Juillet la fin des courses

En bien des endroits les miellées sont achevées, certains auront encore des miellats, en montagne il y encore des floraisons de pleins champs variées et parfumées. Mais d’une manière générale, juillet sonne la fin des miellées, c’est le temps des récoltes et du premier traitement contre varroa pour préparer la saison 2024.

Les lierres, renouées du japon et autres floraisons tardives complèteront les réserves de la morte saison.

Récolter : Quelques rappels feront du bien aux débutants !

Si la récolte est un moment festif, il le reste à condition de ne pas être envahi par des abeilles en furie. Récolter en évitant la présence d’abeilles dans les hausses devient un impératif.

La méthode à éviter est le brossage des abeilles cadre par cadre. Ça marche bien sur la première hausse puis l’énervement des abeilles s’en mêle et en 10 minutes tout le rucher est excité. Pour évacuer les abeilles des hausses, plusieurs solutions sont efficaces.

La GR

Tout d’abord travailler avec des grilles à reine sous la ou les hausses est judicieux. Certains objectent que la GR ralentit la montée du nectar dans les hausses. C’est parfois possible mais en l’absence de GR il faut des colonies surpuissantes pour que les abeilles mettent immédiatement des gouttes de nectar dans la hausse de sorte que la reine lorsqu’elle vient s’y promener ne trouve aucune cellule libre pour y pondre. C’est une manière de comprendre ce que ruche puissante veut dire. Le fait de trouver du couvain dans la première hausse signifie une situation de colonie faible ou qui a connu des périodes de faiblesse. C’est une manière d’apprendre à conduire les colonies pour qu’elles soient hyper-populeuses.

Si on craint de ne pouvoir donner suffisamment de place à la ponte de la reine on peut mettre une hausse sur le corps puis une GR et une seconde hausse par dessus. L’idéal serait de mettre une première hausse avec 10 cadres pour resserrer au mieux le couvain que la reine sera venue y installer et limiter les dispersions de calories.

Ne pas oublier d’insérer un mouchoir sous la GR et entre chacune des hausses. le mouchoir est un morceau de réfléchissant d’environ 24 x30 cm qui réfléchit les rayons infra rouge sur le couvain.

Le chasse abeilles

Les abeilles circulent de manière continue entre la hausse et le corps, on va utiliser ce va et vient permanent pour les leurrer et les empêcher de remonter dans la ou les hausses une fois qu’elles en sont descendues.

Le chasse abeilles est un couvre cadre bordé d’un tasseau de 50mm de hauteur et doté d’un trou central couvert par un système de chicane qui gêne le retour rapide des abeilles dans les hausses. Les modèles sont nombreux et tous sont efficaces.

Un point important est l’abondance des trous sur le chasse abeille face au passage dans le couvre cadre, car le abeilles qui sont descendues vont, dans un premier temps, s’agglutiner en cet endroit pour remonter. Il leur faut environ 24h pour retrouver les sorties par lesquelles elles sont descendues dans le corps.

Pourquoi border le couvre cadre d’un tasseau de 50 mm de hauteur ? Pour laisser un plus grand volume à l’abondance des abeilles dans le corps. Certains ajoutent une food chamber … qui est l’équivalent d’une demie-hausse. Le terme américain donne une plus value financière à ces 4 bouts de bois. C’est une précaution inutile pour ceux qui ont mis une hausse sous le corps.

Pour placer le chasse abeilles sous les hausses, alors que celles ci sont pleines donc lourdes, soit on dispose d’un lève ruche, et les matériels SCALAPI sont de bonne facture, soit on se met à deux l’un entrebâille les hausses tandis que l’autre glisse le chasse abeilles le plus loin possible et une fois les hausses remises à plat on fait glisser chasse abeilles et hausses pour tout remettre en place. La GR en plastique aide bien à la manœuvre pour faciliter les glissades.

lorsque tout se passe bien les hausses ont vides d’abeilles. Placés un soir, les chasse-abeilles seront opérationnels la nuit et le lendemain matin la levé des hausses sera possible sans risque.

Vous avez remarqué sur le bord du chasse abeilles un trou fermé d’une tôle ?

