Sous la signature de votre serviteur, les éditions Ulmer ont sorti de leurs presses un agenda intitulé « L’apiculture mois par mois » ! Le froid du début de mois a stoppé les élevages, le couvain ouvert est devenu fermé, cette inversion va favoriser l’essaimage. C’est aussi le temps de faire de l’élevage des reines, de faire des divisions.
Essaims artificiels
Depuis avril sur les très fortes colonies on fait des essaims artificiels. Deux cadres de couvain, un fermé et un ouvert (avec des œufs pour démarrer une nouvelle reine sur les larves les plus jeunes), plus un cadre de miel et deux cires, sans omettre toutes les abeilles présentes sur ces cadres.
Éloigner cette ruchette de 3 km et l’élevage d’une reine commence. Nourrir régulièrement, dans un mois vous devriez trouver du couvain frais, un reine est née et fut fécondée. Il sera nourri régulièrement jusqu’en septembre pour atteindre 5 cadres de couvain et de miel. Bien traité contre le varroa dès juillet, il sera opérationnel pour la récolte 2011.
En l’absence de couvain frais, attendre deux semaines et si aucun couvain n’apparait, alors il faut réunir les survivantes à un autre essaim.
Avec des cadres contenant des cellules royales on gagne deux semaines environ. On peut alors constituer ces essaims avec des cadres de couvain fermé exclusivement.
A partir du 15 juin il faut constituer les essaims avec 3 cadres de couvain et à partir du 15 juillet avec 4 cadres de couvain. Ces cadres peuvent provenir de différentes colonies, parfumer tout le monde pour éviter les bagarres en brouillant les odeurs.
Ne jamais hésiter à secouer un cadre d’abeilles dans la ruchette si les cadres ne sont pas très couverts d’abeilles. La température dans la ruchette et le nombre des nourrices sont des éléments importants pour réussir une bonne fécondation de la jeune reine et son démarrage de ponte.
Avec un petit cheptel de 5 à 10 ruches cette manière de procéder permet de réussir le changement des reines tous les ans.
Faire des divisions
Les aficionados de la Warré feront des divisions par éléments entiers. C’est la bonne période, il y aura suffisamment de miellée à venir pour que les colonies reconstituent leurs réserves d’hiver.
Rappelons nous que dans les ouvrages d’apiculture du début du 19° siècle, avant l’arrivée du sucre pour nourrir les colonies, la récolte est préconisée en mai afin que les colonies refassent leurs provisions. Si nous tirons les conclusions de ce précepte ancien, nous veillerons à ce que les abeilles constituent leurs réserves pour les temps moins faste dès que possible après la récolte qui sera nécessairement à la fin des grandes miellées. Pour moi, dans mon secteur, vu les miellées ce sera au 14 juillet.
Aux Warréistes je leur conseillerai ce que Gilles Denis préconise, à savoir mettre un élément amorcé sous le couvain pour en permettre l’expansion autant que de besoin, et mettre un élément sur le dessus à chacune des venues de grandes miellées. les abeilles construirons de bas en haut si l’élément est constitué de barrettes amorcées, de haut en bas si l’élément est constitué de cadres comme le préconise Gatineau.
Pourquoi cette manière de faire ? Dans les régions à miellées cycliques, l’arrivée massive de nectar doit trouver sa place, si les abeilles disposent d’un élément vide sur le couvain elles construiront et le rempliront de nectar. Si l’élément est sous le couvain, les butineuses ne sauront où mettre le nectar (elles le stockent au plus haut dans la ruche) il faudra attendre la naissance du couvain pour faire de la place et la miellée sera passée lorsque l’élément le plus haut sera utilisable comme réserve à miel.
