Septembre, le temps de la mise en hivernage

les floraisons de fin de saison apparaissent, les colonies vont peaufiner leurs réserves il est temps de mettre les colonies en hivernage.

Ce thème sera développé également lors du webinaire de ce mois le jeudi 26 septembre 2024 avec Damien Merit co-auteur de « la Ruche Basse Consommation d’énergie »

https://us02web.zoom.us/j/84884692281?pwd=SDNtVE1kQkc5OEdhdkV3aXZZdzh0UT09

On voit arriver chez nous la renouée du Japon, le lierre, et se poursuit la floraison de la Balsamine. Ce sont d’abondantes ressources que les pluies de septembre vont booster du point de vue du nectar. Le temps a permis la levée du colza, les plants ont 5 cm actuellement, l’an prochain sur ma commune nous aurons du colza qui fut absent cette année.

J’avais vu le Metcalfa se développer sur les ronces, la sécheresse d’aout a un peu perturbé la succion par les abeilles des gouttes sucrées produites par ces parasites. Mais il y eut tout de même une collecte de ce miellat, les hausses récoltées fin aout ont fourni un miel plus fort en goût et plus sombre que celui du début du mois. Sur notre commune tous les apiculteurs ont bénéficié de cette ressource. Cela fera un bon miel de forêt.

État des lieux des colonies

En principe, les récoltes faites mi juillet et remplacées par des nourrissements liquides ou solides, devraient avoir permis aux colonies de maintenir un couvain conséquent mais entouré de belles couronnes de miel. La sécheresse des jours caniculaires a augmenté la collecte du pollen au détriment du nectar assez absent. Ce sont les abeilles nées en juin et juillet qui élèveront les abeilles d’hiver à naître depuis le mois d »aout.

Les réserves de pollen sont là, et si les traitements contre le Varroa ont été correctement conduits, l’urgence sera désormais de veiller à un équilibre entre la constitution des stocks de miel et des surfaces de couvain. Un point de repère, il faut que vers la fin octobre une ruche Dadant 10c avec un toit en tôle soit en pesée arrière au dessus de 20kg. Ce point de repère simple voire simpliste est largement suffisant pour qui connait son matériel, en effet les matériaux utilisés pour les corps, le plateau de sol, le toit… peuvent faire varier ce poids de 1 ou 2 kg. Au delà de 20kg en pesée arrière on est pratiquement certain de n’avoir aucun apport complémentaire à faire jusqu’en mars.

En configuration classique des colonies pour atteindre ces valeurs, il faut apporter des quantités massives de sirop concentré si les poids ne sont pas au rendez-vous. Il n’est pas rare d’arriver à fournir 15 kg de sirop aux colonies entre aout et septembre pour assurer les réserves hivernales après les récoltes de juillet.

En configuration RBC des colonies, l’isolation permet une moindre dépense énergétique pour maintenir la température des abeilles en Chambre 1 durant la morte saison, les PIHP, l’écharpe et la chaussure assurent une bonne conservation de la chaleur.

Les réserves nécessaires pour l’hivernage peuvent être réduites, bien qu’il soit risqué de s’avancer sur des chiffres, on constate selon la qualité de la mise en hivernage que les besoins en ressources alimentaires sont réduite de 30 à 50%. Si ces chiffres correspondent à vos observations au fil des années, ce sera un point important pour l’avenir d’une apiculture respectueuse des abeilles tout en étant économiquement rentable.

Dans cette configuration on constate que les abeilles ne grappent pas, même par grand froid, elles vivent sous l’écharpe là où la réflexion des rayons infra rouges produits par leur thorax suffit à maintenir la température corporelle sans déperdition de calories. Ce qui va dans le sens de l’analyse que propose Derek Mitchell à propos du mécanisme de grappage dans un article publié en novembre 2023 dont j’ai déjà fait mention et qui m’a impressionné.

https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsif.2023.0488

La mise en hivernage / resserrer la Chambre 1

C’est un point stratégique pour réussir un bon hivernage. La CH1 doit avoir un volume qui corresponde à celui des abeilles à venir. Mais comment estimer ce volume d’abeilles à venir ?

