La poussée d’août

Le retour des pluies et des orages apporte de la fraîcheur et de l’eau propices à la végétation qui connait un regain de vigueur. C’est la poussée d’août qui caractérise les floraisons de la renouée du japon, du lierre… c’est le moment où les jardins deviennent les plus fleuris, des greffes à œil dormant …

C’est donc le moment du bilan de l’état des réserves pour la morte saison, également le temps du traitement contre varroa. Pour limiter le recours aux molécules de synthèse j’ai préconisé l’encagement des reines afin de stopper la production du couvain puis entre 3 et 4 semaines plus tard procéder à deux dégouttement d’une solution d’acide oxalique sous la forme pharmaceutique de l’Apibioxal, de l’Oxybee ou du Varromed. Avant de traiter vérifier qu’il n’y a plus de couvain operculé, en cas de survie de quelques cellules les détruire avec le lève cadre, une herse à désoperculer… Sortir les larves pour mettre les varroas hors d’état de survie.

Prévoir de 3 à 5 jours entre les 2 dégouttements. Faire le premier la reine étant sortie avec sa cage de la ruche puis libérée une fois le dégouttement fait et le second dégouttement sera opéré la reine étant dans la colonie. Pourquoi faire 2 dégouttements ? D’une part cela accentue l’efficacité de l’opération mais assure également de toucher les varroas qui seraient apparus après le premier traitement car issus de cellules de mâles qui n’auraient été vues et détruites par désoperculation.

Quels accidents avec l’encagement ?

Dans environ 6 à 10% des situations on constate que la reine est morte ou que du couvain est  présent. Un remèrage put avoir lieu, ou la reine s’échapper de la cage, ou encore une reine en cours de fécondation peut avoir été attirée par la colonie se sentant orpheline. J’ai eu des cagettes chinoises qui ont laissé filer les reines une fois leur ponte bien à l’arrêt leur minceur leur permit de sortir et de repartir … en ponte.

Le traitement à l’acide oxalique est lors inutile, un traitement avec du Formic pro  ou toute autre molécule s’impose. J’évoque le Formic pro car on entre dans les zones de températures où il sera efficace et son emploi semble des plus simple et des plus efficace sans pour autant laisser de résidus chimiques dans la ruche. cet acide organique est autorisé en bio comme on dit, et atteint les varroas en gestation dans les cellules. La présence d’une hausse ou d’une demie hausse sur le corps durant le traitement augmente le volume et facilite la circulation de l’air porteur de l’acide.

Nombre de professionnels saisissent l’occasion du décagement pour changer les reines, dans les conditions actuelles les reines de plus de 2 années de ponte seront peu efficaces l’année prochaine en général. Leur renouvellement assure la ponte nécessaire pour les récoltes à venir.

Le changement de reine

Classiquement la reine est mise seule dans une cagette avec un bouchon de candi et le tout fermé par un opercule. Posée à cheval sur la tête des cadres, un couvre cadre nourrisseur posé « à bouchon » c’est-à-dire à l’envers, les abeilles auront tout loisir de venir la nourrir, échanger ses phéromones, et l’apiculteur pourra regarder ce qui se passe.

Une cagette couverte d’abeilles signe l’acceptation, en principe. Avec ces petites bêtes on ne sait jamais ! Son abandon indiquerait la présence d’une concurrente dans le groupe.

Avant d’ouvrir l’opercule et laisser les abeilles consommer le candi pour libérer le passage il est prudent de vérifier l’absence totale de cellules royales ici où là, leur existence compromet celle de la reine introduite.

Nourrir et préparer l’hivernage

Dans tous les cas donner 1 verre de sirop facilite la reprise de la ponte de la reine et restera à surveiller le bon équilibre entre la surface de couvain et celle du miel. On devrait être aux environs de 1 cadre de couvain pour 2 de miel. Les stocks seront faits jusqu’en septembre avec l’arrivée des lierre et renouée du japon.

Une fois les surfaces de couvain bien établies, on configure la colonie entre 2 chambres (CH1 et CH2). Il sera bon de resserrer ces cadres de couvain entre 2 PIHPgm pour créer la CH1 et de mettre de l’autre côté (en CH2) les cadres de miel et pollen. La CH1 regroupe de 2 à 5 cadres de couvain tout au plus.

