Janvier 2007 Alors, Bonne année !

C’est la nouvelle année, alors comme tous, disons nous bonne année ! Ainsi vont les années qui se succèdent, on se souhaite périodiquement des choses aimables. Est-ce vain alors que la violence se maintient toujours à un haut niveau ? Cette tradition nous rappelle que la violence est une constante liée à la mémoire de l’homme qui le conduit à développer le ressentiment et engendre la vengeance. Non moins constante est la volonté permanente de la combattre. Ce combat toujours renouvelé est le fondement historique de toute société. Que notre acharnement à faire vivre une apiculture grand public, familiale, d’amateur, de pluriactif, de professionnel, en tous cas de passionnés, soit source de concorde et non de discorde. Est-ce réaliste dans le monde apicole, agricole … ?

Si un vœu atteignable pouvait être émis, ce serait celui de la recherche constante de la qualité par chacun d’entre nous. Les risques sanitaires liés à l’usage des produits chimiques, tant pour la santé publique que pour l’environnement, commencent à faire l’objet de beaucoup d’attention. La vie s’allonge et la question se pose de savoir si nous ne payons sur le long terme l’absorption de quantités infimes de certaines molécules. Leur accumulation dans le cerveau et dans les organes vitaux ne serait-elle pas un facteur aggravant des pathologies dégénératives ? Alors, soyons prudents dans l’utilisation de la chimie pour nous-mêmes comme pour ceux qui bénéficient de notre production.

L’année apicole 2008 débutera en avril

Eh oui, l’année apicole 2007 a commencé en 2006. C’est mon credo bien connu des fidèles lecteurs. Dès maintenant, nous allons fixer les termes de notre saison 2008. Pour 2007, nous ne faisons que poursuivre ce que nous avons engagé en 2006. Avons-nous suffisamment d’essaims artificiels pour renouveler nos reines des ruches de production ? Si oui c’est gagné, la production a des chances d’être au rendez-vous, si non nous ne ferons rien de plus que ce que les ruches équipées de jeunes reines pourront produire. Maîtriser sa production demande de se fixer un objectif 18 mois à l’avance.


Stimuler au plus tôt

Aujourd’hui quel planning devons nous écrire ? Maintenant ou un peu plus tard en février selon les régions, sur les ruches et ruchettes équipées d’un couvre-cadre nourrisseur, à fond mince, mettre ¼ à ½ litre de sirop 50/50. Cette stimulation précoce fait démarrer plus rapidement la ponte de la reine. Les plateaux de sol totalement grillagés pourront être réduit des ¾ de manière à ce que la chaleur augmente davantage dans la ruche, tout en maintenant une évacuation importante de l’humidité, plus toxique que le froid. Une radiographie, une feuille mince de métal, une plaque de contreplaqué selon la taille de l’ouverture des ruches permet de réaliser cette réduction de la ventilation si le plateau de sol n’est pas équipé d’une glissière ad hoc.

Le démarrage d’hiver

Pour avoir de belles colonies dans le contexte actuel des parasitoses, maladies, conditions environnementales et météorologiques, il faut travailler toujours avec de jeunes reines qui pondent abondamment et nous donnent des colonies puissantes. Les biologistes nous indiquent que les reines, la seconde année de leur pleine maturité, pondent environ moitié moins que la première. Ce sont donc des colonies moitié moins nombreuses que nous pouvons espérer et la récolte qui n’est qu’un excédent de miel que nous prélevons sur la production de la ruche sera par conséquent moitié moins importante. L’objectif est de multiplier les essaims pour 2008, mais dans le même temps de pousser les ruches de production.

Dans quel ordre faire les choses ?