Actuellement il est fréquent, si les colonies ont été bien conduites, d’observer de très grands volumes d’abeilles. Parmi elles un nombre important va disparaitre, ce sont de vieilles abeilles usées par le butinage. Les abeilles à venir sont celles issues du couvain de septembre et d’octobre et voire un peu plus tard encore.

Le principe du resserrement consiste à mettre en CH1 tous les cadres de couvain mais en limitant leur nombre au volume des abeilles à naître.

Un cadre complet de couvain va fournir un volume d’abeilles capables de couvrir 2,5 cadres. Actuellement on observe des cadres de couvain dotés de belles couronnes de miel, il faut apprécier les surfaces de couvain ouvert et fermé pour en faire la somme et convertir ces mesures en équivalent « surface de cadre complet ». Une fois ce calcul réalisé, on regroupe en CH1 le nombre de cadres de couvain parmi les plus fournis qui correspondra au volume d’abeilles attendu.

Par exemple, une colonie est sur 6 cadres de couvain avec du miel et du pollen, la surface totale de ce couvain correspond à 4 cadres complets de couvain, la CH1 sera dimensionnée sur 4 cadres, on y mettra les plus fournis en couvain et les autres cadres seront en CH2.

Une CH1 sur 4 cadres est une situation assez courante, il est plus rare de doter la CH1 de 5 cadres, c’est possible mais alors l’environnement est très favorable au développement des colonies.

Les cadres en surnombre sont stockés en CH2, à leur naissance, les abeilles rejoindront la reine et le reste de la colonie.

Légendes : orange miel, vert pollen, violet et bleu couvain fermé/ouvert, gris PIHP, noir nourrisseur cadre, marron abeilles

Les frelons dits à pattes jaunes

J’aimais bien quand on les appelaient asiatiques ça me rappelait Black et Mortimer …

Je ne saurai dire si les piégeages de printemps ont servi à quelques chose mais force est de constater que dans mes ruchers où moi même mais aussi des voisins avons copieusement récolté des frelons en avril et en mai, l’infestation devant mes ruches est modeste.

Néanmoins j’ai remis en service mes pièges Beevital, avec comme appât le mélange sucre (300g) eau (1l) et levure de boulanger (30g fraiche ou le bout d’une cuillère à café de levure lyophilisée). Le résultat a été spectaculaire en 1/2 journée ils ont capturé un peu plus de 10 frelons alors que j’avais l’impression de n’en voir aucun ! Je les ai placés entre deux ruches au niveau de leur aire de vol lorsqu’ils tournent autour des caisses.

A cette époque de l’année tous les modèles de pièges fonctionnent contrairement au printemps pour attraper les fondatrices certains sont beaucoup plus efficaces que d’autres.

J’ai la chance, si l’on peut dire, d’habiter un désert alimentaire pour les abeilles, sans doute que cela ne favorise pas le développement des nids de ces oiseaux là qui sont peut être aussi sensibles aux insecticides déversés sur les céréales.

Conservation des hausses

Bien que je les mette en pile d’une dizaine avec des grillages fins au sommet et en dessous, je fais bruler deux fois par mois un morceau de mèche soufrée. Dans une boite de conserve placée au sommet dans une hausse vide, je pose 1/2 mèche soufrée et je ferme avec le toit en tôle. Ce traitement évite les mauvaises surprises lors de la remise en service des hausses. Il est vrai qu’ayant abandonné les cadres en bois au profit des bâticadres en plastique les rayons sont beaucoup moins impactés par les fausses teignes. Et si elles s’intéressent aux rayons, les nettoyer est des plus facile un coup de racloir et de soufflette à l’air comprimé et le cadre est quasiment propre.

Rappel sur varroa

Pour les traitements de fin de saison se reporter au guide Fnosad « Varroa & Varroose » p 119 sq. en ligne sur fnosad.com

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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