Élever des reines
Mai est l’époque par excellence, un élevage artificiel réussit naturellement au moment où les colonies se préparent à l’essaimage. L’ouvrage de Gilles Fert « l’élevage des reines » chez Rustica est la référence actuelle. Tout un ensemble de méthodes y sont décrites, les plus commodes sont celles qui évitent d’avoir à rechercher la reine qui, même marquée, peut être difficile à trouver. Pour un petit élevage d’une dizaine de reines je préconise d’utiliser une ruchette 5 ou 6 cadres qui a passé l’hiver et qui est au moment ad hoc débordante d’abeilles. On orpheline la colonie puis on enlève un cadre de rive souvent bourré de miel et on écarte le nid à couvain pour laisser un espace pour un cadre d’élevage. Dans les heures qui suivent le cadre est introduit. On y greffe une bonne vingtaine de cellules de reines et on nourrit abondamment en sirop ou miel cristallisé. Sans précautions particulières on réussit une bonne quinzaine de reines.
Traitement anti varroa
Traiter dès maintenant et pendant 3 mois les essaims artificiels et naturels, le traitement sera repris en septembre. Le varroa est une source d’affaiblissement des colonies par les consommations de protéines qu’il vole aux abeilles, elles deviennent moins bonnes productrices de gelée royale, plus sensibles aux maladies et leur durée de vie en est abrégée. Avec les pesticides systémiques ces deux fléaux mettent les colonies en état de fragilité extrême face aux maladies.
A noter que dans l’AMM pour l’APIVAR à base d’Amitraze, il n’y a aucune durée à respecter entre le retrait des lanières et la pose des hausses. Si vous avez dû traiter en avril, vous pouvez enlever les lanièreseet mettre les hausses. Sauf si vous êtes en apiculture biologique, ce traitement chimique est possible mais ce miel ne pourra $etre vendu sous le label bio.
Ce produit est délivré sur ordonnance d’un vétérinaire et par l’intermédiaire des GDSA qui ont vocation à organiser les apiculteurs autour du bon usage des médicaments sous l’autorité d’un vétérinaire. Les bricolages personnels sont interdits et les produits ne disposant pas d’AMM ne peuvent être utilisés. Pour disposer d’informations complètes se reporter au site www.apivet.eu
L’apiculture mois par mois
Sur une idée de Fabienne Chesnais qui est spécialisée dans l’accompagnement d’auteurs et la recherche d’éditeurs, les éditions Ulmer ont produit cet agenda qui accompagne l’apiculteur petit producteur pour planifier ses travaux.
L’ambition est de fixer une temporalité des activités, en parodiant la pub « les pêches c’est maintenant ou c’est dans un an » on dira que les travaux apicoles maintenant sont pour la production « de dans un an » ! Adage que l’on oublie trop souvent.
Mois par mois, les floraisons, la météo attendue, les évolutions de la colonie, la biologie de l’abeille vont conditionner nos travaux; à l’atelier dans la morte saison, au rucher dès les premiers rayons du soleil.
Les rubriques sont systématiques, ce sont des rappels.
La technique du mois est une technique parmi bien d’autres car il n’était pas dans l’ambition de cet ouvrage d’en faire un traité d’apiculture. C’est une check-list technique de ce qui est à faire et pourquoi on le fait; comment on le fait sera variable d’un apiculteur à l’autre et laissé à son appréciation.
Nos malheurs avec l’agrochimie et varroa font l’objet d’une rubrique spécifique appelée « hygiène et santé du rucher » complété par « la bonne pratique du mois ». Tant l’hygiène et des comportements alimentaires bien compris sont nos seules armes dans le rucher pour protéger la vie de nos colonies et maintenir un miel de qualité.
Les photos abondent et Virginie Jacot a réalisé de superbes dessins pour illustrer la technique du mois.
Ce mélange de photos très illustratives et de dessins tout à la fois techniques et esthétiques donne un parfum plaisant à des sujets pas toujours faciles à décrire : allumer l’enfumoir, préparer des cadres, transvaser une colonie malade de la loque américaine, faire un essaim nu, fabriquer ses plaquettes de thymol, introduire des reines, disperser une colonie, comment nourrir en période froide.
Sorti pour l’Ascension, cet ouvrage me colle encore aux doigts, c’est le premier exemplaire qui m’est envoyé.
160 pages, 19,90 euros. Ulmer éditeur.
Jean RIONDET