L’élection du Président Obama n’a pas provoqué de fureur hystérique ches les abeilles. Le froid arrive peu à peu, elles se serrent les unes contre les autres, oubliant l’euphorie des beaux jours. Pour se tenir chaud, elles forment une grappe animée d’un lent mouvement. Les abeilles de la périphérie se refroidissant et n’ayant plus de miel à manger s’approchent du centre pour tirer du miel des cellules. Elles dégagent ainsi de la chaleur jusqu’à 31°c au centre de la grappe et un peu plus d’une dizaine en périphérie. L’abeille hiverne ainsi durant de longs mois, ne sortant pour déféquer que les jours de grand soleil et par temps tiède.
Au rucher
On laisse donc les abeilles tranquilles, les colonies ne font pas l’objet de manipulations particulières sinon de veiller au bon maintien des toits et en cas de neige au dégagement des planches d’envol.
Les plateaux de sol grillagés auront été partiellement fermés pour limiter le refroidissement interne qui semble ralentir le démarrage de la ponte, mais une aération conséquente sera maintenue pour évacuer l’extraordinaire humidité que dégage la colonie.
Les abeille savent lutter contre le froid sec en mangeant leurs réserves de miel, par contre le froid humide les détruit.
L’époque se prête aux débroussaillages, à la mise en forme des futurs emplacements, à la préparation de nouveaux ruchers.
Les terrains ont été reconnus cet été, les négociations sont en cours ou en voie d’achèvement et il faut réaliser les supports de ruches.
Pour ma part, fidèle au principe d’unicité du matériel, j’achète des parpaings de forme toujours identique, les plus gros.
J’en mets deux sur le flan pour avoir une assise solide et qui ne s’effondrera pas trop rapidement sous le travail des vers de terre. Bien calés à l’horizontal, puis j’en mets deux par dessus sur le champ de manière à avoir la ruche au bon niveau.
Par ajouts successifs on peut régler la hauteur de parpaing à volonté, le confort est premier dans l’apiculture, car son dos est l’ennemi n° un de l’apiculteur.
La position des parpaings peut être étudiée de manière à réserver un support à coté des ruches pour y déposer les cadres lors des visites.
Les jours pas trop froids il est possible de passer l’extérieur des corps des ruches de l’huile de lin pour ceux qui ont adopté cette solution. C’est très rapide avec un large pinceau ou un rouleau et ne dérange pas la colonie. L’idéal étant tout de même de traiter ses caisses en atelier et de faire des transvasements au printemps.
Nourrir
En principe, les colonies auront été mises en hivernage dans de bonnes conditions. L’amateur qui lit régulièrement ces lignes comprendra que le volume de jeunes abeilles hivernées et l’abondance des provisions sont les seuls gages d’un bon passage d’une année vers l’autre.
Toutefois tout ne se passe jamais comme convenu, les abeilles sont rarement convenables !
Et il faut compenser les déficiences en provisions. Le plus délicat que j’ai pu rencontrer ce sont des colonies qui ne cessent d’élever et qui amassent peu. Certains éleveurs recherchent ces races qui font de la « viande » elles sont très prisées pour fabriquer les paquets d‘abeilles et les essaims artificiels.
Le seul apport en période hivernale sera le sucre, en morceaux ou candi, posé sur le trou du nourrisseur du couvre cadre au plus près de la grappe. Certains plateaux couvre-cadres sont perforés de 3 trous pour mettre le candi sur celui où l’on voit la grappe. Il sera consommé par les abeilles comme du miel operculé, c’est à dire pas plus que de besoin.
Le couvre cadre percé d’un trou aura été mis à temps, en remplacement du couvre cadre nourrisseur inutile en cette saison. Je déconseille toujours de fabriquer une pâte simulant du candi avec du miel et du sucre cristallisé. On risque de transmettre les maladies du couvain dont la loque en particulier, car les spores sont présentes dans le miel des hausses dont certains rayons ont contenu du couvain.
