C’est un mois de moindre miéllée et pourtant le soleil et l’abondance des butineuses nous font penser que tout va bien. En fin de mois les chataigniers, là où il y en a, constitueront la plus grande miellée de l’été à moins que le tournesol redevienne mellifère !
Un mois trompeur
L’activité des butineuses ne doit faire illusion. Il n’y a plus de nectar. Les floraisons du printemps sont achevées en maints endroits. Pour les ruchers sédentaires il faudra passer ce mois avant de retrouver les floraisons des châtaigniers et des tournesols. Puis l’été s’étant installé ce sera en sa fin que de nouvelles miellées de bien moindre importances arriveront pour stimuler la ponte de la reine et parfaire les dernières réserves.
Si les floraisons sont limites, ne pas hésiter après une récolte début juin à donner 1/2 litre de sirop par semaine durant deux voire trois semaines. Les colonies continueront de faire pondre la reine. C’est stratégique pour la suite des évènements.
La récolte
Après un enfumage léger sur l’entrée puis un bon enfumage sur le sommet, enlever les hausses pour placer un chasse abeille entre le corps et les hausses.
Le lendemain, les abeilles ayant largement quitter les hausses du fait de leurs incessants allers retours entre corps et hausses, on peut opérer le rapatriement des hausses dans la miellerie.
A l’ouverture, enfumer sans plus, contrôler l’état des lieux.
S’il y a peu d’abeilles l’objectif est atteint, la hausse placée sur le champ, en quelques coups de balayette on chasse les dernières occupantes. Ne pas enfumer, le miel prendrait l’odeur de la fumée.
S’il y a encore des abeilles en masse, le couvain n’est pas absent de la hausse. La colonie est sans doute faible et on ne doit pas trouver beaucoup de réserves de miel dans les cadres de corps. Réunir ces cadres de couvain sans abeilles dessus dans une hausse et la poser sur une ruche faible qui sera enrichie de ces futures abeilles.
Le chasse abeilles est monté sur un plateau bordé d’un tasseau de 15 mm environ d’épaisseur. Il agit comme une sorte d’entonnoir avec un coté largement ouvert et au bout des chicanes un passage étroit que les abeilles ne retrouvent pour remonter dans la hausse qu’au bout de 24 heures. Car, elles se bloquent temporairement sur les trous placés juste sous la partie large de l’ouverture, l’odeur de la hausse les attire. Mais le leurre est temporaire.
Nourrir pour l’hiver !
Dès la dernière récolte faite, au plus tard le 15 juillet dans la plus part des régions, nourrir massivement au sirop concentré de 60 % de sucre, 40 % d’eau. Les sirops du commerce pour apiculture sont des glucoses obtenus par inversion d’amidon de blé, leur concentration est encore supérieure, elle atteint 72 % sans risque de cristallisation du sucre dans les nourrisseurs. Apporter le sirop par nourrisseurs entiers puisque l’on vise le remplissage des corps de miel pour l’hiver. Cesser le nourrissement lorsque les poids des ruches en pesée arrière atteint environ 19 k.
Ce nourrissement bloque la ponte de la reine car les abeilles mettent du sirop partout où cela est possible. Puis la concentration se faisant, elles libèrent l’espace de ponte de la reine, le couvain revient grâce à cette surabondance de nourriture et la population sera maintenue à un bon niveau. Pour les petites populations, mais dont la reine est jeune et qui ne pourraient amasser suffisamment, enlever les cadres vides, mettre une partition en polystyrène extrudé. On peut réduire jusqu’à 5 cadres. Une population qui couvre bien les 5 cadres restant avec l’équivalent de 4 cadres de miel s’assure un hiver sans soucis.
Traiter varroa
Il semble acquis que les ruches très infestées, à partir de 7 000 varroas décomptés en chute au bout de 4 jours sur un lange graissé et sur lequel on a répandu 0,5 ml d’Amitraze, ne survivent pas à l’hiver dans l’état actuel de l’environnement. Il apparaît donc stratégique de traiter particulièrement l’infestation.
Dès la récolte faite, il faut traiter de suite avec un acaricide au thymol, durant un mois, On place dans la ruche sur les cadres une plaquette contenant du thymol, plaquette coupée en deux et mise par moitié à deux extrémités de l’espace occupé par la grappe. On répète l’opération 15 jours plus tard.
Traiter début septembre avec des lanières à base d’Amitraze durant 12 semaines. Deux lanières dans le nid à couvain ou au ras de celui-ci, une lanière suffit pour les essaims sur 5 cadres.
Ce traitement sera complété en fin de décembre ou début de janvier selon le temps par un dégouttement de 5 ml par inter-cadres (50 ml au maximum par ruche) d’acide oxalique dihydrate, dissout dans la proportion de 35 g pour 1 l de sirop 50/50. Répandu chaud (40°c) à l’aide de seringues de gavage, l’opération prend moins de 3 minutes par ruche.
Ce protocole assure au mieux la protection des colonies. Les mortalités hivernales sont alors dans les limites habituelles.
L’acide oxalique est d’autant plus efficace qu’il n’y a plus de couvain. Tous les traitements sont limités par le fait que le couvain protège les varroas en reproduction et que ceux qui échappent à l’influence du traitement vont se reproduire dans le couvain. De sorte que tant que du couvain est présent un certain nombre de varroas sont protégés et leur survie assurée quelle que soit la qualité du traitement.
NB. On peut fabriquer ses plaquettes de thymol, le résultat est bon. Mais ne pas fabriquer de lanières à base d’Amitraze, la diffusion du produit est maximale les premiers jours puis rapidement il disparaît. Le traitement, dans ces conditions, n’a pas d’efficacité durant les 12 semaines requises.
Pour les lanières à base d’Amitraze n’utiliser que les produits détenant une autorisation de mise sur le marché (AMM). Garder la facture et noter sur votre registre d’élevage les dates des traitements, leur nature, les doses appliquées.
Attention, n’utilisez que des produits ayant une homologation apicole, il y va de votre santé et de celle des consommateurs de votre miel. Les bricolages incessants dont on a connaissance et les mesures de résidus trouvés dans les miels risquent d’altérer l’image d’un miel compris comme un produit naturel et sain.
Jean RIONDET