Février faut s’agiter

OLYMPUS DIGITAL CAMERALa douceur relative favorise le développement du couvain. Reparti vers la mi janvier chez nous du coté de Lyon, plus tôt dans le sud, les consommations de sucre, miel et eau montent en flèche.
Ne baissez pas les bras sur le nourrissement, les candis protéinés seront les bienvenus.
Ne pas oublier les abreuvoirs, elles cherchent une eau chaude. Un seau noir avec de l’eau, un parpaing pour éviter les noyades, bien au soleil et à l’abri du vent sera parfait.
En vidant un cabanon en plein vent, j’ai trouvé sur un cadre de hausse sans cire et bien ventilé une guêpe de bonne taille. Elle n’était pas desséchée. Je l’ai réchauffée dans ma main, elle s’est mise à bouger au bout d’un moment. Mes espérances de voir les frelons asiatiques geler avec nos grands froids se sont envolées avec elle !
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Coté mortalités ?
Les avis sont très partagés. certains affichent des mortalités catastrophiques, d’autres que de très normal, d’autres de très faibles.
Certains professionnels incriminent la baisse d’efficacité de l’Apivar mais sans préciser dates et conditions de mise en œuvre.
Des mesures strictes de comptage après un traitement début janvier à l’acide oxalique par sublimation montrent des chutes de varroas importantes. 30 et plus, ce niveau d’infestation obère très sérieusement les récoltes à venir. A ce sujet je vous renvoie à la vidéo issue de l’INRA postée ici en janvier.
Un point de repère, toutes les opérations faites sur les colonies tardivement, c’est à dire en septembre ou en octobre, ont donné des résultats catastrophiques, nos conclusions : le traitement contre varroa serait à faire avant aout, les remérages les faire début aout au plus tard, idem pour les essaims faits avec des reines nées en été.
En fin d’été les colonies n’ont pas le temps de se remettre d’aplomb pour la morte saison. Les miellées et nourrissements tardifs font vieillir les abeilles ou se révèlent insuffisants pour assurer les réserves d’hiver. Les races qui entretiennent des pontes tardives entretiennent aussi des varroas en quantité. C’est un affaiblissement constant auquel on soumet les colonies alors que la pression des pesticides baisse à cette époque de l’année.

Sans doute un traitement à l’AO par sublimation en absence de couvain au mois d’aout serait également une mesure prophylactique des plus efficace.

Préparer la saison

le planning des élevage doit être fait bien avant la date des premières possibilités d’élevage. Elever tôt en saison est une nécessité pour avoir de belles reines correctement fécondées. On ne peut pas aller à l’inverse de la nature ou la brusquer de trop. Les essaim artificiels se commercialisent bien entre mai et juillet, les acheter fin mars début avril est une hérésie, sauf à ce qu’ils soient hivernés de 2016. La plus part du temps ce sont des paquets d’abeilles auxquels on ajoute un reine d’élevage importée de l’hémisphère sud. Le risque sanitaire st évident, la mondialisation des parasites, des virus et bactéries et à l’œuvre, mais la colonie n’a pas encore eu le temps de s’harmoniser, de s’homogénéiser, de se structurer. Un remérage tardif suite à une création d’essaim artificiel ou un changement tardif de reine peuvent s’accompagner d’une supersédure (remérage sans essaimage) et d’une impossibilité de fécondation de la jeune reine. Ce fut notre cas cette année.

Pour illustrer mon propos sur les remérages tardifs un collègue m’a rapporté cette expérience. Son groupement achète 100 reines à Ouessant au conservatoire de l’abeille noire de Bretagne. Les introductions furent réalisées avec le maximum de précautions, tout avait parfaitement marché. 3 mois plus tard, lors d’un contrôle des colonies 50% avaient changé les reines à partir des œufs de celles-ci. Si les mâles sont chassés par les abeilles des colonies, les fécondations des jeunes reines ne peuvent se faire ou sont imparfaites. Il faut opérer tôt en saison.
On oublie que l’abeille se développe par temps chaud et sur des floraisons abondantes. C’est au printemps.