Des ruchettes pour produire des ruchettes


Tout d’abord il faut distinguer les ruchettes destinées à produire des essaims de celles qui seront réunies aux ruches de production. En effet, il est souhaitable de donner à une ou plusieurs ruchettes le rôle de reproductrices de ruchettes. Cette stratégie est surtout vraie pour ceux qui, faisant de l’élevage, savent conserver des nucléis d’une année sur l’autre. Avec des reines en ponte on réalise dès le mois de mars des essaims artificiels. Ces essaims nourris de manière constante, pourront être divisés à leur tour en mai soit avec des reines en ponte soit avec des cellules de reines naturelles ou artificielles. Travailler ainsi permet de gagner un cycle de production d’essaims.
Et selon la méthode que m’avait enseignée André Regard reprise dans mon livre et dans mes articles antérieurs, d’une ruchette en mars ainsi traitée on obtient 6 ruchettes sur 5 cadres en septembre bonne pour passer l’hiver.

Des ruchettes pour remplacer les vieilles reines.

Après la première visite de printemps, le bilan sur les colonies étant fait, repérant les colonies orphelines, celles ayant une reine marquée de l’an passé et celles dotées de reines non marquées et donc ayant été changées naturellement en 2006, il sera temps de décider des réunions. Les reines 2006 seront marquées de la couleur blanche, 2007 de la couleur jaune et 2008 elles seront rouge. Donc les reines trouvées non marquées seront marquées d’un point blanc. Les colonies orphelines et celles dont la reine est marquée en blanc feront l’objet d’une réunion avec une ruchette 2006.

La réunion

La réunion est une opération simple, après avoir rapproché la ruchette de la ruche de production en 2 ou 3 déplacements d’un mètre chaque jour, on met à la place de la ruche de production une caisse propre, passée à la flamme pour bien la désinfecter. Après un bon enfumage, on met au centre le nid a couvain avec la reine et toutes les abeilles issus de la ruchette, puis on flanque cet ensemble, composé de 3 cadres la plus part du temps, des cadres de couvain avec les abeilles de l’ex ruche de production.

Au passage on attrape la reine âgée pour la supprimer. Le tout sera régulièrement parfumé au pulvérisateur d’une eau agrémentée d’essence d’Eucalyptus, de sirop de menthe, de pastis sans alcool ou avec alcool selon les goûts… bref de tout parfum pour brouiller les odeurs. Puis de chaque coté on met des cadres avec du pollen, puis on complète de cadres de miel et surtout de cires gaufrées.

On secoue toutes les abeilles des caisses sur un journal posé devant la ruches nouvelle de manière à éviter l’introduction dans la nouvelle colonie de déchets comportant des maladies. On nourrit avec ½ l de sirop 50/50

Surveiller les essaims, préparer l’élevage

Cette méthode n’exclut pas le risque d’essaimage. En effet, si le temps test favorable à un fort développement des colonies, ces réunions auront fortement accru le volume de nourrices. Ces jeunes abeilles productrices de gelée royale vont nourrir la reine de manière surabondante, sa ponte sera également surabondante et la population rapidement à l’étroit sera encline à essaimer. Viendra l’heure des essaims artificiels pour prévenir l’essaimage. Mais de cela nous reparlerons en temps utile.

Ce que l’on programme aujourd’hui est le temps de la stimulation pour les ruches souches et les ruches d’élevage. Il en faut minimum deux si on veut faire un travail de production de reines tout au long de la saison. La stimulation se fait 40 jours avant la date du greffage. Donc, en combinant la période suffisamment chaude à partir de laquelle les abeilles pourront prendre du sirop et le moment le plus favorable pour l’élevage, on a la date de la première stimulation qui devrait se situer généralement entre mi-mars et début avril pour des élevages en mai après les saints de glace.

Mais janvier pourrait être l’occasion de s’organiser entre apiculteurs pour mettre en place des activités communes d’élevage. Seul c’est lourd puisque la saison apicole est finalement très courte, à plusieurs c’est jouable et on risque moins de louper une date ou une étape ! Je ne peux que vous encourager à utiliser la voie de votre syndicat départemental pour organiser de tels rapprochements.

Bonne route hivernale.

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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