L’hivernage est une phase déterminante de la qualité de la colonie au printemps prochain. Un hiver rigoureux n’a guère d’importance pour les abeilles. Leur mode de vie leur permet de s’adapter à toutes les saisons. Une très forte population ne consomme guère plus qu’une colonie peu populeuse mais démarre bien plus vite dès les premiers rayons de soleil.
La qualité sanitaire de la population
Le premier objectif est de réduire la population des varroas sur les abeilles. Les traitements qu’ils soient au thymol, à l’acide formique, aux lanières à base de molécules de synthèse ou à l’acide oxalique sont à conduire avec rigueur. Les conseils des GDSA sont à suivre absolument. Les divers soins curatifs constituent un jeu collectif.
Du fait de la dérive permanente des abeilles entre les ruches on ne traite pas une colonie mais un rucher et si on y ajoute le vagabondage des bourdons incessant d’un rucher à l’autre, une politique d’alternance des produits sanitaires pour limiter les sélections de parasites résistants n’a d’efficacité qu’au niveau d’un département voire d’une région, jamais au niveau d’un apiculteur.
Une population en bonne santé est aussi une population abondante riche en butineuses capables d’apporter le plus tardivement dans la saison les pollens indispensables pour un couvain de qualité.
Une abondante population tard dans la saison sera composée d’abeilles nourries exclusivement aux nectars de fleurs, donc à l’intestin en bon état. Les sucres que nous apportons ont des effets néfastes pour la santé des abeilles les ayant transformé en miel.
Le couvain d’automne, au moment où le froid arrive, sera consommé pour une large partie par les abeilles. Leur corps s’enrichissant de protéines, les glandes hypopharyngiennes des nourrices se bloquent durant plusieurs mois jusqu’au retour des pollens.
Une colonie riche de ces abeilles verra un développement précoce et rapide de son couvain.
Le nourrissement
Nourrir peut être encore nécessaire en cette période, une colonie forte et saine est une colonie bien nourrie. Le contrôle des réserves s’impose. Le minimum est de disposer de 4 cadres de miel, pleins sur pratiquement toute leur hauteur.
Ce minimum correspond à une population sur 5 cadres, les essaims artificiels sont sur 5 cadres à ce moment de l’année et ils passeront très bien l’hiver.
L’idéal étant d’avoir 8 cadres de miel pour une colonie de production, la surabondance des réserves est une économie pour l’année prochaine, ce miel sera consommé en abondance en fin d’hiver au démarrage de l’élevage du couvain.
Nourrir avec des sirops très concentrés (1/3 d’eau 2/3 de sucre en poids, ou acheter des sirops tout prêts qui sont encore plus concentrés et donnés sans dilution).
Au sirop de saccharose que l’on fabrique avec du sucre cristallisé, on ajoute du vinaigre dans la proportion de 5 ml par litre de sirop. L’idéal étant du vinaigre de cidre car il contient des oligo-éléments de manière importante (Guerriat « Etre performant en apiculture »).
Dès que les cadres s’emplissent sur au moins les ¾ de leur hauteur, ajouter un cadre bâti.
A titre indicatif, on estime à 15 k la quantité de miel dont doit disposer une colonie pour un bon hivernage, en pesée arrière, c’est-à-dire la ruche reposant sur son support à l’avant, le peson accroché au milieu du plateau de sol à l’opposé doit indiquer 18 à 20 k. A ce poids aucun nourrissement d’hiver n’est à envisager.
Sauf exception, aucun nourrissement n’aura lieu au-delà du 15 septembre de manière à ce que la population ait été totalement renouvelée (6 semaines). Cette limite est à moduler en fonction de la date d’arrivée des grands froids.
La préparation des colonies
Dès la fin du mois il faut resserrer les petites colonies, enlever les cadres vides ou insuffisamment pleins et mettre des partitions. Cette opération est inutile sur les grosses colonies.
Pour que les partitions soient de véritables barrières au froid, j’utilise du polystyrène extrudé, vendu en plaques bleues, jaunes ou vertes de 60 x 120 cm.
Coupées au format intérieur des caisses, elles entrent à frottement doux.
On leur fait affleurer le couvre cadre. Leur hauteur est au plus celle d’un cadre. Inutile de fermer au fond, la chaleur se concentre au niveau de la grappe.
Le plateau de sol, totalement grillagé, sera réduit pour ne pas retarder le démarrage du couvain au printemps. Une feuille de plastique de type radiographie sera insérée par la portière d’entrée, elle laissera au bord sur les 3 cotés une aération d’environ 3 à 5 cm. L’humidité, pire pour les abeilles que le froid, pourra ainsi s’évacuer au mieux.
Cette opération ne me semble pas nécessaire pour les plateaux Happykeeper.
Doit-on centrer les colonies dans les ruches ? Personnellement je ne le fais pas. Je cale la colonie sur le coté de la ruche exposé au soleil du matin et je place la partition au-delà du dernier cadre rempli de miel. Je constate que les colonies ainsi préparées démarrent plus vite en fin d’hiver.
La recherche et le renouvellement des reines
Rechercher les reines devient possible. Les colonies moins populeuses en cette période de l’année sont plus faciles à visiter. Il n’est pas rare de découvrir qu’un changement de reine a eu lieu au cours de l’été.
La marquer de la couleur de l’année rendra bien des services pour l’année prochaine.
Noter les colonies dont les reines sont à changer (reines de l’an passé pour les passionnés d’élevage, reines de deux ans pour ceux moins portés sur l’élevage des reines).
Ce changement se fera soit en octobre avec des reines issues de nucléis, le risque de supersédure sera très limité, soit au printemps suivant par réunion de la ruche de production avec une ruchette ayant bien passé l’hiver.
Equilibrer, réunir
Pour améliorer la situation de colonies très disparates dans leur développement, il est toujours possible de transférer des cadres de miel ou de couvain d’une colonie à l’autre.
La réunion s’impose si une colonie manque cruellement de réserves, mais si elles est bourdonneuse il faut la disperser (après un enfumage massif, secouer tous les cadres dans le rucher et ranger la ruche et ses cadres à l’abri des abeilles et des teignes).
Mais attention, de telles opérations n’ont de sens que si les colonies sont saines, le risque étant la dissémination des maladies. Enfin, bien noter les colonies ayant donné des cadres et celles en ayant reçu de manière à en surveiller le démarrage aux mois de mars et avril prochains.
Ces équilibrages n’ont d’efficacité que sur des populations pourvues en nourrices dont les reines sont de bonnes pondeuses.
Réunir des populations chétives donne des colonies malingres. Deux hommes d’un mètre cinquante n’ont jamais fait un homme de trois mètres.
Protéger les hausses de la teigne
Si la conservation des hausses se fait en piles closes la surveillance des produits de traitement est à poursuivre.
Pour le soufre, faire brûler une mèche au sommet de la pile, et comme le SO2 qui s’en dégage ne tue pas les œufs recommencer toutes les deux semaines jusqu’en fin d’octobre.
Pour plus de commodité mettre au sommet de la pile une hausse ou un corps vides de cadres et faire brûler la mèche sous la protection de boites de conserves pour éviter de mettre le feu