Après avoir resserré les colonies, apporté des compléments nutritionnels, l’activité ne s’arrête pas encore !
Encore une fois, il nous faut mettre en place les conditions d’un traitement hivernal performant contre varroa. Les traitements estivaux sont terminés, on débute les traitements de morte saison !
Avec l’allongement de l’été, floraisons et fraicheur revenus, les couvains se sont développés là où les canicules les avaient largement stoppés. Le varroa a donc repris son développement. Le traitement en morte saison s’impose et le seul vraiment disponible en ce moment de l’année sera à base d’acide oxalique. Mais son efficacité justifie son emploi à la seule et unique condition que le couvain soit absent, sinon sa performance n’excède pas 50%. Dans ce cas autant ne pas traiter.
La mise hors couvain des colonies
Normalement nous avions l’habitude de traiter entre Noël et le jour de l’an sachant que les reines ont cessé leur ponte en ce moment là. On s’était aperçu que, selon les lieux, la date de la rupture naturelle de ponte pouvait osciller de fin novembre à début janvier. Puis les cycles des périodes froides deviennent plus courts, des floraisons tardives maintiennent des rentrées de nectar favorable au développement du couvain, notamment du fait de l’apparition des CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) qui fleurissent entre octobre et décembre bien au delà du lierre. Enfin, en de nombreux endroits mi-décembre on observe une reprise de la ponte de manière assez systématique, même si les pollens ne rentrent plus de l’extérieur, ce sont les corps gras des abeilles qui sont mis à contribution pour produire les gelées nourricières.
Ajoutons à cela l’irrégularité des comportements entre les colonies qui devrait nous conduire à ouvrir toutes les colonies pour vérifier leur situation face à cet arrêt de ponte que nous recherchons. Travail fastidieux et délicat à conduire à une époque où la météo n’est pas nécessairement au rendez-vous.
Aussi est maintenant envisagé un encagement d’hiver. ou plus exactement d’automne. En effet les apiculteurs italiens qui utilisent largement ce procédé lui trouvent bien des avantages face aux difficultés de mise en œuvre.
La mise en œuvre
- La période idéale se situerait à partir du 15 octobre.
- La durée serait a minima de 24 jours, mais on peut aller plus loin, jusqu’à 2 mois puisque que l’on est en période naturellement de moindre ponte de la reine. Une longue durée n’affecterait pas la reprise de la ponte et l’absence de couvain permet aux colonies d’économiser l’énergie des abeilles.
- Les cages utilisées seraient les petites cages chinoises ou celle de Scalvini, mises dans le 1/3 supérieur du cadre de couvain et de préférence contre un cadre riche en miel. Maintenues par un fil de fer, un morceau de fil de cadre comme l’on dit, elles seront aisément retirées.
- L’acide oxalique sera distribué en dégouttement, tiède, qui semble la manière la plus efficace de l’utiliser. il est souhaitable de disposer d’une seringue équipée d’une rallonge qui assure une distribution de la solution en fines gouttelettes. Tout cela est au conditionnel, ce sont des observations, puisque nous ignorons tout de la manière dont agit l’acide oxalique sur les varroas.
On attend la publication de travaux comparatifs entre les modes d’application sublimation et dégouttement, sur les quantités d’acide distribuée en sublimation sur le nombre des applications etc.
Néanmoins dans l’état de nos connaissances restons sur le schéma classique et le dégouttement sera fait au moment le plus opportun du point de vue météo puisque l’encagement en ce moment sera sans grand risque pour les colonies.
Le résultat
Après avoir opéré le dégouttement, si la grappe a été correctement arrosée que l’acide soit bien tombé en fines gouttelettes sur les abeilles et non sur le plateau de sol, l’efficacité de ce traitement devrait permettre de redémarrer la saison 2024 avec un minimum de varroas pour disposer de colonies dynamiques.
Surveiller l’évolution du poids des ruches
Une fois par mois on opère une mesure du poids des ruches. Avec les pesons électroniques disponibles on peut aisément faire cette mesure, surtout si les ruches sont dotées de poignées métalliques, on fait 2 pesées partielles d’un côté puis de l’autre et la somme nous donne le poids total.
