C’est vraiment l’automne qui arrive, de la pluie de la fraicheur et une dégringolade des rentrées de pollens et de nectar.
Mais encore de belles journées pour aller travailler dans les ruchers et les ruches.
Mettre les colonies en hivernage
Il s’agit de mettre les colonies en condition de vivre sans défaillance jusqu’en février, moment où la dynamique démographique des colonies doit repartir.
Plusieurs objectifs sont à envisager.
– Faire du miel au printemps suppose de disposer de grosse colonies à l’hivernage pour que les premières pontes de la reine soient très rapidement abondantes et que la récolte soit maximale. Il faut dans ce cas regrouper les colonies faibles avec la plus jeune des reines. Attention les colonies seront saines car 2 colonies malades font un hôpital pas une dream team.
– Disposer de jeunes reines tôt en saison dans des essaims hivernés pour développer des colonies de production qui seront au maximum de leur développement sur les miellées du milieu ou de fin de printemps et surtout pour les miellées de l’été, il faut pour cela hiverner des essaims sur au moins 4 cadres avec un bon ratio couvain /miel 1,5 couvain et le reste en miel et pollen. C’est une situation des plus habituelles.
– Disposer de jeunes reines sur des essaims trop petits pour en faire des ruches de production mais qui accueilleront des cadres de couvain lors des indispensables purges de couvain sur des colonies à risque d’essaimage. Cette solution permet d’avoir des essaims sur 5 ou 6 cadres dès avril ou les conduire pour disposer de belles colonies pour réaliser des essaims artificiels par la suite. Car ces colonies après avoir accueillis des cadres de couvain excédentaires seront à leur tout pourvoyeuses de cadres de couvain. A noter que sur des colonies de ce type, en les conduisant judicieusement on peut tirer au minimum 8 essaims dans l’année, si toutefois on peut démarrer tôt en saison.
Ce schéma est un peu théorique mais il cadre les possibilités. Les conditions d’un bon hivernage sont de disposer de jeunes abeilles en masse c’est à dire que les nourrissements liquides soient achevés dès maintenant et que les apports en sucre si nécessaires seront couverts par du candi pur sucre, non protéiné puisque la ponte de la reine devra cesser au plus tôt afin que les nourrices en puissance le restent jusqu’en février.
Le traitement anti varroa sera maintenu au moins jusqu’en janvier, avec les solutions d’acide oxalique on pourra traiter une fois par mois jusqu’à fin décembre. Lorsque le couvain a totalement disparu ce type de traitement est d’une efficacité totale.
Si les doses appliquées sont respectées les effets délétères de l’acide oxalique sur les abeilles sont limités. Tout en sachant qu’aucune médication est sans effet secondaire, le traitement à l’acide oxalique est toxique pour une fraction des abeilles. Mais ne pas traiter est pire tant que les colonies ne sauront se défendre naturellement contre ce parasite. A cause de la toxicité de ces traitements on conseille désormais d’opérer un changement de reine tous les 2 ans.
Comment hiverner une colonie ?
Le plus simple et économique est de faire l’hivernage dans une ruche ne bois, classique mais aménagée pour en faire une maison isolée.
- Le plateau de sol sera fermé, isolé en dessous par 4cm de polystyrène
- Sur le dessus des cadres placer une feuille d’XLMat, (le plus solide et le plus réfléchissant des isobulles).
- Deux partitions encadreront tous les cadres de couvain
- Puis le miel sera mis au-delà et une troisième partition réfléchissante fermera l’ensemble.
- Sur le corps 4cm de polystyrène viendront compléter l’isolation au sommet. Cette isolation du sommet de la ruche serait a minima la plus importante car elle évite des condensations qui goutteraient du plafond sur la grappe entrainant une mort certaine des abeilles.
Cet agencement préconisé par Marc Guillemain promoteur de Partitions Isolées Haute Performance (PIHPgm) permet de faire passer l’hiver à tout type de colonie y compris à des reines sur un seul cadre de couvain. Si les réserves de miel ne sont pas suffisantes, les apports de candi seront nécessaires tout en maintenant une isolation extrême. L’isolation par l’extérieur serait à privilégier mais les surépaisseurs rendent l’étanchéité du toit délicate.
Les ruchettes en polystyrène sont très performantes, elles sont avec 6 cadres potentiellement et l’usage de 2 PIHP réduit la possibilité d’hiverner de gros essaims sur 6 cadres dans cet espace. Mais la conservation de la chaleur est telle en cet endroit que, lors de la reprise de ponte, les cadres sont couverts de couvain aux 4 coins, ce qui équivaut à 6 cadres avec couvain et miel. Il faut rapidement transvaser ces essaims dans des ruches. Les ruches de grande taille permettent tous les agencements possibles, mais limitent souvent la capacité de transhumer vu leur poids.
Sur la photo,là où sont les abeilles se trouve le couvain. Les cadres de miel sont de l’autre côté de la partition, dans ce cas il n’y a que 2 cadres très pleins de miel, le couvain étant lui même entouré de nourriture à ce moment de l’année. Avec cet agencement toutes les abeilles se regroupent autour de la reine et la température y est le plus élevée possible.