Le sucre en morceaux ou le candi sont hygroscopiques, l’humidité importante dégagée par la colonie vient ramollir le sucre, ce qui assure sa prise par les abeilles.
Le candi de cristallisation beaucoup plus fine est très bien consommé, le sucre en morceaux beaucoup moins bien. On en retrouve toujours un peu sur le plateau de sol.
Surveiller l’état des provisions très régulièrement une fois par mois, aujourd’hui les consommations sont faibles, elles s’accéléreront à partir de janvier.
A l’atelier
C’est l’époque de l’entretien du matériel, les corps et les hausses sont grattés, passés à la flamme du chalumeau pour brûler cire et propolis enfermant des agents pathogènes. La propolis doit bouillir sous l’effet de la flamme, le bois neuf devient couleur pain d’épice.
Les matériels en plastique, polystyrène … sont également grattés et trempés dans un bain contenant de l’eau de javel (un berlingot dans 5 litres d’eau).
Les traitements à la lessive (Oxydrine, St Marc…) dans l’eau en ébullition sont également possible et très efficaces, mais dangereux du fait de la chaleur et des projections corrosives. Mettre gants, bottes, tablier, lunettes de laboratoire…
Pour les cadrons en plastique on les passe dans un mélange eau, lessive de soude (1l de lessive pour 3 l d’eau), on porte le mélange à 65°c puis on étentin le feu, Les cadrons dégagés de leur cire sont trempés quelques secondes, puis retirés brossés et retrempés jsuqu’à ce que la cire soit saponifiée et se détache facilement.
C’est la seule manière de correctement les désinfecter, les espaces vides pour le moule et les économies entretiennent des saletés porteuses de maladies. Attention à bien surveiller la température car la réaction chimique de la saponification dégage de la chaleur qui détruit les cadrons.
Les outils métalliques sont passés à la flamme, l’enfumoir copieusement ramoné d’un bon coup de chalumeau pour volatiliser les goudrons, s’il peut supporter un tel traitement de choc.
On remet en état la caisse à outils et on s’approvisionne en cire gaufrée issue de brèches d’opercules en principe indemne de molécules chimiques, on cherche de la mèche soufrée, on repeint ses outils de couleur vive bleue rouge ou jaune pour les trouver dans l’herbe.
On ramasse des pommes de pin pour l’allumage de l’enfumoir, on se procure un sac de croquettes de luzerne déshydratée pour chèvres ou moutons ou chevaux, de sorte que pour quelques euros on dispose d’un abondant matériel d’enfumage pas cher, bien sec et toujours disponible. L’allumage peut se faire facilement avec les bâtonnets « Calumet » de la société Chiminove.
Pour les cadres préparer des pointes tête homme de 50 mm pliées en Z de manière à faire des épaulements de secours en cas de casse au cours des manipulations estivales.
S’équiper d’étiquettes jaunes horticoles que l’on visse sur les caisses pour supporter les numéros de ruche, les indications d’origine de la reine…
Renouveler son carnet de note ou prévoir une pochette plastique sur le couvres cadres pour y glisser le carton de notes concernant les observations sur la colonie.
L’entretien des caisses
La peinture préférée des professionnels est celle à base de pigments d’aluminium comme pour les tuyaux de poêle. Elle dure très longtemps, se passe très facilement.
Toute autre peinture peut convenir, mais les colonies dégagent tellement d‘humidité qu’il faut attendre une saison que l’intérieur de la ruche soit parfaitement enduit de cire et de propolis pour la rendre étanche à l’humidité. Sinon le film protection externe du à la peinture est détruit partiellement par de cloques importantes d’eau ayant traversé le bois.
Une solution consiste à imprégner le bois à chaud de cire microcristalline, il faut utiliser de la paraffine à haut point de fusion (80°c) car celle plus courante fond à 50°c et coule souvent au soleil le long des parois. On y ajoute 15% de résine de pin.
Attention au danger de chauffer une telle cire qui peut s’enflammer lorsque la température montant, les vapeurs en suspension dans l’air constituent avec celui-ci un mélange que le brûleur enflamme brutalement.
Jean RIONDET