Ce n’est pas le poids qui nous intéresse au premier chef mais sa variation dans le temps. Une ruche complète conduite sur 8 ou 9 cadres bien dotée en miel peut atteindre 40kg, mais une population qui a souffert de la canicule et qui n’est véritablement que sur 5 cadres sera ramenée à la situation d’un ruchette et ne pourra dépasser 20 kg. En ayant correctement évalué les réserves en miel on appréciera leur diminution voire leur disparition et nous alertera sur les apports à réaliser si besoin.
La surface d’une main de miel operculé sur une face correspond à 150g environ, un rayon de cadre de corps Dadant plein sur l’intégralité de sa surface pèse environ 4,5 kg mais on est rarement dans cette configuration.
Pour chacune des ruches il est nécessaire de noter le nombre de cadres de couvain mis entre les partitions de la CH1, d’apprécier les quantités de miel disponibles et enfin le poids total. On avait l’habitude de soupeser les ruches uniquement en pesée partielle par l’arrière, avec les irrégularités des miellées d’automne et des comportements finalement très variables des colonies on s’aperçoit que cette mesure approchée est très insuffisante. Soit on fait une double pesée arrière/avant soit des cotés droit/gauche.
Apporter du candi lorsque les réserves sont très entamées, c’est à dire divisées par 2, n’est pas stupide car si les abeilles le prennent de préférence au miel du fait que le miel operculé est moins attractif que la pâte à nue, cette précieuse ressource sera conservée pour le redémarrage des colonies et à des périodes de croissance rapide grosses consommatrices d’énergie au moment où les fluctuations météo peuvent entraver ponctuellement les apports externes.
Quelques news glanées ici ou là
A propos du « Bio«
https://www.generations-futures.fr/actualites/agriculture-biologique-mythes
Nouveauté en librairie
« Le langage des abeilles » Jürgen Tautz, Delachaux et Niestlé – 227p – 291 références bibliographiques !
Avec son art de la vulgarisation scientifique de haut niveau, Jürgen Tautz nous détaille la controverse entre Karl von Frish et Adrian Wenner sur la communication entre les abeilles au sein de la ruche puis à l’extérieur pour déterminer un lieu de butinage.
A l’aide de tous les travaux nés autour de cette controverse, y compris de ses propres recherches, Jürgen Tautz expose les 3 temps de la communication depuis la danse sur la verticale d’un rayon pour embarquer des recrues au butinage jusqu’aux échanges durant la route pour arriver au butin.
La danse donne une information précise sur l’orientation mais moins précise sur la distance de la ruche au butin. Les recrues se lancent et atteignent une zone censée pouvoir être celle affichée par la danseuse. Elles recherchent les fleurs à butiner qu’elles vont trouver soit par l’odeur rapportée par la danseuse soit par les signaux olfactifs émis par la danseuse qui les accompagne vers ce lieu.
Au-delà du détail des travaux et des hypothèses sous-jacentes l’intérêt de ce travail de vulgarisation scientifique m’a passionné du fait des réflexions de Jürgen Tautz sur les méthodes, notamment son obsession de toujours donner la priorité aux faits en regard des interprétations. Aller des faits aux idées et non des idées aux faits disait déjà Émile Durkheim dans « Les règles de la méthode sociologique » en 1895.
Nouveau tuto « composition de la ruche RBC« par J RIONDET
https://www.youtube.com/watch?v=oOSkUjZ56pw
Et Jeudi 26 octobre webinaire avec Damien Merit sur la ruche RBC
Sujet: La ruche RBC Questions réponses avec Damien Merit auteur de l’ouvrage
26 oct. 2023
20:30 ouverture de la salle virtuelle
20h45 début des échanges
Rejoindre Zoom Réunion
https://us02web.zoom.us/j/85431078403?pwd=QmNPQjFaVkVKSnRyc0Rmc1VNWVZ3QT09
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