On devra retrouver en mars le même volume d’abeilles voire de couvain dans cet espace.
Certaines lignées ont produit du couvain au lieu de produire des réserves de miel avec les belles rentrées de renouée du japon et du lierre. Il faut enfermer les quelques rares cadres ayant encore du couvain entre 2 PIHPgm et laisser faire. Le froid venant elles vont consommer du miel autour du couvain là où se trouve la reine puisque pour tenir la chaleur du couvain les chauffeuses vont consommer beaucoup de miel. L’espace ainsi libéré sera peut-être pondu tant que des journées seront belles et ensoleillées.
Dans les régions où la réglementation impose les semis de CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) ces floraisons très tardives entretiennent des couvains non moins tardifs, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est pas des plus utile pour les colonies semble-t-il. Les larves élevées à ce moment là ne le sont qu’avec un seul type de protéines ce qui est insuffisant pour développer des corps gras de qualité. L’idéal serait que les CIPAN soient broyés avant la floraison mais la réglementation impose les broyages dans quelques mois seulement. En conséquence on risque de se retrouver avec du couvain toute la morte saison, la consommation de miel sera élevée et la surveillance des colonies accrue. Autre inconvénient sera le maintien du varroa dans le couvain et le peu d’efficacité du traitement de décembre à l’acide oxalique. Soit il faut utiliser des lanières d’acaricides à base de molécules de synthèse soit multiplier dès avril les traitements à l’acide oxalique comme préconisé avec le Varromed.
Nourrir ?
Oui si besoin, mais au candi seulement pas avec du sirop. Les colonies doivent impérativement conserver leurs abeilles nées entre fin septembre et fin octobre en repos. C’est à dire en ayant un minimum de couvain à élever et pas de concentration de sirop à opérer. Ces travaux les font vieillir et leurs glandes hypopharyngiennes et mandibulaires vieillissent. Elles deviennent incapables de produire de la gelée royale en quantité à partir de janvier /février pour relancer la ponte de la reine.
Le candi sera pur saccharose puisque l’absence de couvain ou le but de ne plus en avoir serait parasité par des apports de protéines végétales qui relanceraient la ponte de la reine. Le candi pur saccharose et de préférence fait à froid avec des sucres micronisés comme le Beefondant ou l’Apipuder, sera sans HMF, ce qui n’est pas le cas des candis cuits à chaud et acidifiés qui contiennent du HMF, toxique pour les abeilles.
Le candi sera posé sur la tête des cadres, sans l’enveloppe plastique (ce qui suppose de disposer de candi non gluant de sirop de glucose) recouvrir d’un film plastique débordant de la ruche pour pouvoir visiter sans déranger les abeilles. Poser par dessus un multicouche réfléchissant, en mettre deux épaisseurs sans les écraser, puis un couvre cadre nourrisseur en bois ou un cadre d’une hauteur d’une demie hausse, voire même poser une hausse puis placer un polystyrène de 4cm puis le toit.
Trop d’isolation ? Non car l’abeille est née en Afrique et son métabolisme s’est constitué dans ce contexte de température et si elle résiste chez nous dans le froid c’est au détriment de sa longévité et de ses réserves de miel. Le tronc d’arbre, son habitacle préféré possède une épaisseur isolante de bois de 10 à 25 cm et nous les faisons vivre dans nos caisses d’emballage de 25 mm d’épaisseur au mieux. Alors, tentons de compenser ces conditions environnementales déplorables en utilisant les matériaux modernes d’isolation comme le proposait dès 1948 le grand Alin Caillas dans son célèbre ouvrage d’apiculture « les méthodes d’apiculture à grand rendement » où il préconisait l’emploi de parois brillantes au sein de la ruche pour maintenir le couvain à haut niveau de chaleur. Cette thématique je la reprendrai régulièrement car elle contribue au bien être de abeilles, à la reconnaissance de la qualité de nos élevages et de notre compétence d’éleveur.
Il avait également publié un petit opuscule de 17 pages en 1948 « Le calorifugeage des ruches » que j’ai pu consulter grâce à l’amabilité de la documentation de la Fédération Royale Provinciale Liégeoise d’Apiculture située au château de Tiff en Belgique.
https://www.frpla.be/services/bibliotheque
Voici le document du CARI sur le nourrissement hivernal
https://www.cari.be/medias/abcie_articles/163_fichelevage.pdf
Pour les passionnés de technologies numériques
https://www.mellisphera.com/
Un colloque en ligne : Lutter contre le frelon asiatique
8 et 9 novembre 2021
organisé par l’ITSAP -Institut de l’abeille et le MNH – Muséum national d’Histoire Naturelle
Le programme : https://urlz.fr/gEbv
S’inscrire : https://lnkd.in/gaJMc2nD
Et un en Allemagne
https://berufsimker.de/veranstaltungen/51-sueddeutsche-berufs-und-erwerbsimkertage/
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