Une fois le miel extrait il faut faire l’cher les cadres par les abeilles et on repose sur le chasse abeilles les hausses, et même un bon paquet sur quelques ruches pour aller plus vite. On ouvre ce trou avec la tôle qui pivote et les abeilles remontent dans les hausses. En 24h elles auront récupéré les restes de miel et on retire les hausses pour les ranger.

Le souffleur

C’est une méthode très rapide, efficace, sans risque pour les abeilles.

On place les hausses sur le champ et on souffle entre les ruelles pour en évacuer les abeilles. Elles seront shootées dans l’herbe, puis reviendront s’agglutiner sur la face avant de la ruche. On observe aucun énervement dans le rucher.

Le souffleur doit être puissant 700m3/h environ, le soufflage dure 2 minutes par hausse. Ne pas oublier des casques pour protéger les tympans des apiculteurs. Les premiers prix sont une perte financière. Nous ne sommes pas assez riches pour acheter pas cher !

La densité du miel

l’objectif est de récolter un miel qui soit suffisamment concentré pour résister au risque de fermentation. La fermentation est la combinaison de la présence de ferments dans le miel et de sa richesse en eau. Plus la concentration en sucre augmente plus il faut de ferments pour mettre en place la fermentation.

D’où le conseil d’être à une concentration élevée en sucre, soit supérieur à 82% (18% d’eau au plus). On mesure ce taux à l’aide d’un réfractomètre. C’est une dépense de plus et pour un débutant c’est rebutant… Une astuce consiste à ne récolter que des cadres en totalité ou aux 3/4 operculés et on vérifie la viscosité du miel en secouant le cadre à plat. Si le miel tombe c’est du nectar si rien ne tombe on peut considérer que c’est bon.

Il est vrai que la seule mesure qui vaille est celle faite au réfractomètre puisque même operculé il est arrivé que des miels fermentent. Bon, mais pour débuter le truc des anciens suffit, d’autant plus que le miel ne restera pas longtemps dans le pot et sera consommé avant même d’avoir eu le temps de cristalliser.

…pour éviter le fermentation…

Il est aussi très fortement recommandé de travailler très proprement notamment lors de la collecte des hausses, c’est à dire de les poser non pas au sol ou sur une remorque mais sur des toits en tôle préalablement nettoyés et désinfectés ; de ne pas mélanger le miel issu de la désoperculation et qui aura macéré avec des opercules qui peuvent être recouvertes de ferments ; d’utiliser des seaux, maturateurs, couteaux, bacs… très propres et désinfectés avant usage par un passage à l’eau de javel.
La désinfection se fera ainsi : l’eau de javel est le plus puissant et le moins cher des désinfectants, le mélange courant est d’un volume de concentré à 3,6% ca et 5 volumes d’eau. Après avoir frotté ou trempé les matériels avec cette solution on laisse reposer 15 minutes puis rinçage et séchage.

Cette procédure suffit pour ne jamais avoir d’accident. J’insiste sur l’absence de mélange du miel issu des opercules avec celui issu de l’extracteur car j’ai assisté à un cas de détérioration d’une récolte faite par pressage où un élément Warré avait passé l’hiver sur une colonie sans être consommé. Ce miel fut pressé avec les rayons de l’année et sans doute cet élément devait être couvert de ferments ce qui a très probablement entrainé la fermentation de l’ensemble.

Le matériel d’extraction

Plus on prend de la bouteille et plus les récoltes sont abondantes plus on trouve que le maniement de la manivelle fatigue l’épaule de la main qui tourne !

Un extracteur motorisé devient une évidence, bien qu’il ne serve que peu de jours dans l’année. Mais avant d’en arriver à cette extrémité les petits producteurs ont tout intérêt à minimiser les investissements et le volume des matériels. La taille de l’extracteur ne permet pas de produire plus de miel, ce serait plutôt la qualité des colonies et de leur environnement floral.

Alors quels achats pour débuter ? Un extracteur « 4 cadres » de hausse suffit amplement jusqu’à la production d’une dizaine de ruches. Il est d’un volume plus que réduit et si on achète un appareil de qualité, il sera parfaitement efficace et robuste pour durer dans le temps.