Coté matériel

DSC_4057Préparer des cadres pour remplacer ceux ,des corps devenus âgés, le cadre à jambage est une bonne solution pour limiter les dégâts liés à des cires polluées comme nous l’indiquent Les travaux récents de l’ADARA. Pour qu’ils soient correctement construits, les placer au ras du nid à couvain entre deux cadres bâtis? Surveiller leur construction, lorsque le premier triangle supérieur est largement construit l’introduire dans le nid à couvain. En l’absence de miellée nourrir d’un sirop 50/50 donné 2 à 3 fois par semaine.

Ruche kenyane – ktbh

La mode des ruches exotiques se poursuit, on trouve désormais chez nombre de fournisseur la fameuse ruche Kenyane ou KTBH, inventée au Kenya, en fait redécouverte car on s’aperçoit que ce procédé fut connu des Grecs.

ruche kenyane ktbh

ruche kenyane ktbh

Le principe est simple, lorsqu’une colonie construit ses rayons parallèlement les uns aux autres (encore faut-il l’y aider), elle ne les colles pas au bord de la ruche si ceux ci font un angle par apport au sol. Cet angle le plus pertinent semble être 120°. Mais si l’on fait cette ruche avec des joncs, l’angle est plus qu’approximatif et cela marche encore. Au sommet on place des barrettes de 37,5 mm de largeur sur lesquelles est coulée un filet de cire pour orienter les constructions. Lors de l’ouverture, on retire délicatement les rayons qui ne sont pas ou peu collés aux parois et, à condition de manipuler les rayons dans le plan, on arrive à inspecter les rayons sans les casser… La conduite au cadre est alors possible dans des pays où la construction des ruches européennes qui supposent des bois parfaitement rectilignes et coupés à la machine atteignent des prix exorbitants, un mois de salaire m’ont dit des béninois en parlant des ruches de « coopérants ».
Chez nous, pays de tous les luxes, la construction par des pros de la menuiserie d’une telle ruche keyniane est hors de prix (par rapport à l’esprit fondateur de ce modèle). Il est vrai que ce sont des colonies qui se conduisent assez facilement. En particulier, étant à développement horizontal on ne risque de se tromper sur la date de mise en place des hausses qui est une source de l’essaimage ou d’un blocage de ponte par refroidissement du nid à couvain. C’est une ruche très pédagogique, très spectaculaire, intéressante pour l’éducation et le divertissement.
4 LayensLe modèle alternatif pour faire de la production de miel, une fois l’amusement passé et un certain nombre de rayons tombés à terre provoquant un pillage d’enfer c’est de revenir au cadre et de les mettre dans les ruche inventées par Georges de Layens au XIX° siècle. Cette ruche à un seul corps de 12 à 24 cadres de L31 x H37 cm est encore employée en Espagne, en Roumanie… la seule précaution est de veiller à élargir le nid à couvain en éloignant les cadres proches pleins de miel qui empêcheraient la reine de passer de l’autre coté pour aller y pondre. La récolte, comme avec la KTBH, se fait au cadre par secouage et il est préférable pour la récolte d’avoir des abeilles douces pour éviter leur excitation et l’agressivité du rucher.

Coté OVS
Les GDSA de la Région Rhône Alpes (et bientôt de l’Auvergne) ont envoyé au Préfet et aux DRAAF, DDPP, Ministre de l’agriculture, de l’environnement, à la DGAL, à Monsieur Abeille du CGAAER, un courrier pour affirmer leur volonté de participer à l’Organisation à vocation sanitaire pour piloter les politiques de luttes contre les maladies au niveau régional. Mais ajoutent-ils pas pour être bon pour payer et fermer sa gu… En effet en Rhône Alpes les statuts et règlements intérieurs enlèvent aux amateurs toute possibilité de peser sur les décisions politiques sanitaires. Or, l’OVS est la tirelire où convergent les financements européens, nationaux, départementaux pour le sanitaire. La seule part dont les amateurs sont en droit de réclamer sont les fonds de formation. Former les amateurs est stratégique pour faire baisser les mortalités hivernales et pour accroitre la production du miel.
Car ne l’oublions pas la production du miel par les amateurs est plus qu’importante (entre 20 et 40%) dans la consommation globale, l’accroître devrait être un enjeu stratégique, mais le poids des représentations sur ce qu’est une profession en France est incompatible avec une telle vision.
Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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