Septembre c’est la fin de l’été

Les pluies et les chaleurs d’août ont produit les conditions nécessaires pour un retour de floraisons intéressantes. La renouée du japon, nous l’avons dit le mois dernier sera au rendez vous plus tardivement que d’habitude. Mais peu importe son nectar abondant donne un excellent miel pour l’hiver.

Sur les colonies

On arrive à la fin de la constitution des réserves. Il faut compter environ 2 cadres de miel de plus que le nombre de cadre de couvain. Par exemple une colonie sur 2 cadres de couvain devra posséder 4 cadres de miel pour passer l’hiver mais trois suffisent si on partitionne avec des partitions isolantes et réfléchissantes (les PIHP de Marc Guillemain).

Pour obtenir ce ratio il faut distribuer du sirop concentré 2/3 de sucre et 1/3 d’eau en saturant les colonies par des apports massifs de 3 à 5 l à la fois. Nourrir le soir pour limiter les risques de pillage. Il est important que les rayons soient remplis sur toute leur hauteur et éviter que le miel n’occupe que 10 cm au sommet des cadres. pour cela enlever les rayons insuffisamment pleins et les remettre les autres une fois remplis.

Les traitements contre varroa sont à maintenir tout le mois et jusqu’aux premiers froids de novembre, les lanières mises dès la dernière récolte sont à repositionner contre les cadres de couvain. Pour leur redonner du punch on peut les fendre en deux morceaux avec un sécateur. Au niveau des découpes les produits chimiques seront libérés en plus grande quantité. On leur grattera les concrétions de cire et de propolis.

Avec les divisibles veiller à ce qu’il y ait un élément plein de miel sur celui de couvain. Aujourd’hui, certains assemblages possèdent du couvain sur 2 éléments sans pour autant avoir du miel en suffisance. Poser un élément avec des rayons bâtis au sommet de l’ensemble et nourrir par nourrisseurs entiers d’un sirop 2 k de sucre pour 1 l d’eau. Le faire jusqu’à saturation en sirop de cet élément. Surveiller l’operculation et redonner du sirop si besoin. Avec un élément plein sur la tête la colonie passera une morte saison sans encombre. Sur les Warré les nourrisseurs sont petites il faut les renouveler le plus rapidement possible.

Préparer les colonies de production pour 2020

Les colonies destinées à faire de la production de miel pour 2020 ne seront pas ponctionnées de cadres de couvain maintenant pour renforcer des colonies ou des essaims un peu faibles. Il faut hiverner ces colonies destinées à la production de miel avec le plus de cadres de couvain, de sorte qu’en janvier la ponte de la reine puisse repartir en flèche grâce au volume important de jeunes abeilles.

Après la récolte des miellats

Précaution pour ceux qui auront fait du miel de sapin ou des miellats tardifs (Metcalfat), vider totalement les corps de ce miel pour le remplacer par un sirop de pur saccharose.

Car ces miels issus des excrétions de pucerons sont riches en sels minéraux indigestes pour les abeilles qui les stockent dans leur ampoule rectale au cours de l’hiver et si elles ne peuvent sortir pour s’en délester par un jour ensoleillé, elles défèquent dans la ruche dispersant ainsi les bactéries qu’elles contiennent en leur intestin. Les risques sont  un froid durable, des pluies … qui claustrent les colonies dans des conditions qui les obligent à consommer beaucoup de miel pour tenir la chaleur alors que leurs sorties sont quasiment inexistantes.

C’est une source du développement des maladies dans les colonies, notamment de la Nosémose  (Nosema apis) qui se traduit par des déjections sur les rayons et la tête des cadres. On s’en aperçoit l’hiver lorsque l’on voit des déjections en forme de langue apparaitre sur la planche d’envol, sur la face avant de la ruche. Ce sont des maladies d’hiver ou de printemps pluvieux et froids que l’on voit aux premiers beaux jours lorsque de manière régulière les abeilles peuvent sortir.

Déjections sur la tête des cadres

Déjections sur la tête des cadres

nosemose-sur-face-ruche syndic apic haut bugey

 

 

Nosema Apis et Nosema Ceranae

Nosema apis est une microsporidie (champignon) normalement présente dans le microbiote de l’abeille. Elle ne peut se reproduire que dans l’épaisseur de la paroi intestinale qu’elle fait exploser. L’abeille en meurt.

Cet agent devient pathogène lorsque les conditions sont favorables, en particulier lorsque certains produits chimiques fragilisent la paroi intestinale, par exemple l’Imidaclopride (Gaucho) est composé de microscopique cristaux qui lacèrent la paroi intestinale permettant à Nosema de s’y introduire. On observe également des synergies avec d’autres insecticides comme le Fipronil et les néonicotinoïdes d’une manière générale.

Nosema Ceranae est également une microsporidie, mais ses signes cliniques ne sont pas aussi visibles. Elle n’est détectée que par l’analyse microscopique, rarement faite et on se contente d’en supposer la présence lorsque face à des affaiblissements des colonies les autres causes sont éliminées … pas simple !

 

La prévention est la seule manière de limiter l’apparition de ces désordres.

La première des mesures est de retirer des corps les rayons de miellats et si on conduit des colonies sur les zones de miellats (sapin, Metcalfat) de réduire les corps aux seuls cadres de couvain et de mettre plusieurs hausses pour pousser les abeilles à monter le nectar aux étages.

Ensuite il est nécessaire de renouveler rapidement les cadres de corps entre 3 et 5/an, de détruire systématiquement les cadres de hausse ayant contenu du couvain.

Désinfecter les caisses en bois avec la flamme d’un puissant chalumeau et sur les parties plastiques de les gratter, brosser, décaper avec un nettoyeur haute pression et de  les faire tremper à l’eau de javel (1 bouteille plus 3 bouteilles d’eau). Le plus compliqué étant de trouver un bac au format des plateaux de sol. Pour un grand nombre de plateaux j’ai trouvé un bac qui peut convenir c’est une « comporte champenoise » bac à vendange que l’on peut remplir d’eau.

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Bruleur pour aluminium goudronné

Sur les tours de hausses rendues étanches au sommet comme au bas, on posera un plat en verre pur y mettre 1/2 l d’acide acétique pur. Les vapeurs de l’acide désinfecteront assez largement les rayons de tout un ensemble de champignons et bactéries (essentiellement les germes à Gram négatif). Attention à la dangerosité de cet acide concentré, à ne manipuler qu’avec des gants « chimie » des lunettes de protection des yeux, ne l’employer qu’en un lieu ouvert. Il a comme inconvénient supplémentaire de faire rouiller les parties métallique, les clous et agrafes en particulier. A ne pas faire si on ne possède pas des notions de chimie suffisantes pour éviter un accident.

La Nosemose est une maladie à déclarer obligatoirement à la DDPP du département où habite l’apiculteur.

 

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

20 résponses de Septembre c’est la fin de l’été

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