Cette configuration devra permettre de réduire les dépenses énergétiques et limiter les besoins de grappage au cours de la morte saison. Les abeilles rapatrient en CH1 du miel en passant sous la PIHPgm et l’isolation du plateau de sol via la chaussure et la chaussette permet un passage tempéré sous la PIHPgm durant quasiment toute la durée de l’hiver. J’ai constaté que pour un bon passage entre les 2 chambre il est nécessaire d’avoir un tout petit espace entre la chaussette et la PIHPgm. Si l’espace est trop grand les abeilles ne passent pas sous la PIHPgm.

Petit rappel, l’isolation du toit doit être maximale avec 40mm de polystyrène extrudé entre le toit et l’écharpe faite d’un isobulle aluminé débordant de part et d’autre de la ruche. Ainsi isolé et étanche, le sommet de la ruche ne sera pas un lieu de condensation. Si condensation il se produit ce peut être sur les parois, parfois sur certains cadres de la CH2. Il arrive que l’on observe un peu de moisissure sur les rayons ce qui est sans effet sur la colonie.

Ajout d’un « bonnet » sur l’espace de la CH1

On observera que nombre de colonies possèdent très peu de réserves. C’est normal dans les régions où les canicules furent destructrices des ressources de nectars et pollens. L’important est d’avoir de bonnes surfaces de couvain pour disposer de bonnes abeilles. Apporter des candis hyper protéinés est une sage opération pour obtenir des abeilles grasses (riches en vitellogénine, la protéine de la bonne santé des abeilles) en ce moment et assurer un bon hivernage.

En cas de défaillance des réserves de miel, il sera inutile de forcer le destin en apportant de grosses quantités de sirop pour faire des stocks de miel. On pousse les jeunes abeilles à devenir « butineuses » et on les fait vieillir ce qui sera préjudiciable pour la reprise de la ponte au cous de l’hiver prochain. On apportera autant que de besoin des pains de candi. Certes, le candi est moins riche que le miel, mais mieux vaut préserver la qualité des abeilles.

Avec cette stratégie, les mortalités hivernales sont devenues de vieux souvenirs.

Ranger les hausses

Faire simple ne peut être que bénéfique. Le principe de base pour les protéger des fausses teignes, ce petit papillon de nuit aime les protéines qu’il trouve dans les cellules ayant contenu du couvain ou du pollen. Ses larves en ont besoin pour se développer.

La fausse teigne pond des milliers d’œufs dans toutes les fentes de la ruche et la microscopique larve qui en nait se faufile dans les interstice et se cache là où les abeilles ne peuvent les déloger. On en trouve quasiment toujours dans les ruches.

Mais la larve ne se développe pas bien du tout dans le courant d’air et dans le froid. C’est pour cela que la conservation des cadres de pollen ou de miel se fait bien dans un congélateur coffre, de plus le gel détruit les œufs de fausse teigne. Pour un lot limité de cadre les congélateurs ou chambres froides industrielles peuvent convenir.

Pour l’amateur, comme pour le professionnel qui possède un très grand nombre de hausses, le stockage des hausses se fait sans problème à l’extérieur sur un support, une GR posée au fond et une autre au sommet, assurent le passage des abeilles pour lécher les quelques restes de miel mais évite aux musaraignes et autres loirs le bonheur de venir y nicher. A l’abri de la pluie la conservation des hausses sera parfaite jusqu’en avril prochain.

Quelques cadres ayant contenu du pollen ou du couvain seront probablement attaqués par des larves dans la mesure où les chaleurs que l’on connait jusqu’en octobre en permettent le développement. Les rayons ainsi détériorés seront nettoyés en avril, à noter que les baticadres Nicot en plastique sont très peu impactés par la fausse teigne, faciles à nettoyer pour les remettre en service. Plus les rayons sont éloignés les uns des autres moins les attaques de fausse teigne sont fréquentes. Les hausses à 8 cadres pour les Langstroth, Dadant, Voirnot … sont de ce fait plus confortables. L’usage systématique de la grille à reine pour éviter des couvains et du pollen dans les hausses est aussi un argument pour améliorer la conservation des cadres de hausse.

Petites news d’ici et d’ailleurs

Jeudi 24 août mon webinaire à 20h30 portera sur la mise en hivernage des colonies dans la mise en œuvre des ruches RBC.

https://us02web.zoom.us/j/86953782155?pwd=ZWpZaUY3L0k5RUM4UW9sTDJrT0psQT09

J’ai reçu un post de l’ITSAP, d’ADA France et d’Interapi qui annoncent se coordonner… pour mieux capter les subventions ?

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

6 résponses de La poussée d’août

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