses larves.
En ville les abeilles pourraient représenter plus de 70 % de sa ressources alimentaire.
Côté politique sanitaire
Malgré les explications des inspecteurs vétérinaires des DDPP, DRAAF… on ne m’ôtera pas de l’esprit que pour une seule ectoparasitose (varroa assimilable aux puces chez mon chat), que pour un seul médicament vendu sur ordonnance (l’Apivar), alors qu’aucune zoonose n’est connue chez l’abeille (maladie de l’animal transmissible à l’humain), qu’aucune maladie de l’abeille ne soit curable par des médicaments (les antibiotiques, les sulfamides sont interdits) et qu’aucune indemnisation de quelque nature que ce soit puisse intéresser les amateurs, on soit capable d’organiser une politique sanitaire aussi complexe et inutile que celle qui nous est proposée !
Quand je vais chez mon vétérinaire pour acheter un anti puce pour mon chat, je n’amène pas l’animal pour lui faire constater la présence des puces ! Tous les chats en ont, toutes les abeilles ont des varroas.
L’ouverture attendue du marché du médicament au niveau européen rendra ces politiques inopérantes, les achats sur Internet deviendront la règle.
Alors, pourquoi ne pas renforcer les organisations locales bénévoles, les valoriser, leur foutre la paix dès lors que leurs messages sont congruents avec le Code de la Santé publique. On conçoit parfaitement que l’on sanctionne l’apologie des pratiques dangereuses pour la santé publique et de surcroît interdites …
Il faut réinventer la position de l’État et de ses services.
Dur dur l’exercice, tant les formatages par les écoles professionnelles ont créé des corps professionnels autant occupés à défendre leurs territoires et leur légitimité qu’à appliquer les textes pour lesquels ils ont été créés.
Et pourtant, des fonctionnaires de qualité, acteurs, intelligents et ouverts il y en a (j’en ai même rencontré pas mal et encore très récemment!) mais la conformité aux attendus du groupe est telle que leur performance est bridée par les modèles de référence qui leurs sont appliqués.
La sociologie des professions a bien des choses à nous apprendre pour comprendre les modalités de construction de ces corps, pour imaginer les voies de leur déconstruction possible pour recréer un espace de régulation régalienne qui tienne la route.
C’est vrai en sanitaire apicole, mais on a également le même mécanisme avec la nouvelle loi de santé qui remet l’Hôpital au centre du dispositif de l’offre de soin alors que ce sont les carences de l’offre de soin à domicile qui mériteraient toute l’attention. Le nombre de patients complexes habitant chez eux est important et bien supérieur en nombre à ceux qui sont en institutions.
La vision devait être un parcours de santé du domicile au domicile et non conçu comme allant de l’hôpital au domicile.
Mes expériences me conduisent à penser qu’une loi à venir sur le domicile verra le jour lorsque des lobbies domiciliaires apparaîtront. On a failli en avoir une avec Roselyne Bachelot, mais la force des corps de fonctionnaires installés au cœur du pouvoir a remisé le volet patients et territoires aux oubliettes avec des dispositions light qui ont progressivement tout recentré sur l’hôpital.
La prochaine loi de santé sera-t-elle rédigée sous la pression des associations d’usagers de la santé ou d’Europe Assistance ?
Jean RIONDET
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