Après un été pas si mal que cela, sans canicule d’enfer et avec des pluies, la végétation aura bien profité d’un printemps pourri et d’un été « normal » !
Eh oui ce fut un été « normal », enfin comme si la normalité en météo existait. Aucune année ne ressemble vraiment à une autre et aucun lieu ne connait ce qui se passe plus loin. Pluies et chaleurs conviennent à la nature, « la poussée d’août » s’est bien passée, les greffe sont belles. Il y avait longtemps que je n’en avais vu de telles.
Quoi qu’il en soit, les colonies sont magnifiques, certaines ont fait des réserves de miel incroyables, d’autres du couvain, certaines ont les deux ! On perçoit bien les différences entre les lignée, les races, celles qui amassent, celles qui se reproduisent. D’ailleurs des essaims en septembre il y en a un certain nombre, des constructions aussi.
Pour ceux qui ont pratiqué l’encagement, les résultats sont au rendez vous : des couvains bien serrés et abondants. Les ruches mal traitées ou pas traitées ont des couvains en mosaïque. Bien des collègues n’ont commencé leurs traitement qu’en fin d’août du fait de retards sur les récoltes en juillet et … des vacances. On verra en fin d’hiver quel sera l’état des lieux. Mais il n’y a pas de secret, ceux qui sont stricts contre varroa et qui nourrissent copieusement leurs colonies ne connaissent plus de mortalités catastrophiques. Reste tout de même un environnement pas toujours favorable aux insectes et aux abeilles mellifères en particulier, mais les générations à venir retrouveront peut être un eldorado apicole que nous avions connu dans notre enfance.
Pour l’heure nous devons regarder de près comment travailler nos colonies dans un changement environnemental et climatique irrémédiable.
Un hiver très doux, des floraisons précoces des cycles de ponte des reines qui parfois ne s’arrêtent pas, les colonies ne sont plus facilement en phase avec les floraisons. Nous devons anticiper, piloter les reprises de ponte, accompagner le développement du couvain, assurer le renouvellement des reines … l’apiculture est devenue un véritable travail d’éleveur mais qui reste à la portée de tous.
L’hivernage des ruches
C’est une opération simple mais délicate. D’ici la mi octobre en zones chaudes et plus tôt ailleurs, il faut avoir fait remplir les corps de miel le plus tôt possible pour éviter aux abeilles d’hiver nées entre septembre et fin octobre, d’avoir vieilli sous le dur labeur de la transformation du sucre en miel.
Les abeilles stockent si le nectar rentre en abondance ou si l’apiculteur apporte du sirop en masse. Que cela veut-il dire ?
Un sirop concentré sature les abeilles qui, bien nourries, mettront l’excédent de sirop dans les rayons de miel. Il faut que toute la colonie soit saturée car en vertu du système de la trophallaxie avant de stocker, les abeilles s’échangent du sirop. Le jabot fait 40 microlitres et 1l de sirop occupe donc 25 000 jabots. Si on apporte 1/2l voire 1l et qu’il y a famine, les abeilles vont se nourrir, pour produire du stockage il faut saturer la colonie au delà de ses besoins de base.
Le sirop 2k de sucre pour 1l d’eau sera le bienvenu par nourrisseurs entiers. A réguler sur le format de la colonie et le nombre de cadres déjà remplis. Une colonie qui a déjà du miel sur des cadres entiers n’aura guère de besoins, une colonie pourvue essentiellement en couvain devra être absolument nourrie pour bloquer la ponte de la reine. Les abeilles amassent par instinct et là où naissent des abeilles si le sirop rentre en abondance il sera mis de suite dans ces espaces libérés et la reine ne pourra plus y pondre.
Certains apiculteurs ont trouvé des cadres totalement remplis de miel et la place de la reine pour pondre absente. Il faut ajouter un cadre bâti vide pour redonner de l’espace de ponte et ne pas nourrir même si de la pluie arrivait. Le couvain repartant les besoins en chauffage vont augmenter puissamment, les abeilles vont consommer du miel si le nectar ne rentre. Cette situation s’est rencontrée avec l’encagement s’il fut réalisé juste au moment d’une grosse floraison, la disparition progressive du couvain a libéré les abeilles des tâches de chauffage, de nourrissement du couvain et elles eurent le loisir de stocker.
L’idéal est de disposer d’un cadre de miel de plus que de couvain (en surfaces, car il y aura progressivement de plus ne plus de miel autour du couvain). Tous les cadres vides seront retirés, ainsi que ceux qui n’ont que 10 cm de miel en leur sommet.
Partitions réfléchissantes de Marc Guillemain – partition isolante ruche – piph
L’hivernage sera de qualité sous deux conditions : bien isoler les ruches et resserrer tout le couvain et rien que le couvain entre deux parois brillantes. Ces 2 partitions réfléchissantes seront du type de celles préconisées par Marc Guillemain avec des lèvres qui débordent des épaulement de manière à couper les courants d’air. Le miel sera mis au delà et pour que les abeilles y accèdent, il faut isoler le plancher avec du polystyrène en dessous et du réfléchissant par dessus. Il faut sur-isoler le sommet par un isolant sur la tête des cadres, ajouter 40mm de polystyrène, un isolant brillant puis le toit en tôle. Entre le bas des partitions et le plateau de sol il y aura environ 20mm de passage pour les abeilles qui déménageront le miel vers l’espace de la reine autant que de besoin. Le réfléchissant ad hoc est l’XL Mat le plus réfléchissant et le plus solide du marché à notre avis.