Cet extracteur a déjà plus de 30 années de service…

Ces petits extracteurs sont dits « tangentiels » et nécessitent que l’on retourne les cadres qui sont extraits face après face puisque le cadre tourne contre la paroi de l’appareil et non dans l’axe de la cage. L’intérêt de cette disposition des cadres est d’extraire le miel très rapidement, la force centrifuge dans cette configuration est des plus forte. En 5 tours de manivelle, le miel est sorti, surtout si l’extraction a lieu le jour de la récolte, le miel est encore tiède et il sort à grande vitesse.

Pour désoperculer

Il suffit d’un bon couteau à scie et un support de cadre dont mon préféré est le Combcapper. Il se pose sur un seau de 35 cm de diamètre, un seau dit de 40 kg. Les cadres sont bien tenus et si on extrait beaucoup de cadre, pour faciliter la séparation du miel des brèches d’opercules on met deux seaux l’un dans l’autre, le premier sera perforé de trous de 20mm. L’idée est de Joseph Treimel qui en a publié des photos dans l’American Bee Journal de juin 2023.

On filtre au mieux le miel en sortie de l’extracteur puis on le stocke dans un maturateur.

C’est un fût qui permet une décantation. Le miel ne se concentre pas, c’est trop tard, par contre les micro particules de cire, les bulles d’air, les éclats de bois … remontent à la surface et provoquent une mousse riche en miel mais qu’il faut enlever pour réussir une mise en pot de la totalité de la récolte sans qu’apparaisse quelques semaines plus tard une fine collerette blanche au sommet des pots.

Le plus simple pour faire ce nettoyage est de poser sur la mousse deux feuilles de papier sulfurisé (papier de cuisson) et une fois collé à la mousse on les retire promptement en une geste et on les mets dans un seau à côté sans laisser le papier s’égoutter. En1 voire 2 opérations tout est enlevé. La mise en pots peut être faite.

La maturation du miel se fera durant quelques jours voire plusieurs semaines tant que la température ambiante reste élevée pour que le miel ne risque pas de cristalliser. Les professionnels ont des chambres chaudes pour maintenir le miel liquide à 25°c.

pour de petites quantités de miel un seau équipé d’un robinet à sa base suffit.

La mise en pots

Au bas du fût avec une balance pour assurer le bon poids.

Récolte faite, la suite

Bien sûr faire lécher les hausses en les remettant par 3 ou 4 sur les ruches avec l’ouverture du chasse abeille vue plus haut ou sur le couvre cadre nourrisseur en ouvrant largement les passages d’abeilles entre le corps et les hausses.

Et surtout traiter contre varroa en ayant fait si possible un encagement de la reine pour procéder à un dégouttement d’acide oxalique (Apibioxal ou Oxybee ou Varromed) 21 jours après l’encagement et répéter l’opération 3 à 5 jours plus tard. Ainsi déverminés les colonies affronteront la morte saison dans les meilleures conditions sanitaires possibles.

Enfin relancer la ponte de la reine par des apports de sirop réguliers mais minimes (1 verre de sirop 50/50 tous les 2 jours) puis leur donner un pain de candi protéiné à plus de 20% de protéines entre 200 et 400g pour que dès septembre les abeilles à naître soient des abeilles riches en corps gras aptes à faire redémarrer la ponte de la reine fin janvier.

Pour les abonnés aux cours et aux webinaires sur Podia, jeudi 20 juillet à 20h45 conférence de Joseph Hemmerlé sur le thème :

Approche microbiologique, physiopathologique et clinique des loques

Ces pathologies du couvain sont extrêmement graves, elles mettent en cause la survie des colonies. Très répandues, leur connaissance est indispensable pour mettre en place les actions sanitaires adequat. La conduite des colonies permet d’éviter l’expression de ces pathologies. De plus à la Loque américaine en particulier est attachée l’obligation de déclarer sa présence dans le rucher aux services de la santé animale de la Direction départementale  de la protection des populations.

Une bonne connaissance de ces maladies bactériennes fait partie des connaissances de base de l’apiculture.

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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