La configuration idéale serait d’isoler par l’extérieur surtout que dans la description précédente il reste deux zonez froides, les faces avant et arrières. Dans les ruches ainsi équipées, les colonies sont mises dans une bouteille thermos inversée et l’hiver se passera bien. Les seules régulations en hygrométrie et température seront assurées à moindre coût énergétique par la colonie.
Nos plateaux de sol ventilés et les parois minces de nos « caisses d’emballage » selon l’expression d’Alin Caillas (Les méthodes modernes d’apiculture à grand rendement-1948) ne favorisent pas l’hivernage. Isoler les ruches, renvoyer sur le couvain les rayonnements infra rouge produits par les abeilles ne sont donc pas des idées nouvelles, ce qui est nouveau sont les matériaux qu’Alin Caillas appelait de ses vœux et la manière d’élever ses abeilles avec ces outils.
Damien Mérit développe avec Marc Guillemain une méthode renouvelée pour conduire les colonies, c’est une autre manière de faire une apiculture respectueuse du bien être des abeilles qui est en route.
http://www.damien-merit-apiculture.fr/blog-de-damien-merit/
Replay du webinaire sur les partitions réfléchissantes disponible dans la formation apiculture de Jean Riondet
Déclaration des ruches
Rendez vous sur : urlr.me/g5bMY
Cette déclaration n’empêchera pas vos ruches de tomber malades mais elle permet à la France de récupérer une part la plus importante dans le budget européen sur les financements dédiés à l’apiculture.
Espérons qu’une partie de ces fonds aillent à la formation, aux outils pédagogiques, aux travaux d’études pour faire évoluer l’apiculture dan sel changement climatique …
Seul l’espoir fait vivre.
Un très beau livre
Il m’a rarement été donné de voir un si bel ouvrage sur les abeilles mellifères sauvages.
De magnifiques images d’Ingo Arndt et des textes de Jurgen Tautz font de cet ouvrage un des plus beaux et des plus didactiques du moment.
Ed Ulmer Disponible à partir du 21 octobre.
« L’abeille mellifère sauvage dans son habitat naturel comme on ne l’a jamais vue
Les abeilles mellifères continuent à vivre, presque inaperçues, dans nos forêts, leur habitat naturel d’origine, échappant totalement à l’influence humaine. Ces abeilles sauvages, parfaitement adaptées à leur habitat, y vivent de manière bien plus résiliente que les colonies conduites par les apiculteurs : elles sont plus résistantes aux agresseurs, plus adaptables aux fluctuations de l’environnement et utilisent les prédateurs naturels de leurs parasites pour s’en débarrasser.
Ingo Arndt et le Pr Jürgen Tautz, célèbre chercheur en apiculture, rendent compte pour la première fois dans cet ouvrage complet de la vie mystérieuse des abeilles sauvages. Non seulement ils documentent de nombreux comportements inconnus jusqu’alors, mais ils nous encouragent également à envisager l’apiculture sous un angle nouveau. »
Pour 30 € c’est un cadeau d’enfer
Un pape des abeilles nous a quitté
Yvon ACHARD apiculteur dans le Vercors considérait l’apiculture comme un art de vivre. Il pratiquait l’art de la conférence, recevait dans son chalet végétalisé de saint Julien en Vercors entouré de ruches Dadant 12 cadres pour la production de miel et de ruches Claerr partagées en deux pour l’élevage des reines
Il était un fan du frère Adam qu’il invita à plusieurs reprises comme conférencier. Éleveur de reines Buckfast, il se disait redevable du frère Adam et il organisa une cagnotte pour lui permettre de se faire opérer en France de la cataracte.
Sa seconde passion était l’Inde où il vécut de longues périodes. Il y emmenait des passionnés comme lui à la découverte de cette culture et de ses philosophies. Il y apprit le yoga qu’il enseigna à Grenoble dès 1962.
« Il a rendu au yoga son originalité fondamentale : être conscient de ce que l’on fait, habité de souffle. Véritable méditation en gestes et postures, les séances de yoga d’Yvon Achard rejoignent la recommandation faite par Krishnamurti au premier ministre indien Nehru qui était venu lui demander « par où commencer ? ». « Là où vous êtes », répondit Krishnamurti, « déchiffrez chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe de votre esprit. Devenez conscient de tout ce que vous faites ».
Ami de Jiddu Krishnamurti Il fit sa thèse de 3° cycle à l’Université de Grenoble en 1969 sur « le langage de Jiddu Krishnamurti » publiée en 1970. Il avait deux ans auparavant publié un ouvrage sur ce curieux personnage mort en 1986 et encore influant, « Krishnamurti Miroir des hommes ».
Passionné de Baudelaire ses rencontres étaient de riches échanges apicoles, littéraires, musicaux et humoristiques.
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